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EAN : 9782070411733
277 pages
Gallimard (21/01/2000)
3.99/5   73 notes
Résumé :
Ce livre est le récit de la découverte de l'adolescence et de l'exil, des mystères de Paris, du monde, de la féminité. Aussi, surtout sans doute, de l'appropriation de la langue française. L'expérience de Buchenwald n'y est pour rien, n'y porte aucune ombre. Aucune lumière non plus. Voilà pourquoi, en écrivant Adieu, vive clarté..., il m'a semblé retrouver une liberté perdue, comme si je m'arrachais à la suite de hasards et de choix qui ont fini par me composer une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Jorge Semprun dans «Adieu vive clarté» revient sur ses années d'adolescence à Paris avant la guerre et sur son enfance. Il ne le fait pas de manière linéaire. Il répond aux clins d'oeil des hasards de la vie et les suit, curieux lui-même de savoir où cela va le mener.
Le fil de trame de ses souvenirs reste souvent, comme ça l'est aussi dans «L'écriture ou la vie», des extraits de poèmes ou des textes qui sont liés à un moment de sa vie. Une réminiscence, un détail en fait renaître d'autres, les événements se croisent et se répondent et forment sans en avoir l'air une trame cohérente qui fait qu'on ne se perd pas. Disons qu'il y a une logique sous-jacente de la mémoire qui vient au jour petit à petit.

Les titres des chapitres nous révèlent le point central de chacun, ce qui fera leur cohésion.
Mais chaque chapitre est riche de multiples anecdotes et d'aller et retour d'un présent vers un passé plus lointain.

Chapitre I : J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans
Baudelaire dont la découverte est liée au séjour à La Haye où son père représente la République espagnole .....Début de l'exil et de son lot d'humiliations et fêlure due à la perte brutale de sa mère.

Chapitre II : Je lis Paludes...
En cherchant qui lui a fait lire Paludes de Gide, ce livre qu'il a lu et relu, il nous parle de Armand interne comme lui à Henri IV et d'autres amis, et d'autres livres encore.. Et puis «L'essence de Paludes est dans sa langue. On ne peut concevoir Paludes dans aucune autre langue que le français.»
Et cette langue il veut se l'approprier «J'avais besoin de cette langue, qui, apparemment, coulait de source, mais dont la limpidité était le résultat d'un exigeant travail sur l'inertie et l'opacité naturelles du langage» ; cette langue qu'il décide de parler sans accent suite à une remarque d'une boulangère du quartier latin.

Chapitre III : Voilà la Cité sainte, assise à l'occident ...
Rimbaud «Paris se repeuple» qu'il se récite dans le métro qu'il prend pour aller de Saint Michel à la Gare du Nord : O lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares ! / le soleil essuya de ses poumons ardents / Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares, / Voilà la Cité sainte, assise à l'occident !
lié à ses déambulations dans Paris et à la découverte des femmes ainsi que Belle de jour de Kessel.

Chapitre IV : Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres : Adieu vive clarté de nos étés trop courts ...
Le livre s'ouvre sur Baudelaire et se clôt avec lui.

Pourquoi n'ai-je pas lu plus tôt les livres de cet homme que pourtant j'admirais ? Ses deux livres (Adieu vive clarté et L'écriture ou la vie) que je viens de lire pratiquement d'une traite sont bouleversants de courage et d'humanité, de ceux qui vous remettent d'aplomb, vous redressent si vous êtes tentés par l' «A quoi bon» du découragement.
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Jorge Semprun nous raconte son adolescence parisienne, lorsqu'il se retrouve soudain lycéen parisien à Henri IV, la famille Semprun ayant été chassée d'Espagne par la guerre, et disséminée entre Biarritz, La Haye et Paris. C'est le récit de la fin de l'enfance, la naissance d'un homme et d'un grand écrivain à travers ses lectures, ses rencontres, sa découverte de Paris. Le récit n'est pas linéaire, on va et vient dans le temps entre 1920 et nos jours. Sans nous perdre vraiment, l'auteur nous étourdit un peu, mais il assume cette construction, qui lui permet de comprendre puis de nous expliquer ce qu'il est, un témoin engagé de ce siècle, mais aussi toujours cet enfant qu'il n'a jamais oublié, rêvant sur les rives de la Bidassoa. Très beau récit, à l'écriture très belle évidemment.
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"Adieu, vive clarté bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres"
Jorge Semprun nous invite avec Baudelaire dans l'univers de son adolescence alors qu'il avait quinze ans et qu'il était déraciné une espagnol rouge à Paris après le drame de la guerre d'Espagne.
La clarté ce fut cette fugitive lumière, ce bref répit en 1938 1939 pendant lequel Semprun découvrit véritablement la langue française in vivo, l'éveil de la sensualité, la découverte de la femme, les rencontres avec ces hautes figures croisées plus ou moins longuement, dont certaines allaient payer de leur vie leur résistance spirituelle .
Les froides ténèbres furent bien sur la seconde guerre mondiale qui allait rattraper la France (elle avait commencé en juillet 1936 en Espagne), l'engagement de Jorge Semprun dans la résistance, son arrestation et la déportation à Büchenwald.
Par conséquent un livre très émouvant, le style brillant de Semprun, qui suscite un profond respect, à des années lumières de certaine(s) autobiographie(s) très récente(s), intrigue(s) de boudoirs présidentiels
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Récit de l'adolescence, de l'exil, de l'appropriation de la langue française, de son admiration pour Baudelaire, Malraux, Gide, sans oublier l'hommage à Louis Guilloux. Cette période fut triplement tourmentée à l'âge où s''éveillent les désirs, par l'exil où les parents sont absents, la famille dispersée, le rêve espagnol communiste anéanti par la victoire des troupes franquistes. Pudique et secret, en digressions circulaires (qui m'ont un peu gênée) dans Paris, Jorge Semprun se livre avec retenue et présente les oeuvres qui l'ont marqué et son engagement qui onr fait de lui l'homme qu'il est devenu.
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Ce livre est interessant parce qu'il décrit ce qu'ont vécu les républicains espagnols, chassés par la guerre civile, et en exode en Europe ou au Mexique. Adolescent entre 1936 et 1939, fils de diplomate, Jorge Semprun nous raconte cette vie. Son milieu privilégié (son père était d'abord diplomate à La Haye, avant de rejoindre Paris) l'a amené à connaître de brillantes personnalités, hommes politiques, économistes, écrivains, poètes.... Tout cela se lit plutôt bien. Mais pourquoi cet auteur brillant et cultivé a-t'il trouvé utile de nous narrer sa découverte adolescente de l'univers des femmes et de la sexualité? Et pourquoi complique-t'il notre lecture en ne suivant jamais une chronologie logique, et en usant de va-et-vient dans le passé de manière aussi systématique et désordonnée? Ceci n'est donc pas, et de loin, le grand livre de Jorge Semprun.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Hitler.était en train.de masser ses divisions motorisées à la frontière polonaise,. nous le. savions ..
Ribbentrop s'apprêtait à s'envoler pour Moscou pour .signer un accord avec Staline, nous l'ignorions.
Les prisons de, Franco étaient pleines, les exécutions massives, c'était de notoriété publique.
Prague avait été.envahie par les troupes nazies,en stricte conséquence. de la capitulation des démocraties à Munich, nous y pensions sans qesse. Et Milena Jesenska avait pleuré de, rage, .ce jour-lil, néfaste, en contemplant, le déferlement nazi dans les rues de sa ville, cela, nous l'apprendrions plus tard, lorsqu'elle deviendrait compagne de nos rêves.
À Moscou, dans les cachots de la Loubianka, Carola Neher, jeune beauté allemande, grande comédienne amie de Brecht, communiste exilée en URSS, condamnée comme espionne trotskiste, commençait le long périple à travers l'archipel du Goulag où. elle perdrait la vie : où sa vie serait perdue, effacée sans laisser de traces, prise dans le gel immémorial de la steppe sibérienne, ombre glaciale et désolante semblable à la pluie de cendres grises issue des crématoires nazis. C'est seulement un demi-siècle plus tard que je rencontrerais Carola Neher, dans un court poème de Bertolt Brecht.
Et Albert Einstein venait d'écrire au président américain Franklin Delano Roosevelt pour lui proposer de commencer le travail de recherche qui aboutirait à l'invention de l'arme atomique, conçue comme arme absolue des démocraties contre l'absolue folie de domination de Hitler.
