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François Gaudry (Traducteur)
EAN : 9782864244721
159 pages
Editions Métailié (06/05/2003)
3.96/5   284 notes
Résumé :
Qu'est-ce qui rapproche un pirate de la Mer du Nord mort il y a 600 ans ; un militant qui attend le 31 mars l'éclosion des roses d'Attacama ; un instituteur exilé qui rêve de son pays et se réveille avec de la craie sur les doigts ; un italien arrivé au chili par erreur, heureux à cause d'une énorme erreur et qui revendique le droit de se tromper ; un bengali qui aime les bateaux et les amène aux chantier où ils seront détruits en leur racontant les beautés des mers... >Voir plus
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La phrase "J'étais ici et personne ne racontera mon histoire", gravée sur une pierre du camp de concentration de Bergen Belsen, est le moteur de ce recueil de 35 "histoires marginales". Poussé par le besoin de rendre hommage aux héros anonymes, Luis Sepúlveda fait oeuvre de mémoire. En quelques pages, il tire de l'oubli ou de l'inconnaissance des personnages dont l'Histoire n'a que peu retenu les noms, et qui ont en commun la résistance. Celle qui s'élève face aux barbaries nazie, chilienne, argentine,..., ou celle qui s'oppose à la "civilisation" détruisant la Nature, bref, la résistance à tout ce qui peut briser la liberté, le bonheur, l'amour, la beauté, l'humanité et son environnement. Ces textes sont écrits avec autant de simplicité et de sobriété que de compassion et de générosité. Plutôt que de dresser un acte d'accusation en règle à l'encontre des dictatures qui ont pulvérisé tant de vies, Sepúlveda, lui-même opposant de la première heure à Pinochet, préfère parler d'humanité, de solidarité et d'espoir. Proclamer sa foi en la nature humaine en dépit de tout ce qui s'acharne à l'asservir ou la pervertir, cela peut sembler idéaliste ou édifiant. En l'occurrence, c'est surtout très touchant. Je ne résumerai que deux de ces "brèves de mémoire". Dans celle qui donne son titre au recueil, "Les roses d'Atacama", il est question de Fredy, jeune militant socialiste qui sera exécuté par la junte chilienne, et qui, dans un carnet, "notait consciencieusement toutes les merveilles du monde", comme les 320 platanes du Parque Forestal de Santiago, et surtout la floraison éphémère des roses dans le désert d'Atacama, le plus aride du monde. La deuxième, "Un certain Lucas", raconte l'histoire d'un groupe de jeunes gens fuyant Buenos Aires et la répression militaire en 1976-77 et se réfugiant au fin fond de la Patagonie. Au début confrontés aux conditions climatiques hostiles, ils bénéficient très vite de la solidarité des paysans locaux qui les aident à survivre. Lorsque le "progrès néo-libéral" atteint ces contrées pour s'enrichir en déboisant la région, le groupe, avec un certain Lucas Chiappe à sa tête, s'oppose aux tronçonneuses pour sauver les forêts. C'est ainsi qu'est né le projet Lemu ("bois" en mapuche), mené, selon les autorités contrariées, par un groupe de "hippies de merde qui s'opposent au progrès". Aux dernières nouvelles, ils n'ont d'ailleurs pas encore fini de s'y opposer*.

A lire et à relire pour apprendre puis ne pas oublier.

*http://bloglemu.blogspot.com/
Lien : https://voyagesaufildespages..
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De Luis Sepulveda, depuis le vieux qui lisait des romans d'amour, je sais que je lirai tout. Sepulveda est devenu nécessaire, voire vital à Horusfonck-des-littératures innombrables.
Ces trente-cinq textes qui emplissent Historias marginales, sont autant d'hommages et de justice rendus à ceux et celles que l'histoire a broyés ou/et au mieux et au pire oubliés.
Luis Sepulveda y a mis le coeur et la concision de l'homme révolté, exilé.
L'écrivain disparu nous rappelle qu'il y a pire que la mort ou le combat perdu: L'oubli.
Ces trente-cinq récits sont trop peu nombreux, mais ils sont le coup de plume (je n'ose dire de fouet...) vigoureux à chacun de nous pour continuer ce travail de recherche des oubliés dont le nom s'efface irrémédiablement.
Pour prendre un exemple, "68", tiré de ce fabuleux recueil: Il y est question de Prague et de son printemps écrasé sous la botte soviétique. Sepulveda y rappelle Jan Palach qui s'immola par le feu. J'y pense souvent, puis que la station de bus et la rue en face de chez moi, à Angers, portent son nom! Mais qui sait qui fut Jan Palach?.. L'auteur nous présente aussi Miki Volek, que je ne connaissais pas.
Quand je dis que ces trente-cinq textes sont de lecture non dispensable.
Encore un immense merci à vous, Luis sepulveda qui n'êtes plus mais dont le nom restera comme un fleuve éternel.
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"J'étais ici et personne ne racontera mon histoire". Cette courte phrase gravée sur une pierre à Bergen-Belsen a insufflé à Luis Sepulveda l'idée de sortir de l'oubli les résistants à n'importe quel abus de pouvoir. Lui-même ayant vécu la barbarie du régime totalitaire de Pinochet, puis l'exil, a décidé de raconter des vies d'hommes et de femmes qui ont lutté pour la liberté et la démocratie, au péril de leur vie le plus souvent, au service de la mémoire s'ils ont survécu aux humiliations et aux coups.

