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EAN : 9782226317339
158 pages
Albin Michel (03/02/2016)
3.61/5   49 notes
Résumé :
Edouard Saxberger, un vieux fonctionnaire confit dans une vie de routine, trouve un soir en rentrant chez lui un jeune homme qui l’attend. Il se dit poète et prétend avoir déniché un vieux livre écrit par Saxberger des décennies auparavant. Il brûlait d’envie de faire la connaissance de celui qu’il considère comme un Maître.

Saxberger, qui a presque oublié qu’il a un peu écrit dans sa lointaine jeunesse, est surpris, puis amusé. Et même flatté quand ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Léonard Saxberger approche de ses soixante-dix ans. Il s'est installé, depuis 35 ans, dans une petite vie enveloppée d'une torpeur confortable, entre son bureau où il occupe un emploi de fonctionnaire, ses promenades et ses visites au café de « La Poire bleue » où il partage les parties de billard et les fêtes arrosées des habitués.

Cet homme tranquille a oublié les vers publiés dans sa jeunesse, réunis dans un recueil titré « Promenades ».
Quand, au retour de l'une de ses promenades, un visiteur l'attend chez lui, il tombe des nues, décontenancé face à l'enthousiasme de ce jeune poète admiratif qui fait partie d'un cercle d'artistes nommé « La jeune Vienne ». Il l'invite à se joindre à eux lors de leurs rencontres au café de l'Exaltation.

Le visiteur parti, Saxberger ne sait que croire : se moque-t-on de lui, est-il vraiment digne de cette admiration ?

Tout l'intérêt de cette nouvelle tient dans l'attachement que l'on éprouve pour cet homme vieillissant qui revit au contact de cette jeunesse qui l'accueille et lui permet de retrouver un peu la sienne. Tout en lui en redonnant l'image oubliée, cette rencontre suscite des questionnements qui se font jour dans l'esprit de Saxberger. Pourquoi lui ? Sont-ils sincères ? A-t-il vraiment du talent ? n'est-il pas ridicule ? Et le lecteur se pose les mêmes et se demande où ce regain de vie va-t-il le mener…

« Le vieux monsieur se sentait léger et de belle humeur. Il songea : Mais pourquoi tout cela aujourd'hui seulement ! Si tard ! Que n'ai-je fait cette rencontre il y a trente ans — ou vingt ans, ou même, il y a cinq ans ! Et là-dessus, une fois de plus, l'impression d'avoir retrouvé la fraîcheur de sa jeunesse s'imposa avec une force telle qu'il finit par se dire à lui-même : non, il n'est pas trop tard. » p 60

Le texte nous fait vivre toutes les hésitations, les doutes et aussi les agacements et les conflits inévitables entre son ancienne vie et celle qu'il croit avoir retrouvée au sein du cercle de « la jeune Vienne » qui le mène malgré lui à rêver d'une reconnaissance, voire d'un possible succès inattendu.
Le ton de Arthur Schnitzler est assez ironique et quelquefois sans indulgence, un mélange de dérision et de cruauté quand il dépeint les habitués des cafés que ce soit ceux du billard de la Poire bleue ou le milieu littéraire et journalistique du café de l'Exaltation.

Au final, un texte que j'ai pris plaisir à découvrir grâce à Babelio et aux éditions Albin Michel qui m'en ont permis la lecture avant parution.
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Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir permis de découvrir "Gloire Tardive" en avant-première grâce à l'opération Masse Critique.
Je connaissais déjà la plume de l'auteur, ayant lu "Mademoiselle Else", court roman qui m'avait fait forte impression, et ce surtout grâce à son héroïne à l'esprit brillant et au caractère vaniteux, qui a l'audace de se démarquer des autres héroïnes par ses défauts et son réalisme désespérant.

