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EAN : 9782070363919
222 pages
Gallimard (25/05/1973)
4.34/5   84 notes
Résumé :

" Willsdorff a dégoupillé une grenade. Lentement, Torrens se lève, tenant sa carabine d'une main, il calme encore de l'autre le tireur F.M." Feu ! ".Il accompagne son hurlement d'un grand geste de son bras libre. Toutes les armes du groupe tirent en même temps, le fracas est assourdissant. En quelques secondes la colonne de coolies et de soldats se disloque. Les corps tombent au milieu des impacts de balles et des explosions de grenade... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Quand on évoque la guerre d'Indochine (1946-1954), on pense souvent au Viêt-Nam, mais on a tendance à oublier que le conflit se déroulait aussi au Cambodge et au Laos.
Ce roman se passe dans la jungle laotienne, un an avant la fin du conflit. Une section, sous-division composée d'une quarantaine de 41 supplétifs (combattants recrutés parmi la population locale pour compléter l'armée régulière.) encadrée par quatre militaires français est confrontée, lors de sa progression dans la jungle, aux combattants du Viet-Minh.
Parmi eux il y Routier, Perrin, l'adjudant Willsdorff , un Alsacien qui a combattu du côté des Allemands, , Torrens, un sous-lieutenant de 22 ans, frais émoulu de Saint- Cyr, récemment arrivé .
Cette petit troupe, pendant 9 jours, le temps qui s'écoule entre le début du récit - 26 avril 1953 , 17h30 et sa fin 4 mai 1953, 13h – va devoir affronter tous les dangers : la guérilla , les mouches, les moustiques, les sangsues , la dysenterie, l'inhospitalité de la forêt tropicale...
Au fil des heures, des jours, les hommes meurent, d'autres sont grièvement blessés mais Torrens refusent de les abandonner, et la colonne reprend, à chaque fois, sa marche, inexorable, chaque fois un peu plus ralentie par le transport des blessés agonisants.
Roman de guerre sans concession. En épigraphe, Pierre Schoendoerffer a inscrit « Tout ressemblance avec des personnages vivants serait purement fortuite car les hommes qui ont inspiré cette histoire sont morts ». A la fin du récit, on apprend que le seul rescapé l'adjudant (devenu chef, entre temps) Willsdorff, en décembre 1960, blessé grièvement dans le djebel Amour (partie centrale de l'Algérie) ne survivra pas.
Roman de guerre , certes, réaliste ,implacable , mais empreint d'humanité, de fraternité, d'amitié. L'auteur a puisé dans ses propres souvenirs pour nous livrer ce récit attachant, qui témoigne de ce que fut cet enfer.
Des touches de poésie pour adoucir les atrocités ...

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Solitude et pudeur. Détresse. Mots crus et "techniques" du quotidien soldatesque. Vaine attente de la mort. Murmures de la jungle. Crépitements des fusils-mitrailleurs et soubresauts des mortiers...

1965 : surgit à la fois ce témoignage vibrant ET une oeuvre romanesque, profondément universelle.

L'adaptation cinématographique qui s'ensuivit (réalisée par l'écrivain) fut une même complète réussite artistique.

Oeuvre existentialiste (même sans le dire), à fonction cathartique et "carburant" empathique... Un livre fondateur, sobrement descriptif... et pour tout dire inoubliable ! (pour moi, découvert à quinze ans sur les bords de Creuse, je crois...).

Pas bien loin des valeurs éthiques d'Antoine de SAINT-EXUPERY dans son "Pilote de guerre" [1942].

Pas loin non plus du ton dégagé de "Un balcon en forêt" [1958] de Julien GRACQ, au même "saltus" et à l'ambiance presque similaire... Forêt ardennaise, jungle vietnamienne... Crépuscule s'étirant peu à peu autour d'un ilôt humain qui se sait condamné...

Avec ces lueurs de "fin d'un monde" annonçant celles, tout aussi émeraudes, de l' "Aguirre, la colère de Dieu" de Werner HERZOG [1972]...

Souvenirs noirs des singes hurleurs au-dessus du fleuve du "Heart of Darkness" ["Au coeur des Ténèbres", 1899] de Joseph CONRAD...

" Est-ce ainsi que les hommes vivent (et trop souvent meurent) ? "

Une oeuvre littéraire, une vraie... car votre langue, Pierre SCHOENDOERFFER, à la fois sobre et inspirée, sait aller à l'essentiel de chaque instant précaire ainsi vécu : elle ne se démodera point.
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Guerre d'Indochine, Laos, 1954 avant la chute de Diên Biên Phu.
Après « L'adieu au roi », il me fallait lire ce roman.
Pierre Schoendoerffer a participé à la guerre d'Indochine. Il livre ici un récit encore plus personnel.

