Comme son titre l'indique «
L'esprit de Tibhirine » ne se contente pas de raconter ce moment de 1996 qui vit l'horreur s'abattre sur la petite communauté de moines de Tibhirine, en Algérie.
L'ouvrage donne en effet des informations inédites sur la nuit de l'enlèvement, dont le frère Jean Pierre a été le témoin direct, et offre surtout une plongée dans l'histoire de Tibhirine, aventure spirituelle audacieuse relancée au lendemain de l'indépendance algérienne.
L'histoire de ce massacre remonte à 30 ans plus tôt, en 1964 exactement lorsque trois moines, dont le frère Jean Pierre, sont envoyés de Bretagne pour refonder l'abbaye de Tibhirine. le livre s'attache ainsi à relater, à travers le récit recueilli auprès de frère
Jean-Pierre Schumacher, ce que fut le travail entrepris à Tibhirine et perpétué par les survivants dans un autre monastère, celui de Midelt, toujours en terre musulmane,au Maroc. où un mémorial a été dressé, ce qui nous montre, que, contrairement à ce qu'on aurait pu craindre, a tragédie de 1996 n'a donc pas mis un terme au dialogue entrepris entre les moines et les musulmans.
des hommesLe récit de
Jean-Pierre Schumacher, tel qu'il l'est rapporté par
Nicolas Ballet, évoque le rapprochement entre chrétiens et musulmans initié à Tibhirine longtemps avant le massacre des sept moines. L'histoire de ce monastère vient de l'arrivée de 3 moines en 1964 et nous explique bien pourquoi ce monastère était en Algérie : pour témoigner de la chrétienté et de la possibilité de vivre en harmonie avec les musulmans dans des prières communes. Cet ouvrage nous raconte les difficultés rencontrées avec les habitants musulmans dans les prières communes et comment progressivement, les religieux avaient su d'abord se faire admettre, puis se faire considérer comme appartenant à ce coin d'Algérie..
Le vieux moine se souvient de ces jeunes Algériens qui "posaient un doigt sur leur oeil clos", en signe de non-compromission, sur le chemin du marché où il allait vendre la production agricole du monastère. Il raconte sa peur pendant la "décennie noire" des années 1990 marquée par la montée de l'islamisme. "L'ambiance dans les environs nous était parfois hostile", reconnaît aussi le fère Jean Pierre. Et surtout, ce qui m'a peut- être le plus séduit dans ce livre, c'est qu'il nous permet d'en savoir beaucoup plus sur l'histoire de ces 9 moines de Tibhirine, et notamment leur cheminement personnel jusqu'au monastère, contrairement, comme je l'ai dit au début de mon billet ,au film de Beauvois qui nous en disaient très peu sur leurs personnalités. respectives.
D'ailleurs, le frère
Jean-Pierre Schumacher évoque souvent le film de
Xavier Beauvois et dit beaucoup l'apprécier car cette oeuvre aura permis de faire connaître le travail des victimes, au delà du drame. Sans ce drame et sans ce film le minutieux travail de rapprochement entre les deux communautés n'aurait sans doute jamais été connu du reste du monde.
Bref, le million de personnes emballé par le film ne pourra qu'être séduit par ce livre, qui approfondit le sujet. et qui permet d'en savoir un peu plus sur le dernier détenteur de la mémoire d'un massacre que tout le monde doit garder gravé en soi.
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