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sur 4965 notes
Ce braconnier, trouvé mort par des indiens Shuars sur la berge de la rivière Nangaritza, pourrait figurer au palmarès de l'inconscience. Il faut en effet une sacrée dose de cupidité pour oser débusquer en solitaire des bébés jaguars alors que les parents de la progéniture sont dans les parages…

Rassemblés autour du cadavre mutilé, quelques habitants d'un petit village équatorien du nom d'El Idilio écoutent avec attention le plus âgé d'entre eux supputer sur les derniers instants de vie de ce chasseur imprudent. Visiblement la jungle n'a pas de secret pour le septuagénaire !

En deux courts chapitres le lecteur découvre l'environnement et fait la connaissance d'un personnage romanesque qu'il n'oubliera pas de sitôt. A El Idilio il est connu sous le nom d'Antonio José Bolivar Proaño mais pour le lecteur il est déjà et restera « le vieux qui lisait des romans d'amour ».

Après quarante années de liberté infinie dans la forêt amazonienne en compagnie de ses amis Shuars, le vieux sentant ses forces décliner s'est installé dans une cabane en bambou. Son besoin d'évasion est toujours intact et se concrétise maintenant par la lecture passionnée de romans à l'eau de rose.

Le vieux sait mieux que quiconque apprécier la frontière ténue entre le monde végétal et animal. Il se méfie par contre de ses semblables, de leur penchant à se croire en territoire conquis. Ce solitaire sentimental, au mode de vie atypique, est un bel exemple d'humilité pour le genre humain dont la course aux profits met chaque jour un peu plus la planète en danger.

Luis Sepúlveda a achevé l'écriture de ce livre en 1988, l'année même de l'assassinat de son ami brésilien Chico Mendès, le défenseur de la forêt amazonienne.
La genèse de cette oeuvre littéraire a débuté dix ans plus tôt. Contraint à l'exil, l'opposant à la dictature chilienne a vécu en 1978 quelques mois en Equateur dans un hameau shuar.
Surpris un jour au coeur de la forêt par un épouvantable orage, Luis et un de ces compagnons amérindiens trouvèrent refuge dans une hutte habitée par un blanc d'un certain âge. de cette rencontre sylvestre, particulièrement conviviale, est né « le vieux qui lisait des romans d'amour ».

Le succès rencontré par ce conte écologique se poursuit depuis plus de vingt ans, preuve s'il en est que les problématiques liées à la préservation de la biodiversité rencontrent dans l'opinion publique un écho durable.
Puisse cet écho aller crescendo dans le temps !
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"Paul lui donna un baiser ardent pendant que le gondolier complice des aventures de son ami faisait semblant de regarder ailleurs et que la gondole, garnie de coussins moelleux, glissait paisiblement sur les canaux vénitiens"
p73

Retenez son nom, la femme du vieux, une jivaro c'est rigolo et bien plus long qu'un simple Nino
Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo
La fort et vierge amazone, hyène
à califourchon sur son homme est devenue sienne
chez les Jivaros, facile de perdre la tête en s'affirmant, jamais vous les verrez faire l'amour en s'embrassant
Vous apprendrez que devant Piranhas, Vampires sanguinaires, fleurs carnivores ou renoncules
Même devant une ocelote déterminée, très en colère
le vieux Antonio José Bolivar jamais ne recule, ni ne baisse culotte.
pieuvre par neuf d'un terrorisme à tenta--culaire...

moralité : Si pas de bras pas de chocolat
alors Pas niqua ni cul'air
j'avoue....j'ai eu très chaud, colas mon p'tit frêre.

intrigue autour du baiser ardent
au milieu du pays des serpents
riche en vocabulaire de tout poil
mérite mes quatre étoiles
pour cette survie en jungle inhospitalière
là où on vit encore, la culotte à l'air....
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j'ai ce petit roman qui traine depuis une éternité au fond de ma bibliothèque.
Malheureusement l'actualité a fait que je l'ai remonté et lu d'une traite.

Ce roman fait peu de pages , mais surtout le vieux a une vie et une image qui fait qu'on s'y attache fortement. Et puis le fond de cette histoire est d'une justesse sans nom, avec plein de douceur malgré un sujet brûlant.
C'est sans doute toute cette douceur qui a un peu atténué ma note , car effectivement je m'attendais a quelque chose de plus piquant, de plus percutant.
Du coup je mets en doute qu'un tel roman puisse parler a une majorité.
Il plaira très certainement , il sera lu , mais je ne suis pas du tout convaincue que la majorité en retiendra les leçons.

Mais j'ai aimé l'écriture de l'auteur ( parce que j'ai oublié de préciser que c'était une découverte pour moi), et je vais donc bien sur continuer de découvrir son oeuvre.
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En route pour une chasse dans la forêt amazonienne à la saison des pluies !
Les glissades dans la gadoue, les ouistitis curieux et voleurs, le silure-perroquet pas méchant mais mortellement affectueux, les crotales au venin tueur, puis aussi, dès que la pluie s'arrête, les nuées de moustiques qui s'insinuent partout, tous ces plaisirs ne sont annoncés dans aucun prospectus de voyagiste !