Pendant moins de dix jours, on suit la 317ᵉ section composée d'une quarantaine d'hommes de troupe locaux et de quatre Français.
Des 41 soldats locaux, les “supplétifs”, on ne découvrira que quelques-uns.
Le roman se focalise surtout sur les quatre Français.
Il y a surtout, le sous-officier Torrens que l'on devine novice.
Et Willsdorff qui a déjà fait la guerre, la seconde guerre mondiale mais avec les Allemands (il est Alsacien).
La troupe va tenter de rallier une position sûre.
Ils sont poursuivis par le Viet-minh.

Ils sont surtout cernés par la Jungle.
L'humidité permanente qui rend tout vrai repos impossible, aggrave les blessures, exténue les hommes est littéralement une force hostile, une ennemie.
Il pleut, le ciel n'est que rarement dégagé. Les sangsues s'accrochent à la peau.
La boue est omniprésente.

La troupe tente bien un coup contre le Viet-Minh. Mais très vite, c'est la fuite à travers la Jungle avec les blessés, les morts. Pas de fin heureuse. le roman commence par ces mots :

« Toute ressemblance avec des personnages vivants serait purement fortuite, car les hommes qui ont inspiré cette histoire sont morts »

Le récit est sobre. le verbe direct. Il y a entre deux marches quelques moments de dialogues, de découvertes mutuelles.
Un respect mutuel qui se construit sous le feu.
Une camaraderie.

La mort est omniprésente. Elle emporte en un clin d'oeil ou après de terribles souffrances, dans le feu de l'action ou pendant la nuit…
Il est une phrase qui revient souvent « Vive la mort ! »

Pierre Schoendoerffer livre un témoignage de première main sur la Guerre.
Atroce, Absurde, Violente.
Pas de place pour l'absurde héroïsme hollywoodien : tout se paye et au prix fort.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Toute sa vie Pierre Schoendoerffer fut marqué par la Guerre d'Indochine à laquelle il participa, en tant que sous-officier cameraman, jusqu'à la défaite finale, à Dien Bien Phu. Ensuite il écrivit des romans, réalisa des films de fiction et documentaires qui peuvent, pour la plupart, être perçus comme une longue catharsis de cette guerre.
La 317eme section, certainement son oeuvre la plus connue, et peut-être la plus intense, offre un concentré de réalisme militaire (sans aucun glamour, ni musique triomphale comme Hollywood en a tant déversé sur les écrans).

Voici plus d'une trentaine d'années, j'avais vu et été marqué par le film que Schoendoerffer avait tiré de son propre roman, marqué par ses souvenirs de survivant de cette guerre.
Je viens enfin de lire La 317eme section. le roman est aussi intense, nerveux, condensé dans le temps (à peine quelques jours) que le film. Une section est dans l'armée française composée d'une quarantaine de soldats. Encadrée par un sous-officier, Willsdorff, revenu de tout, pragmatique car habitué au pire -il a fait la Seconde Guerre mondiale sur le front russe du côté des Allemands- qui se confronte à un tout jeune lieutenant, cette section, encerclée de plus en plus près par l'ennemi, va donc, dans une longue marche inutile, épuisante, tragique, s'acheminer vers son destin : la mort.
Ce roman est une tragédie.
Le plus étonnant dans cette histoire virile, âpre, meurtrière et absurde sont les moments presque poétiques qu'offrent certaines descriptions de la jungle qui cerne et oppresse tout autant que le Vietminh. La beauté peut surgir partout, même dans les endroits et aux moments les plus inattendus. Comme une espérance dans la noirceur de la guerre.

Alors du roman ou du film, lequel est le meilleur ?
Les deux, mon capitaine.
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On a donc à faire à une histoire en pleine débâcle française en Indochine. Au Laos la 317ème Section quitte son avant-poste dans la jungle pour regagner Tao Tsaï à pied alors que le Viêt Minh envahit la région.

La 317èm section est commandée par le jeune sous-lieutenant Torrens qui vient tout juste de sortir de formation à Saint-Cyr. Il est secondé par l'adjudant Willsdorff, vieux routier et vétéran de la Seconde Guerre mondiale, dans la Wehrmacht. Les sergents Roudier, Perrin et Ba Kut complètent l'encadrement. La fuite de la section est ponctuée d'embuscades et de morts. L'inexpérience et la bonne volonté de Torrens sont sans cesse confrontées au pragmatisme et aux efficaces réflexes de guerre de Willsdorff, mais dans la compréhension et le respect. En fait il y a assez peu de combats dans ce livre, c'est surtout une galère apocalyptique d'une poignée d'hommes dans une jungle étouffante en territoire ennemi et sans moyen.

Le récit est bien écrit, très prenant et très rythmé. Les chapitres sont courts et s'enchaînent bien. Cela permet aussi une lecture par petite tranche, dans les transports par exemple. Les paysages sont très bien d'écrit, même si l'auteur ne s'y éternise pas « à la Tolkien ». J'ai beaucoup aimé l'ambiance, le côté crépusculaire façon Apocalypse Now de cette histoire. On a l'impression de lire un récit biographique ou autobiographique tellement c'est prenant.