Sepulveda a usé ses semelles sur les routes d'Amérique du Sud et d'Europe à la recherche de ces destinées méconnues ou inconnues. Il rend hommage à leur humanité, leur courage et leur détermination à vivre debout quoi qu'il arrive.

34 "historias marginales" racontent ces personnes engagées, poursuivies, malmenées, assassinées, sans jamais sacrifier au pathétisme ou à l'amplification des souffrances morales ou physiques. Au-delà du récit, les mots simples et implacables de Luis Sepulveda mettent d'eux-mêmes en accusation les dictatures internationales.

Sur les 34 histoires humaines, deux sont consacrées à un chien fidèle et aux derniers moments d'un chat de Sepulveda atteint d'un cancer des poumons. Deux "héros" à quatre pattes qui ont dédié leur vie au souvenir du maître et à l'amour d'une famille.

34 histoires marginales sans doute mais émouvantes et pleines de confiance dans la nature humaine malgré l'horreur et les échecs.
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Normalement, je ne raffole pas trop des recueils de nouvelles, histoires bien trop courtes et donc pas assez développées à mon goût. J'ai fait exception ici car je voulais découvrir autre chose de l'auteur, autre chose que de la littérature jeunesse. "Les roses d'Atacama" était le seul livre de Luis Sepúlveda disponible à la bibliothèque correspondant à ce que je recherchais. Et pour une fois, je ne ressors pas trop déçue d'un recueil de nouvelles, certainement parce qu'on peut les qualifier d'histoires "vraies" et que je les ai donc lues avec un regard bien différent de d'habitude.

Luis Sepúlveda raconte 35 histoires, de personnes qu'il a connues, qui ont croisé son chemin, ou dont l'histoire est arrivée à ses oreilles. Certaines sont connues ou gagneraient à l'être plus, mais la plupart ne le sont pas du tout. Mais que ces gens soient des "personnalités" ou des anonymes, chacune de leurs histoires marquent les esprits. Luis Sepúlveda revient sans cesse à ce qui lui est le plus cher : son combat pour la protection de l'environnement et surtout pour la défense des droits de l'Homme. Chacune d'entre elles démontrent que tous les êtres humains ne sont pas tous des pourris, laissent à penser qu'on peut encore avoir espoir sur la nature humaine... L'auteur nous raconte des tranches de vie de héros méconnus, souvent des militants, considérés pour la plupart comme des "marginaux" (d'où le titre original de ce livre et qui lui correspond bien mieux : "Historias marginales").

Ces petites histoires sont très courtes, trois ou quatre pages pour chacune d'entre elles en moyenne, mais sont pourtant pertinentes. Elles peuvent être émouvantes, poignantes, percutantes, éloquentes, et parfois tout ça à la fois. Elles sont pour la majorité d'entre elles pleines de sensibilité et d'humanité.

La plume de l'auteur peut se faire aussi cassante et déstabilisante qu'elle est envoûtante, tendre et poétique. Toujours une pure merveille à mes yeux.

C'est un très bel hommage qu'a rendu Luis Sepúlveda à tous ces gens connus, peu connus, pas assez connus, méconnus, inconnus.

Un livre humaniste et militantiste qui prône le devoir de mémoire.

Un très beau moment de partage.
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Trente-quatre histoires marginales naissent sous la plume et de la mémoire de Luis Sepulveda. Trente-quatre récits qui s'inscrivent en lettres de feu dans l'esprit du lecteur.

L'auteur rend un vibrant hommage à l'humanité et à la nature à travers des vies singulières. Elles sont toutes marquées par la résistance. Résistance à un régime dictatorial, qu'il s'agisse du Chili de Pinochet, de l'Argentine de Peron et de bien d'autres pays. Résistance à la destruction de la nature, sous prétexte de progrès et de nécessité capitalistique comme la déforestation en Amazonie ou la pêche à la baleine au Japon.

Les hommes et femmes présentés par Luis Sepulveda ont pour la plupart été pourchassés, arrêtés, torturés. Et pour certains, lâchement exécutés sans le moindre procès. Beaucoup ont connu l'exil, comme l'auteur lui-même. Mais aucun ne renonça à la lutte pour la liberté et la démocratie.
Deux récits diffèrent en parlant respectivement d'un chien Fernando et d'un chat Zorbas. Celui-ci servit de modèle pour le merveilleux conte Histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler. Comme pour le reste du recueil, on y retrouve les notions de solidarité et de respect apporté à la dignité de toute vie.

Les histoires sont très marquantes. La simplicité d'écriture de l'auteur ne les rend que plus percutantes. Il n'y met nul pathos et ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Au contraire, il tend plus à transmettre le flambeau de la résistance, qu'elle soit de nature syndicale, politique, idéologique et écologiste.

Et à ce que tout lecteur réfléchisse à la question qu'il s'est posé quand il s'est rendu au camp de concentration de Bergen-Belsen: "Qu'est ce que je peux faire, moi, pour que cela ne se reproduise pas?"
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Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Il y a quelques années j'ai visité le camp de concentration de Bergen Belsen, en Allemagne. Dans un silence atroce j'ai parcouru les fosses communes où gisent des milliers de victimes de l'horreur, en me demandant dans laquelle se trouvaient les restes de cette enfant qui nous a légué le plus émouvant témoignage sur la barbarie nazie et la certitude que la parole écrite est le plus grand et le plus invulnérable des refuges, car ses pierres sont soudées par le mortier de la mémoire. J'ai marché, cherché, mais je n'ai trouvé aucune indication qui me conduise jusqu'à la tombe d'Anne Franck.
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En mai dernier j'étais à Pietrasanta et j'ai vécu la commotion provoquée par la mort de deux cavatori. Ils ont péri sous un bloc de marbre qui s'est détaché de la carrière sans leur donner le temps de réagir. La région de Carrare prend entre six et huit vies de cavatori par an. Pendant les obsèques, le seul artiste présent a dit que ces deux cavatori étaient des martyrs qui étaient morts pour l'art. Mais un des travailleurs a craché le toscano qui pendait de ses lèvres et précisé : non, ils sont morts parce qu'il n'y a pas assez de mesures de sécurité, ils sont morts pour un salaire de merde.
Et une fois de plus j'ai constaté que la vérité des gens simples valait plus que toutes les vérités de l'art.
Décidément, les filles et les garçons de Pietrasanta m'intéressent beaucoup, ces marbriers qui, sachant que leur vie sera brève, parce que la poussière de marbre est une malédiction blanche qui pétrifie leurs poumons, continuent pourtant de perpétuer la formidable tradition humaine de la beauté et de l'harmonie.
Si j'étais sculpteur et qu'on me commandait une statue d'Alexandre le Grand, au pied de celle-ci ma signature serait la dernière. Viendraient d'abord les noms des cavatori qui auraient choisi, découpé et descendu le marbre de la montagne. Puis les noms des marbriers qui lui auraient donné forme, suivis des noms de ceux qui auraient préparé le lard, apporté le romarin, et ceux des boulangers et des vendangeurs du vin frais de Toscane.
Lectrice, lecteur, quand tu regarderas une statue sculptée dans le marbre de Carrare, pense aux cavatori et aux marbriers de Pietrasanta. Pense à eux et salue leur digne anonymat.
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Bergen Belsen n'est certes pas un lieu de promenade, car le poids de l'infamie y est oppressant, et à l'angoissante question « Qu'est-ce que je peux faire, moi, pour que cela ne se reproduise pas ? » répond le désir de connaître et de raconter l'histoire de chacune des victimes, de s'accrocher à la parole comme unique conjura tion contre l'oubli, de raconter, de nommer les faits glorieux ou insignifiants de nos pères, les amours, les enfants, les voisins, les amis, de faire de la vie une méthode de résistance contre l'oubli, car, comme le soulignait le poète Guimarães Rosa, raconter c'est résister.

[Histoires marginales]
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Les Indiens Machiguenga (...) l'accueillirent avec une exemplaire générosité. Les Kogapakori et les Ashuar se comportèrent de la même manière. La réponse de Fitzcarraldo fut d'en faire des esclaves pour recueillir les milliers de gouttes de latex qui couleraient chaque jour des cicatrices ouvertes sur les arbres à caoutchouc, mais la seule chose qui coula en abondance fut le sang des habitants d'Amazonie. Les calculs les plus optimistes font état de trente mille Indiens morts en une année. Ce fut la première grande rencontre de Manú avec la civilisation occidentale et chrétienne.

Sur les traces de Fitzcarraldo
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1988 fut déclarée année des océans par pure convention. Parce qu'il fallait célébrer quelque chose. Elle aurait pu aussi bien s'appeler année des forêts, et celles-ci auraient continué à brûler, à disparaître de la planète dans la totale indifférence de gouvernements négligents signataires de traités de protection et de développement des forêts. Elle aurait pu aussi s'appeler année de l'atmosphère, et les pays industrialisés n'auraient pas pour autant interrompu les émanations qui trouent la couche d'ozone et sont responsables du réchauffement de la croûte terrestre.
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