Pourtant, ceci n'est que le hors-d'oeuvre. La pièce principale est une maman jaguar devenue enragée à la découverte de ses petits assassinés et dépiautés par un affreux chasseur blanc. Elle est un danger pour le petit village d'Antonio José Bolivar, l'homme qui connaît la forêt et tous ses habitants, hommes et animaux. Il a quitté ses amis Shuars pour vivre en bordure du hameau et son plus grand plaisir est de déchiffrer des romans d'amour qui font souffrir mais qui finissent bien.

A contre-coeur, il finira par tuer l'animal, sans aucune fierté. Puis il retournera à son livre dont les mots lui font, parfois, oublier la barbarie des hommes.

Ce petit livre est un enchantement, un chant pour la préservation de la plus grande forêt du monde, une réflexion sur l'arrivée inévitable de la "civilisation" et de la cupidité des gringos.

Un petit bonheur qui se déguste lentement comme un bon café très noir.
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Cet homme a compris que la lecture est un remède à la vieillesse, et ce n'est pas là son unique qualité. Car avant de lire des romans (en fait des romances, personne n'est parfait), Antonio José Bolivar a appris la nature sauvage de ceux qui la peuplent. Il est l'antithèse du chasseur blanc, un braconnier tué par une femelle jaguar, devenue féroce après qu'il a abattu ses petits par vénalité. le fauve contre lequel Antonio engage un combat - qu'il est le seul à pouvoir gagner - pour protéger de sa vengeance instinctive et légitime ses amis les Shuars, peuple de la forêt amazonienne.

Ce roman du facétieux Luis Sepúlveda est une fable écologique qui se garde de tout angélisme. Dans ce domaine, on sait que la naïveté des remèdes peut se révéler pire que le cynisme des profiteurs. Souhaitons que ce tout petit livre - qui rend hommage à Chico Mendès, défenseur de la forêt amazonienne assassiné - très grand par sa poésie et puissant par son message, sensibilise utilement ses bienheureux lecteurs à l'indispensable nécessité de préserver notre terre.
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Le jeune Antonio José Bolivar quitte ses montagnes péruviennes pour se faire colon en Amazonie, là où on lui offre une terre à déboiser. Mais le paradis promis jusque dans l'ironique toponyme de ce trou perdu dans l'immensité verte de la forêt – El Idilio – est en réalité un enfer. Après de dramatiques déboires, il abandonne bientôt toute velléité de dompter la nature et choisit plutôt de s'adapter à elle en assimilant l'ancestrale expérience des Indiens Shuars.


Mi-conte, mi-récit d'aventures, le texte fascine d'emblée son lecteur, au gré de dépaysantes péripéties qui nous font d'abord passer des rêves du gringo blanc à son désenchantement désespéré au contact d'un environnement hostile et incontrôlable. Contrairement à ses semblables, Antonio José Bolivar accepte de plier et de changer, admiratif et curieux de la manière dont les Shuars réussissent, eux, à vivre heureux dans cet environnement dont ils ont appris à tirer le meilleur parti. Cette acclimatation s'accompagne d'un complet changement de regard. Désormais, c'est entre raillerie et désapprobation que l'on observe les nouveaux arrivants, passant du rire devant le ridicule de leurs comportements inadaptés, à la consternation face aux destructions engendrées à la longue par leur persévérance et leur nombre. Car, aussi insensée et risible soit-elle, et même si certains y laissent la vie, la cupidité finit par grignoter la forêt, détruisant aveuglément ce territoire volé à la vie sauvage et aux Shuars.


Finalement, lui qui se sera efforcé sa vie durant « de mettre des limites à l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette oeuvre maîtresse de l'homme civilisé : le désert », ne pourra que mesurer tristement l'étendue des dégâts. Alors que la jungle amazonienne cède de plus en plus de terrain, menaçant les Shuars comme la fonte de la banquise les ours polaires, ne reste plus, au vieil homme qu'est devenu Antonio José Bolivar, que l'évasion vers le paradis artificiel des romans à l'eau de rose qu'il affectionne depuis qu'il a, sur le tard, appris à lire avec émerveillement.


