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Jean-Jacques Sempé (Illustrateur)
EAN : 9782070612765
176 pages
Gallimard Jeunesse (15/03/2007)
4.05/5   4606 notes
Résumé :
Le petit Nicolas
Sempé / Goscinny

Savez-vous qui est le petit garçon le plus impertinent, le plus malin et le plus tendre aussi ? À l'école ou en famille, il a souvent de bonnes idées et cela ne lui réussit pas toujours. Vous l'avez tous reconnu. C'est le petit Nicolas évidemment ! La maîtresse est inquiète, le photographe s'éponge le front, le Bouillon devient tout rouge, les mamans ont mauvaise mine, quant à l'inspecteur, il est reparti aussi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (150) Voir plus Ajouter une critique
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Le petit Nicolas est dans "Pilote", mâtin, quel journal !
Dans les années 60, il se trouve en bonne compagnie, avec notamment Astérix et Obélix, Barbe rouge le démon des Caraïbes, l'inspecteur Robillard dont les enquêtes sont racontées par Pierre Bellemare, Michel Tanguy, zappy max dans "ça va bouillir" une mini BD signée Tillieux, Kopa pour des leçons de foot-ball, le fameux pilotorama qui fait, déjà lui aussi la double page centrale, Tromblon le bandit toujours accompagné de son fidèle corniaud "La Truffe" et de Bottaclou qui ne cessera jamais de le pourchasser, Blueberry, les dingodossiers, Achille Talon le cerveau choc, le grand Duduche, Oumpah-pah le peau rouge, P'tit Pat, Belloy le chevalier sans armure et bien d'autres...
J'ai eu la chance de grandir avec le petit Nicolas au fil des numéros de"Pilote" qui traînaient partout, abandonnés depuis de nombreuses années dans la maison, sans télé, des vacances de mon enfance.
Lorsqu'en 1975, "folio" sort un premier recueil de poche j'ai réuni mes quelques économies pour l'acheter et lorsque j'ouvre aujourd'hui ce livre dont les pages s'enfuient aussitôt, l'émotion reste intacte.
Le petit Nicolas est devenu au fil des années un grand frère qui revient me raconter périodiquement notre enfance.
Que dire pour en remercier Goscinny et Sempé, qui n'a pas déjà été dit ?
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René Goscinny,
Notre enchanteur public. Il écrit "le petit Nicolas" à hauteur d'enfant.
Il nous raconte les péripéties d'une joyeuse équipe de garnements potaches prompts à lancer de gros pavés dans la mare absurde d'un monde adulte trop souvent desséché.
À l'opposé de nombreux contemporains, René Goscinny fera sans cesse grandir son enfance.
Parmi toutes ses oeuvres, "le petit Nicolas demeurera celle qu'il préférait.
De là-haut, lui, l'éternel généreux doit dépenser tout son ciel à organiser des banquets avec Astérix, Obélix et tous les Gaulois, sauf Assurancetourix, toujours bâillonné et ligoté à son arbre ! décidément même là, il ne progresse pas !
De temps en temps, René ouvre la fenêtre d'un nuage pour contempler ce que le monde devient… Alors, soudain, de longues larmes roulent sur ses joues…
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Sur la couverture, ce petit personnage mignon semble nous prévenir : « En ouvrant ce livre, vous allez retrouver le temps de votre enfance, de votre innocence perdue » Les illustrations de Sempé sont naïves et expressives, totalement en symbiose avec les textes de René Goscinny. Les aventures de ce Petit Nicolas sont racontées à la première personne, avec la candeur et l'innocence d'un enfant d'école primaire. le style d'écriture est volontairement enfantin et cette astuce nous permet de retomber en enfance, de sentir et d'éprouver les sensations des bancs de l'école, avec les disputes, les bagarres, les insolences, les bêtises et les punitions à la pelle. Les personnages, avec des prénoms à coucher dehors, sont tous bigarrés, haut en couleurs, souvent caricaturaux et tellement drôles. Et même si l'école décrite ressemble plus aux écoles des années 50-60, l'humour et les gags n'ont pas pris une ride, et la fraîcheur de cette série semble éternelle.
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Décidément, ça ne vieillit pas, ou plutôt, ça vieillit bien !
