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Barbara Fontaine (Traducteur)
EAN : 9782845451605
177 pages
Editions des Syrtes (10/03/2011)
3.33/5   6 notes
Résumé :
La littérature sur l’attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944 est très abondante, de même que les biographies sur Claus von Stauffenberg, son initiateur. On sait cependant peu de choses sur le sort des familles des conjurés et sur leur rôle dans cet événement.
Le 21 juillet 1944, Nina, l’épouse de Claus, informe ses deux fils de huit et dix ans que leur père a fait une erreur et qu’il a été exécuté pendant la nuit. Elle ajoute : « Que la Providence pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Peu le savent, mais Hitler n'avait pas que des collaborateurs zélés et fanatiques de sa politique de la Terre brûlée. Certains ont résisté. de l'intérieur. Pas évident quand on était Allemand de se battre contre les siens, sa famille parfois, au coeur même de son pays. Encore moins lorsque l'on portait l'uniforme de la Wehrmacht, que l'on était officier d'État-major et issue d'une très vieille lignée d'aristocrates. Surtout, tous savaient les conséquences immédiates non seulement pour les conspirateurs, mais pour la famille au sens large. A l'époque, cela se nommait la sippenhaft. Malgré cela, sachant les risques pris pour sa vie et celle de ses enfants, Nina Schenk von Stauffenberg va soutenir son mari – dès le début – dans cette entreprise utopique et insensée.

Son époux arrêté et fusillé parce que jugé traître à sa patrie, Nina von Stauffenberg va vivre le pire : les geôles de la Gestapo, le camp de Ravensbrück, la solitude, la peur, la séparation d'avec ses quatre jeunes enfants. Pour tenter de conjurer ses craintes, de dépasser ses angoisses, par goût pour la vie aussi, Nina von Stauffenberg va s'organiser psychiquement, se maintenir mentalement en vie, pour son défunt mari, pour sa famille. Pour retrouver ses enfants, surtout. Jamais elle ne faillira. Jamais elle ne lâchera prise. Avec une opiniâtreté absolue, une pugnacité infinie, et la foi de s'en sortir chevillée au corps, elle s'astreindra à des activités faisant diversion. Son éducation, sa culture littéraire et musicale lui serviront d'exutoire.

Ce qui lui a permis de tenir face à la violence de la répression, c'est indéniablement son indépendance d'esprit. Mariée très jeune, élevée dans un milieu où les valeurs morales étaient élevées, où le respect des traditions était intact, où chaque événement de l'existence était régi par un code établi, formalisé, Nina Schenk von Stauffenberg n'en demeure pas moins une femme affirmée, énergique, moderne – voire anticonformiste – pour l'époque. Avant d'être la mère de ses enfants, elle voulait être la femme, la partenaire, l'amante de son mari. C'est cette assurance naturelle, cette stabilité intellectuelle et cette sérénité intérieure qui permettront à Nina von Stauffenberg de se tenir aux côtés des conjurés du 20 juillet 1944, dont son mari, de les encourager par sa présence et de ne pas déchoir en gardant toujours le silence.

En rédigeant la biographie de Nina Schenk von Stauffenber, Konstanze von Schulthess rend, avant tout, un vibrant et pudique hommage à sa mère, à la force de caractère qu'elle a déployée pour aider son mari dans son attentat contre Hitler, et dans sa détermination à survivre au pire pour ses enfants. « Nina schenk von Stauffenberg – Un portrait » où l'histoire d'une jeune femme de la noblesse allemande, pétrie de convenances et de bonnes manières, qui va se retrouver au coeur du complot du 20 juillet 1944 qui aurait dû modifier – en cas de succès – l'ordre des choses. Car à travers cette hagiographie, constituée de lettres, de témoignages familiaux et d'entretiens, se dévoile un pan de la grande histoire de la 2ème Guerre mondiale encore peu et mal connue : la résistance allemande au sein même du régime national-socialiste et de l'armée allemande.

