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Daryush Shayegan (Éditeur scientifique)
EAN : 9782729106089
127 pages
Editions de La Différence (24/01/1997)
5/5   6 notes
Résumé :
Sohrāb Sepehrī (1928-1980). Originaire des oasis de Kāshān,
la « Terre verte », Sepehrī s’est voulu solitaire, guetteur à la
croisée des temps, des éléments et des cultures.

Et pénétré de sa vocation à dépasser la pauvreté spirituelle du siècle, à retrouver les sources d’une mémoire, les pouvoirs d’un
langage se pliant mal au « lyrisme de pensée ».

En même temps, il renoue avec les leçons ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sohrâb Sepekrî est peintre et poète iranien, son oeuvre, même si elle s'inscrit dans la pure tradition persane est pleine de modernité où transparait son goût pour l'Asie, la Chine et le Japon.
Son recueil « Les pas de l'eau » est une poésie claire, pure et cristalline. Mystique, exalté, c'est un grand amoureux de la nature, ses poèmes sont construits par petites touches colorées et sont remplis de lumière, il dit lui-même :
« Je viens de Kâshân –
Je suis peintre-
Je fais quelquefois une cage avec des couleurs… »

Ou encore,
« Que de caresses ne verse-t-elle pas, cette lumière –
Qui rêve dans le bol de cuivre ! »

Ainsi s'écoule et vous berce sa poésie lyrique, et, parfois il dépose des phrases semblables à des haïkus qui étonnent, ravissent et cisèlent joliment son chant :

« Les crapauds chantent et parfois
Une chouette des bois » »…

« La lune cisèle les contours de l'assiette où veillent les concombres »…

« Dans ma prière coule la lune
Coulent les couleurs de l'arc-en-ciel ».

le poète vécut seul toute sa vie à Kâshân, il aime « son désert » cette immensité de solitude, qu'il affectionne et qui nourrit sa méditation sur la vie, la mort, la solitude :
« Puissé-je me souvenir que je suis seul ! –
Au-dessus de la solitude flotte la lune ».

Ou encore cette très belle évocation dans « Oasis dans l'instant » :
Et quand le souffle de la soif frémit dans la racine d'une feuille
Les cloches de la pluie se mettent à sonner.
Ici l'homme est tout seul
Et dans cette solitude
L'ombre de l'orme s'étend jusqu'à l'éternité.
Si vous venez m'y chercher,
Venez-vous-en donc lentement et doucement
de crainte que ne se raye
La porcelaine de ma solitude »