J'ai découvert le Petit Nicolas au début des années 60. Une monitrice lisait ça à des petits, éparpillés en train de grimper dans les arbres, et nous pré ados (mais on ne disait pas encore ça !) nous écoutions sans broncher. Bravo à elle d'avoir déniché ça, il était tout jeune à l'époque ce Nicolas !!

Et 2 générations plus tard : ma petite-fille (8 ans) n'était pas très tentée ; je lui en ai lu deux histoires, et ça y est, elle s'est lancée. A fini dans la foulée le livre; Et a emporté le tome suivant pour le lire chez elle.

J'ajoute que c'est une jolie peinture des années 60.

Pour ma part, en tant qu'adulte, j'aime bien le relire, mais quelques histoires à la fois, pas tout le livre d'affilée comme un roman.
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« le petit Nicolas » ça se lit à tout âge ou plutôt ça se relit. Enfant, on s'identifie à Nicolas et à sa bande de chouettes copains, on s'imagine partager leurs parties de foot endiablées (« A propos, quelqu'un a pensé à prendre le ballon ? »), se moquer avec eux du surveillant le Bouillon (« Regardez-moi dans les yeux ! ») et taper sur le nez de ce sale chouchou d'Agnan (« Tu peux pas me taper, j'ai des lunettes ! »). Adolescent, on rigole de tout ce que Nicolas ne saisit pas ou déforme innocemment et des quiproquos en série que crée sa naïveté d'enfant. Adulte enfin, on se met à la place de sa maîtresse débordée, de son père vantard, de sa maman dépassée, de son voisin trop curieux et on en rit deux fois plus fort !

Les deux expositions sur Goscinny organisées coup sur coup à Paris m'ont donné envie de me replonger dans l'univers drôle et tendre créé par ce grand touche-à-tout. Pour la petite anecdote, ma grande tante apprenait à ses étudiants étrangers à lire le français avec « le Petit Nicolas ». Quand ils commençaient à pouffer dans leur coin, elle savait qu'ils commençaient à bien se débrouiller. Certes, l'école et le monde dans lesquels évolue Nicolas fleurent bon les années 50, mais le réalisme et l'humour avec lesquels Goscinny décrit l'enfance n'ont pas vieilli d'un poil. Comme un vieux bonhomme de son âge a réussi à se mettre avec tant de brio à la place d'un gamin de huit ans, ça me dépasse complétement… Et impossible d'imaginer « le Petit Nicolas » sans les dessins naïfs et légers de Sempé – raison pour laquelle je ne verrai jamais le film, bien qu'il ne soit pas, a priori, catastrophique. Je pense que je vais me faire une moyenne d'un tome par mois, histoire de bien terminer l'année 2017 et de débuter celle de 2018 dans la bonne humeur.
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
(édité par erreur en critique le 13/01/2014 et redirigé dans citation)

Dans mon équipe, on n’arrivait pas à se mettre d’accord, jusqu'au moment où Eudes a dit qu’il viendrait nous donner des coups de poing sur le nez à nous aussi : alors, on s’est placés.
Agnan a dit Rufus : « Siffle ! » et Rufus, qui jouait dans mon équipe, a sifflé le coup d’envoi. Geoffroy n’était pas content. Il a dit : « C’est malin, nous avons le soleil dans les yeux ! Il n’y a pas de raison que mon équipe joue du mauvais côté du terrain ! »
Moi, je lui ai répondu que si le soleil ne lui plaisait pas, il n’avait qu’à fermer les yeux, qu’il jouerait peut-être mieux comme ça. Alors, nous nous sommes battus. Rufus s’est mis à souffler dans son sifflet à roulette.
« Je n’ai pas donné l’ordre de siffler, a crié Agnan, l’arbitre c’est moi ! »
Ça n’a pas plu à Rufus qui a dit qu’il n’avait pas besoin de la permission d’Agnan pour siffler, qu’il sifflerait quand il en a envie, non mais tout de même. Et il s’est mis à siffler comme un fou. « Tu es méchant, voilà ce que tu es ! » a crié Agnan, qui a commencé à pleurer.
« Eh, les gars ! » a dit Alceste, dans son but.
