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Francis Kerline (Traducteur)
EAN : 9782020497503
303 pages
Seuil (31/03/2001)
3.84/5   50 notes
Résumé :
Le monde banal qui vous entoure recèle des réalités insoupçonnées. Vous ne le regarderez plus de la même façon après avoir lu ces six histoires insensées et réalistes.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à une forte intertextualité, les six nouvelles de ce recueil composent un drôle de tableau impressionniste de la ville de Londres à la fin du XXème siècle. Ou plutôt d'une version alternative de cette ville, comme si elle était discrètement envahie par une autre dimension où ne se passent la plupart du temps que des choses pas très normales.

Will Self lance des hypothèses délirantes à partir de notre monde réel. On nagerait en pleine science-fiction, si ce terme se limitait aux sciences sociales et psychologiques. Nous avons aussi un zeste de drogue et de Bardo Thödol, pour faire bonne mesure.

En effet, avec « le Livre des morts de Londres-Nord », Will Self rend un hommage iconoclaste au bouddhisme tibétain. Car sa vision de l'après-vie se révèle aussi terne et ennuyeuse que possible. Pensez-vous, la mort vous oblige à habiter dans la banlieue de Londres ! La situation est traitée avec une désinvolture toute britannique, que seule vient contredire le trouble du narrateur. Retrouvera-t-il son Self control avant de commettre LA gaffe irréparable ?

L'ennui a une place importante dans ce recueil, puisque ce thème est aussi au coeur de la nouvelle « A la découvert des Ur-Bororos », tribu la plus barbante de toute l'Amazonie, dont les valeurs (ou plutôt leur absence) débordent insidieusement sur notre fière civilisation occidentale. Prélude au vide du Nirvana ? Pas sûr.

Cette obsession de l'ennui génère des compulsions chez les fiers britanniques. Car la dernière nouvelle « Attendre » décrit une fin de siècle en manque de repères, où le simple fait de patienter entre « immanence et imminence » génère des comportements intenses, voire violents, comme les prémices d'une apocalypse couvant dans l'inconscient collectif.

Ce qui nous amène à la nouvelle éponyme, où un chercheur aventureux met le doigt sur la façon dont la santé mentale se régule dans cet univers parallèle… entraînant chez ses disciples bon nombre de dérives qui menacent aussitôt de déstabiliser ladite régulation. Une satire lente à démarrer, mais qui établit finalement des parallèles intéressants avec le développement de n'importe quelle théorie plus sensée (ou tout aussi peu sensée).

En conséquence, la démence s'étend et déborde sur les autres nouvelles, en particulier « Monocellulaire », récit aux allures de bad trip.

Pour éviter l'overdose, je vous conseille de lire ce recueil par petites bouchées, en prenant bien votre temps, sous peine de vous réveiller dans cet autre monde (c'est là ma théorie quantitative).
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Merci aux organisateurs de la fête du livre de Bron, qui ont invité Will Self pour les 25 ans de l'événement littéraire de l'agglomération lyonnaise ! Ce fut une incroyable découverte que cet auteur londonien qui mêle ironie, science-fiction et démence dans ses écrits.
"La théorie quantitative de la démence" est un recueil de 6 nouvelles plus jouissives les unes que les autres. Car la question reste toujours la même : qui est donc fou ? Les patients du Service 9, nom d'une des nouvelles, ou bien leurs soignants dont on finit par découvrir qu'ils ont un lien de parenté avec les patients ?
Qui est fou, donc ? le fils qui rencontre sa mère morte dans la rue et qui se rend chez elle pour éclaircir le mystère de la vie après la mort, dans un quartier de Londres-Nord ? ("Le livre des morts de Londres-Nord")
Fous les promoteurs de la théorie quantitative de la démence, qui postule que dans un groupe social donné, il y a une quantité stable de santé mentale ? Ou bien fou cet anthropologue qui part quelque part en Amazonie pour étudier les Ur-Bororos, la tribu qui se pense comme la plus chiante du monde ?
Will Self est un auteur précieux à lire, car son écriture dérange notre monde tellement bien marketé. Et tout cela avec un bel humour corrosif. Vous rirez, assurément, mais tout en ayant froid dans le dos...
Lien : http://blogs.mediapart.fr/bl..
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Ce recueil de 6 nouvelles, acheté au hasard de mes déambulations parisiennes, joue sur la frontière entre le normal et l'anormal, et sur la limite au delà de laquelle on parle de folie.
C'est assez bien écrit, très fluide dans la narration, et l'auteur a tissé des liens entre les nouvelles (personnages ou lieux communs), bien que celles-ci puissent être lues indépendamment les unes des autres et dans un ordre différent de celui proposé.
Un régal !!
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Et si Will Self Avait raison ? Alors n'importe qui pourrait devenir fou n'importe quand ? mais l'inverse aussi alors ? Une histoire démente à vous rendre dingue !
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Ceci n'est pas un essai scientifique sur la folie. C'est un recueil de nouvelles, bien satiriques et désabusées propres à l'auteur, sûrement élevé au bouillon d'humour anglais ou au boudin bien noir, bien pesant.

