AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 25 notes
5
0 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Chronique des cités en banlieue parisienne dans les années 80.
A la Courneuve, au début des années 80, les cités sont peuplées de beaucoup d'étrangers, de Portugais, d'Antillais, et surtout d'Algériens, des Algériens déracinés qui ont fait venir leur famille en France. Fatima fait partie de ces femmes illettrées -parce-que, au bled, l'école c'était pour les garçons- qui ont suivi leur mari dans un pays qu'elle ne connait pas et dont elle ne parle pas la langue : alors elle retrouve ses compatriotes au square et elles se racontent leur détresse, la précarité économique, le silence de l'époux, la violence qui frappe les filles assujetties à leur père ou à leur frère, les garçons qui échappent à leur autorité, les mariages forcés, la détresse des femmes qui n'ont d'autre choix que se taire et obéir à leur mari, la violence qui naît du racisme et de la pauvreté… Dalila, la fille de Fatima, blottie silencieusement contre sa mère, écoute les femmes dévider leurs histoires, leurs hommes, leurs enfants, leurs difficultés, pour tromper l'angoisse… et Dalila comprend ce que sera sa vie si elle reste chez elle.
Alors Dalila décide d'échapper à son destin et de s'enfuir.
Véritable document sur la vie quotidienne des familles immigrées dans les années 80, Les Algériennes au square retrace un quotidien souvent tu et ignoré parce ces femmes ne sortaient pratiquement pas de chez elles sinon flanquées de leur mari pour aller acheter un produit de première nécessité à Barbés. Trente ans plus tard, les problèmes ne sont pas forcément les mêmes mais le bilan reste sombre.
A noter le ravissant écrin des éditions Elyzad poche !
Commenter  J’apprécie          200
Dalila est une jeune fille algérienne, née en France. Ses parents, immigrés, vivent à La Courneuve, dans la cité des 4000. Lorsqu'elle était enfant, Dalila suivait très souvent sa mère, Fatima, au square où celle-ci discutait avec ses amies. Des discussions où se racontaient les histoires des familles d'immigrés, des histoires de filles violées, d'enfants battus, de bagarres de jeunes adolescents.
Aujourd'hui, Dalila se souvient de ces récits, car elle a décidé de fuir le domicile familial où son père la bat.

Ce livre est un petit bijou qui conte la vie dans les cités peuplées de français et d'immigrés, dans les années 80 en France. La population très hétéroclite n'est pas habituée à vivre ensemble aussi le racisme et les préjugés sont légion.
Ce qui fait la force de ce roman, c'est cette façon si douce de raconter des faits divers graves. Leïla Sebbar fait entrer son lecteur dans le cercle des amies de Fatima. On se retrouve au square. Mais on se retrouve également plongé dans le quotidien de la famille de Dalila et Fatima ; qui nous explique à travers les lignes pourquoi la jeune fille ne peut plus vivre entre ces murs.

L'histoire de Dalila est somme toute assez banale. Devenue jeune fille, elle souhaite vivre comme ses amies françaises : sortir le soir, flirter avec des garçons, etc. Mais cela ne doit pas se passer comme cela pour son père, fervent musulman, qui ne veut pas subir le déshonneur à cause de sa fille. le problème de l'intégration des immigrés est parfaitement rendu ici : la scission entre la volonté de s'intégrer dans une société faite de règles et de libertés différentes de celles enseignées à la maison. En Algérie, Dalila n'aurait peut-être pas vécu cela, car les tentations françaises auraient été moins présentes. Déteste-elle ce père devenu violent ? cette mère qui ne réagit pas ? ou le fait de vivre écartelée entre deux cultures très différentes ?
Quoiqu'il en soit, on retrouve toujours dans les récits de Fatima et ses amies, la question de la pauvreté et de ce qu'elle engendre.
Ali et Aïcha sont un couple très amoureux. Parents de cinq enfants, ils vivent dans une seule pièce. Aussi, lorsque Aïcha est à bout, elle bat son fils. Violemment. La proximité, la difficulté de l'intégration qui engendre l'isolement est facteur de violence. le récit de cette famille est très touchant. L'auteur ne juge à aucun moment ses personnages malgré les actes répréhensibles qu'ils commettent.

