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EAN : 9782020016551
152 pages
Seuil (01/03/1956)
3.96/5   37 notes
Résumé :
Ces deux premiers recueils du poète s'inscrivent déjà dans le mouvement de la négritude qui entendait représenter l'identité noire et sa culture.

Source: Electre
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est le premier recueil de Senghor que je lis, je n'ai pas d'appareil critique dans mon édition, que l'on me pardonne si je fais une erreur de compréhension ou de jugement. Mais après tout, la poésie doit moins s'analyser que se ressentir, ce sera mon interprétation personnelle et non une étude scientifique.
Senghor publie ici son premier poème, en 1945, à la sortie de la guerre et de la Libération, lui qui a combattu pour la France et a été fait prisonnier. Il commence par décrire Paris : « je contemple toits et et collines dans la brume ». Mais ce n'est pas n'importe quel Paris, ce Paris lui évoque ses frères morts – le premier poème qui ouvre le recueil s'intitule ainsi de façon révélatrice « In Memoriam », des morts qui sont loin de lui, reposant loin, en terre africaine. Car ce Paris évoque la colonisation : le 2ème poème s'intitule « Porte dorée », là où, en 1931, s'est tenue la grande exposition coloniale au bois de Vincennes. Par une association d'idées et de sons, avec presque une assonance, la Seine lui fait alors penser au Sine, un royaume situé au Sénégal qui existait avant la colonisation dont Senghor est originaire. le recueil de poème devient donc alors un autre « cahier d'un retour au pays natal » pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Aimé Césaire – le quatrième poème est, lui, titré « Lettre à un poète » et dédicacé à Césaire. Il semble ainsi que ce soit Césaire qui le guide sur la voie de la poésie, d'une poésie qui doit justement être le chant de la négritude, concept qu'on pourrait définir comme un retour aux racines, à la culture noire : « Aurais-tu oublié ta noblesse, qui est de chanter / Les Ancêtres, les Princes et les Dieux, qui ne sont fleurs ni gouttes de rosée ? ».
Le poète-narrateur part donc en voyage sur la terre de ses ancêtres. Ce voyage fait appel aux sensations, le son des tamtams qui permettent de chanter et de danser, le goût des festins, l'odeur des arbres et de la terre sèche, et la douceur de la peau d'une femme, la vision de la beauté d'une femme nue – avec le poème très beau et très sensuel « Femme noire ».
Les poèmes changent ensuite il m'a semblé, ils reconstituent par les images tout un paysage, celui de la terre africaine ancestrale pour Senghor, avec ses lianes, ses brousses, sa végétation et ses animaux comme le lion et la gazelle. Mais l'Afrique a été atteinte dans sa chair par « les mains blanches » qui ont asservi les peuples en esclavage, fait s'écrouler des empires, abattu la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer / [Abattu] les forêts d'Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu'on manquait de matière première humaine » (« Neige sur Paris »). Senghor peint le portrait d'une Afrique de la mémoire et de la joie, insistant sur la danse et sur les chants des griots qui transmettent les épopées. Dans l'écriture même, il se rapproche des chants épiques et mémoriaux des griots.
Mais le poète a une identité complexe, partagée, mélangée. Il est « docteur en Sorbonne, bedonnant de diplômes », « pasteur de têtes blondes sur les plaines arides de vos livres ». Il aime Paris et ses toits, ses femmes aussi. Il a été nourri par la poésie classique, faisant référence aux Muses antiques tout comme aux Esprits et aux Ancêtres. Sa poésie semble donc unir, ou en tout cas mêler, ses deux cultures.
Encore une fois, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, d'avoir tout bien exprimé, plusieurs images m'ont semblée plutôt obscures, mais j'ai été frappée par la force de cette écriture.
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Beaucoup de pages
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Ce livre est tres beau
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Jusqu'à présent je lis toujours ces mots qui sont tellement différents de ceux que nous entendons et employons habituellement. C'est un poème vraiment unique, il faut beaucoup d'ouverture d'esprit et synthèse pour comprendre ce recueil de poème. J'ai pas encore fini de le lire, pas de critique D'abord
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Trop tristesse
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au cœur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle


Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée


Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.


Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.


Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
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Neige sur Paris

Seigneur, vous avez visité Paris par ce jour de votre naissance
Parce qu’il devenait mesquin et mauvais
Vous l’avez purifié par le froid incorruptible
Par la mort blanche.
Ce matin, jusqu’aux cheminées d’usines qui chantent à l’unisson
Arborant des draps blancs
- " Paix aux Hommes de bonne volonté ! "
Seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé, à l’Europe divisée
A l’Espagne déchirée et le Rebelle juif et catholique a tiré ses mille quatre cents canons contre les montagnes de votre Paix.
Seigneur, j’ai accepté votre froid blanc qui brûle plus que le sel.
Voici que mon cœur fond comme neige sous le soleil.
J’oublie
Les mains blanches qui tirèrent les coups de fusils qui croulèrent les empires Les mains qui flagellèrent les esclaves qui vous flagellèrent
Les mains blanches poudreuses qui vous giflèrent, les mains peintes poudrées qui m’ont giflé
Les mains sûres qui m’ont livré à la solitude à la haine
Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l’Afrique,
au centre de l’Afrique
Droits et durs, les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes.
Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer
Elles abattirent les forêts d’Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu’on manquait de matière première humaine.

Seigneur, je ne sortirai pas ma réserve de haine, je le sais, pour les diplomates qui montrent leurs canines longues Et qui demain troqueront la chair noire.
Mon cœur, Seigneur, s’est fondu comme neige sur les toits de Paris

Au soleil de votre douceur
Il est doux à mes ennemis, à mes frères aux mains blanches sans neige
A cause aussi des mains de rosée, le soir, le long de mes joues brûlantes.
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Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
A peine pas même la chanson de nourrice.
qu'il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, ecoutons
Batre le pouls profonds de l'Afrique dans la brume des village perdus
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-même
dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s'alourdit la langue des chœurs alternés .
C'est l'heures des étoiles et de la Nuit qui songe
S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
si confidentiels, aux étoiles ?
dedans, le foyer s’éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.
femme, allume la lampe au beurre claie, que causent autour les ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
écoutons la voix des ancêtres d'Elissa. Comme nous exilés
ils n'ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d'ames propices
ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sorti du feu et fumant
que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix
vivante, que j'apprenne à vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.
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Le totem

Il me faut le cacher au plus intime de mes veines
L’Ancêtre à la peau d’orage sillonnée d’éclairs et de foudre
Mon animal gardien, il me faut le cacher
Que je ne rompe le barrage des scandales.
Il est mon sang fidèle qui requiert fidélité
Protégeant mon orgueil nu contre
Moi-même et la superbe des races heureuses…
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Tu es son épouse, tu as reçu le sang sévère et le tribut de sang peul.
O sangs mêlés dans mes veines, seulement le battement nu des mains!
Que j'entende le chœur des voix vermeilles des sang-mêlé!
Que j'entende le chant de l'Afrique future!
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