Bravo à l'éditeur pour cette édition bilingue, français, Persan en vis à vis , la beauté graphique des lettres est une valeur ajoutée. Un petit livre 120p que je vais garder sous la main, la beauté nourrit la vie.
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L'un des plus grands poètes de l'Iran contemporain, mort en 1980, selon le jugement du préfacier, Dâriush Shayegan. La beauté propre des poèmes de Sepehrî s'éclaire du commentaire de Shayegan, penseur de l'Orient, de la rencontre entre raison, imagination et mystique, ainsi que du verbe avec le dessin et l'enluminure. En effet, la vie de Sepehrî semble refléter fidèlement les thèses du préfacier : voyageur infatigable aux quatre coins de l'Asie, connaisseur du Japon, de l'Inde et de ces structures de pensée traditionnelle que Shayegan a si bien décrites, poète et graveur des formes et des couleurs. Ainsi la modernité iranienne rejoint-elle, sans aucune servilité, la plus vénérable tradition, celle de Mani ou de Behzâd.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai bâti une maison à l'autre bout de la nuit.
Ici, dans cette maison, je suis tout proche de l'anonymat humide de l'herbe.
J'entends le crépitement du souffle du jardin,
Le son de l'obscurité lorsqu'elle coule de la feuille,
Le grincement de la toux de la lumière derrière l'arbre,
L'éternuement de l'eau dans les fissures des pierres,
L'égouttement des hirondelles du plafond du printemps,
Le battement clair des fenêtres de la solitude qui s'ouvrent et se referment,
Le chuchotement pur de l'amour qui change mystérieusement de peau,
L'intense désir des hauteurs qui crépite dans l'aile,
Le crissement d'une fêlure qui raie la maîtrise de l'esprit.
J'entends marcher la passion,
Le piétinement inexorable du sang dans les veines,
La pulsation matinale des puits d'où s'envolent les pigeons.
La fièvre vespérale au cœur des Vendredis.
J'entends l'écoulement des œillets dans les méandres de la pensée,
Le hennissement clair de la Vérité au loin.
J'entends la vibration furtive de la matière.
Et l'usure des semelles de la foi dans la rue de l'extase.
Et le clapotement de la pluie :
Sur les paupières moites de l'amour,
Sur la musique triste de la puberté,
Sur le chant pourpre des grenadiers.
Et le tintamarre des vitres de la joie qui éclatent dans la nuit.
Et le déchirement du parchemin de la Beauté,
Et la pompe du vent qui emplit et qui vide le corps de l'Exil.
Je suis proche des origines de la terre.
Je tâte désormais le pouls des fleurs.
J'ausculte le destin fluide de l'eau, l'accoutumance verte de l'arbre.
Mon âme circule dans la vertu inédite des choses.
Mon âme est encore toute jeune,
Parfois, à force de désir, la toux la prend à la gorge.
Mon âme oisive vaque à l'accueil des choses :
Elle se met à compter les gouttes de pluie et les joints des briques.
Mon âme est aussi palpable qu'une pierre
Au bord du chemin
Je n'ai jamais vu la haine de deux peupliers.
Je n'ai jamais vu un saule vendre son ombre à la terre.
Et gratuitement l'orme offre sa branche aux corbeaux.
Partout où frémit une feuille, s'épanouit aussi le bourgeon de l'ardeur.
L'ivresse d'un pavot m'a baptisé déjà dans le vertige du devenir.
Telle l'aile de l'insecte je connais le poids de l'aube.
Tel un pot pour les fleurs je tends l'oreille au murmure de la croissance.
Telle une corbeille pleine de fruits j'assiste à la fièvre des métamorphoses.
Telle une taverne désolée je m'arrête à la frontière de l'ennui.
Et tel une maison au bord d'une plage,
Je contemple les flots qui m'invitent à leur cadence éternelle.
Du soleil tant que tu voudras ! de l'union tant que tu voudras ! De la profusion tant que tu voudras !
Je m'en tiens facilement à une pomme.
De même qu'au parfum d'une camomille.
Je me contente d'un miroir, d'un attachement pur.
Je ne ris pas quand éclate un ballon.
Je ne ris pas si une quelconque philosophie coupe la lune en deux.
Je connais le bruissement de l'aile des cailles.
La couleur du plumage des outardes, les traces de la foulée des chevreuils.
Je sais bien où poussent les rhubarbes, quand vient l'étourneau,
Quand chante la perdrix, quand meurt le faucon.
Je sais comment se lève la lune dans le rêve du désert.
Je connais la présence de la mort dans la tige du désir,
Et le plaisir au goût de framboise que procure l'étreinte charnelle
La vie est somme toute une habitude agréable.
La vie a des ailes aussi vastes que la mort,
Un essor vertigineux comme l'amour.
La vie n'est pas cette chose que nous oublions, toi et moi,
L'ayant égarée naguère dans la niche de l'habitude.
La vie est cette main tendue qui s'apprête à cueillir
Les premières figues noires dans la bouche acre de l'été,
La vision qu'offre l'arbre aux yeux multiples des insectes,
La sensation étrange qu'éprouvent les oiseaux migrateurs,
Le sifflement d'un train qui vire dans le rêve d'un pont,
La vie est reflet multiplié par le miroir,
Fleur "à la puissance de l'éternité",
Elle est : terre amplifiée par nos battements de cœur,
Géométrie simple et monotone de nos respirations.
Il faut laver nos yeux.
Il faut voir d'une autre manière.
Il faut purifier nos mots.
Il faut que le mot puisse lui-même devenir vent,
Puisse lui-même devenir pluie.
Il faut plier nos parapluies.
Il faut rester sous la pluie.
Il faut que pensée et mémoire en puissent être imprégnées.
Il faut suivre toute la ville à l'accueil de la pluie.
Voir son ami sous la pluie.
Chercher l'amour sous la pluie.
S'unir à une femme sous la pluie.
Se livrer au jeu sous la pluie.
Écrire, parler ou planter des volubilis sous la pluie.
La vie n'est qu'un baptême perpétuel.
Une ablution dans la vasque de l'éternel présent.
.

.
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Ô respect que procure la blancheur immaculée du papier
Le pouls de nos lettres bat
en l'absence même de l'encre
du calligraphe.
Dans la pensée du présent
l'attrait de la forme s'évanouit.

Il faut fermer les livres.
Il faut se dresser
Et marcher sur le prolongement de l'Heure.
Il faut contempler les fleurs,
Prêter l'oreille au silence du mystère,
Courir jusqu'au fin fond de l'Etre.
Il faut répondre à l'appel parfumé de la terre du Néant.
Et atteindre le lieu où se rencontrent l'arbre et Dieu.
Il faut s'asseoir
au seuil de l'Expansion mystique
quelque part entre l'Extase et le
Dévoilement.
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Pas de nuages.
Pas de vent.
Je m'assieds au bord du bassin :
Jeu frétillant des poissons, lumière, fleurs, eau, reflet de moi-même;
Éclat virginal de la grappe de vie...
Ciel sans taches, pétunias lavés de pluie.
Salut imminent : accroché aux fleurs du jardin.
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Allons donc vers la mer,
Jetons-y un filet.
Extrayons-en la fraîcheur.
Enlevons de la plage un grain de sable,
Palpons grâce à ce geste
Le poids frêle d l'existence.
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Refusons le livre où ne souffle aucun vent,
Le livre où la rosée ne distille point de fraîcheur,
Là où la vie reste fermée à l'espace des visions.
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