Holly Ann, tome 1 : La chèvre sans cornes

Tout commence dans un cimetière. Ils sont deux à écouter le son lugubre qui émane des tombes. Si on tend l'oreille, on entendrait presque la mort frapper sur les dalles de pierre. C'est la croyance ici, même s'il n'en est rien. Mais à la Nouvelle- Orléans le houdou est roi, et l'on a vite fait de croire aux sorts et maléfices.
Ce n'est pas le cas de Holly Ann. Cette belle métisse semble avoir déjà vécu mille vies. Elle a les pieds sur terre et ne se laisse pas impressionner par les croyances locales.
Armée de sa douceur et son esprit, Holly Ann cherche ce qu'il est advenu d'un petit garçon blanc et d'un jeune homme noir. Tout deux ont disparu, et dans cette ville il semble que le vaudou ne sot jamais innocent.
Une enquête dans la moiteur de la Louisianne. Au son des trompettes et des prières occultes. Les auteurs nous promènent dans cette ville colorée des riches plantations aux bordels des bas quartiers.
Un récit sympatique qui va, grâce à de menus détails, aux delà des idées reçues sur la Nouvelle-Orléans.

J'ai été sensible à l'atmosphère qui se dégage du tome. Cette entrée en matière dans un cimétière de la Nouvelle-Orléans... où les cercueils sont entérrés plus bas que le niveau de lamer et viennent cogner contre les pierres tombales à chaque fois que l'eau monte en sous-sol... cela marque le style, donne une ambiance très spécifique, énigmatique...

Enigmatique, Holly Ann l'est. Tout son être respire le mystère et l'empathie pour le monde qui l'entoure. Est-elle adepte du Vaudou autour duquel tourne la BD? Peut-être. En tout cas elle en connaît les tours et détours.

Et on peut aisément se dire qu'Holly Ann a bien des secrets qui filtreront peu à peu dans les tomes suivants.

La BD rend bien l'opposition entre croyances et cartésiannisme. Entre l'ancien monde et le nouveau. C'est ce qui m'a plu, au-delà des petties imperfections dans le trait (qui reste très acceptable), ou des raccourcis du scénario.

Personnellement, je trouve qu'Holly Ann vaut mieux que des histoires qui se bouclent en un seul tome. J'ai un peu regretté qu'elle trouve le fin mot de ces meurtres en 46 planches (d'autant que j'avais deviné la fin)... Il y avait matière à plonger plus profondément dans le Vaudou et dans l'antagonisme entre les deux mondes à l'oeuvre dans le Bayou. Dommage. Mais le résultat m'a envoûté quand même... c'est l'effet du Vaudou et de la Chèvre sans corne à n'en pas douter.

Bon sang, j'ai honte… mais vraiment. Ca fait depuis le mois d'août que j'ai ce post-it sous les yeux qui me dit « critique Holly Ann » et c'est seulement maintenant que je prends le temps de la faire. Et vous savez quoi ? A chaque fois, je râle de faire mes critiques aussi tard après mes lectures parce que je ne me souviens de rien. Et bien une fois n'est pas coutume, je m'en souviens !

Enfin, je m'en souviens… Peut-être pas de l'histoire dans les détails, mais je me souviens de l'ambiance générale et du ressenti que j'ai eu en lisant cette BD. Tout d'abord, il y a eu cette plongée dans la Louisiane, la Nouvelle-Orléans et cette espèce de magie vaudou. Nous sommes là dans une BD qui se veut policière. Nous avons des meurtres étranges, probablement liés au Vaudou et c'est Holly Ann qui enquête. Holly Ann… difficile de savoir qui est cette femme. Une sorte de sorcière peut-être ? En tout cas, elle résout l'enquête avec brio. Et, oserais-je le dire, une facilité déconcertante. Nous sommes là face à une histoire qui, dans mon souvenir, semble n'avoir ni queue ni tête. Et nous avons une enquêtrice qui trouve toujours toutes les réponses (sans même qu'on sache comment elle les a trouvées). J'aurais pu me trouver emportée par le récit, mais non, je suis restée en berne. Comme un spectateur qu'on n'essaie pas d'intégrer au spectacle. On n'a même pas le loisir d'essayer de trouver qui est le coupable, parce qu'on n'a aucun moyen de le trouver. Je vous l'ai dit, Holly Ann le sort de son chapeau, comme si elle avait des informations que nous, lecteurs, n'avions pas.

Niveau dessins, c'est une autre histoire. La couverture n'est pas très engageante, mais les planches sont plutôt jolies. Enfin, à mon goût. Ce qui redonne un peu d'intérêt à cette BD d'ailleurs.

Une petite déception, donc. Je ne tenterai pas le tome 2.

Une BD que j'avais hâte de découvrir. Pour ses dessins et son thème. La Nouvelle Orléans et le vaudou. de quoi nous faire voyager, nous intriguer, nous plonger dans une ambiance particulière.
Je n'ai pas été entièrement satisfaite. Tout ça n'a pas été suffisamment exploité à mon gout. Tout comme l'enquête qui se résout très vite. Encore le soucis de tout faire rentrer en un seul tome. Les bases sont très bonnes. J'ai hâte de voir ce que ça va donner dans le prochain tome. Surtout que la fin nous laisse avec une étrange sorcellerie qui nous promet quelques mystères très intéressants.
A part tout ça les dessins sont justes très beaux et très réussis. Quant aux personnages on s'y attache de suite, que ça soit Holly Ann, jeune femme indépendante, Thomas, l'écrivain qui rajoute une touche d'humour, P'tit Louis, ou même le sergent pour un peu de rivalité.

Cela se déroule à La Nouvelle Orléans fin dix-neuvième début vingtième siècle. Holly Ann Artoure semble très connue et appréciée, presque considérée comme une sainte par ses voisins et la ville entière sans que l'on sache précisément pourquoi. Graphiquement métis, elle croise un écrivain roux, une reine blanche et un jeune coursier musicien noir prénommé Louis . . . et une maquerelle Olympique...
Le dessinateur cherche souvent à la mettre en valeur et on se plaît à trouver dans ses traits des ressemblances graphiques avec certains personnages croisés du côté de Corto Maltese.
C'est donc une enquête assez classique menée en déambulant dans cette ville et dans cette époque, du lac Ponchartrain aux maisons closes de storyville...
On est confirmé dans l'idée que le Tramway est désiré parallèlement aux rites Hoodous.
Dommage que le scénariste nous inflige que déjà à cette époque après un décès il fallait « commencer le travail de deuil ». J'ai cru défaillir . . .
Cela se laisse lire sans heurt, avec une langueur propre à l'atmosphère habituelle décrite par la littérature en ces lieux.