Tout d'abord, l'intrigue est découpée en deux parties symbolisant les deux jours durant lesquels le récit est narré : le 31 mai et le 1er juin. Lorsque j'ai constaté cette segmentation, j'ai été très surprise. Comment une intrigue d'un roman de 350 pages peut se contenter de vingt-quatre heures pour se développer ? C'est déjà le premier indice qui montre que ce livre manque cruellement de réflexion. Outre cela, l'intrigue est somme toute très classique, racontant un récit de quête avec la présence excessive d'une prophétie. Si cette prophétie n'avait pas existée, le roman aurait été le même, même si les jumeaux auraient légèrement eu moins d'importance, sachant qu'ils n'en ont déjà pas beaucoup.
En passant d'un personnage à un autre, l'auteur semble complètement oublier ce qu'il s'était déroulé avant. Un exemple vaut mieux que mille mots : au tout début du récit, Sophie souhaite téléphoner à son frère, puis le narrateur passe au point de vue de Josh et lorsqu'il revient sur Sophie, celle-ci fait son travail comme d'habitude en ayant totalement oublié qu'elle voulait joindre Josh, alors que seules quelques secondes se sont écoulés entre les deux scènes. D'autres incohérences s'éparpillent dans le récit comme lorsque Dee a volé le Codex, que Nicolas affirme qu'il ne se rendra compte des pages manquantes qu'après plusieurs centaines d'années de lecture mais que dans le chapitre suivant, un seul coup d'oeil permet à Dee de constater l'absence de ses deux feuilles mais aussi leur contenu et leur importance.
Aussi,
Nicolas Flamel, privé du Codex, n'est plus immortel et vieillit à un rythme d'un an par jour. Par conséquent, étant donné que l'intrigue de ce roman se déroule en moins de deux jours, Nicolas ne vieillit que d'un ou deux ans. Or le narrateur le décrit au bout de quelques heures avec des problèmes cardiaques, des cheveux grisonnants et une multitude de rides autour des yeux. Là encore, le récit manque de réalisme car en quelques mois, les changements physiques ne sont pas aussi marqués, même dans la cinquantaine, l'âge que je présume être celui du couple Flamel. Les incohérences liées au traitement du temps se retrouvent dans tout le récit, probablement dû au fait que
Michael Scott se soit obligé à faire tenir une intrigue entière en vingt-quatre heures.
Pour finir de démontrer que l'intrigue n'a pas de réel intérêt, j'affirme que tout est beaucoup trop facile pour les deux jumeaux : alors qu'ils ont une chance minime de s'en sortir à chaque péripétie, ils y parviennent comme par hasard sans aucune contre-partie négative comme une blessure physique où un coût psychologique ou mental à cause de l'utilisation de la magie. Bien qu'ils soient les élus de la prophétie, ils ne traversent en réalité aucune difficulté. Et c'est fatiguant de lire chaque scène en se disant que, de toute façon, le peu d'effort que
Michael Scott met en oeuvre pour rendre son récit intéressant est réduit à néant en s'enfermant dans une intrigue dont le dénouement est déjà clair dès le début.
Comme je l'ai déjà fait remarqué plusieurs fois, l'univers de ce roman est très peu vraisemblable (je parle évidemment des incohérences et non de la présence de magie étant donné que nous sommes dans un roman de fantasy) : deux adolescents de 15 ans qui travaillent déjà (une dans un salon de café et l'autre dans une librairie) et qui économisent pour acheter une voiture, sans penser à passer le permis et les frais qu'il engendre, et en omettant totalement l'école alors qu'elle est obligatoire jusqu'à 16 ans (le permis pouvant être obtenu à 16 ans) aux États-Unis. Je relève également quelques incohérences comme dire que l'été est passé alors que le récit se déroule entre le 31 mai et le 1er juin et que si l'auteur a voulu parler de l'été de l'année passée, les incohérences sont encore plus évidentes. Par ailleurs, soulignons l'absence des parents. Les adolescents sont livrés à eux-mêmes, laissés à San Francisco par des parents trop occupés par leur travail et hébergés par leur tante (qui est totalement absente du récit et qui ne s'inquiète pas de l'absence des jumeaux). Malgré tout, ces enfants ont besoin de travailler pour se payer leur voiture alors qu'ils n'ont même pas l'âge de la conduire, l'âge légal étant de 16 ans (et de toute façon, Josh étant un danger public sur la route, je ne vois pas comment l'idée d'acheter sa propre voiture ait pu lui traverser l'esprit). Il est également précisé que les deux jumeaux sont laissés seuls pour les vacances d'été, mais celles-ci ne débutent aux États Unis que mi-juin et non en mai. La question de l'école revient une nouvelle fois.
Les personnages sont rangés dans des cases narratives très claires : il y a deux personnages principaux avec Josh et Sophie, trois personnages secondaires avec Nicolas et Pernelle Flamel ainsi que John Dee, et les personnages tertiaire avec toutes les figures mythiques telles que Hécate, Bastet etc. Cette classification n'est pas du tout gênante, bien au contraire pour un roman pour jeunes adolescents. Cependant, le problème principal réside dans l'absence de développement de ces personnages. Je préfère illustrer mes propos par des exemples afin d'expliciter mes pensées et pointer du doigt les éléments qui font que le roman est illogique. À 15 ans, Josh et Sophie ne savent pas ce que sont les golems mais en revanche ils connaissent le nom des cratères sur la Lune et savent différencier les dinosaures. de plus, les personnages ne semblent pas ressentir la fatigue, même après une nuit blanche et une bataille effrénée.
Quant à John Dee, l'antagoniste, il n'a aucune saveur. C'est un personnage qui ne fait que brailler sur ses sbires et se moquer de ses opposants alors qu'il n'est capable de rien. Nous pouvons même douter de son intelligence lorsqu'il ne pense même pas aux failles de ses plans qui ne tiennent pas la route, laissant les protagonistes se sortir des situations difficiles finalement sans aucune difficulté. Malheureusement, ces scènes arrivent trop souvent dans le roman. Si on me disait que Dee avait huit ans, je l'aurais cru sans sourciller. C'est un véritable enfant qui tape du poing et des pieds dès que quelque chose ne va pas. Ce personnage est un gâchis pour le potentiel qu'il pouvait avoir dans le roman.
Beaucoup de dialogues mettent en scène des conversations extrêmement stéréotypés, entre l'antagoniste qui dit qu'il accepte d'épargner des vies parce qu'il est comme par hasard de bonne humeur ou Nicolas qui ne voit pas d'autre choix que de révéler l'existence de la magie à Sophie et Josh, si ce n'est les tuer. Par conséquent, tout a un goût de déjà vu, avec des idées prises dans des milliers d'autres intrigues. Alors que j'étais impatiente de lire ce roman, je ne pense pas continuer la saga à cause du peu d'efforts faits à plusieurs points de vue.
Point positif :
– présence d'éléments de différentes mythologies
Points négatifs :
– incohérences beaucoup trop nombreuses
– personnages sans caractère et stéréotypés
– aucune tension dramatique
– traitement absurde du temps et de la magie
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