Comprendre Kandisky

Comprendre Kandinsky... Non pas l'expliquer mais pouvoir le saisir et le contenir en soi.
« L'art ne rend pas le visible. Il rend visible. » disait Paul Klee.
Alors, mieux voir Kandinsky pour quitter l'invisible et entrer dans le visible, tenter d'apercevoir, percevoir toute l'intelligence de celui qui aura véritablement révolutionné la peinture.

On n'observe pas, on entre, on bascule, on voyage, on tente le passage.
Cela relève d'un corps en corps. Kandinsky, ça vous entraîne l'âme jusqu'au vertige.
C'est ça le prodige, la découverte d'une nouvelle dimension.

Kandinsky avait une particularité, outre son génie, son cerveau de chercheur, son besoin incessant de partager ses connaissances, de s'interroger, il était synesthète. La musique architecturait en lui. Couleurs et formes apparaissaient aux battements des sons. Hypersensibilité visuelle, auditive, émotionnelle. Un monde résonnait en lui.
La puissance de ce phénomène, cette faculté d'éveil perpétuel, ce paradigme étrange, l'ont poussé à vouloir retranscrire le carnet de bord de ses expériences.
Il ne provoquait pas les choses il les laissait se développer, se soumettait à l'improvisation, puis tentait de décrypter après coup ce qui venait de se produire, ce qui se réalisait : la naissance de l'art abstrait.
Le fixé sous verre sera la lamelle soumise à cette étude. La poésie, la musique, la gravure, le théâtre seront également appelés en support.
«  l'impression superficielle de la couleur peut se développer jusqu'à devenir un événement. ». il écrira la partition de l' éternelle symphonie que les couleurs ne cessent jamais de jouer .
Une nécessite intérieure le pousse à une introspection de l'âme.
Les couleurs, ces êtres étranges, ces molécules de lumière, créent des mondes qu'il nous faut explorer. Les formes- consonnes et couleurs- voyelles, voici la palette du grand alphabet.
Leur résonance est un langage, leur contraste sera leur champ, leur profondeur, leur relief, leur distance et leur durée. le cercle des couleurs, la musique des sphères codifient l'itinéraire du physique vers le spirituel.
C'est l'âme qui se met en lecture et non l'intelligence.
Pour laisser transparaître le plus il faudra représenter le moins.
Le regardant participe, pour que le dévoilement se produise il faut entrer en action, progresser dans la peinture et se mettre en marche vers sa propre intériorité.
Atteindre la réalité, son coeur par l'abstraction.
Anthropologie nucléaire. Dynamique des formes. Démo-graphisme de la Chromosphère.
Il étudie, il prophétise, mais avant tout et devant tous... il peint.

Comment comprendre le monde lorsqu'on en ignore toutes les dimensions ? Comment est il possible de trouver le chemin vers la lumière?

Il comprend la nécessité du regroupement, du recoupement, de l'interaction, de l'interconnexion, de la correspondance des arts. Voilà son intuition. Mobiliser toutes les forces en action pour mener l'ascension commune.

Kandinsky c'est le peintre du devenir, de l'équilibre, un peintre-berger, un mystique généreux.
On y entre ou on ne s'y risque pas. Après tout, à chacun son pas.

Astrid Shriqui Garain