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EAN : 9782228899789
824 pages
Payot et Rivages (02/09/2005)
4.3/5   5 notes
Résumé :

Traître à la nation, prince tyrannicide, Jean sans Peur (1371-1419), deuxième duc de Bourgogne de la dynastie des Valois, est entré dans l'Histoire avec une bien sombre réputation. Longtemps les historiens n'ont voulu voir en lui que le meurtrier de Louis d'Orléans, frère du " roi fou " Charles VI, le responsable de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui ensanglanta le royaume de France, et le félon qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le duc de Bourgogne Jean Sans Peur fut longtemps montré du doigt comme le meurtrier de Louis d'Orléans, assassiné après avoir rendu une visite à la reine Isabeau de Bavière en l'hôtel parisien de cette derniere, rue Barbette, dans le Marais, en novembre 1407. Aujourd'hui, on ne négligerait pas ce fait, mais on ne manquerait pas de rappeler aussitôt que le duc Louis d'Orléans avait la bien triste réputation de briguer la couronne de France et d'aspirer à remplacer son frère Charles VI de Valois sur le trône, au besoin en essayant d'attenter à ses jours (il suffit de rappeler l'épisode du Bal des Ardents ; le docteur Jean-Claude Lemaire émit même à une époque l'hypothèse que le roi avait pu être empoisonné à petit feu et rendu fou par l'absorption d'une quantité infinitésimale d'arsenic tous les jours). On sait que Louis d'Orléans se méfiait du duc de Bourgogne et avait pris soin de dresser une ligne de forteresses entre les possessions de Philippe le Hardi puis de Jean Sans Peur et Paris.
Il y avait donc de quoi, pour le duc de Bourgogne, intervenir pour essayer, sinon de rétablir le roi Charles VI dans la totalité de ses droits, du moins essayer d'empêcher que celui-ci fût sous la coupe de son frère Louis d'Orléans.
Jean Sans Peur ne doit pas laisser dans nos têtes que cette image de commanditaire de l'assassinat de Louis d'Orléans. Il fut avant tout un grand duc de Bourgogne et un véritable mécène pour les artistes et écrivains quand il ne se piqua pas lui-même de littérature. Très généreux envers les grands créateurs qu'il sut attirer à sa cour, il fut aussi un courageux guerrier : on le vit lorsqu'il s'illustra lors de la Croisade de Nicopolis, contre les Turcs, dans sa jeunesse ; il en revint auréolé de gloire.
Bertrand Schnerb nous dresse ici le portrait d'un duc qui sut gouverner ses États éparpillés entre Flandre, Artois, Picardie et Bourgogne, qui sut aussi se faire aimer des Parisiens, car sa politique fiscale, quand il tint la capitale, fut nettement plus facile à supporter que celle des rois Valois et de leurs prévôts.
Aussi n'oublia-t-on pas, à Paris comme à Dijon et à Bruges, de faire son éloge funèbre et d'exprimer une tristesse non feinte lorsque, venu pour rencontrer le Dauphin Charles (futur Charles VII) et envisager avec lui de convenir d'une trêve à Montereau, en septembre 1419, il tomba dans un traquenard tendu par Tanguy (ou Tanneguy) du Châtel, en présence du futur Charles VII, et périt assassiné traîtreusement sur le pont qui enjambait l'Yonne, frappé d'un coup de hache et transpercé de coups
d'épée.
Certains dirent que ce n'était que justice et qu'il avait péri comme il avait fait périr, sang pour sang. Mais on doit plutôt déplorer le geste de ses meurtriers, car cela ne fit qu'envenimer la Querelle des Armagnacs et des Bourguigons en précipitant Philippe le Bon, fils et successeur de Jean Sans Peur dans les bras des Anglais, trop heureux d'avoir un allié de ce poids dans la lutte contre les partisans de Charles VII.
Très équilibré, le livre de Bertrand Schnerb ne fait que rendre justice à Jean Sans Peur, sans chercher à le disculper de tout.
Schnerb a su ici faire une biographie qui ne nous retire en rien le souvenir que nous avons de ses analyses sur les structures et le fonctionnement de l'Etat (ou des États) bourguignon (s). Un ouvrage qu'il ne faut pas manquer de lire pour compléter le tableau.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Excellente biographie d'un personnage plus que controversé de l'histoire de France, « Jean sans Peur, le prince meurtrier » de Bertrand Schnerb est avant tout un travail universitaire, documenté, rigoureux. La personnalité de Jean sans Peur émerge de cette oeuvre qui s'attache à comprendre ses actions et motivations. Se dessine le portrait remarquable et circonstancié d'un personnage que l'historiographie classique a noirci à plaisir. Cette étude minutieuse du deuxième duc de Bourgogne se veut aussi la réhabilitation d'un homme dont on a surtout retenu le rôle dans l'assassinat politique de Louis d'Orléans. Bon connaisseur de l'État bourguignon, Bertrand Schnerb en restitue l'ambition et la puissance, réévaluant sa place dans l'émergence de l'État moderne. Ayant déjà consacré une étude à l'histoire et aux structures de l'État bourguignon, l'auteur se concentre sur l'aspect humain en laissant les questions d'histoire institutionnelle au second plan. La réflexion est centrée sur le rôle que Jean sans Peur joua dans les affaires politiques du royaume de France. Mais, avant tout, l'auteur a voulu suivre ce prince du berceau à la tombe et s'intéresser au monde dans lequel il a évolué. Il a tenté de mettre en lumière des aspects qui, auparavant, avaient été soit ignorés, soit négligés.