Il est difficile de croire que le vieux Edouard Saxberger, qui mène une petite vie bien rangée, bien tranquille et surtout bien ennuyeuse, eut la prétention dans sa jeunesse d'embrasser la carrière de poète, et même l'audace de publier un recueil, oublié et inconnu de tous, "Les Promenades", dont les rares exemplaires vendus traînent dans sa miteuse bibliothèque. Enfin, c'est ce qu'il pensait, jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance d'un groupe de jeunes artistes, qui semble sincèrement, bien qu'étrangement, l'aduler et lui vouer une admiration sans borne, à lui et à sa bien maigre oeuvre. Serait-il possible que ses écrits valent vraiment quelque chose, et que seule "La Jeune Vienne" talentueuse soit assez sensible pour le remarquer ? Est-il vraiment trop tard pour connaître le succès qu'il désirait tant - et qu'il désire toujours au fond de lui ?
Saxberger, considéré par tous les membres comme un visionnaire au talent injustement méconnu, est alors intégré dans le cercle "Exaltation" créé par ces jeunes artistes aux rêves grandioses, qui s'imaginent un destin prometteur et glorieux, ce qui fini par contaminer le pauvre bougre de ses espoirs, de ses rêves de reconnaissance et de gloire tardive... Mais la vieillesse a-t-elle vraiment le droit de se voir couronner de succès ? C'est ce que l'auteur nous propose de découvrir à travers ce court roman.
Malgré cette intrigue originale et ses réflexions intéressantes, j'admets avoir été un peu déçue par la chute, que j'attendais plus exceptionnelle et plus désespérante. Il n'empêche que j'ai apprécié cette oeuvre, j'ai d'ailleurs noté de nombreux points communs - tant dans le caractère cruellement passionné et psychologiquement tortueux des personnages et de l'histoire conté - avec les oeuvres de Stefan Zweig que j'admire tant: même si c'est court, ça reste intense et marquant.
De plus le style d'Arthur Schnitzler est impeccable, à la fois impitoyable et percutant.
Une belle découverte en somme !

"Aussi longtemps qu'on est jeune, on peut éventuellement donner forme à pas mal de choses... et plus tard... plus tard ça passe, on ne sait comment."
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Ce livre je l'ai reçu dans le cadre d'un partenariat particulier proposé par Babelio. Merci à eux et tout particulièrement Pierre Krause.

Je remercie également les Éditions Albin Michel.

J'ai reçu l'exemplaire des épreuves non corrigées, ce qui m'a surpris sur le coup. Mais outre la couverture avec ce bandeau "Épreuves non corrigées" et sans la photo de l'auteur prévue pour la version finale, le livre est de très belle facture : du beau papier très doux agréable au toucher, une agréable police de caractère.

Il y aura peut être quelques retouches mais je n'ai pas vu et lu des coquilles... En même temps je ne suis pas experte en orthographe...

Je ne connaissais pas cet auteur, même de nom je l'avoue, mais sa présentation m'a donnée envie de le découvrir par l'intermédiaire de ce partenariat particulier et à travers ce roman édité à titre posthume.


L'histoire de ce récit nous est relaté dans une postface de 13 pages. Celle-ci mets en lumière ce texte et nous fait comprendre que cette nouvelle est somme toute assez autobiographique.

Cette nouvelle rentre en résonance avec la vie d'Arthur Shnitzler et le milieu artistique de l'époque.

J'ai apprécié de voir le processus qui a conduit à ressortir des écrits de cet auteur. Une histoire à travers la grande histoire. La volonté de certains hommes et femmes à préserver des oeuvres d'art (littéraire ou autre) au péril de leur vie est pour moi quelque chose de vraiment admirable.

Cette nouvelle c'est l'histoire de ce vieux monsieur qui sort de son train train quotidien par l'attrait d'un jeune homme pour un recueil de poésies qu'il a écrit bien des années avant.

Le jeune homme lui vante les mérites de son recueil de poésie. Et oui il y a fort longtemps Monsieur Saxberger était poète... Meier le jeune artiste va alors l'entraîner et le faire rentrer dans un cercle d'artistes beaucoup plus jeunes en quête de notoriété et surtout de créations.

En quête de gloire ces soit disant artistes vont réveiller en ce vieux monsieur des envies de gloire tardive.

On plonge alors dans les pensées de ce vieux monsieur, qui aura envie de ressentir l'admiration de ses lecteurs et de profiter d'une gloire tardive.

Hélas le vieux monsieur est aussi solliciter par le cercle d'artistes pour créer à nouveau... Et s'est là, que la chute sera rude ...