L'humour du désespoir anime ce bref et émouvant roman, façonné par l'engagement écologique de l'écrivain, qui, ayant partagé un an le mode de vie des Indiens Shuars en Amazonie, a pu mesurer de près l'impact de la colonisation de leur territoire. Après avoir ri et tremblé, c'est le coeur serré que l'on referme cette ode magnifique à la nature et à la diversité des rapports aux mondes. Car, comment ne pas voir dans l'ultime combat perdu d'avance du valeureux jaguar de cette histoire, la lutte désespérée, et souvent réprimée dans la violence, des peuples d'Amazonie pour la reconnaissance de leurs droits ? Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La présentation du court roman de Pierre Lepape, est parfaite : elle est concise et complète, il indique l'historique de la parution, les motivations de Luis Sépùlveda.
Le roman n'est pas épais, mais il intense : Luis Sépùlveda explique les mécanismes du peuplement de la forêt amazoniennes, il initie à la vie des Shuars ( Indiens), il dénonce la déforestation , il colore les villages des « gringos » au bord du Nangaritza, il invite à une partie de chasse qu'il regrette.
Ce monde hostile est vu à travers les yeux du vieux qui lisait des romans d'amour, qui l'humanise. En tant que lecteur, je suis devenu solidaire de ce vieux lecteur.
Les nombreuses images que révèlent « les citations » ajoutent encore au plaisir de lire ce conte.
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Ce Vieux qui lisait des romans d'amour, fut ma première lecture de Luis Sepulveda, voici déjà quelques années.
Un conte magnifique, animé par ce Vieux, cet homme juste et bon, que l'on retrouvera dans d'autres histoires.
Les fauves ne sont pas, ici, ceux que désignent la vindicte facile d'un vain peuple. Sepulveda le sait, lui qui a du fuir son pays écrasé par la botte d'une dictature brutale et sanguinaire.
C'est la bêtise de l'homme, et elle seule, qui est responsable de l'équilibre rompu: La panthère est devenue folle de douleur, et le Vieux va quitter ses bouquins pour mettre fin à cette souffrance.
L'histoire est somptueuse, brève et tragique. Elle emmène le lecteur dans ces parages verts et profonds d'une forêt de tous les dangers, de toutes les merveilles, de toutes les infamies apportées par l'homme blanc.
Merci, luis Sepulveda qui nous avez quitté cette année, pour ce beau livre et les autres qui me restent encore à lire de vous.
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Antonio José Bolivar lit des romans d'amour pour échapper à la connerie humaine, à tous ces hommes qui souillent l'Amazonie. Cette fois-ci c'est un gringo qui a tué des petits d'ocelots mettant la mère dans une fureur telle, qu'elle l'a tué en le défigurant. Et pour elle, pas de répit, les hommes ont tous la même odeur. Alors elle est en chasse.
Le maire, même s'il n'aime pas Antonio, doit bien reconnaître qu'il est l'homme de la situation. Il a vécu parmi les Shuars, il connait et respecte la forêt et ses habitants comme personne. Il sait se cacher et interpréter les signes, lui seul peut combattre le fauve.
Un très court roman naïf qui fait du bien, un roman pour la gloire de la nature que les hommes se croient bon de piétiner. Un roman ou la maman ocelot est folle de chagrin et de douleur ou le se prend à espérer que les hommes ne la trouveront pas. C'est un joli conte écologique qui nous assure un dépaysement complet.
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Antonio José Bolivar Proano a appris à vivre au rythme de la forêt amazonienne. le peuple des Shuars lui a enseigné l'art de la chasse, de la pêche et de la survie sur ce territoire sauvage et impitoyable, hostile à celui qui ne le respecte pas. Avec l'âge, le vieil homme a choisi de s'installer dans le petit village d'El Idilio, régit par un maire idiot et qui voit passer des aventuriers avides de gloire et des chercheurs d'or. Au fond de sa cabane, Antonio s'adonne à son plus grand plaisir : lire des romans d'amour, ceux qui parlent de passions ardentes et qui font souffrir jusqu'aux larmes. Mais sa tranquillité va être perturbée par la découverte d'un gringo retrouvé mort par les Shuars. Les traces sur le corps de l'homme ne font aucun doute, un jaguar a eu raison de son sort. L'inconscient n'aurait pas dû s'en prendre à ses petits… A présent, la femelle guette, folle de douleur et avide de vengeance. Antonio se retrouve chargé de traquer l'animal et de mettre fin à la menace qu'il représente. S'engage alors un combat à mort entre l'homme et la bête…


Avec ce premier roman, Luis Sepulveda signe une fable enchanteresse où se mêle la beauté d'une nature majestueuse à la cruauté d'un monde souillé par l'homme. Celui-ci apparaît dans toute sa dualité : bon, respectueux et humble quand il est incarné par Antonio ou les Shuars, barbare, vaniteux et cruel quand il s'agit du maire et autres aventuriers poussés par les promesses d'une richesse facile. On s'attache et s'émeut face à ce petit vieux sentimental, plein de sagesse et d'humilité qui fuit la barbarie des hommes en lisant des romans d'amour ! J'ai été bouleversée par ce combat désespéré et sans victoire possible entre l'homme et la bête. Une issue au goût amer, où l'on ne désire la défaite d'aucun des deux adversaires … A travers le récit de cette tragédie, Luis Sepulveda délivre un message empli d'humanité et d'amour pour une terre qui l'a abrité, protégé et qui souffre à présent, colonisée par l'homme. Un conte plein de poésie et de beauté, qui cache un message écologiste et un véritable appel au secours.
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