Malgré quelques tournures de phrases étranges (peut-être s'agit-il de la traduction) ou des phrases très longues, ce livre est tout simplement envoûtant. Il nous immerge totalement dans le monde des cités françaises dans les années 80 ; et cela pourrait également se dérouler à notre époque. C'est poignant, fort, bouleversant, violent, mais tellement touchant aussi.
Commenter  J’apprécie          100
Étrange immersion dans la vie de ces femmes de la cité. C'est à la fois difficile, violent, drôle et plein de tendresse, en tout cas bien plus vivant et nuancé que ce qu'on nous montre à la TV.
Je ne m'attarde pas sur cet aspect du livre mais plutôt sur la gène que j'ai ressentie. A l'heure où les débats s'enchaînent sur l'immigration, l'insertion, l'assimilation, la ghettoïsation, ce livre, écrit dans les années 80 reste d'actualité. Car il pose des questions fondamentales pour permettre de comprendre. Comprendre ce coté quasi schizophrénique d'immigrés qui ne sont bien ni d'un coté ni de l'autre de la Méditerranée, cette obsession des parents pour que leurs enfants n'oublient pas d'où ils viennent alors qu'au final ils ne se sentent ni d'ici ni de là bas. L'auteur ne porte aucun jugement et c'est ce qui fait toute la richesse du livre. A lire et à comprendre donc.
Commenter  J’apprécie          91
Nous sommes dans les années 80 dans les 4000 de la Courneuve. Beaucoup de familles maghrébines habitent ici. Fatima et les autres femmes, en majorité Kabyles totalement illettrées, se retrouvent souvent en bas de leur immeuble, toujours sur le même banc du square à côté d'un arbre, et parlent, racontent comme pour se libérer de la peur de l'inconnu, des inconnus que sont devenus leurs maris et enfants.
Dalila, fille de Fatima, restait collée à sa mère pour les écouter parler et souvent, il n'y est question que de coups portés aux filles. Les mères voudraient tant que les enfants réussissent à l'école, elles qui n'y sont jamais allées. Si elles sont indulgentes avec leurs fils fugueurs, qui désertent l'école, il n'en va pas de même avec les filles. Au Pays, elles sont enfermées, ici, c'est plus dur et elles craignent pour leur virginité, véritable sésame pour un mariage arrangé lors de vacances algériennes….
Les garçons, et bien, ils abandonnent petit à petit l'école, se retrouvent à plusieurs à Paris. Leur soif d'argent facile poussent certains à se prostituer au Boul'mich. Pour d'autres, c'est la bande de petits malfrats. Que voulez-vous, le père a abandonné leur autorité sur eux. Alors, les mères, lorsque se déclenche une bagarre entre bandes et que les forces de l'ordre arrivent, ont peur qu'un de leurs fils soit emmené au poste… Les pères sont souvent absents de par leur travail et leur boulot au noir ou leurs arrêts aux bistrots. Les mères, quant à elles, ont tissé une certaine connivence avec leurs enfants, même si cela ne va pas jusqu'à les défendre lorsque les pères les bat.

Tout cela Dalila l'entent, le retient et se dit Jamais. µDevenue adolescente, elle ose l'interdit en allant se balader à Paris avec une amie. Bien sûr, tout se paie cash et trash : lorsqu'elle rentre un peu tard ne voulant rien dire, le père prépare la ceinture et tabasse sa fille sans que Fatima ose, le plus souvent, intervenir. Pourtant, un jour, Dalila décide de sauter le pas : elle va partir de chez elle, fuguer… cela fait 8 jours que son père la tient séquestrée dans sa chambre. Et oui, que voulez-vous, au Pays, les filles sont séquestrées et pas besoin, à cette époque, d'aller trop à l'école, pour sa marier à 17 ans avec l'élu que votre père à choisi.
Je souhaite bon courage et bonne chance à Leila, car son nouveau parcours ne sera pas facile.

Je me pose une question. Est-ce ce manque de disponibilité du père, cette perte de repère qui a fait que certains se sont tournés vers des imams plus ou moins intégristes qui leur ont donné une ligne de conduite ??? ou ce besoin de racines qu'ils refusaient lorsque les pères leurs demandaient dans leur enfance d'apprendre les rites de tuerie du mouton pour les fêtes... ou lors des vacances au Pays ? Et oui, ce Pays, ce Pays de cocagne dont les pères leurs rebattent les oreilles. Ils vont même jusqu'à prévoir le retour de leur dépouille pour un enterrement là-bas, surtout ne pas être enterrés en terre mécréante !! Mais jamais il n'est question de mêmes dispositions pour la dépouille de leurs femmes.