Konstanze von Schulthess nous parle avec émotion de cette mère tant aimée, mais aussi de son père qu'elle n'a pas connu, étant née en janvier 1945. Certes idéalisé, icône d'une petite fille qui a chéri et respecter son père au travers des récits de sa mère, Konstanze von Schulthess revient sur l'engagement de Claus Graf von Stauffenberg dans la résistance allemande, dès 1938. Elle bat en brèche une idée longtemps répandue par les historiens sur l'ambigüité concernant le combat de son père. Certes, comme la majorité de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie allemandes, il a soutenu l'arrivée des nationaux-socialistes au pouvoir en 1933. Toutefois, celui-ci prend rapidement conscience des aspects monstrueux, barbares et primaires que revêt cette politique à l'égard de certaines catégories sociales. Son appartenance au Cercle de Kreisau, constitué d'opposants au régime nazi et animé par le comte Helmut James von Moltke le confirme dans sa décision d'en finir avec Hitler et sa clique. Dès 1941, l'ensemble des membres du Cercle de Kreisau avait décidé de l'élimination physique d'Hitler. Nina Schenk von Stauffenberg aura connaissance, dès cette période, des intentions fortes du groupe. Des risques aussi. Au lieu de l'en dissuader, elle soutiendra son mari jusqu'au bout, et au-delà même, entretenant ses convictions et sa mémoire.

« Nina Schenk von Stauffenberg – Un portrait » est un ouvrage très sobre, très digne, exempt de fioriture qui présente l'existence d'une femme qui a vécu son destin dans la solitude et l'abnégation. Ce portrait est un apport supplémentaire dans la reconnaissance de ces femmes qui ont lutté dans l'ombre de l'Histoire. Que son auteur en soit remerciée.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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Je ne sais pas vous, mais avant de recevoir ce livre, « von Stauffenberg » m'était inconnu. Et pourtant, c'est un nom qui aurait pu changer le 20ème siècle. Klaus von Stauffenberg est en effet l'officier qui a placé la bombe destinée à Hitler le 20 juillet 1944, le jour de « l'opération Walkyrie ».

Nina est son épouse discrète et dévouée. Que savait-elle exactement de cette opération ? Quelle fut sa vie après le 20 juillet 1944. Ce livre-portrait est écrit par sa plus jeune fille, qui tente de réhabiliter la vérité sur cette mère exceptionnellement courageuse.

Ce qui aurait pu être un grand jour pour l'histoire de l'humanité, le 20 juillet 1944 est devenu celui du chaos pour certaines familles d'officiers allemands. L'attentat est manqué, les officiers, qui comptaient faire un coup d'état sont exécutés après un « procès » de façade et…leurs familles sont entièrement frappées par la Sippenhaft, une loi nazie qui déclare responsable de l'acte de trahison toute la parentèle (enfants, petits-enfants, épouses, mères, frères, etc.). Des familles entières sont bannies et envoyées en camp de concentration.

L'histoire de Nina n'est pourtant pas singulière. Envoyée en prison dès le lendemain de l'attentat, alors qu'elle est enceinte, elle sera trimbalée avec la petite Konstanze née en captivité, jusqu'à la fin de la guerre de prisons, en camp de concentration, en passant par des fermes isolées…Elle ne sait pas ce que devient sa famille, en particulier ses 3 petits garçons à qui elle a été obligée de mentir pour les protéger « papa s'est trompé » ; elle ne sait pas ce que le sort lui réserve et elle endure des épreuves inhumaines (être transférée à pied avec un nourrisson sur plusieurs centaines de kilomètres). Elle connaissait tout des projets de son époux (sauf le lieu et la date) et l'encourageait, elle lui sera dévouée jusqu'à la fin de sa vie et n'avouera pas ce qu'elle savait de la préparation de ce complot. Au point que, beaucoup de monde dit qu'elle ne savait rien.

