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EAN : 9782752902252
992 pages
Phébus (26/10/2006)
4.38/5   21 notes
Résumé :
La récente publication de la passionnante biographie de Sylvain Goudemare, Marcel Schwob ou les vies imaginaires (Le Cherche-Midi, 2000) a incontestablement marqué un « retour » à Schwob salué naguère par Borges comme l'un des astres majeurs de notre littérature.
Le même Goudemare rassemble ici, en quelque mille pages, l'essentiel des livres qu'a laissés le grand enchanteur : Coeur double, Le Roi au masque d'or, Mimes, Le Livre de Monelle, La Croisade des enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil rassemble l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Schwob. Cet auteur, tombé dans l'oubli, mort à moins de 40 ans au début du XXème siècle, a cependant laissé une oeuvre originale et puissante qui me semble particulièrement actuelle. de son vivant, M. Schwob a d'ailleurs été salué par des maîtres comme Cocteau , Gide ou Paul Valéry comme un auteur majeur. Les 3 livres que j'ai découverts sont assez significatifs de son talent. Coeur Double est un recueil de nouvelles fantastiques à l'écriture exigeante et lyrique. J'ai cependant préféré la Croisade des Enfants. Ce court texte (moins de 20 pages) pastiche des chroniques médiévales qui racontent, avec des narrateurs différents (un lépreux, des enfants, un clerc, deux papes, notamment) la véridique croisade d'enfants en 1212). Spicilège est un recueil de textes dont le plus passionnant est celui consacré à François Villon. Marcel Schwob a été un grand découvreur de ce poète hors norme, l'un des fondateurs de la littérature et de la poésie française. Un essai qui en plus nous replonge dans la France du XVème siècle et dans la société des marginaux de cette époque.
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On pourrait sans trop hésiter qualifier Marcel Schwob d'orfèvre de la nouvelle, tant ses textes brefs et denses semblent nécessiter le moindre mot employé, sans quoi l'ouvrage se verrait un peu moins superbe.

Pirate, roi lépreux, jeune fille rêveuse, philosophe et mauvais garçons... constituent une galerie presque inépuisable de personnages dont les "vies imaginaires" (Pierre Michon s'en est souvenues !), souvent mélancoliques ou cruelles, jusque dans l'humour, me hantent davantage que tel personnage de roman.

"Spicilège et autres essais", qui complète l'oeuvre fictionnelle, montre assez quelle masse de travail fut celle Schwob, et son érudition en matière d'argot du XIXème siècle, qui fait écho à son admiration pour François Villon.
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le souvenir de la première fois où on a lu un livre aimé se mêle au souvenir du lieu et au souvenir de l'heure et de la lumière.Aujourd'hui comme alors,la page m'apparaît à travers une brune verdâtre de décembre,ou éclatant sous le soleil de juin,et,près d'elle,de chères figures d'objets et de meuble qui ne sont plus.Comme,après avoir longtemps regardé une fenêtre,on revoit,en fermant les yeux,son spectre transparent à croisières noires,ainsi la feuille traversée de ses lignes s'éclaire,dans la mémoire de son ancienne clarté.L'odeur aussi est évocatrice.Le premier livre que j'eus me fut rapporté d'Angleterre par ma gouvernante.J'avais quatre ans.Je me souviens nettement de son attitude et de ses plis de robe,d'une table à ouvrage placée vis-à-vis de la fenêtre,du livre à couverture rouge,neuf,brillant,et de l'odeur pénétrante qu'il exhalait entre ses pages:une odeur âcre de créosote et d'encre fraîche que les livres anglais nouvellement imprimés gardent assez longtemps.De ce livre je reparlerai plus tard :j'y ai appris à lire.Mais son odeur me donne encore aujourd'hui le frisson d'un nouveau monde entrevu,et la faim de l'intelligence.Encore aujourd'hui je ne reçois pas d'Angleterre un livre nouveau que je ne plonge ma figure entre ses pages jusqu'au fil qui le broche,pour humer son brouillard et sa fumée,et aspirer tout ce qui peut rester de ma joie d'enfance.
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L’ombre lente et fluette me conduisit beaucoup parmi l’herbe noire des enfers, où nos pieds se teignaient aux fleurs du safran. Et là j’eus le regret des îles dans la mer pourprée, des grèves siciliennes rayées de chevelures marines et de la lumière blanche du soleil. Et l’ombre aimante comprit mon désir. Elle toucha mes yeux de sa main ténébreuse et je vis remonter Daphnis et Chloé vers les champs de Lesbos. Et j’éprouvai leur douleur de goûter parmi la nuit terrestre l’amertume de leur seconde vie. Et la Bonne Déesse donna la taille du laurier à Daphnis, et à Chloé la grâce de l’oseraie verte. Aussitôt je connus le calme des plantes et la joie des tiges immobiles.
Alors j’envoyai vers le poète Herondas des mimes nouveaux parfumés du parfum des femmes de Cos et du parfum des fleurs blêmes de l’enfer et du parfum des herbes souples et sauvages de la terre. Ainsi le voulut cette fluette ombre infernale.
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Imaginons donc un être dont le cerveau soit hanté de fantômes qui ont une tendance à la réalité, comme les images ont une tendance hallucinatoire, et qui, en même temps, ne soit pas encore doué de la volonté nécessaire pour agir, ou pour projeter ses fantômes après avoir lutté contre eux. Je pense que cet être n'est pas rare, et qu'il représente même un moment de l'évolution intellectuelle de beaucoup d'artistes de notre temps. L'intelligence et l'esthétique intérieure se forment bien plus tôt que la volonté.