Mais personne ne l’écoutait. Moi, je continuais à me battre avec Geoffroy. Je lui avais déchiré sa belle chemise rouge, blanche et bleue, et lui, il disait : « Bah, bah, bah ! Ça ne fait rien ! Mon papa, il m’en achètera des tas d’autres ! » Et il me donnait des coups de pied dans les chevilles. Rufus courait après Agnan qui criait : « J’ai des lunettes ! J’ai des lunettes ! » Joachim, il ne s’occupait de personne, il cherchait sa monnaie, mais il ne la trouvait toujours pas. Eudes, qui était resté tranquillement dans son but, en a eu assez et il a commencé à distribuer des coups de poing sur les nez qui se trouvaient le plus près de lui, c’est-à-dire sur ceux de son équipe. Tout le monde criait, courait. On s’amusait vraiment bien, c’était formidable !
« Arrêtez, les gars ! » a crié Alceste de nouveau.
Alors Eudes s’est fâché. « Tu étais pressé de jouer, il a dit à Alceste, eh bien, on joue. Si tu as quelque chose à dire, attends la mi-temps ! »
Le Petit Nicolas de Sempé et Goscinny Editions Denoël.
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Un souvenir qu’on va chérir

Ce matin, nous sommes tous arrivés à l’école bien contents, parce qu’on va prendre une photo de la classe qui sera pour nous un souvenir que nous allons chérir toute notre vie, comme nous l’a dit la maîtresse. Elle nous a dit aussi de venir bien propres et bien coiffés.
C’est avec plein de brillantine sur la tête que je suis entré dans la cour de récréation. Tous les copains étaient déjà là et la maîtresse était en train de gronder Geoffroy qui était venu habillé en Martien. Geoffroy a un papa très riche qui lui achète tous les jouets qu’il veut. Geoffroy disait à la maîtresse qu’il voulait absolument être photographié en Martien et que sinon il s’en irait.
Le photographe était là, aussi, avec son appareil et la maîtresse lui a dit qu’il fallait faire vite, sinon, nous allions rater notre cours d’arithmétique. Agnan, qui est le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse a dit que ce serait dommage de ne pas avoir arithmétique, parce qu’il aimait ça et qu’il avait bien fait tous ses problèmes. Eudes, un copain qui est très fort, voulait donner un coup de poing sur le nez d’Agnan, mais Agnan a des lunettes et on ne peut pas taper sur lui aussi souvent qu’on le voudrait. La maîtresse s’est mise à crier que nous étions insupportables et que si ça continuait il n’y aurait pas de photo et qu’on irait en classe. Le photographe, alors, a dit : »Allons, allons, allons, du calme, du calme. Je sais comment il faut parler aux enfants, tout va se passer très bien. »
Le photographe a décidé que nous devions nous mettre sur trois rangs ; le premier rang assis par terre, le deuxième, debout autour de la maîtresse qui serait assise sur une chaise et le troisième, debout sur des caisses. Il a vraiment des bonnes idées le photographe.
Les caisses, on est allé les chercher dans la cave de l’école. On a bien rigolé, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de lumière dans la cave et Rufus s’était mis un vieux sac sur la tête et il criait : « Hou ! Je suis le fantôme ». Et puis, on a vu arriver la maîtresse. Elle n’avait pas l’air contente, alors nous sommes vite partis avec les caisses. Le seul qui est resté, c’est Rufus. Avec son sac, il ne voyait pas ce qui se passait et il a continué à crier : »Hou ! Je suis le fantôme » et c’est la maîtresse qui lui a enlevé le sac. Il a été drôlement étonné, Rufus.
De retour dans la cour, la maîtresse a lâché l’oreille de Rufus et elle s’est frappé le front avec la main. « Mais vous êtes tout noirs » elle a dit. C’était vrai, en faisant les guignols dans la cave, on s’était un peu salis. La maîtresse n’était pas contente, mais le photographe lui a dit que ce n’était pas grave, on avait le temps de se laver pendant que lui disposait les caisses et la chaise pour la photo. A part Agnan, le seul qui avait une figure propre, c’était Geoffroy, parce qu’il avait la tête dans son casque de Martien, qui ressemble à un bocal. « vous voyez, a dit Geoffroy à la maîtresse, s’ils étaient venus tous habillés comme moi, il n’y aurait pas d’histoires. » J’ai vu que la maîtresse avait bien envie de tirer les oreilles de Geoffroy, mais il n’y avait pas de prise sur le bocal. C’est une combine épatante, ce costume de Martien !
