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EAN : 9782213655222
360 pages
Fayard (19/10/2011)
3.97/5   37 notes
Résumé :
En France, plus que jamais, le passé s’invite dans le débat d’idées, mais sur le mode polémique.
Qu’il s’agisse de définir l’identité nationale ou de s’interroger sur la place de la religion dans la société, que la controverse porte sur l’héritage de l’Occupation ou sur les séquelles de la décolonisation, qu’il soit question de la réforme des programmes d’histoire à l’école ou de la création d’une Maison de l’histoire de France, tout est matière à dispute. Ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Péché dans une sélection littéraire pour l'été 2013 du Figaro Magazine, je pensais aborder un essai peu conventionnel mais rédigé par un historien. Il n'en est rien puisque Jean Sévilla est journaliste au… Figaro (merci les collègues pour cette aide dans la promotion !). J'ai donc trouvé incongrue une telle intrusion dans la critique de l'histoire et des historiens quand on n'en est pas un.

Jean Sévilla se positionne dans une droite chrétienne, un peu vieille France, ce que les gens de gauche appelleraient probablement un « réac ». Rédacteur au Figaro Histoire, il est donc intéressé par la matière. Après avoir écrit un historiquement correct, il a naturellement fait éditer un historiquement incorrect dans lequel il aborde des thèmes sensibles, presque tous en lien avec le religieux.

D'abord, il s'agit de savoir si Jésus incarne vraiment la foi chrétienne ou si c'est un personnage faire valoir crée après sa mort par la nouvelle église. Ensuite, il s'agit de relativiser l'idée de clémence et d'esprit d'ouverture de l'Islam médiéval. