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EAN : 9782246738619
332 pages
Grasset (28/08/2008)
3.19/5   24 notes
Résumé :
Antoine est psychiatre. Il a quarante-huit ans et une situation enviable. Une épouse obsessionnelle, des jumeaux qu'il confond, une belle-mère hypocondriaque, un frère aîné qui vit à ses crochets. une secrétaire qui le déteste, des patients phobiques et fidèles, quand sa femme ne l'est plus. Et surtout, un ami de jeunesse, Félix, restaurateur, coureur, menteur, dont l'insouciance heureuse le désespère. Car Antoine a le désespoir facile. Dominé par ses doutes, velléi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1356 – Juin 2019.

L'ami de jeunesse – Antoine Sénanque – Grasset.

Il y a beaucoup de similitudes dans ce roman d'Antoine Sénanque avec celui que j'ai lu (« Étienne regrette »-La Feuille Volante n° 1353). le personnage principal, ici Antoine, la cinquantaine, est un psychiatre avec cabinet et clientèle aussi fidèle que sa femme Élisabeth ne l'est pas et qui a, avec sa famille des liens assez distendus. Comme Étienne du roman précédent, il est aussi peu fan de sa vie qui s'égrène inexorablement, qu'il subit et il ne s'épanouit pas dans son métier, pire peut-être, il n'y croit plus. Il soigne son état dépressif par l'alcool et les médicaments. Il a un ami, Félix, qu'il qualifie de meilleur (j'ai toujours une interrogation sur ce qualificatif tant l'espèce humaine est friande de trahisons et d'inconstance, quant au lien, l'ancienneté ne fait rien à l'affaire), restaurateur de son état, menteur, jouisseur et fourbe, aussi épicurien que l'était Denis Larbeau dans l'autre livre. Il n'y a rien d'étonnant que, blasé comme il est, Antoine ait envie de changer de vie. Il veut devenir prof d'histoire, pour cela passer une licence et surtout entraîner dans cette aventure le pauvre Félix qui n'est guère enthousiaste. Cet ami de jeunesse l'accompagne dans toutes ces entreprises, même les plus hasardeuses et le soutient, bien qu'il soit son exact contraire, ce qui se vérifie encore une fois en matière de femmes comme de succès universitaires! Pour Antoine c'est non seulement une remise en question mais surtout une perte importante de revenu. Cet aparté intellectuel lui donne l'occasion de régler quelques comptes avec l'université et son univers kafkaïen, mais aussi avec sa famille, son frère aîné, chômeur professionnel qui vit à ses crochets. Puis ça part très vite sur autre chose, le latin et sa grammaire, les enfants, l'hôpital, la médecine, Venise, Dieu, les femmes… Les aphorisme de Sénanque sont savoureux, comme si de tout cela, de sa vie, Antoine en avait un peu marre, comme s'il réglait ainsi d'ultimes comptes.
J'ai peu lu Sénanque mais ce que je retiens de lui c'est une analyse pertinente de l'espèce humaine, présentée comme il convient sous l'angle d'un humour parfois acerbe. Quand j'ai ouvert ce roman, je ne comprenais pas pourquoi Antoine avait choisi de se remettre ainsi en question par l'obtention d'une improbable licence d'histoire. Ce n'est que vers le milieu du roman que l'explication m'est clairement apparue. J'imagine que jusque là, la vie conjugale l'a si peu comblé, que dans son inconscient, et bien qu'il affirme le contraire et veuille peut-être se le cacher à lui-même en faisant semblant de croire aux serments amoureux perpétuels, il avait l'intuition de la trahison et du mensonge qui l'entouraient. Sa réaction était plutôt inattendue pour son entourage mais elle pouvait vouloir signifier qu'il était libre d'être autre chose qu'un pourvoyeur de deniers, qu'il avait lui aussi le droit de faire ce qu'il voulait, mais dans le respect de la morale et des bonnes moeurs. Cela a pu échapper au psychiatre qu'il est, mais comme nous le savons ce sont les cordonniers les plus mal chaussés. Après la surprise, les questions viennent et avec elles l'humiliation, la certitude de s'être trompé bien avant de l'avoir été, la déconvenue, la prise de conscience de l'erreur, des illusions et la culpabilisation d'y avoir succombé. Que lui reste-t-il ? La vengeance dans l'imitation de la séduction, la fréquentation plus assidue du cocktail alcool-médicaments qu'il pratique déjà, une aspiration vers la solitude, facteur de joie et de bonheur ou une plongée analytico-psychiatrique dans son passé pour connaître les racines de son mal conjugal. Pourquoi pas avec Charlotte ?