Si vous êtes atteints d'une légère déprime passagère ou d'une psychose quelconque, ne lisez pas cet auteur. Si vous avez dévoré Ionesco, Palahniuk, Gaiman, - voire même Baudelaire ? - vous pouvez y aller, c'est tout ce qu'il vous manque pour faire vos bagages et trouver une porte de sortie qui vous amènera bien loin de ce monde-ci. Will Self démonte l'idée d'une réincarnation en faisant de la mort quelque chose d'aussi chiant que la vie, écrase les psychiatres et rend fous les rescapés, crache sur le système et fait de l'attente quelque chose qui pourra faire de vous un tueur.

Malgré tout, si l'on aime, c'est parce que c'est salement vrai, et surtout vraiment bien saisi au vol, avec une écriture relativement intelligente et un regard acéré mais juste. Une rebellion passive qui n'attend que l'explosion, le poing levé, la révolution finale.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je suppose que quiconque regarde pour la première fois une nouvelle théorie explicative de grande échelle doit ressentir ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Une poussée d’orgueil immodéré me gonfla le cœur, j’avais devant les yeux l’expression formalisée du sens ultime de la vie, de la matière même de la terre et de l’existence humaine.
« Et si…, pensai-je, et si… il n’y avait qu’une quantité donnée de santé mentale dans une société donnée à un moment donné ? » Aucune des théories connues sur la psychologie anormale n’avait encore envisagé cette dimension sociétale. Pendant des années, j’avais cherché une hypothèse capable de relier la psyché individuelle au groupe. Or la solution était devant moi depuis le début. J’ai continué, j’ai insisté, j’ai cogité, j’ai rempli la théorie, ou plutôt elle s’est remplie d’elle-même. Elle pétilla et prit forme, comme une fleur de papier se déployant dans l’eau. « Et si, pensai-je encore, si toute tentative de soigner les manifestations de la démence dans un secteur donné de la société avait pour résultat leur résurgence dans un autre secteur de la société ? »
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Les brancardiers, dont le point fort n'était pas la délicatesse, semblaient prendre l'ascenseur pour un monte-charge : ils vous transbahutaient le cacochyme comme un sac d'oignons espagnols de cinquante kilos, puis se campaient dans un coin et surplombaient leur cargaison vivante d'un œil mauvais, les tempes palpitantes de santé insolente.
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Je crois que, sans sa gentillesse béate qui le rendait désarmant, j'aurais pu le gifler.
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Des patients s'avançaient d'un pas traînant, en rang d'oignons devant l'infirmerie, pour recevoir leurs médicaments du matin.
Ils étaient comme des habits vides maintenus à la verticale par l'électricité statique.
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-Eh bien, c'est comme ça, commença-t-elle. Quand tu meurs, tu vas vivre dans un autre secteur de Londres. Et c'est tout.
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Videos de Will Self (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Will Self
A literary and artistic meditation on the theme of night travel from two of our greatest contemporary creative talents, Quentin Blake and Will Self. Discover more of the book here: https://bit.ly/2lOpzsr
Animation: by YUKIMOTION based on illustrations by Quentin Blake
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