On a toujours cru que Napoléon était mort d'un cancer de l'estomac. L'Empereur savait d'ailleurs qu'il souffrait de « quelque chose » à cet organe, témoin son souhait qu'à l'autopsie on examinât particulièrement celui-ci. Il y avait 8 médecins présents à l'autopsie effectuée par le Dr Antommarchi, le 6 mai 1821. L'estomac se révéla, en effet, occupé sur presque toute son étendue par une masse cancéreuse. Mais, trait bizarre, relevé par le Dr Laurent Pedinielli lors d'une conférence donnée au 89e Congrès de chirurgie, en dépit de l'importance de ce cancer, il n'y avait pas de métastases. A un stade pareil, c'est bizarre. On a supposé que Napoléon aurait commencé par avoir un ulcère qui, faute de traitement, serait devenu calleux et se serait cancérisé ; mais Antommarchi ne décrit pas de régions hémorragiques, caractéristique de l’ulcère et la tumeur qu'il décrit n'est pas non plus un ulcère calleux. Par contre dans le poumon des lésions qu'il croit dues à des métastases amibiennes, car l'Empereur souffrit, en effet, d'une amibiase. Lésions amibiennes ? Le Dr Pedinielli estime, lui, qu'il s'agit plutôt de belles cavités tuberculeuses. Ce que l'on prit pour un cancer de l'estomac n'aurait donc été qu'une tuberculose gastrique pseudo-cancéreuse. La tuberculose gastrique suit souvent la pulmonaire. Napoléon souffrit d'ailleurs durant sa vie d'inexplicables quintes de toux. Que l'Empereur n'ai pas présenté d'amaigrissement typique ne signifie pas grand-chose, car il existe aussi des formes « florides » de la maladie.
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