Et Sigmund Freud, cette nuit là du 22 août, à Londres, ne supportait péniblement qu'à l'aide de la morphine l'atroce souffrance empuantie de son cancer de la mâchoire.
Et George Orwell, le lendemain, à l'annonce de la signature du pacte. germano-,soviétique, allait commencer ce revirement radical - prenant les choses à la racine - qui le conduirait à la réinvention de la raison démocratique, revirement exemplaire et si peu suivi, connu, apprécié par les
intellectuels de gauche de sa génération. Et d'une trop grande partie des suivantes.
Pourtant, malgré ces données du réel, certaines évidentes, d'autres encore incertaines et floues, mais. accessibles à une méthode rigoureuse de pensée, si l'on m'avait demandé à ce moment-là, sur la terrasse de Biriatou, interrompant ma griserie, quel bilan je ferais de ce dernier été, j'aurais répondu sans hésiter qu'il y avait eu Paludes et la beauté d'Hélène.
.
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Ai-je été trop peu disponible ? Ou trop peu généreux ? Ai-je manqué une occasion de tendresse, de douceur féminine ? Ça m'est arrivé, dans ma jeunesse, de manquer ces choses-là. L'orgueil de la solitude, de la différence, vous joue des tours, souvent.
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Parmi tous les récits possibles, toutes les possibilités d’écriture romanesque qui s’offraient à moi, ces derniers temps selon le mystérieux balancement d'un désir, j'ai choisi celle-ci, Adieu, vive clarté...(le titre s'en est imposé d'emblée, ça ne m'est pas habituel non plus, dès le premier travail sur la nébuleuse narrative en formation) pour la simple raison qu'elle concernait une vie antérieure à l'expérience de Buchenwald.
Depuis que j'ai écrit Le grand voyage, à quarante ans, (…), toute mon imagination narrative a semblé aimantée par ce soleil aride, rougeoyant comme la flamme du crématoire. Même dans les récits les plus éloignés de l'expérience personnelle, où tout était vrai parce que je l'avais inventé et non parce que je l'avais vécu, le foyer ancien était à l’œuvre, incandescent ou couvant sous la cendre.
J'ai tout essayé pour conjurer ce sort, pour éviter que cette mémoire mortifère ne vienne encombrer celle de mes personnages. J'ai conçu des machineries romanesques où cette mémoire semblait superflue, de prime abord. Mais elle s'arrangeait toujours pour piéger mes personnages, pour lester l'un ou l'autre d'un poids qu'il n'aurait sans doute pas souhaité, dont souvent il ne savait que faire, que parfois, même, il ne méritait pas.
Ce n'est pas par goût de la tranquillité que j’essayais d'oublier ce passé, d'en oblitérer du moins ses effets les plus pernicieux dans mon travail d'écriture. Je n'ai jamais eu de goût particulier pour la tranquillité.
C'était plutôt par goût de la liberté.
Je n'aimais pas l'idée d'être confiné dans le rôle du survivant, du témoin digne de foi, d'estime et de compassion.
L'angoisse me prenait d'avoir à jouer ce rôle avec la dignité, la mesure et la componction d'un rescapé présentable : humainement et politiquement correct.
Je ne voulais pas être contraint de vivre indéfiniment dans cette mémoire, de cette mémoire : des trésors et des tristesses de cette mémoire. Je m'irritais des obstacles que celle-ci dressait devant mon imagination romanesque.
Une vie trop aventureuse, trop chargée de sens m’a parfois barré les chemins de l'invention, m'a ramené à moi, alors que je prétendais inventer l'autre, m'aventurer dans le territoire immense de l'être-ailleurs, de l'être-autrui.
D'une certaine façon, je ne pouvais être écrivain romancier, en tout cas, et l'art du roman est le sommet de l'art de l'écriture - que contre cette expérience sanglante.
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En Espagne la répression était brutale. Pendant quelques mois, elle fut même comparable, en intensité en ampleur, aux répressions totalitaires de Hitler et de Staline. Elle provoqua des dizaines de milliers de victimes. En France, la masse des réfugiés anonymes, la piétaille de l'armée populaire et des partis politiques antifascistes, était parquée dans des camps de concentration du Sud, sur le sable clos de barbelés d'Argelès ou de Barcarès, dans des conditions d’hygiène épouvantables.
Staline trahissait les démocraties? La belle affaire! m'écriais-je, avec un brin de joie sadique. Inavouée et sans doute inavouable. La France et l'Angleterre étaient payées avec la monnaie de leur propre pièce, me disais-je. Et puis, l'idée de voir les visages d'Edouard Daladier et de Neville Chamberlain incarner l’antifascisme ne pouvait que m'être insupportable.
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Les poèmes de Baudelaire m'ouvrirent l'accès à la beauté de la langue française. A sa beauté concrète et complète, j'entends : beauté du son autant que du sens, prosodique autant que conceptuelle, sensuelle autant que significative.
Jusque là le français m'avait été presque exclusivement une langue écrite, aux qualités quasiment abstraites. Langue de lecture, donc, de silence intime et solitaire. Langue de l'écrit à déchiffrer, qui avait pourtant sur le latin et le grec de mes études classiques au TweedeGymnasium l'avantage d'être vivante. Quelles qu'eussent été jusque là les beautés d''Ovide, par exemple, celles de Baudelaire m'apparurent aussitôt plus proches, gorgées de sève et de sang. De sens autrement dit : sensualité et signification.
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