(La perversité)
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Or, le silence qui s’emparait de nous rendit les Compagnons
de la Mer délirants. Et parmi les peuples aux quatre couleurs qui
nous regardaient fixement, immobiles, ils choisirent dans leur fuite
effrayée chacun le souvenir de sa patrie lointaine ; ceux d’Asie étreignirent les hommes jaunes, et eurent leur couleur safranée de cire
impure ; et ceux d’Afrique saisirent les hommes noirs, et devinrent
sombres comme l’ébène ; et ceux du pays situé par-delà l’Atlantide
embrassèrent les hommes rouges et furent des statues d’acajou ; et
ceux de la terre d’Europe jetèrent leurs bras autour des hommes
blancs et leur visage devint couleur de cire vierge.
Mais moi, le Capitaine au pavillon noir, qui n’ai pas de patrie, ni
de souvenirs qui puissent me faire souffrir le silence tandis que ma
pensée veille, je m’élançai terrifié loin des Compagnons de la Mer,
hors de la cité dormante ; et malgré le sommeil et l’affreuse lassitude
qui me gagne, je vais essayer de retrouver par les ondulations du
sable doré, l’Océan vert qui s’agite éternellement et secoue son
écume.
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Le Christ au Rossignol.

Le Vendredi-Saint.
Le Christ est sur la croix, agonisant.
Les disciples, terrifiés, se sont enfuis.
Marie est retournée, épuisée de larmes.
Il doit ressusciter.
Mais ce n'est pas lui qui ressuscite.
Les disciples en ont trouvé un autre, qui lui ressemble ;
C'est celui-là qui apparaîtra à Marie, à Madeleine, et aux pèlerins incrédules.
Le Christ est abandonné.
Il va mourir sur la croix, dans une lande brûlée, où il y a des ravins comblés de ronces.
C'est le dimanche matin.
Voici que l'imposteur a resurgi, et le Christ, dans son agonie, entend la rumeur au lointain et les voix joyeuses qui chantent : Kyrie eleison.
Puis tout est silencieux encore.
Le silence nouveau du saint dimanche.
Alors paraît au bord d'un trou pierreux un petit lièvre.
Et sur la branche d'une ronce un petit rossignol vient et regarde.
Et le petit rossignol parle à Jésus.
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Vidéo de Marcel Schwob
« Je serai poète, écrivain, dramaturge. D'une façon ou d'une autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation. » Oscar Wilde (1854-1900) était un homme de parole : il fut poète, écrivain et dramaturge, il eut une mauvaise réputation et il est célèbre. […] le jeune Wilde, élève brillant, entre au Trinity College de Dublin avec une bourse […] et suit des études classiques : histoire ancienne, philosophie et littérature. Il commence à voyager et découvre l'Italie et la Grèce. […] Il s'installe à Londres et fréquente les milieux élégants intellectuels. […] Il se fabrique une image d'esthète : […] ses tenues vestimentaires de dandy font fureur… Oscar Wilde est à la mode. […] il fait une tournée de conférences sur « l'esthétisme » aux États-Unis, avant de séjourner à Paris où il rencontre Hugo (1802-1885), Daudet (1840-1897), Zola (1840-1902), Edmond de Goncourt (1822-1896) (qui le décrit comme « un individu de sexe douteux »), Verlaine (1844-1896), et les peintres Pissarro (1830-1903), Degas (1834-1917) et Jacques-Émile Blanche (1861-1942). […] […] Un second voyage à Paris lui permet de rencontrer Mallarmé (1842-1898), Pierre Louÿs (1870-1925), Marcel Schwob (1867-1905) et André Gide (1869-1951). Juillet 1891 marque le début d'une liaison qui ne se terminera qu'à la mort De Wilde : Alfred Bruce Douglas (1870-1945), « Bosie », vient d'entrer dans sa vie. […] Accusé de sodomie, Wilde […] est arrêté et jugé, […] déclaré coupable d' « actes indécents » et condamné à la peine maximale : deux ans de travaux forcés. […] Wilde séjourne dans plusieurs prisons […]. Au bout de quelques mois, son état de santé lui vaut d'être dispensé de travaux forcés proprement dits. Ne pouvant payer les frais de justice du procès […], il est condamné pour banqueroute et ses biens sont vendus aux enchères. […] En 1900, un abcès dentaire dégénère en méningite et Oscar Wilde meurt le 30 novembre après avoir reçu, à sa demande, l'absolution d'un prêtre catholique. le convoi funèbre est composé de quelques artistes anglais et français, dont Pierre Louÿs ; Wilde est enterré au cimetière de Bagneux. Ses restes seront transférés au Père-Lachaise en 1909. » (Dominique Jean dans Oscar Wilde, Maximes et autres textes, Éditions Gallimard, 2017)
« […] Les aphorismes traduits ici ont été publiés en 1904, quatre ans après la mort de leur auteur, par Arthur L. Humphreys, qui s'appuyait sur un recueil « analogue » qu'il avait lui-même publié en 1895 sous le titre Oscariana : Epigrams. […] le recueil de 1904 s'intitulait simplement Sebastian Melmoth, Oscar Wilde n'étant mentionné qu'entre crochets. […] Cet ensemble donne un aperçu de la pensée et de l'esprit De Wilde, et si les aphorismes sont parfois contradictoire, ils n'en sont pas moins - précisément - le reflet exact de sa personnalité. Wilde, en public, offrait un tel feu d'artifice de mots d'esprit et de paradoxes que le poète Yeats (1865-1939) a dit qu'il donnait l'impression de les avoir préparés à l'avance […]. » (Bernard Hoepffner)
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Références bibliographiques : Oscar Wilde, Aphorismes, traduits par Bernard Hoepffner, Éditions Mille et une nuits, 1995
Oscar Wilde, Pensées, mots d'esprit, paradoxes, traduits par Alain Blanc, Éditions V
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