Il y a une ellipse de 5 jours entre les deux derniers chapitres. le dernier justement nous présente des personnages au bout du rouleau. Affamés et usés par la maladie, ils ressemblent plus à des zombies qu'autre chose. Alors que je les pensais sortis d'affaire, ils tombent dans une dernière embuscade qui m'a littéralement fauchée tant je ne m'y attendais pas. C'est ce dernier chapitre qui achève d'en faire une grande histoire et un récit vraiment sombre d'une guerre totalement absurde.

Au rayon des défauts, il n'y a pas grand-chose. J'ai eu du mal avec la transcription de l'accent alsacien germanophone de Willsdorff ou les « d » sont remplacé pas des « t ». Ca donne : « Pourquoi pas crever tous ensemble sur cette putain te piste ».

Ensuite, ce qui pourrait choquer dans un livre écrit à notre époque, c'est la transcription des propos des personnages laotiens dans leur français limité qui passerait pour caricatural et moqueur, même si replacer dans le contexte de l'époque ça marche bien dans le livre. Si ajoute le côté paternaliste des personnages français envers les Laotiens qui reflète malheureusement assez bien l'état d'esprit de l'époque.

Donc en préparant cette chronique j'ai découvert un film que je vais me regarder très prochainement, mais aussi un autre livre de l'auteur, qui m'a l'air d'avoir inspiré Apocalypse Now et d'avoir le même genre d'ambiance crépusculaire : L'Adieu au Roi. Donc voilà si vous aimez ce genre d'ambiance, si vous aimez les récits très immersifs je vous recommande franchement la lecture de la 317ème Section.
Lien : https://blogconstellations.h..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« Important le règlement. Vous savez pourquoi j’ai failli louper mon peloton de cabot en 46 ? »
Il essuie ses mains humides sur le fond de son pantalon.
« Un coup vient te partir. Que faut-il au canon pour se refroidir ? Question. Hein Perrin ? Que faut-il ?
-J’sais pas moi…
-C’est tans le manuel, caporal Perrin, c’est tans le manuel.
-Ben j’sais pas, du froid quoi. »
Willsdorff ricane.
« Pas mal caporal Perrin, pas mal, mais c’est pas ça. Question : un coup vient te partir, que faut-il au canon pour se refroidir ? Réponse : un certain temps. »
Torrens part d’un grand rire.
« Un certain temps, ça c’est génial. Un certain temps ! C’est de la poésie pure. »
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Je vais vous dire quelquechose mon Lieutenant. J'aurai laissé Roudier à Pak La et à l'heure actuelle on serait à Tao Tsaï. Quand on fail la guerre, y'a qu'une chose dont ll faut être sûr. C'est que l'objectif à atteindre justifie les pertes. Sans ça on ne peut plus commander. Je sais bien, quand on est chef de section les pertes, ce sont les copains. Mais quand-même, vous avez tort. Vous faites une connerie... Et merde! Je suis content que vous l'ayez faite et je suis content d'être avec vous pour ça. Et si on doit tous y rester, et bien, vive la mort!
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Lundi 27 avril 1953, 08 h 15.

(...)
La forêt silencieuse recommence doucement à vivre et à bruire : dans la jungle, une troupe en mouvement est toujours au centre d'une nappe de silence qui se déplace avec elle. Les bêtes troublées par une présence inhabituelle se terrent et attendent. Si les hommes s'arrêtent et ne font pas de bruit, la vie secrète reprend progressivement et mille frottements, mille souffles suspendus avec inquiétude renaissent.
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Quand Willsdorff rejoint Torrens il fait déjà chaud mais les lointains ont encore la fraîcheur, la netteté des miniatures d’un livre d’heures du Moyen Age. Des banderoles de brouillard subsistent dans les creux d’ombre. La jungle étincelle de rosée. Gorgées d’eau les rizières en gradins éblouissent comme des plaques d’acier. L’air est joyeux comme en Europe, en mars entre deux giboulées.

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L'orage de la veille continue à se développer. Pendant la nuit les lourds nuages noirs se sont dissous lentement. A l'aube il ne restait d'eux qu'une vapeur fragile, rose pâle, dans un ciel frais. Mais avec le soleil ils sont revenus, massifs et blancs, boursouflés comme un cancer monstrueux. Maintenant ils pèsent, épais et sales, sur la torpeur de la jungle.
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Videos de Pierre Schoendoerffer (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Schoendoerffer
Le voyage en Amérique de Pierre Schoendoerffer. Entre la Guerre d’Indochine et son retour en France en 1955, Pierre Schoendoerffer s’est offert « un tiers » de tour du monde durant lequel sa détermination à faire, un jour, du cinéma, s’est maintenue. Après l’expérience des combats, caméra sur l’épaule et l’enfer de Diên Biên Phu, il retourne à la vie civile en faisant au gré de son voyage de fabuleuses rencontres : témoignage sur ses années d’insouciance pendant lesquelles il découvre une Amérique qui lui paraît familière grâce au cinéma américain dont il était un spectateur boulimique, bien avant de poser un pied sur le fameux continent.
+ Lire la suite
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