Nous sommes revenus après nous être lavés et peignés. On était bien un peu mouillés, mais le photographe a dit que ça ne faisait rien, que sur la photo ça ne se verrait pas.
« Bon, nous a dit le photographe, vous voulez faire plaisir à votre maîtresse ? » Nous avons répondu que oui, parce que nous l’aimons bien la maîtresse, elle est drôlement gentille quand nous ne la mettons pas en colère. « Alors, a dit le photographe, vous allez sagement prendre vos places pour la photo. Les plus grands sur les caisses, les moyens debout, les petits assis. » Nous, on y est allés, et le photographe était en train d’expliquer à la maîtresse qu’on obtenait tout des enfants quand on était patient, mais la maîtresse n’a pas pu l’écouter jusqu’au bout. Elle a dû venir nous séparer, parce que nous voulions être tous sur les caisses.
« Il y a un seul grand ici, c’est moi ! » criait Eudes et il poussait ceux qui voulaient monter sur les caisses. Comme Geoffroy insistait, Eudes lui a donné un coup de poing sur le bocal et il s’est fait très mal. On a dû se mettre à plusieurs pour enlever le bocal de Geoffroy qui s’était coincé.
La maîtresse a dit qu’elle nous donnait un dernier avertissement, après ce serait l’arithmétique, alors, on s’est dit qu’il fallait se tenir tranquilles et on a commencé à s’installer. Geoffroy s’est approché du photographe, « c’est quoi, votre appareil ? » il a demandé. Le photographe a souri et il a dit : « C’est une boîte d’où va sortir un petit oiseau, bonhomme. » « Il est vieux votre engin, a dit Geoffroy, mon papa il m’en a donné un avec parasoleil, objectif à courte focale, téléobjectif et bien sûr des écrans… » Le photographe a paru surpris, il a cessé de sourire et il a dit à Geoffroy de retourner à sa place. « Est-ce que vous avez au moins une cellule photoélectrique ? » a demandé Geoffroy. « Pour la dernière fois, retourne à ta place ! » a crié le photographe qui tout d’un coup, avait l’air très nerveux.
On s’est installés. Moi, j’étais assis par terre, à côté d’Alceste. Alceste c’est mon copain qui est très gros et qui mange tout le temps. Il était en train de mordre dans une tartine de confiture et le photographe lui a dit de cesser de manger, mais Alceste a répondu qu’il fallait bien qu’il se nourrisse. « Lâche cette tartine ! » a crié la maîtresse qui était assise juste derrière Alceste. Ça l’a tellement surpris, Alceste, qu’il a laissé tomber la tartine sur sa chemise. « C’est gagné » a dit Alceste, en essayant de racler la confiture avec son pain. La maîtresse a dit qu’il n’y avait plus qu’une chose à faire, c’était de mettre Alceste au dernier rang pour qu’on ne voie pas la tache sur sa chemise. « Eudes, a dit la maîtresse, laissez la place à votre camarade. » « Ce n’est pas mon camarade, a répondu Eudes, il n’aura pas ma place et il n’a qu’à se mettre de dos à la photo, comme ça on ne verra pas la tache, ni sa grosse figure. » La maîtresse s’est fâchée et elle a donné comme punition à Eudes la conjugaison du verbe : « Je ne dois pas refuser de céder ma place à un camarade qui a renversé sur sa chemise une tartine de confiture. » Eudes n’a rien dit, il est descendu de sa caisse et il est venu vers le premier rang, tandis qu’Alceste allait vers le dernier rang. Ça a fait un peu de désordre, surtout quand Eudes a croisé Alceste et lui a donné un coup de poing sur le nez. Alceste a voulu donner un coup de pied à Eudes, mais Eudes a esquivé, il est très agile, et c’est Agnan qui a reçu le pied, heureusement, là où il n’a pas de lunettes. Ça ne l’a pas empêché, Agnan, de se mettre à pleurer et à hurler qu’il ne voyait plus, que personne ne l’aimait et qu’il voulait mourir. La maîtresse l’a consolé, l’a mouché, l’a repeigné et a puni Alceste, il doit écrire cent fois: « Je ne dois pas battre un camarade qui ne me cherche pas noise et qui porte des lunettes. » « C’est bien fait » a dit Agnan. Alors la maîtresse lui a donné des lignes à faire, à lui aussi. Agnan, il a été tellement étonné qu’il n’a même pas pleuré. La maîtresse a commencé à les distribuer drôlement, les punitions, on avait tous des tas de lignes à faire et finalement, la maîtresse nous a dit : « Maintenant, vous allez vous décider à vous tenir tranquilles. Si vous êtes très gentils, je lèverai toutes les punitions. Alors, vous allez bien prendre la pose, faire un joli sourire et le monsieur va nous prendre une belle photographie ! » Comme nous ne voulions pas faire de la peine à la maîtresse, on a obéi. Nous avons tous souri et on a pris la pose.