Création et gloire sont deux choses si capricieuses... Elles ne se décrètent pas !

La prise de conscience sera bien dure et la chute inévitable.... (même si au fond ce n'est pas de bien haut que Saxberger tombera...)

L'écriture de Shnitzler me parait classique, reflétant une époque et un style de vie. Nette et sans bavures.

Si ce vieux poètes m'a intéressé, ce récit ne m'a pas trop touchée.... D'autres romans de l'auteur me plairait peut être davantage... Mais pour l'instant je vais m'en tenir là.

" Mieux vaut tard que jamais " dit-on
là, le "jamais" aurait peut être été plus doux pour cet homme
qui n'aurait pas quitter "la sourde et molle quiétude d'antan."
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"La vie lui avait coulé entre les doigts". L'espoir de se démarquer de la grande masse des anonymes s'était évanoui. Il avait presque oublié avoir écrit un recueil de poèmes. La gloire, la traîtresse, était restée muette. Elle avait refusé de braquer sur lui les feux de la renommée. Il était donc resté tapi dans l'ombre de son emploi de fonctionnaire, docile et fidèle. Résigné.

Quelques décennies plus tard, de jeunes inconnus frappent à sa porte et témoignent d'un enthousiasme aussi surprenant qu'inattendu pour son unique recueil de poèmes, exhumé de l'oubli on ne sait trop par quel sortilège.

Confusion, interrogation, méfiance, rejet. La crainte de l'imposture le fait hésiter. Se rassurant au discours enflammé de ses interlocuteurs plutôt sympathiques, surement inoffensifs, une petite flamme se ravive en lui. Leur enthousiasme semble sincère, convaincant, communicatif. Il n'en faut pas plus pour que des souvenirs poussiéreux retrouvent une certaine fraîcheur.

Le fossé qui sépare les générations n'est que celui du temps qui passe, des événements qui s'accumulent. L'histoire se construit ainsi. Mais depuis que l'homme s'est auto promu en haut de l'échelle de l'espèce animale, ses aspirations sont restées les mêmes, transmises et répétées sans érosion de génération en génération : émerger du lot, se distinguer, susciter l'admiration de ses semblables. L'espoir de gloire ne vieillit pas, il ne quitte jamais vraiment le fond de son être. Il n'est jamais trop tard pour espérer. Tant pis si l'orgueil et la cupidité sont aussi de la fête.

Aussi, lorsque Saxberger, le poète en mal de succès, entrevoit une perspective de reconnaissance de son talent, il se prend à espérer, à son âge. Ses sens se raniment, l'émotion le gagne. La fréquentation d'un club littéraire de jeunes exaltés le stimule. le fossé entre générations se comble. On organise un spectacle littéraire. Les journalistes sont là. La gloire enfin ?

Sans la reconnaissance de ses congénères, la créativité de l'artiste s'essouffle et finit par s'éteindre. Ce sont les autres qui le font naître au monde. Saxberger retrouve un élan de jeunesse. Se peut-il qu'une oeuvre mûrisse d'elle-même et ne reçoivent pas le même accueil à quelques décennies d'écart ? L'inspiration sera-t-elle à nouveau au rendez-vous ?

Voilà un beau texte, bien sage, qui démentira la réputation licencieuse dont son auteur s'est vu affublé. Il est fait d'une écriture souple, précise, léchée, très agréable à lire. Il n'est certes pas destiné aux amateurs de lecture à sensation. C'est l'exploration d'un sentiment, une bouffée de jeunesse, comme le dernier mieux de celui qui va rendre l'âme.

Seul le corps vieillit. La sensibilité reste intacte, jusqu'au dernier souffle.

Merci à Babelio, aux éditions Albin Michel, de m'avoir fait découvrir cette oeuvre en avant première de sa parution.
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Jeu de massacre.

