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Critique de Renatan


« À l'envers des nuages, il y a toujours un ciel. »

« Ce qu'on refoule pèse plus lourd que ce qu'on explore. »

Jun a quinze ans. Un jour, il s'est levé et a eu envie de tout foutre en l'air, de réorganiser sa vie autour de ce qu'il croyait être son incapacité à vivre en collectivité. Dégoûté de lui autant que de la vie, il s'est dit que ce qu'il perdrait en « confort » il le gagnerait en liberté. En réalité, Jun a peur, c'est pour cette raison qu'il abandonne tout avant même de s'être donné la chance de réussir. Il fait partie de ces jeunes qui attribuent aux autres l'entière responsabilité de leurs malheurs - quand on se pose en victime, on se décharge de ses torts, c'est moins lourd à porter... Certes, son père est mort et sa mère, selon lui, ne lui a jamais témoigné de tendresse. A-t-il seulement saisi le message d'amour derrière ses lettres? Je ne dis pas qu'on naît tous égaux, loin de là, mais je pense qu'à l'adolescence il peut nous arriver d'occulter la réalité sous une avalanche de certitudes. En fuguant, Yun s'est protégé derrière une carapace. Une couche bien solide de repli sur soi pour lui éviter de se sentir constamment agressé par les paroles des autres, de les déformer, de les juger, d'en douter, de les interpréter. Ce n'est pas lâche, c'est une manière comme une autre de survivre…

« Tu agonises parce que tu as tout recouvert, tes émotions, tes problèmes, ton histoire. Tu ne sais pas qui tu es, donc tu ne construis pas à partir de toi. »

Il vit maintenant le cul sur un bout de béton d'une ruelle insalubre de Tokyo et s'alimente de restes de poubelles. de temps en temps, pour pouvoir se permettre le luxe de quelques boîtes de conserves, il vend des canards pour le bain, mais pas n'importe lesquels… les siens ont des formes de femmes, des seins aussi rouges qu'une promesse. Jusqu'au jour où il rencontre Shomintsu, un maître de sumo. Et que d'une voix aussi douce qu'imperturbable, ce dernier se tourne vers lui et lui dit :

« -Je vois un gros en toi.
-… »

Et le jour suivant…

« -Je vois un gros en toi.
-Va te faire foutre ! »

Ce que Shomintsu a réellement vu en Jun ressemble à de faux semblants pour cacher ses souffrances. Un monde de sensibilité étouffé sous les apparences. Il repoussera d'abord le maître, puis finira par se laisser apprivoiser. Son univers basculera. Jun sera sur la voie de l'apprentissage... En participant à son école de sumo, ses instincts seront plus vifs, ses certitudes s'écrouleront. Il perdra ses repères mais vaincra ses préjugés. Surtout, il apprendra à penser à travers son propre regard. le temps sera-t-il venu alors d'ouvrir les lettres de sa mère et de découvrir ses secrets?

« J'ai dit que c'était possible, pas que c'était facile.
-Tu progresses, Jun. Tu rates tes combats, mais tu échoues avec style. »

Le Cycle de l'invisible d'Éric Emmanuel-Schmitt comprend six romans – nouvelles - que j'ai décidé de relire. Chacune d'elles nous parle d'une religion. C'est mon p'tit Vincent qui m'en a donné le goût, il en a loué deux à la biblio de son collège la semaine dernière. Et comme c'est l'un de mes auteurs favoris…

Dans celui-ci, il est question de bouddhisme zen, que pratique Shomintsu. Un homme paisible et généreux qui médite durant des heures pour atteindre en lui le vide suprême. Une fois ce vide atteint, la force en lui s'éveille. Et nous apprenons, à son contact, que rien n'est impossible…

« Tu as raison, Jun. le but, ce n'est pas le bout du chemin, c'est le cheminement. »

« Jun, si ce que tu dis n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi... »

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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