Mais pour le souvenir que nous allions chérir toute notre vie, c’est raté, parce qu’on s’est aperçu que le photographe n’était plus là. Il était parti, sans rien dire.

*
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Le Petit Nicolas a paru en librairie
Ça y est ! Ils en ont fait un livre ! Mes deux papas, René Goscinny qui m'aide à écrire mes histoires, et Sempé qui fait mes portraits, sont allés dans une maison qui s'appelle Denoël et qui fait des livres, et puis ils ont parlé des tas de fois et ils ont fait un chouette livre avec mes histoires.
Dans le livre, il y a mes histoires, c'est un recueil, ils m'ont dit, et il y a aussi mes copains, Alceste, le gros, Eudes, Rufus, Agnan, Geoffroy, la maîtresse, le directeur, le bouillon, M. Blédurt qui est notre voisin, papa et maman qui sont les plus chouettes du monde, et ça se vend dans toutes les librairies.
Nicolas.
(extrait du 53ème numéro du journal "Pilote" paru dans les kiosques le 27 octobre 1960)
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Le football


Alceste nous a donné rendez-vous à un tas de copains de la classe, pour cet après-midi dans le terrain vague, pas loin de la maison. Alceste, c’est mon ami, il est gros, il aime bien manger, et s’il nous a donné rendez-vous, c’est parce que son papa lui a offert un ballon de football tout neuf et nous allons faire une partie terrible. Il est chouette, Alceste.
Nous nous sommes retrouvés sur le terrain à trois heures de l’après-midi, nous étions dix-huit. Il a fallu décider comment former les équipes, pour qu’il y ait le même nombre de joueurs de chaque côté.
Pour l’arbitre, ça a été facile. Nous avons choisi Agnan. Agnan, c’est le premier de la classe, on ne l’aime pas trop, mais comme il porte des lunettes on ne peut pas lui taper dessus, ce qui, pour un arbitre, est une bonne combine. Et puis, aucune équipe ne voulait d’Agnan, parce qu’il n’est pas très fort pour le sport et il pleure trop facilement. Là où on a discuté, c’est quand Agnan a demandé qu’on lui donne un sifflet. Le seul qui en avait un, c’était Rufus, dont le papa est agent de police.
« Je ne veux pas le prêter, mon sifflet à roulette, a dit Rufus. C’est un souvenir de famille. » Il n’y avait rien à faire. Finalement, on a décidé qu’Agnan préviendrait Rufus et Rufus sifflerait à la place d’Agnan.
« Alors ? on joue ou quoi, Je commence à avoir faim, moi ! » a crié Alceste.
Mais là où c’est devenu compliqué, c’est que si Agnan était arbitre, on n’était plus que dix-sept joueurs, ça en faisait un de trop pour le partage. Alors, on a trouvé le truc : il y en a un qui serait arbitre de touche et qui agiterait un petit drapeau, chaque fois que la balle sortirait du terrain. C’est Maixent qui a été choisi. Un seul arbitre de touche, ce n’est pas beaucoup pour surveiller tout le terrain mais Maixent court très vite, il a des jambes très longues et toutes maigres, avec de gros genoux sales. Maixent, il ne voulait rien savoir, il voulait jouer au ballon, lui, et puis il nous a dit qu’il n’avait pas de drapeau. Il a tout de même accepté d’être arbitre de touche pour la première mi-temps. Pour le drapeau, il agiterait son mouchoir qui n’était pas propre, mais bien sûr, il ne savait pas en sortant de chez lui que son mouchoir allait servir de drapeau.
« Bon, on y va ? » a crié Alceste
Après, c’était plus facile, on n’était plus que seize joueurs.