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La biographie de Jean sans Peur met en lumière un certain nombre d'éléments d'histoire politique, sociale et culturelle. Elle offre d'abord l'image de ce que peut être l'enfance et l'éducation d'un prince de la Maison de France. La formation politique de Jean sans Peur, commencée à l'âge de la majorité, est lente et soignée. Certes son père, Philippe le Hardi, ne lâche pas facilement la main, mais il confie à son fils des missions politiques qui lui permettent de s'initier à la gestion des grandes affaires de ses futures principautés. Dans la période de formation du prince, la croisade de Nicopolis (1396, Turquie) constitue un épisode d'affranchissement et d'autonomie. Il est clair que Jean sans Peur prend une large part d'initiative dans cette entreprise qui lui offre la possibilité de se mettre en avant. L'expérience des horreurs de la guerre, de la défaite et de la captivité constituent sans aucun doute un élément déterminant de sa future existence. Loin de le rendre amer, la croisade le fait sortir de l'ombre. Les sources le décrivent comme ayant fait preuve de courage, de sang-froid et d'abnégation. L'accueil que lui réserve la cour de France à son retour de captivité est très révélateur. Dans les années qui suivent, il semble que les tensions politiques aient progressivement modifié les relations qu'il entretenait avec son cousin Louis d'Orléans. C'est l'opposition de plus en plus marquée entre Philippe le Hardi et Louis d'Orléans qui explique le changement d'attitude de Jean sans Peur à l'égard de ce dernier. Ce qui apparait clairement, c'est la volonté de Louis d'Orléans de monopoliser le pouvoir en écartant le duc de Bourgogne du processus de décision. Jean sans Peur, en devenant duc, hérite d'une querelle qu'il n'a pas provoquée, mais une fois impliqué, il use de méthodes de plus en plus radicales. La sécurité et la prospérité de ses seigneuries, sa situation financière, la réforme de l'État royal, la crainte incontestable d'être lui-même victime d'un assassinat, la part importante de ses conseillers dans la décision finale sont autant de facteurs qui conduisent Jean sans Peur au meurtre de Louis d'Orléans (1407). Les sources documentaires permettent également de nuancer les jugements qui ont été portés sur la cour du duc. Loin d'être un moment faible dans l'histoire de la Maison de Bourgogne, son principat s'inscrit dans la grande tradition des Valois. Son entourage se constitue en une société politique structurée. Sur le plan institutionnel, la fonction du chancelier ducal se détache nettement. Son intégration à la noblesse est un indice de l'importance du caractère aristocratique de l'encadrement de l'État princier. Si les nobles jouent un rôle essentiel dans le conseil, dans les armées et à la cour du duc, tout un personnel de professionnels du droit et des finances intervient au niveau supérieur du gouvernement bourguignon. La masse impressionnante de témoignages documentaires concernant la piété du duc, sa culture et ses divertissements montre combien ces aspects de sa vie sont riches. le personnel clérical de haut vol, la qualité de la chapelle musicale et les grands noms de l'histoire de la musique qui y sont attachés, l'enrichissement de la bibliothèque ducale, le mécénat... en sont autant d'indices. Leur utilisation à des fins politiques et diplomatiques est incontestable, mais il est aussi vrai qu'ils constituent des éléments essentiels de la culture de la Maison de Bourgogne. L'étude des actions politiques de Jean sans Peur permet de mettre en lumière la place qu'y occupe l'activité diplomatique. Elle témoigne de son goût évident pour la diplomatie directe et de sa recherche de rencontres au sommet. Fin connaisseur de la psychologie de ses interlocuteurs, il sut capter la sympathie d'Henri V. Mais sa méthode a des limites et le mène finalement à sa perte à Monteneau, le 10 septembre 1419, lors d'un rendez-vous prévu avec le futur Charles VII.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De 1406 à 1419, il fut l'un des plus importants agents du gouvernement de Jean Sans Peur et à son action administrative en Flandre - il participa à diverses négociations avec les Quatre Membres et fut nommée commissaire sur le fait de la monnaie de Flandre en 1417 - s'ajouta un important travail de conseiller dans l'entourage direct du duc ainsi qu'une intense activité diplomatique, tant auprès des princes de France que dans le cadre des négociations avec l'Angleterre.
Page 321
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Mort au combat le 25 octobre 1415, Antoine de Brabant laissait deux fils de mariage avec Jeanne de Luxembourg-Saint-Pol. L'aîné, Jean, âge de douze ans, devait les duchés de Brabant et de Limbourg, tandis que le cadet, Philippe, âgé de onze ans, était destiné à recueillir le comté de Saint-Pol. Jean sans peur, web tant que oncle paternel des deux jeunes princes mineurs, était en droit d'en recommander la tutelle.
Page 635
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Si la chapelle d'Othée ne fut jamais construite, le duc de Bourgogne fit, en revanche, à partir du 23 septembre 1409, célébrer un service sillonner chaque année pour le salut de ses compagnons d'armes morts à Othee. La première année, cet anniversaire suffit un service d'action de grâces que le duc Jean fit célébrer à Paris pour remercier Dieu de lui avoir donné la victoire.
Page 275
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