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Critique de Northanger


De tous les visages d'Eric-Emmanuel Schmitt, je crois que c'est celui de conteur que je préfère... Il a le don de nous transporter d'un univers à l'autre, de nous embarquer dans une intrigue et de nous faire partager avec intérêt le destin de ses personnages. J'ai lu bon nombre de ses oeuvres, j'ai été rarement déçue...Les deux messieurs de Bruxelles constitue un recueil prenant, qu'on dévore en quelques jours. Il est le digne petit frère des précédents recueils, Odette Toulemonde, La rêveuse d'Ostende et Concerto à la mémoire d'un ange.

La nouvelle éponyme, Les deux messieurs de Bruxelles, trace le destin en parallèle de deux couples, unis le même jour : le couple officiel, Geneviève et Eddy, unis à l'église devant famille et amis, et le couple formé par Laurent et Jean, unis en toute discrétion, derrière un pilier, au cours de cette même cérémonie. le hasard qui a vu les deux couples se dire oui le même jour va les lier pour toute leur vie, sans que jamais Geneviève et Eddy ne s'en aperçoivent. En effet, Laurent et Jean vont suivre l'évolution de leurs sentiments et même devenir pères par procuration. C'est une nouvelle très émouvante, qui pique d'abord la curiosité du lecteur : Geneviève, âgée, reçoit un mystérieux héritage au début du récit, héritage qui va être explicité aux yeux du lecteur ; puis d'intrigant, le récit se fait ensuite plus intimiste pour soulever des questions qui parlent à chacun de nous – la longévité d'un couple, la fidélité, la paternité... C'est une nouvelle plus que jamais d'actualité.

Le chien, inspiré d'une réflexion du philosophe Emmanuel Levinas, aiguillonne également la curiosité du lecteur : Samuel Heymann, médecin en milieu rural, a eu dans sa vie plusieurs chiens successifs qu'il a toujours nommés Argos, comme le chien d'Ulysse. Lorsque le dernier meurt écrasé, Samuel se suicide. le narrateur, un romancier, trouvera la réponse à cette fin brutale et incomprise en lisant le témoignage laissé par Samuel. Il lui faudra pour cela vivre à travers cette lettre l'horreur de l'histoire du XXème siècle.

Ménage à trois est sans doute la nouvelle qui paraît au premier regard la plus banale mais se révèle finalement la plus ingénieuse... Une jeune trentenaire autrichienne épouse en secondes noces un ambassadeur danois, lequel semble d'intéresser davantage à son défunt mari qu'à elle-même. Je n'en dis pas plus, si ce n'est que vous serez sans aucun doute surpris ! « Allons, tu ne vas pas être jalouse de ma relation avec ton premier mari que je n'ai pas connu et qui est mort ? »

Un coeur sous la cendre est un récit original, qui se déroule en Islande alors que Eyjafjöll se réveille. Alba voue une tendresse sans bornes à son neveu Jonas, un adolescent malade du coeur ; au contraire, elle entretient une relation conflictuelle avec son propre fils Thor, jusqu'à ce que l'imprévisible se produise...L'éruption volcanique dessine en quelque sorte un paysage mental, reflet des sentiments et des souffrances endurées par Alba. C'est une nouvelle poignante là aussi car si au départ je me suis attachée à Alba et à sa jolie relation avec son neveu, j'ai été déroutée par la suite. Mais qui sait jusqu'à quelles extrémités la souffrance peut nous mener ?

Seule la dernière nouvelle, L'enfant fantôme, m'a semblé un peu moins travaillée que les autres et de ce fait, un peu frustrante, un peu abrupte, alors qu'elle soulève justement une question cruciale et ô combien déchirante. le narrateur, intrigué par l'attitude d'un couple marié qui fait mine de s'ignorer, découvre peu à peu leur histoire tragique. Alors qu'ils attendaient un enfant, Séverine et Benjamin ont été confrontés à un dilemme terrible : donner le jour à un enfant malade ou renoncer et lui épargner des souffrances.

C'est donc une lecture, vous l'aurez compris, qui m'a transportée, qui m'a fait voyager dans l'espace et dans le temps et qui m'a surtout émue.
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