La soif de reconnaissance individuelle ou collective constitue la plupart des sociétés et leur donne force et stabilité, chacun aspirant à paraître et à exister aux yeux de ses proches et de ses semblables. C'est le noeud de l'intrigue que vivent les personnages de Gloire Tardive. Que ce soit le personnage principal, Saxberger, ce « vieux monsieur» qui découvre au soir de sa vie qu'il est admiré par un groupe de jeunes poètes (groupe « Exaltation ») pour avoir écrit dans sa jeunesse un recueil de poésies, que ce soient les membres de ce cénacle qui recherchent l'inspiration artistique en essayant de se donner un maître à respecter, un exemple à suivre, aucun n'échappe à ce besoin d'idéal que la vie trahit souvent par les contraintes domestiques. de ces multiples insatisfactions, Schnitzler nous livre une longue nouvelle (de 140 pages) où l'on voit se décliner les rapports entre un milieu artistique et bohème et un milieu petit-bourgeois qui s'envient l'un l'autre pour des raisons opposées. le narrateur prend un malin plaisir à distiller avec humour et ironie les travers de ces deux mondes qui, en définitive, ne représentent que les vanités du genre humain. Chacun en fin de compte retrouve sa place initiale et l'on voit poindre le pessimisme de Schnitzler : Quelques soient ses expériences, l'homme ne change pas, il n'évolue que très marginalement. On aperçoit ainsi, sous l'aspect plaisant du récit, un arrière-plan beaucoup plus sombre et plus dramatique de la société viennoise de la fin du 19ème siècle : l'absence de perspectives, d'aventures, d'illusions créatrices touchant une société installée dans son confort rassurant.
Cette nouvelle de Schnitzler peut se lire comme une pièce de théâtre ou un scénario de film tant la richesse et la diversité de l'action y sont les moteurs de l'intrigue. La présence du narrateur omniscient donne à ce livre une dimension supplémentaire, beaucoup plus profonde et plus humaine et qui en renforce l'intérêt littéraire. Cependant, à part les différentes évolutions de Saxberger, les autres personnages se caractérisent par la stabilité, voire la fixité de leurs comportement et de leurs réactions, toujours très prévisibles ce qui diminue fortement leur épaisseur, leur complexité et leur humanité. Malgré ces faiblesses (de jeunesse ?), on est entraîné presque de façon jubilatoire dans un jeu de massacre qui consiste à mettre à nu psychologiquement chacun des protagonistes mettant en relief les rancoeurs, les jalousies, les envies, les hypocrisies et la plupart des petitesses humaines. On apprécie la lente dégringolade de Saxberger du statut de maître ovationné auquel on ose à peine adresser la parole et qu'on écoute avec componction à celui de camarade, d'égal auquel on parle sans y prêter attention jusqu'au comparse plus ou moins négligé. C'est évidemment l'occasion pour Schnitzler d'une analyse sociologique où chacun reste bien à sa place, même Saxberger redevient le petit-bourgeois fonctionnaire anonyme du début. L'auteur semble prendre acte de ce que les élévations d'âme de la jeunesse restent des illusions qui doivent passer avec l'âge et la maturité (Saxberger). Dans le cas contraire, on se retrouve dans une société nombriliste et irresponsable (groupe Exaltation) qui s'accroche puérilement et désespérément à des chaînes dont elle n'a pas su ou voulu se défaire. Cette oeuvre de jeunesse vaut pour sa lecture agréable, son ton ironique et son arrière-plan pessimiste sur la nature humaine mais manque à mon goût d'un peu d'étoffe, de densité réaliste et de subtilité dans les caractères des personnages. Cependant, Gloire Tardive représente une bonne incitation à la lecture des oeuvres majeures de Schnitzler, trop méconnu en France. En ce qui me concerne, un titre de son oeuvre m'inspire : Vienne au Crépuscule et peut-être aussi Mademoiselle Else.
PS: Livre lu dans le cadre de Masse Critique sur épreuves non corrigées (Sans la couverture définitive ni quatrième de couverture)