Il est beaucoup question de l'amour dans ce roman. C'est, nous le savons, une chose consomptible et transitoire, mais dans ce contexte les habitudes, les illusions passées, la peur de l'avenir et de la solitude prennent le relai et on s'accommode de tout, jusqu'à faire semblant, entre compromis et compromissions. Au début on s'embarque dans le mariage avec des certitudes optimistes et qui se révèlent plus ou moins rapidement surréalistes et dont l'abandon obligatoire est d'autant difficile à accepter qu'on est bien obligé d'admettre d'en avoir été le premier responsable. Pourtant Antoine a peur du changement, des femmes, de l'avenir, il est dépendant, culpabilisé, angoissé et ne choisira pas. C'est peut-être dans sa nature mais Élisabeth, par son choix, a brisé quelque chose et cette brisure est définitive. Elle a révélé son vrai visage et le naturel est revenu au galop, même s'il a été suivi plus tard de résipiscences, de retour et de remords. Les choses s'établiront ainsi, dans l'hypocrisie et les habitudes parce que c'est aussi comme cela que vit l'espèce humaine à laquelle nous appartenons tous, et nous n'y pouvons rien.
©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
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Antoine Sénanque, neurologue, décide un jour de devenir écrivain. Les Editions Grasset éditent ses livres. L'ami de jeunesse est son troisième livre et le premier qui ne traite plus de médecine même si « chassez le naturel, il revient au galop », Sénanque mentionne par petites touches le rôle du psychiatre qui n'est autre que la profession du personnage principal. Des mots médicaux sont utilisés mais hors de leur contexte : « une septicémie du temps », « une salle de réanimation pour sentiments végétatifs », « je crois qu'il assimile Paris à une métastase". Comme le dit la quatrième de couverture "un roman caustique".
L'histoire est simple, un homme proche de la cinquantaine, marié, deux enfants, vit sa vie sans la goûter, sans l'apprécier et décide de remettre en question cette monotonie qui le barbe. Narrateur utilisant le « je », ses commentaires sur sa vie sont souvent acerbes. L'hypocrisie ambiante qui l'entoure l'exaspère. Les rapports cordiaux sociétaux le fatiguent. Tout le monde se fait gourmander : les rugbymen, le proviseur, sa femme, les jeunes étudiants de la Sorbonne et même Félix. Il entraîne ce dernier, son ami de jeunesse, l'homme toujours content, dans les amphis de la Sorbonne pour une reprise d'études. Alors entre le bureau, la famille, et les études, il critique et analyse sa vie.
Le livre se laisse lire et sourire. On s'attache à Antoine. de tonalité légère. Pas très profond. Un livre de saison !
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C'est « la souris jaune » qui m'a conduite à lire ce livre, qu'elle en soit remerciée, c'est un excellent moment de lecture. Antoine Sénanque est un médecin écrivain, je ne sais pas si ces auteurs-médecins forment un club, mais on peut remarquer qu'ils nous offrent souvent des romans de bonne qualité. Antoine, le narrateur porte le même nom que l'auteur, j'espère pour son entourage que c'est son seul point commun. Car autant en roman ou en film c'est le genre de personnage que j'adore autant dans la vie réelle cela doit être très pénible. Antoine est un homme qui est affublé d'une lucidité hors du commun , et qui voit très bien tous les défauts des gens à commencer par les siens. Il n'a aucune illusion et ne se cache aucune difficulté de la vie. Il est affublé d'un copain Félix, que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi. Et avec ce caractère, ce psychiatre décide de recommencer des études d'histoire. Sa confrontation avec la glorieuse institution de la Sorbonne vaut le détour.

D'ailleurs tout vaut le détour dans ce roman; je vous garantis quelques fous rires, ou au moins une franche détente. La scène où le téléphone portable, intentionnellement glissé dans la poche de son ennemi, sonne l'air de la Walkyrie à un moment très inopportun m'a beaucoup détendue. J'ai beaucoup aimé aussi sa dissertation sur les guerres de religion, et les transferts de violences auxquels ce psychiatre s'est laissé aller ce jour là.