Le livre de Leïla Sebbar est une véritable immersion dans ce monde qui m'est inconnu. Une très jolie couverture et un beau papier l'agrémente. Une belle lecture qui ne fut pas toujours facile. Ce livre, dur par moments est très instructif.

Je remerciement très vivement Libfly et les Editions Elyzad poche (cliquez sur l'icone pour visiter le blog) de m'avoir permis, dans le cadre de l'opération : Lire, partager, rencontrer : deux éditeurs se livrent - spécial Maghreb, de découvrir cette littérature. J'ai par ailleurs beaucoup aimé l'image. En cette période de voeux, je souhaite que tous ces coquelicots s'épanouissent pour un futur démocratique dans cette Tunisie si belle.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          80
Fatima ou les algériennes au square est un très beau récit, que je suis heureuse d'avoir découvert au fil de mes périgrinations littéraires.
Ce roman a été publié pour la première fois en 1981. Je connaissais déjà le lieu de l'action : la cité des 4000, à la Courneuve. Dalila y a grandi, et aujourd'hui, alors qu'elle est encore au collège, elle fuit. Elle a passé huit jours enfermée chez elle, retenue par son père. Pendant ses huit jours, elle s'est souvenue de ses sept ans, quand sa mère Fatima, allait au square pour retrouver ses amies et parler enfin librement, de tout ce qu'elles ne disaient pas à leur mari. Ses femmes ne quittaient que rarement leur quartier, contrairement à leurs époux, elles cherchaient donc à recréer un peu de ce qu'elles avaient perdu en quittant l'Algérie. Elles parlaient, racontaient parfois des faits à la limite du soutenable, et souvent, elles oubliaient la présence de la petite Dalila, la seule enfant qui n'allait pas jouer avec les autres.
Ce texte est prenant, très actuel bien que trente ans se soient passés depuis son écriture. Il est question d'hommes, de femmes, de ceux que l'on a appelé "la première génération". Il est question de l'intégration, qui ne se fait pas, d'hommes et de femmes qui se retrouvent séparés par les faits. le cas le plus emblématique est celui d'Ali et d'Aïcha. Ils s'aiment, c'est la première certitude, mais les épreuves de la vie ont fait qu'Ali tient une petite épicerie en banlieue parisienne, il est "l'arabe du coin", ouvert à toute heure du jour, toute la semaine, et sa position dans la ville m'a furieusement rappelée celle des domestiques noires dans La vie à deux de Dorothy Parker. Sa femme vit dans les deux pièces à côté. Elle enchaîne les grossesses, ne sort pas non parce que son mari le lui interdit, mais parce qu'elle est extrêmement mal à l'aise. La promiscuité, l'isolement, la fatigue des grossesses successives et des enfants à élever font qu'elle craque et bat l'un de ses enfants. Pourquoi lui ? Elle ne saurait le dire, si ce n'est qu'elle n'est pas la seule à s'acharner sur un enfant en particulier. Un séjour à l'hôpital, deux séjours, et le troisième "accident", plus grave que les autres, provoque une enquête et surtout, une immense douleur chez Aïcha. Elle et son mari parviendront-ils à avoir enfin une vie supportable ? Je l'espère pour eux.
La force de Leïla Sebbar est de ne pas juger ces femmes, ni de les justifier. Elles-même se montrent promptes à être horrifiées par les excès de quelques-unes. En effet, c'est sur les filles, sur leur honneur que se porte toute l'attention. Les garçons ont plus de liberté, quand ils ne deviennent pas le chef de famille par délégation. Moins surveillés, ils se tournent plus facilement vers des activités illicites, et se détournent rapidement des études. Les filles, elles, sont surveillées, jugées, elles portent le poids de tous les interdits, et supportent toutes les menaces. La plus fréquente ? Celle du retour au pays. Pour le père, le pays natal est un Eldorado, la France n'est qu'un pays de passage. Pour les enfants qui ne sont qu'aller en vacances au bled, rien n'est tentant dans cette vie, absolument rien, ce qui accentue encore l'incompréhension entre les générations.
La langue est simple, mais parfois, je me suis demandée s'il n'y avait pas de petits soucis au niveau de la syntaxe avec la traduction.Que ce léger point de détail ne vous empêche pas de découvrir cet excellent livre.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
Commenter  J’apprécie          60
Dans une banlieue française, au début des année 80, des femmes algériennes se retrouvent au square pour bavarder. A travers toutes ces histoires de famille, la condition de la femme algérienne se dessine : à la fois exclue de par son origine mais aussi par sa culture, sa religion et son statut de femme. Exclusion que refusent les filles qui revendiquent leur liberté et parfois se révoltent.
Commenter  J’apprécie          50
Un mot tout d'abord sur la maison d'édition Elyzad : il s'agit d'une maison d'édition tunisienne née en 2005 à Tunis qui met au coeur de sa ligne éditoriale l'ouverture et le métissage. Elle publie de la fiction, romans et nouvelles, souvent axés sur les sociétés arabes mais pas seulement. Si le printemps arabe vous a donné envie de mieux connaître la culture et la littérature du Maghreb, le catalogue de cette maison d'édition vous donnera de belles pistes de lecture.
L'auteur est née en Algérie d'un père algérien et d'une mère française. Elle vit aujourd'hui à Paris. Elle a publié une trentaine d'ouvrages (romans, nouvelles, essais, recueils collectifs) où elle explore en particulier les thèmes de l'enfance, de l'immigration, de l'histoire coloniale.
La suite sur le blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2011/12/fatima-ou-les-algeriennes-au-square-de.html

