Un plaisir de lire ce roman qui met à l'honneur plusieurs personnages ayant réellement existé au XVIIIe siècle. La raison de son achat était la présence de Marie-Antoniette (je l'apprécie énormément) mais j'ai beaucoup apprécié le personnage de Jean-François Autier et sa loyauté sans faille pour la reine et le roi ! J'ai également apprécié le petit « côté » enquête au sein de l'histoire afin de savoir qui était à l'originel des libelles salissant le roi et la reine de France. J'ai eu un peu de mal à apprécier Louis XVI niveau caractère sur certaine décision, il fermait trop les yeux pour moi mais bon… Mais dans l'ensemble j'ai apprécié le lire !
De plus, je trouve la plume de l'auteur agréable à lire, en plus d'être facile à comprendre !
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Les deux frères avaient tous deux effectué de longues études, possédaient de solides connaissances tant en sciences qu’en histoire et en religion, parlaient chacun plusieurs langues, lisaient et écrivaient l’un et l’autre le latin. Parce qu’il avait une mémoire prodigieuse, que la citation lui venait plus facilement à l’esprit, Provence s’estimait cependant bien plus brillant, plus fin causeur et plus grand penseur que son frère. Il ne se résolvait décidément pas à devoir s’incliner devant lui.
Troisième partie
Chapitre 24
— J’ai souvent coiffé les deux Mesdames Tantes, et je sais ce qui se dit et trame dans leur intérieur, du moins je l’ai deviné. En peignant ici ou là, comme moi, tu aurais fini par apprendre ou comprendre ce que je viens de t’exposer. Mais cela aurait pris du temps. À présent, tu sais la vérité. (...) Madame Adélaïde est d’autant plus dangereuse que, parfois, elle tisse le vrai avec le faux, afin de rendre celui-ci vraisemblable.
Cinquième partie
Chapitre 47
Le chapelain devait se rendre à l’évidence et devinait aisément le scénario fatal : il avait perdu le bijou chez la chevalière de SaintAymeric. Son sang se glaça ; mais le religieux, l’esprit décidément malmené, était incapable de trouver en lui la force qui, à ce moment, peut-être, lui aurait permis de reprendre son destin en main. Il renonça sur-le-champ à se rendre chez Marguerite. Cela ne servait à rien, songea-t-il. À cette heure, la fille, qu’il ne considérait plus que comme une traînée corruptrice, avait bien sûr trouvé la bague. La jeune fille n’avait pu en deviner la valeur et la provenance d’autant que, le religieux le savait bien, elle ne savait pas lire et n’avait donc pu en déchiffrer l’inscription gravée. Mais Marguerite avait compris que le bijou était en or. La ribaude était comme toutes les autres filles publiques. Elle n’aimait que l’argent. La créature était allée se défaire au plus vite de l’anneau auprès d’un boutiquier peu regardant sur la provenance de la marchandise proposée à ses chalands. À cette heure, la bague avait probablement déjà été rachetée par un bourgeois à la recherche d’un anneau nuptial d’occasion. Comment le retrouver ? Autant chercher, à Versailles, un noble provincial désargenté qui ne cherche pas à obtenir du roi une pension ou une charge lucrative. Un seul et unique enseignement devait être tiré de cette situation. Le chapelain était perdu, absolument. C’était, en quelques heures, la seconde fois que le religieux sentait le sol se dérober sous ses pieds. C’était trop.
Première partie
Chapitre 6
Autrefois, Adélaïde aurait aimé se marier et être une grande reine. Or elle était demeurée fille. Jeune, elle touchait fort bien l’orgue et jouait divinement du violon. Mais elle n’avait plus de goût pour cet instrument, car aucune des rêveries, aucun des projets nés lorsqu’elle le faisait jadis sonner ne s’était jamais réalisé.
Adélaïde avait soutenu les jésuites lorsque le pouvoir royal s’en était pris à eux. Et les jésuites avaient été bannis. Elle avait lutté de toutes ses forces contre la marquise de Pompadour, sans succès, puis contre la du Barry. Or celle-ci était demeurée la maîtresse chérie de Louis XV jusque dans les derniers jours du vieux roi. La tante du roi régnant avait toujours échoué.
Septième partie
Chapitre 57
— L’Autrichienne est une dévergondée, reprit Adélaïde. La comtesse de Provence est une impudique et la comtesse d’Artois une traînée. Ce sont toutes des catins, siffla-t-elle, tout heureuse de prononcer ces injures. La Couronne est tombée bien bas, et notre famille avec. Qu’allons-nous devenir, ma pauvre Victoire ? (...) Adélaïde se tut un instant. Son esprit de fille frustrée s’enflamma, se plut à imaginer la comtesse d’Artois, robes et paniers relevés, cul par-dessus tête, gorge offerte, feulant sous les assauts du garde du corps qu’elle avait choisi. L’étrange satisfaction qu’Adélaïde éprouva en imaginant la scène la submergea. Comme elle en avait l’habitude lorsqu’elle évoquait les turpitudes des princesses de la cour de France, une certaine chaleur lui prit dans le bas du corps. Elle se demanda si ce plaisir pouvait se comparer avec celui qu’éprouvaient les femmes pendant l’amour. Mais Adélaïde eut honte d’elle-même, des visions qu’elle donnait en pâture à sa frustration. Elle se promit, pour se punir de ces mauvaises pensées, de faire dire une douzaine de messes dans la chapelle de sa résidence de Bellevue.
Victoire, de son côté, était aussi troublée que sa sœur. Loin de songer à faire dire des messes, elle résolut de dériver son émotion en se jetant sans plus attendre sur une poularde à l’estragon en gelée qui l’attendait, dorée, dans le placard.
Sixième partie
Chapitre 51