Il fallait un capitaine pour chaque équipe. Mais tout le monde voulait être capitaine. Tout le monde sauf Alceste, qui voulait être goal, parce qu’il n’aime pas courir. Nous, on était d’accord, il est bien Alceste, comme goal ; il est très large et il couvre bien le but. Ça laissait tout de même quinze capitaines et ça en faisait plusieurs de trop.
Je suis le plus fort, criait Eudes, je dois être capitaine et je donnerai un coup de poing sur le nez de celui qui n’est pas d’accord !
Le capitaine, c’est moi, je suis le mieux habillé ! a crié Geoffroy, et Eudes lui a donné un coup de poing sur le nez.
C’était vrai, pourtant, que Geoffroy était bien habillé, son papa, qui est très riche, lui avait acheté un équipement complet de joueur de football, avec une chemise rouge, blanche et bleue.
« Si c’est pas moi le capitaine, a crié Rufus, j’appelle mon papa et il vous met tous en prison ! »
Moi, j’ai eu l’idée de tirer au sort avec une pièce de monnaie. Avec deux pièces de monnaie, parce que la première s’est perdue dans l’herbe et on ne l’a jamais retrouvée. La pièce, c’est Joachim qui l’avait prêtée et il n’était pas content de l’avoir perdue ; il s’est mis à la chercher et pourtant, Geoffroy lui avait promis que son papa lui enverrait un chèque pour le rembourser. Finalement les deux capitaines ont été choisis : Geoffroy et moi.
« Dites, j’ai pas envie d’être en retard pour le goûter, a crié Alceste. On joue ? »
Après, il a fallu former les équipes. Pour tous, ça allait assez bien, sauf pour Eudes. Geoffroy et moi, on voulait Eudes, parce que, quand il court avec le ballon, personne ne l’arrête. Il ne joue pas très bien, mais il fait peur. Joachim était tout content parce qu’il avait retrouvé sa pièce de monnaie, alors on la lui a demandée pour tirer Eudes au sort, et on a perdu la pièce de nouveau. Joachim s’est remis à la chercher, vraiment fâché cette fois-ci, et c’est à la courte paille que Geoffroy a gagné Eudes. Geoffroy l’a désigné comme gardien de but, il s’est dit que personne n’oserait approcher de la cage et encore moins mettre le ballon dedans. Eudes se vexe facilement. Alceste mangeait des biscuits, assis entre les pierres qui marquaient son but. Il n’avait pas l’air content. « Alors, ça vient, oui ? » Il criait.
On s’est placés sur le terrain. Comme on n’était que sept de chaque côté, à part les gardiens de but, ça n’a pas été facile. Dans chaque équipe on a commencé à discuter. Il y en avait des tas qui voulaient être avant-centre. Joachim voulait être arrière droit, mais c’était parce que la pièce de monnaie était tombée dans ce coin et il voulait continuer à la chercher tout en jouant.
Dans l’équipe de Geoffroy ça s’est arrangé très vite, parce que Eudes a donné des tas de coups de poing, et les joueurs se sont mis à leurs places sans protester et en se frottant le nez. C’est qu’il frappe dur, Eudes !
Dans mon équipe, on n’arrivait pas à se mettre d’accord, jusqu’au moment où Eudes a dit qu’il viendrait nous donner des coups de poing sur le nez à nous aussi : alors, on s’est placés.
Agnan a dit à Rufus : « Siffle ! » et Rufus, qui jouait dans mon équipe, a sifflé le coup d’envoi. Geoffroy n’était pas content. Il a dit : « C’est malin ! Nous avons le soleil dans les yeux ! Il n’y a pas de raison que mon équipe joue du mauvais côté du terrain ! »
Moi, je lui ai répondu que si le soleil ne lui plaisait pas, il n’avait qu’à fermer les yeux, qu’il jouerait peut-être mieux comme ça. Alors, nous nous sommes battus. Rufus s’est mis à souffler dans son sifflet à roulette.
« Je n’ai pas donné l’ordre de siffler, a crié Agnan, l’arbitre, c’est moi ! » Ça n’a pas plu à Rufus, qui a dit qu’il n’avait pas besoin de la permission d’Agnan pour siffler, qu’il sifflerait quand il en aurait envie, non mais tout de même. Et il s’est mis à siffler comme un fou. « Tu es méchant, voilà ce que tu es ! » a crié Agnan, qui a commencé à pleurer.
« Eh, les gars ! » a dit Alceste, dans son but.