Ce livre, plus qu'un témoignage, est un hymne à l'amour d'une fille pour sa mère. Une mère qui a porté un lourd fardeau jusqu'à la fin de sa vie. Jusqu'à la fin de la guerre, le fardeau d'être la « femme de », bannie et accusée de haute trahison. Puis, après la guerre, celui d'être la femme d'un officier SS…

J'ai trouvé intéressant d'avoir le point de vue d'une femme sur cette partie de l'histoire, en tant que femme on ne peut qu'admirer son courage et sa dignité (à aucun moment on ne sent qu'elle se plaint). le livre est émouvant, mais parfois un peu décousu, la chronologie étant découpée par les allers-retours des analyses de la fille sur les mémoires de sa mère (qui existent mais qui ne sont pas publiés). Enfin, j'avoue regretter un peu de ne pas en avoir appris plus sur l'envers du complot.

Lu dans le cadre de Masse Critique. Je remercie Babelio et les Editions des Syrtes pour ce partenariat
...et valable pour le challenge histoire :)
Lien : http://mediatexte.blogspot.c..
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Bon livre. On sent vraiment l'envie de la fille (l'auteur) de réhabiliter la mère, c'est à dire l'épouse de Claus von Schauffenberg, celui qui a tenté de tuer Hitler en juillet 1944. La mère de Konstanze était monstrée comme une femme soumise, naïve, ne sachant rien de ce que préparait son mari par des historiens et dans des films. Ce livre nous donne une autre image, une image de femme courageuse, qui a connu la déportation (Ravensbruck), les déplacements incessants, la séparation à partir de juillet 1944 d'avec ses trois autres enfants en bas âge, l'incertitude quant à son avenir.
On promulgue, après cet attentat une loi, la Sippenhaft, qui permet aux nazis de pourchasser toute la famille de celui qui a commis l'attentat.
Ce livre met l'accent sur l'action de certains allemands qui n'ont pas suivi Hitler aveuglément. Claus von Shauffenberg aurait commencé à se poser des questions dès 1938 et la Nuit de Cristal.

Au final on ne peut pas s'empêcher de se dire que d'autres ont connu la déportation, des conditions de vie encore pire sur une durée beaucoup plus longue, la mort etc.
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Magnifique livre. Un message d'amour d'une fille à sa mère. Ce texte nous permet de nous replonger au coeur des événements tragiques que vécurent la famille Stauffenberg, notamment avec la mise en oeuvre de la Sippenhaft. le texte est fluide et est accessible même à ceux qui ne connaissent pas le détail du nazisme.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il fallait que leur relation soit forte pour que ma mère arrive à ne pas montrer sa peur constante et le renforce continuellement dans ses convictions. Au début, oui, elle avait douté, mais elle se rangea vite de son côté : « Je ne voulais pas être un fil à la patte » dit-elle plus tard. Elle voulait rester dos à dos avec son mari pour le soutenir. « Dos à dos ? » Et non pas côte à côte ? J'ai beaucoup réfléchi à cette formulation. L'image qui s'impose à mes yeux quand j'essaie d'imaginer deux personnes dos à dos est celle d'une confiance absolue, mais elle a aussi quelque chose de défensif.
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Avec un sens de la méthode bien allemand, on avait rédigé un règlement du camp, disant notamment: "Il est inutile de déposer une demande de libération auprès de la direction du camp".Cette phrase ne laissait aucun doute sur le fait que Ravensbruck devait être un lieu sans retour.
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Elle eut finalement l'idée d'organiser pour elle toute seule des soirées musicales et littéraires imaginaires. Pour les concerts, elle faisait jouer dans sa tête les pièces pour piano, et des arias entières de symphonies. Pour les soirées littéraires, elle se récitait des poèmes, par exemple « La cloche » de Schiller ou des passages des pièces de Shakespeare. Toute sa culture artistique lui servait à fuir intérieurement sa situation oppressante.
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