Un roman drôle, décapant et jouissif, un de mes critères pour savoir s'il me plaît , c'est lorsqu'à longueur de pages je note des passages en me disant, avec ça tout le monde aura envie de le lire. Notre société est là devant nos yeux décrite par un Woody Allen à la française.
Lien : http://luocine.fr/?p=5015
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Antoine est un psy qui vit à Paris et qui veut renouer avec l'Histoire son domaine de prédilection et, ainsi, devenir professeur.
Pourtant à 48 ans il n'aurait pas besoin de changer un iota à sa vie. Il a une situation enviable : une épouse obsessionnelle, une belle-mère hypocondriaque, un frère aîné qui vit à ses crochets, une secrétaire qui le déteste et des patients phobiques et fidèles à souhait.
Mais, surtout, surtout, son meilleur ami… Ah son meilleur ami !
Félix, est un ami d'enfance comme celui de toutes les circonstances ; celui qui trouve toujours les mots qui ne servent à rien. Un ami qui aime toujours tricher et mentir. Félix qui a ce talent de ne jamais dire la vérité ; un personnage sur qui on ne peut malheureusement pas compter.
Félix est né avec un sourire imprimé et en présence d'Antoine, les défauts de Félix s'épanouissent.
Alors, Antoine se lance à s'inscrire à la Sorbonne et emmène avec lui son ami. Alors là, c'est un florilège d'échanges et de circonstances mémorables…
Sous des phrases courtes à l'humour décalé avec des échanges vaudevillesques, la complicité désaccordée de l'amitié est distrayante et détonne dans une grande maîtrise d'Antoine Sénanque.
Un coup de coeur !
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Pour transformer une banale histoire de mari trompé, de frère encombrant et de copain imprévisible, il fallait tout le talent d'Antoine Sénanque dont j'avais auparavant apprécié l'ouvrage inoubliable "La grande garde"
Le héros et narrateur, souvent désespéré, de de ce roman très bien écrit s'est brusquement mis en tête de compléter ses études de psychiatre par celles d'historien. C'est sans compter sans la compagnie originale de son copain d'enfance farfelu à la limite du plausible.
Malgré cette modeste trame, largement hérissée de réminiscences littéraires (un peu trop ?) j'ai été captivée par ce livre au ton subtil et léger, qui nous laisse entrevoir l'état d'esprit d'un homme qui conserve, quoi qu'il arrive une grande place à l'amitié.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Je pense que les maladies prennent conseil, dans le monde invisible, débattent entre elles, échangent leur expérience et jugent leurs hôtes. À la qualité de l’accueil.
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Félix ne fait jamais la gueule. Jamais. son humeur est bonne. Désespérément . Il est venu au monde avec son sourire imprimé comme une tache de naissance. C’est mon meilleur ami, je ne lui veut aucun mal. mais j’avoue qu’une baisse de forme passagère n’altérerait pas nos rapports. Sans lui souhaiter une dépression majeure, un petit accès mélancolique de temps en temps serait vivifiant pour notre désormais très vieille amitié.

J’ai un ami Félix. Un garçon qui trouve toujours les mots qui ne me servent à rien.
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On lie l'amitié à la confiance. On aime celui "sur qui on peut compter quand...". On confond ami et secouriste. Je suis entouré par une majorité d'êtres humains qui me secouraient en cas de naufrage et qui n'ont aucune place dans ma vie de prénaufragé. Si je vois un inconnu tomber dans la rue, je l'aide à se relever. Mes malades, je les soigne. Les amis sur qui je peux compter m'encombrent, comme des bouées sur le pont d'un bateau par beau temps, comme des canots de sauvetage sur un lac.
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Les pères meurent souvent avant l'heure de leur mort. Ils offrent à leurs enfants une répétition générale quelques années avant leur dernière. Probablement pour ne pas leur briser le cœur.
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Tout ce qui est mauvais sur terre est polonais pour Madeleine. le raz de marée qui a dévasté la Thaïlande est polonais. Les électeurs de l’extrême droite sont polonais, comme les médecins qui ne savent pas soigner les maux de gorge . En réalité, le grand amour de ma belle-mère était un polonais, lucide, qui l’abandonna, lui laissant au ventre le souvenir d’Élisabeth.
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