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Saxberger fit mine de se lever mais le jeune homme le repoussa doucement dans son fauteuil. D'une voix tremblante d'émotion, Saxberger répondit : «Je vous remercie, je ne sais pas, non, je ne sais vraiment pas...» - il s'interrompit un instant puis, tandis que le jeune homme le dévisageait tranquillement et avec un sourire encourageant, il poursuivit : «Il y a si longtemps - je... je... tout ça est si loin, et puis on faisait si peu de cas de ce genre de chose de mon temps. il y a si longtemps que je n'ai rien écrit. D'ailleurs personne n'en a cure, et peu à peu, l'envie m'est passée, vous savez, avec la jeunesse. Et puis il y a eu tous les soucis, le travail quotidien, ça s'est arrêté comme ça, tout seul, je ne l'ai même pas remarqué...»
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C'est toujours la même chose. Au début on se contente du plaisir que l'on prend à créer et de l'approbation des rares personnes qui nous comprennent. Mais en cours de route quand on voit tout qui monte à côté de soi, tout ce qui se fait un nom, et même, accède à la célébrité, on en vient à se dire qu'il serait même bon d'être enfin écouté et reconnu à son tout. Mais à partir de là, gare aux déceptions ! La jalousie de ceux qui n'ont aucun talent, la superficialité et la malveillance des critiques et surtout l'effroyable indifférence de la multitude. On finit par se sentir las, las, las. On aurait encore beaucoup à dire mais personne ne veut écouter et on finit par oublier qu’on été soi-même l'un de ceux qui voyaient grand, qui avaient peut-être créé quelque chose de grand (P. 13)
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(...) il s'allongea sur le canapé et entreprit de se plonger dans le spoèmes de Wolfgang Meier. Ah ! Ça ne se lisait pas aussi facilement qu'un roman "récréatif", il put s'en convaincre dès les premiers vers. Saxberger lut avec beaucoup d'application; il lut d'autant plus scrupuleusement, avec d'autant plus d'attention, qu'il avait du mal à se former un jugement clair. Une certaine anxiété le gagnait. Une chose lui paraissait certaine : c'étaient de jolis vers - mais quand il s'interrogeait sur ce qu'il aurait pu en dire d'autre, il restait sans voix.
(...)
C'est ainsi qu'ils marchèrent de conserve sans mot dire une bonne demi-minute, jusqu'à ce que Meier rompît enfin le silence : "Et puis-je vous demander si mes modestes vers ont eu l'heur de vous plaire ?" Et son regard, à ces mots, était pieusement accroché aux yeux de Saxberger.
Le vieux monsieur s'immobilisa et hocha la tête.
"Comment auraient-ils pu ne pas me plaire. Ils sont de toute beauté. Oui, je les ai beaucoup aimés".
(p.17 puis23)
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P 53 :
Alors, que pensez-vous de notre tragédienne ? s 'enquit-il ?
C'est une personne très intéressante, répondit Saxberger sur un ton hésitant, presque interrogateur.
Oui, dit Linsmann, il y a dix ans, elle avait même un peu de talent.
P 80 :
L'attention du vieux monsieur fut attirée en particulier par un couple : elle, une très jeune créature en robe bleue, à la place du chapeau, un fichu qui avait glissé de la tête et dont les extrémités pendaient autour de la nuque ; lui, un jeune homme élancé d'aspect maladif, pâle et imberbe. Il les vit de loin qui arrivaient à sa rencontre, on aurait dit qu'ils flottaient juste au-dessus du sol tandis qu'ils émergeaient lentement de la pénombre. Ils se taisaient, les yeux perdus dans le vide devant eux, il y avait quelque chose d’infiniment triste dans leur allure. Saxberger ne put s'empêcher de les suivre des yeux quand ils l'eurent croisé, et il les regarda s'éloigner, mutiques, l'allure flottante, jusqu'à ce qu'enfin ils eussent disparu dans le demi-jour parcimonieux.
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Et il lui parut incompréhensible à cet instant que tant de choses profondément vécues, tant d'expériences intimes pussent être tout simplement effacées par le cours misérable de l'existence, comme si elles n'avaient jamais eu lieu.
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Le grand roman d'Arthur Schnitzler mis en images par Manuele Fior, ce sera en janvier 2023. Quand, pour sauver son père de la ruine, une jeune femme convoitée sollicite l'aide d'un ami de la famille, celui-ci exige une faveur : voir Else nue pendant un quart d'heure. Cédera-t-elle ? Dans une ambiance crépusculaire, Manuele Fior livre une interprétation magistrale de l'oeuvre du Viennois Schnitzler. Il convoque les grands artistes de l'époque et c'est somptueux.
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