Ce livre regroupe plusieurs textes de l'auteure sur un même thème. Née en 1941 d'un père algérien et d'une mère française (de Dordogne, dans la vallée de la Dronne), tous deux instituteurs, elle a été élevée dans la langue française, coupée de la langue de son père, qu'elle ne parle et ne comprend pas, mais en reconnaît la musicalité. Pourquoi son père a refusé qu'elle apprenne sa langue, celle des autres enfants dans la cour, dehors? Elle aborde aussi le rapport à la laïcité, l'impossibilité de parler de cette question avec son père, même après le retour en France et une fois devenue écrivain...
De beaux textes sur le rôle de la langue, de la double culture interdite, du colonialisme, de "l'intégration" ou plutôt de la désintégration de la culture d'origine, du non-dit avec le père, de la colère de la mère face à ce reproche de l'avoir coupée de ses racines, de la famille de son père...
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Lecture jeune, n°125 - À travers six textes courts, Leïla Sebbar réfléchit sur sa condition de femme écrivaine et s’interroge sur un manque ; la « non transmission » de l’arabe, la langue du père. Ce dernier, instituteur, dont la langue maternelle était l’arabe, enseignait en français, et c’est dans cette même langue qu’il s’adressait à sa femme et à ses enfants. Comment Leïla Sebbar a-t-elle vécu son enfance de « petite fille modèle » en Algérie, en pleine crise du colonialisme ? Très tôt, elle a souffert d’être classée dans le camp des colons, poursuivie par les injures des garçons algériens. La langue arabe est devenue un tabou dont elle ne peut parler avec sa famille. Pourtant, ce sera aux femmes arabes exilées qu’elle prêtera sa voix dans ses premiers romans. Jamais son écriture n’avait atteint cette perfection : la question douloureuse de l’identité et de la langue arabe présence fantôme, et c’est cette confrontation incessante qui nourrit ses romans. La lecture, l’écriture ont pris dans son coeur la place du pays abandonné. Elle est entrée en littérature comme on entre en religion, du côté des femmes et des opprimés. Ces textes magnifiques, dont l’ensemble offre une cohérence parfaite malgré leur écart chronologique, serait une découverte à proposer aux jeunes adultes, particulièrement à ceux qui sont issus d’une double culture. Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
La Bibliothèque francophone de Paris 8 vous propose une rencontre avec Leïla Sebbar, rencontre littéraire organisée par Ferroudja Allouache et Kamila Bouchemal ainsi que les étudiant.e.s de Master Création critique/Écritures du monde.
Retrouvez cette ressource et sa documentation sur Octaviana (la bibliothèque numérique de l'université Paris 8) : https://octaviana.fr/document/VUN0036_19