Lien : http://lepandemoniumlitterai..
Commenter  J’apprécie          50
Dalila, battue par son père, s'enferme huit jours dans sa chambre avant de fuguer. Elle se souvient des histoires des femmes qui se rencontraient au square de la cité des 4000 et qu'elle écoutait, petite, accrochée à la jupe de sa mère. L'histoire du petit garçon placé dans une famille française, de ces filles punies, battues pour leur tenue trop française, leur fréquentation des garçons, les mariages forcés... Leila Sebbar raconte le choc des cultures arabes et française et la condition de la fille face au père soucieux des traditions et de son honneur. La première génération d'immigrés toujours tournée vers l'Algérie, la deuxième génération qui tourne le dos « au pays » et cherche a s'émanciper, surtout les filles prisonnières du carcan des traditions.
Commenter  J’apprécie          20
Fatima, qui vit à La Courneuve dans les années 80 et qui est mère de nombreux enfants, rejoint d'autres algériennes pour bavarder dans le square situé au pied des tours. Dalila, sa fille aînée âgée de sept ans, reste collée à sa mère au lieu d'aller jouer ; à moitié cachée par les vêtements de Fatima, elle écoute. Et nous, nous écoutons également les histoires qui se disent là, dans le square, les histoires de toutes ces familles déracinées, qui essaient de ne pas perdre pied : il leur faut vivre à l'européenne mais ne surtout pas manquer aux traditions et obligations arabes et musulmanes. Les mères veulent que leurs filles fassent des études, elles qui sont analphabètes car nées en Algérie où presqu'aucune fille n'allait à l'école. Ces femmes ont été amenées par leur mari en France, elles y perdent leurs repères ; quand les enfants grandissent, elles ont du mal à les faire obéir et parler entre elles les aide à affronter toutes leurs difficultés.
Dalila écoute : il y a l'histoire de celle qui vivait recluse dans l'arrière-boutique humide de l'épicerie de son mari, trop timide, ne connaissant rien ni personne et n'osant pas sortir ; alors elle s'est énervée après un de ses enfants, celui qui faisait pipi au lit, car elle n'arrivait pas à faire sécher le linge. L'enfant a été placé en famille d'accueil par le médecin de l'hôpital et l'assistante sociale la troisième fois que sa mère s'en est pris à lui. Il y a celle qui raconte la vie que lui font les membres de la famille quand ils viennent la visiter en France; et il y a bien d'autres histoires, dont celle d'une fugueuse, les mariages forcés, le hammam, les enterrements, l'amour infini de beaucoup de mères, les bandes dans la cité... La vie ici et la vie comme elle était là-bas...
Dès le début du livre on sait que son père l'a battue une fois de trop, que Dalila n'en peut plus de cette violence et qu'elle est partie de chez elle alors qu'elle n'est que collégienne ; le père qui souffre d'un ulcère à l'estomac, "la maladie des Algériens" devient fou, hurle et la bat si elle n'obéit pas et rentre trop tard le soir. Les garçons eux ont le droit de sortir, mais pas les filles ; leur virginité n'a pas de prix.

Belle écriture, fine et douce, en longues phrases qui racontent sans jamais juger ; le but est plutôt d'expliquer, de s'attarder sur la vie quotidienne, les joies et les peines de ces femmes immigrées, de prendre mieux conscience de leurs problèmes. Un livre passionnant !
Commenter  J’apprécie          00
un livre que j'ai adorée
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (75) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *}