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Marc Gibot (Autre)
EAN : 9782264005786
350 pages
10-18 (04/03/2004)
4.17/5   737 notes
Résumé :
The Demon, 1976.

Où l'on découvre qu'il y a plusieurs formes de littératures coup de poing chez Selby. Ceux qui ont adoré Last Exit To Brooklyn y retrouveront un Selby mordant, noir, cynique et provocateur. Ceux qui reprochent à Last Exit sa brutalité y découvriront une écriture tout en tension sous-jacente et en subtilité, mais non moins audacieuse et efficace. Quant à ceux qui approcheront Selby pour la première fois, ils seront sans doute désorien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
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Gentleman au grand jour, Démon sitôt dans l'obscurité…

En juillet dernier, j'avais désespérément cherché « le Démon » d‘ Hubert Selby, Jr. dans ma médiathèque et, sans conviction, j'avais griffonné le titre de ce roman sur la liste des suggestions.

Début septembre, un Pelecanos à la main pour l'emprunter, je suis averti à la dernière minute que « le Démon » aux éditions 10/18 était réservé à mon nom. Divine surprise ! Brandissant comme un trophée ce roman tout neuf, encore chaud comme une bonne baguette de pain, je me dis que Pelecanos attendra bien quelques jours…

Rentré à la maison, discipliné comme un élève de 6ième, je mets à jour ma liste Babélio et reste interloqué sur la page du Démon. Les étiquettes de ce roman mettent en avant les mots « Sexe » et « sexualité » à coté du « roman » de « Littérature américaine ». Ciel ! On m'aurait menti. On m'avait « vendu » un polar culte et voila que je me retrouve avec un « Cinquante nuances de grey » des années 70.

Si voulez, c'est un peu comme si je commandais un fraisier dans ma boulangerie et que la vendeuse me rapporte, avec le sourire, un gâteau au chocolat en m'expliquant que faute de fraise, elle pensait que ce délice au chocolat ferait l'affaire. Franchement, le pâtissier aurait pu au moins ajouter des framboises en remplacement. (1)

Bref ! Vous comprenez mon désarroi comme l'élève Torless a pu l'être durant son premier rendez-vous avec une prostituée. Et contrairement aux grands critiques de lectures érotiques, je ne suis pas le dieu de la vigne, du vin et de ses excès pour me lancer dans de telles lectures ! (2)

Prenant mon courage à deux mains, je m'attaque donc au Démon paru en 1976 et écrit par l'auteur américain Hubert Selby, Jr.

Le héros du livre, Harry White, est un jeune cadre dynamique dans une société new-yorkaise en pleine expansion. Harry partage sa vie entre son travail et ses conquêtes d'un jour. En effet, son besoin de coucher avec des femmes, de préférence mariées pour éviter de s'attacher à elles, s'avère de plus en plus addictif et altère même sa concentration au bureau. Plus grave encore, Harry doit sans cesse consulter sa montre pour arriver au travail à l'heure ou après sa pause déjeuner. Une pause déjeuner souvent les jambes en l'air si vous voyez ce que veux dire…

Passant de moments d'euphorie intense à des périodes de déprime maladive, Harry réussit tout de même à cacher les apparences dans son entreprise et se laisse même séduire par Linda, une jeune secrétaire au bord d'une piscine lors d'une journée détente organisée par sa société pour galvaniser les troupes.

Malgré ses pulsions sexuelles, Harry va-t-il réussir à conquérir la belle Linda ? Pourra t-il poursuivre son ascension fulgurante dans sa société malgré un premier rappel à l'ordre sévère de son chef Wentworth ? Pourra t-il accéder au luxe d'une belle maison, d'une belle voiture, des plus grands restaurants ou de la carte du Country Club de golf réservé aux élites?

En somme, deviendra t-il quelqu'un d'important et de respecté comme il en rêvé toute sa vie malgré ses travers de plus en plus difficiles à dissimuler ?

Pour avoir réponse à toutes ces questions, je vous invite à découvrir ce roman pour le moins déconcertant, déversant des paroles crues et immondes en alternance avec de longues tirades superbement écrites. Stressé par l'heure qui tournait lors des pauses déjeuner d'Harry, j'ai vécu cette lecture comme une véritable épreuve exhortant Harry à cesser de franchir la ligne jaune à tout bout de champ. En vain, malheureusement…

Si je compare « le démon » à des ouvrages cultes de Jim Thompson, le roman de Selby laisse moins de place à la violence physique que dans « le démon dans la peau » (ou sa nouvelle traduction « L'assassin qui est moi ») et se rapprocherait plus de « Rage noire » pour le langage cru et la pulsion intérieure destructrice du héros du livre incapable de la maîtriser. Malgré tout, le Démon n'atteint pas du tout, selon moi, le génie des deux chefs d'oeuvre de Thompson.

Si je devais énoncer une faiblesse, je déplorerais le milieu du roman trop long et répétitif contrastant avec une première partie tellement intense et lumineuse. Heureusement, la dernière partie est enlevée et se révèle à la hauteur d'un bon roman à la frontière du polar et sur la folie des hommes.

Et comme le dit si bien un proverbe indien, méfiez-vous : "L'homme est son propre démon."

Ps : J'oubliai la conclusion de l'histoire. J'ai bien eu un fraisier en fin de compte avec, il est vrai, de grosses pépites de chocolat sur le dessus fondant au bout d'un certain temps et des fraises un trop clairsemées à mon gout. A vous d'en déduire la fin du roman...

(1) Variante à la boulangerie pour les Belges exclusivement :

Si voulez, c'est un peu comme si je commandais une tarte aux pommes dans ma boulangerie et que la vendeuse me rapporte, avec le sourire, une tarte aux poires. Pas très content, je lui annonce qu'elle me prend vraiment pour la reine des pommes. En guise de réponse, elle m'explique que le pâtissier est belge et que faute de pommes, il s'est dit que je serais parfait pour être la reine des poires...

(2) voir la savoureuse critique de Dionysos89 sur les "Cinquante nuances de Grey"
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Tout souriait à Harry White. Jeune cadre dynamique, il passe pour un modèle aux yeux de ses parents. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'Harry a des pulsions. Des pulsions sexuelles au départ qui le mènent à ne coucher qu'avec des femmes mariées. Il se rassure en se disant que c'est pour la bonne cause, qu'il leur donne un peu de bonheur pendant ces instants éphémères. Mais Harry se rend bien compte qu'il y a quelque chose "qui ne tourne pas rond". Car il est capable de tout abandonner d'un coup, d'arriver en retard à son travail, de remplacer son repas de midi, pour céder à ce désir oppressant. Cela lui vaudra d'ailleurs des réprimandes de son patron qui le met aux pieds du mur en nommant son collègue directeur adjoint alors que cette récompense était, en toute logique, réservée à Harry. Monsieur Wentworth veut quelqu'un d'équilibré.

Le démon qui est en Harry s'apaise alors pour atteindre cette place tant convoitée. Il va presque devenir "normal" en passant ses journées à travailler et en fondant une famille. Mais pour combien de temps ? Trouvera-t-il un moyen d'assouvir ses pulsions par autre chose que le sexe ?

Ce roman m'a coupé le souffle ! Il est d'une intensité ! Alors attention quand même, car c'est cru, parfois glauque. Ceci dit, ce n'est pas gratuit et c'est justement ce qui aide à comprendre qu'Harry réagit à des pulsions. Il est malade. Une force intérieure le pousse à agir ainsi, à avoir des montées d'adrénaline, comme si sa vie en dépendait. C'est puissant, très puissant ! Et la narration y est aussi pour quelque chose car on entre souvent dans les pensées du personnage, d'où l'absence, pouvant déstabiliser au premier abord, de certains signes de ponctuation. Mais quoi de mieux, pour adhérer pleinement à l'histoire, que d'être nous aussi bousculés ?
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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AIDEZ MOI, NOM DE DIEU, AIDEZ MOI!

Harry a un démon, en lui, sans le savoir. Il ne lui apparaît qu'en rêve :
"Un visage... la bouche ouverte, sur un gémissement muet."
Harry a la beauté du diable et peut séduire autant de femmes qu'il désire.

Il est devenu Harry White, le plus jeune vice-président de sa société, marié à Linda, sa jolie épouse et père de 2 enfants...
Et heureux propriétaire d'une belle demeure. Il est riche et a du pouvoir!
L'American way of life.

Harry a eu de nombreuses aventures avant son mariage. Il continue, sans comprendre pourquoi, alors qu'il est heureux avec Linda.
Le "démon de midi" ?
"Elles étaient belles, surtout avec le vent qui plaquait leur robe, sur leur mont de Vénus."..

Mais, pourquoi lever des pochardes et les baiser?
Parfois, son esprit vagabonde, il ne sait pas comment il a fait pour être, dans cet hôtel sordide ?
"Pleurer, ne serait-ce que pleurer... Il fut pris d'un frisson d'angoisse..." Pauvre diable...

Pourquoi ce plaisir malsain pour le sexe et l'adultère, le vol, puis cette envie de tuer...?
"De nouveau, il se retrouva au fond de l'abîme, qui cette fois, était puant et dégueulasse..."
Une descente aux enfers?

Il savait, depuis des mois, comment s'y prendre pour tuer quelqu'un, sans risque. Pas sa femme, pas Linda! Car, il serait soupçonné...
Non!
Un inconnu! Oui, un inconnu...

Il voulait faire de ce crime, un acte de charité! Une cloche, un pauvre diable, qui ne serait regretté par personne.
.."Vêtements en lambeaux, chaussures dont les semelles bâillaient, col auréolé de crasse."
Le bruit de la rame de métro se fit plus fort...

Le cardinal Leterman allait célébrer la messe, ce dimanche de Pâques, dans la cathédrale.
.."il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon, car Dieu était avec lui!"

Mais, que fait Harry ? Cherche-t-il le pardon et l'absolution!
Il est comme une âme en peine...
..."tout homme qui croit en Dieu, reçoit par Lui, le pardon de ses péchés. "
Que tient donc en main, Harry, un missel ou?

DIS LE, NOM DE DIEU DE BORDEL DE MERDE, DIS LE, DIS LE, S'IL TE PLAIT!...

Selby écrivit : J'écris avant tout sur la solitude... Tout le monde connaît ça, le désir d'être quelqu'un. le besoin de trouver quelque chose. Les addictions , la dégénérescence de l'être humain.
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"vous avez lu l'histoire de Jesse James,
comment il vécut, comment il est mort
ça vous a plu hein, vous en demandez encore,
eh bien, écoutez l'histoire de Linda et Harry.

Alors voilà, Harry a de nombreuses conquêtes
elles sont belles et leurs prénoms sont : Mary ; Louise ; Tyna ; Irma ; Cherry...
Femmes infidèles, il les choisit mariées
pour Harry, pas question de s'attacher.

Et puis il a rencontré Linda,
connu l'amour, le voilà dans d'beaux draps
car Harry a un mal à gérer,
le démon, dont il est habité.

Forniquer, c'est sa façon de tenir
ses pulsions, l'empêchent de s'abstenir,
ça l'rend malade, mais que peut-il y faire
si sa vie se transforme en enfer.

Par moment, il contient son poison,
avec Linda, se love dans leur maison,
mais dans les trois jours, voilà le Tac Tac Tac !
le démon et sa queue qui repartent à l'attaque.

Alors là, au Diable les femmes mariées,
dans les loques imbibées, il ira se soulager,
bien-sûr il regrettera juste après,
mais le Démon ne l'laissera pas en paix."

~~~
Harry est un jeune cadre New-Yorkais, brillant et promis à un bel avenir professionnel. C'est un homme amoureux de sa femme Linda, qui lui a donné un fils ; il a des parents aimants qu'il rend fier, une grand-mère qu'il adore et des beaux-parents aux p'tits soins.
Mais.....
Harry est en proie à un démon, un démon qui lui bouffe les tripes, dans sa gorge, une boule qui le pousse à vomir s'il essaye de le contenir. Harry est prisonnier, accro à l'adrénaline, malheureusement, pas la saine adrénaline du sportif de l'extrême, non, une adrénaline malsaine. du genre ? :

(p11) _"Harry n'enculait pas n'importe qui. Uniquement des femmes... des femmes mariées.
Avec elles, on avait moins d'emmerdements. Quand elles étaient avec Harry, elles savaient à quoi s'en tenir. Pas question d'aller dîner ou prendre un verre. Pas question de baratin. Si c'est ce qu'elles attendaient, elles se foutaient dedans ; et si elles commençaient à lui poser des questions sur sa vie, ou faire des allusions à une liaison possible, il se barrait vite fait...
... il trouvait que coucher avec une femme mariée était beaucoup plus jouissif.
Pas parce qu'il baisait la femme d'un autre, ça Harry s'en foutait, mais parce qu'il devait prendre certaines précautions pour ne pas être découvert. Il ignorait toujours ce qui pouvait se produire, et son appréhension augmentait son excitation ".

Nonobstant, quelques précisions s'imposent :
non ! Harry n'est pas l'obsédé ou le pervers que vous êtes en droit de vous imaginer. Il est malade, esclave de son obsession. Mais encore une fois, le cul pour le cul ne l'intéresse pas. Son vrai démon est bel et bien l'adrénaline que lui procure le fait de pratiquer l'adultère, le risque de se faire pincer par le cocufier, ou de faire l'amour à la va-vite dans une ruelle avec encore une fois, ce bon vieux risque qui le fait se sentir si vivant et lui pourrit la vie en même temps.
Roman de la dualité.
Les aventures de midi à 13, les 5 à 6, lui deviennent indispensables et mettent sa carrière en danger, puis viendront les découches sous divers prétextes, et cette culpabilité envers Linda qui le rend de plus en plus dépressif.
Le démon va aller crescendo, les femmes infidèles reléguées au second plan au profit des pochardes dégueulasses, d'épaves envinassées dans des piaules puantes de pisse.
Harry se perd dans le hors-norme, le crade, le viol (viol dans la mesure où certaines sont trop défoncées pour se souvenir de quoi que ce soit...il leur glissera un billet).
Le démon lui réclame toujours plus...la boule dans sa gorge grossit toujours plus...son couple s'effrite...sa culpabilité l'étouffe... plus, plus, plus...
"il va te falloir trouver d'autres moyens Harry pour alimenter ton putain de démon !"
"Push in the limits !!!"
Harry est un camé au fond de l'abîme.
Un camé en perdition qui jouit du danger.
Le démon, c'est le roman d'un homme bien envahi par un mal.
C'est un roman de la douleur.

~~~
Quel plaisir ça a été de retrouver ce bon vieux Selby.
Il vient une fois de plus de nous remettre une claque, à moi et ma moitié (qui est encore plus fan de l'auteur que moi).
Et quelle claque...SPLAFF !!!... Merci Hubert ! On a aimé ça...

On renoue tout de suite avec les tics d'écriture propres à Selby :
_les répétitions de mots et les jeux de majuscules/minuscules : (ex.p312) _"C'EST fait, une fois de plus, C'EST fait, une fois de plus... j'rentre chez moi, j'rentre chez moi... C'EST fait une fois de plus, UNE fois de plus, UNE fois de plus, ET encore une fois, ET encore une fois, ET encore une fois, ET encore..."
_ les phrases en apnée s'étalant sur une ou deux pages, puis celles de un, deux, ou trois mots .
_ l'écriture au caractère bi-polaire (comme je l'avais déjà souligné dans un autre billet sur Selby)... phase d'accalmie avant la tempête : le héros ou le non-héros, vrille, puis on se calme, on se parle à soi-même, on se résonne et BÂM !!! ça hurle ! ça chiale ! tout craque !... et on se resaisit, on redevient amour, on se caline, on chuchote, mais dans la foulée...PSHIIIT ! noirceur ; déprime ; douleur ; hurlement ; gerbe !
_ on retrouve aussi les allusions Christiques, chères à l'auteur, puis au passage, quelques insultes à Dieu... chères à l'auteur.
_ les potes, ici Steve et Vinnie, le bar qui fait office de QG, répondent présents eux aussi à l'appel.
_ les prénoms : Harry ; Vinnie qui sont souvent de la partie dans bon nombre de romans de Selby .
_ puis New-York évidemment, ici, Manhattan, après avoir eu le droit au Bronx avec le Saule, Brooklyn avec Last exit... Coney Island, Central Park, le Lower east side, Time Square, Grand Central... Selby écrit New-York, son Old New-York, dangereux et crasseux (celui-ci, le démon fait un peu figure d'exception)
_ et puis cette écriture qui sonne si vrai, qui sait sonder la face sombre de tous ces hommes et femmes, avec ce respect perceptible pour ces pauvres zouaves livrés à eux-mêmes, se débattant tant bien que mal dans cette foutue mélasse qu'est leur vie.
Tellement violent mais tellement réel !

~~~
C'est avec un p'tit pincement au coeur que j'ai refermé ce livre.
Car il ne me (nous) reste plus qu'un seul roman à lire de Selby : "Retour à Brooklyn" (Requiem for a Dream)
(Je ne compte pas "Psaumes" et "Song to myself" qui eux, ne sont pas des romans, mais que je ne manquerais pas de lire ;))
Et là... DILEMME !
J'ai adoré le film "Requiem for a Dream" tiré du roman. Je le classe d'ailleurs dans mon TOP 15 cinématographique. Mais voilà... quand j'ai aimé un film, je veux dire "vraiment aimé" , je n'arrive pas à aller vers le bouquin après. Je pense à : "37°2 le matin" ; "Le Diable tout le temps" ; "No country for old men" ; "Mystic River"... et quelques autres...
C'est idiot, mais c'est comme ça ! Je reste sur ma bonne impression ciné
Bon, je ferai peut-être une exception pour le Requiem de Selby, si le manque se fait sentir. (j'ai déjà fait une entorse à ma règle avec "Into the Wild", mais c'était un cadeau de ma fille, donc... Joker ! ; puis avec "Ma mère" de Bataille, mais le film ne m'avait pas frappé plus que ça, donc, deuxième chance avec le livre qui lui, était bien meilleur).
A contrario, quand un roman m'a plu, je ne boude pas la version cinoche, si l'occasion se présente.
Bref...
~~~
Allez, le démon rejoint mon île déserte, pas spécialement pour lui-même, mais aussi comme digne représentant de la biblio d'Hubert Selby Jr, pour le remercier de toutes ces chouettes lectures qu'il nous a offert ! :)

A+ Hubert ! je me chope Psaumes et on se refait un petit bout de route ensemble... cool !















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Roman lu en trois jours. Impossible de m'en détacher. Harry, jeune cadre dans une société de Manhatan en pleine extension va monter les echelons et devenir vice-président. Il trouvera le bonheur dans le mariage et la paternité. Pourtant, une angoisse profonde et grandissante va lui faire commettre des actes de plus en plus déviants. Mais cette angoisse ira s'accroissant, compromettant sa réussite sociale.
Magnifiquement écrit, je vois dans ce roman une métaphore de l'impossibilité de vivre dans une société dominée par l'argent et le sexe. Il n'y aura pas d'echappatoire pour Harry.
Un livre à lire absolument.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Harry prenait le métro deux fois par jour maintenant. Pas seulement pour se prouver qu'il pouvait s'abstraire au milieu des hordes qui l'entouraient, mais parce qu'il aimait le frisson et le sentiment de puissance qui s'emparaient de lui lorsque la rame pénétrait à toute vitesse dans la station ; il la regardait approcher, hypnotisé, attiré par elle, les oreilles pleines du vrombissement qu'elle faisait et, tandis qu'elle passait devant lui dans un bruit de tonnerre, il sentait le vent lui fouetter le visage. Ses narines étaient pleines de l'air qu'elle déplaçait devant elle, et il pouvait presque distinguer la couleur des yeux du machiniste.
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Harry continua de travailler, enfermé dans son bureau, son oasis, son havre de paix, son refuge.....
..... mais il savait qu'il ne pouvait s'empêcher de sortir de temps à autre, qu'il ne pouvait renoncer à ses virées dans ces bars dégueulasses où il levait quelque loque humaine répugnante pour y déverser son poison et ensuite essayer de vomir la pourriture infernale qui lui rongeait les tripes...
Oh, Seigneur, quelle pourriture !
Cette pourriture noire et suppurante qui le dévorait, et cette puanteur qui se dégageait de ses propres entrailles et lui emplissait les narines.
Et plus il passait de temps sur le canapé du Dr Martin, plus les choses empiraient. La noirceur qu'il sentait en lui remontait peu à peu, enveloppait sa tête dans un carcan qui se resserrait toujours davantage, jusqu'au moment où, croyant devenir fou, il sortait dans les rues et allait baiser une autre connasse pleine de boutons.
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Il passa un après-midi atroce. Il sentait les muscles de ses jambes se contracter et sa peau semblait le démanger en permanence. A dix reprises, peut-être plus, il prit le téléphone pour appeler Linda et lui dire qu'il ne rentrerait pas ce soir-là, et, à chaque fois, il renonça au dernier instant. Et il lutta, là, et, à chaque fois, il renonça au dernier instant. Et il lutta, et lutta encore, et il avait l'impression que ce combat l'usait à petit feu, au point qu'il ne resterait plus rien en lui le soir venu. Et le conflit continuait à faire rage, et une fois encore il saisissait le téléphone, puis se forçait à raccrocher. Il fallait qu'il rentre ce soir-là. Il le fallait absolument. Il avait le sentiment que c'était une question de vie ou de mort. Cette fois au moins, il ne devait pas céder. Il ne pouvait pas céder.
Il ne réalisa à quel point il était tendu qu'au moment où ses muscles commencèrent à se relâcher quand le train quitta la gare. Une fois sorti du tunnel, celui-ci commença son long périple à travers la banlieue et Harry sentit son corps se liquéfier littéralement et il eut subitement peur de s'endormir.
Au cours du dîner ce soir-là, ses yeux furent constamment attirés par un dieffenbachia complètement fané dont les feuilles avaient la même couleur que la terre desséchée dans laquelle il était planté. Tandis qu'il mangeait, son esprit fut de plus en plus accaparé par cette saloperie de plante, et ses mains se mirent à trembler légèrement chaque fois qu'il regardait ce putain de bordel de végétal, et son estomac se nouait et il se sentait des envies de mordre ; il se mit à lacérer sa viande jusqu'au moment où, incapable de supporter plus longtemps la vue de cette saloperie de dieffenbachia, il se leva de table et le tailla en pièces avec son couteau !!! Et il s'escrima contre lui encore, et encore, et encore, et il le tordit dans ses mains jusqu'à ce que cette saloperie jaunie fût réduite à une tige qui sortait du pot et alors il poignarda la terre à plusieurs reprises jusqu'au moment où, la gorge en feu, il se laissa tomber sur une chaise et resta là immobile, les yeux fixés, le menton sur la poitrine.
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Ils n'avaient pas beaucoup de temps devant eux (encore moins qu'elle ne l'imaginait), et, quand le premier round fut terminé, ils ne s'attardèrent pas à fumer une cigarette et à badiner, voulant tirer le maximum de ces quelques instants (Tirer le maximum, hahaha, elle est excellente celle-là, un vrai bon mot)

1 ) "bon mot" en français dans le texte
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Soudain, Harry se souvint de Rappelez-moi-son-nom, qui l’attendait sur un banc de central park – Mary, voila, c’est ça -, et il partit dans un éclat de rire, le visage enfoui dans les nichons d’Irma. La main gauche de celle-ci était plongée dans les cheveux d’Harry tira légèrement. Eh bien, merci quand même.

Harry White ne sachant plus à quels seins se vouer…
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Vidéo de Hubert Selby Jr
Selby le rédempteur. Création radiophonique de Nicolas Judéléwicz et Nathalie Battus diffusée sur France Culture le 26 février 2014. Prise de son et mixage : Alain Joubert. Trente-six ans après sa parution « Le démon » d’Hubert Selby Junior (1928-2004) n’a rien perdu de sa puissance. Œuvre de contrastes violents : apparence, réalité, rêves, cauchemars, illusions, obsessions, lumière, obscurité, éclat, mort... elle révéla plus que nulle autre l’ambivalence du rêve américain confronté aux plus sombres instincts de la nature humaine... L’envers froissé en noir et blanc de l’Amérique technicolor des années 70. Le projet du compositeur Nicolas Judelewicz, est de concevoir une partition sonore, musicale, visuelle et interactive en plongeant au coeur de l’humanité brute et brutale du « Démon » d’Hubert Selby, Jr. Se glisser à la suite de son héros dans les entrailles tentaculaires de New York, univers kaléidoscopique de toutes ses dérives. Rechercher ses errances, ses marques, ses obsessions. Revivre et faire renaître les traces de son escalade dans une spirale désespérée et sans concession: de sa recherche inextinguible de plaisir, d’interdit puis de mort, à sa chute finale prévisible et inexorable.
Thèmes : Création Radiophonique| Création Sonore| Littérature Étrangère| Hubert Selby, Jr.
Source : France Culture
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