Mais personne ne l’écoutait. Moi, je continuais à me battre avec Geoffroy, je lui avais déchiré sa belle chemise rouge, blanche et bleue, et lui il disait : « Bah, bah, bah ! Ça ne fait rien ! Mon papa, il m’en achètera des tas d’autres ! » Et il me donnait des coups de pieds dans les chevilles. Rufus courait après Agnan qui criait : « J’ai des lunettes ! J’ai des lunettes ! » Joachim, il ne s’occupait de personne, il cherchait sa monnaie, mais il ne la trouvait toujours pas. Eudes, qui était resté tranquillement dans son but, en a eu assez et il a commencé à distribuer des coups de poing sur les nez qui se trouvaient le plus près de lui, c’est-à-dire, sur ceux de son équipe. Tout le monde criait, courait. On s’amusait vraiment bien, c’était formidable !
« Arrêtez, les gars ! » a crié Alceste de nouveau.
Alors Eudes s’est fâché. « Tu étais pressé de jouer, il a dit à Alceste, eh bien, on joue. Si tu as quelque chose à dire, attends la mi-temps ! »
« La mi-temps de quoi ? a demandé Alceste. Je viens de m’apercevoir que nous n’avons pas de ballon, je l’ai oublié à la maison ! »

*
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Alceste m’a dit : "Viens avec moi, j’ai quelque chose à te montrer, on va rigoler." Moi, j’ai tout de suite suivi Alceste, on s’amuse bien tous les deux. (...) "Qu’est-ce que tu veux me montrer, Alceste ?" j'ai demandé. "Pas encore", il m’a dit. Enfin, quand on a tourné le coin de la rue, Alceste a sorti de sa poche un gros cigare. "Regarde, il m’a dit, et c’est un vrai, pas en chocolat !" Ça, qu’il n’était pas en chocolat, il n’avait pas besoin de me le dire, si le cigare avait été en chocolat, Alceste ne me l’aurait pas montré, il l’aurait mangé. (...) "Et qu’est-ce qu’on va faire avec ce cigare ?" j’ai demandé. "Cette question ! m’a répondu Alceste, on va le fumer, pardi !" (...). Comme le cigare était à lui, c’était lui qui commençait, aspirait en faisant des tas de bruit et il y avait beaucoup de fumée. Le premier coup, ça l’a surpris, Alceste, ça l’a fait tousser et il m’a passé le cigare. J’ai aspiré, moi aussi, et, je dois dire que je n’ai pas trouvé ça tellement bon et ça m’a fait tousser, aussi. "Tu ne sais pas, m’a dit Alceste, regarde ! La fumée par le nez !" Et Alceste a pris le cigare et il a essayé de faire passer la fumée par son nez, et ça, ça l’a rudement fait tousser. Moi, j’ai essayé à mon tour et j’ai mieux réussi, mais la fumée m’a fait piquer les yeux. On rigolait bien. On était là à se passer le cigare, quand Alceste m’a dit : "Ça me fait tout chose, je n’ai plus faim." Il était vert, Alceste, et puis, tout d’un coup, il a été drôlement malade. Le cigare, on l’a jeté, moi, j’avais la tête qui me tournait et j’avais un peu envie de pleurer (...). Je suis rentré à la maison, aussi. Ça n’allait pas très fort. Papa était assis dans le salon en fumant sa pipe, maman tricotait et moi j’ai été malade. Maman était très inquiète, elle m’a demandé ce que j’avais, je lui ai dit que c’était la fumée, mais je n’ai pas pu continuer à lui expliquer le coup du cigare, parce que j’ai encore été malade. "Tu vois, a dit maman à papa, je t’ai toujours dit que cette pipe empestait !" Et, à la maison, depuis que j'ai fumé le cigare, papa n’a plus le droit de fumer la pipe.
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Vidéo de René Goscinny
Extrait du livre audio « Astérix aux Jeux Olympiques » d'Albert Uderzo et René Goscinny lu par Dominique Pinon, Jean-Claude Donda, Guillaume Briat, Bernard Alane, Emmanuel Curtil, Julien Chatelet, Stéphane Ronchewski et Caroline Klaus. Parution numérique le 17 janvier 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/asterix-aux-jeux-olympiques-9791035415778/
Dans la catégorie : Satire, humourVoir plus
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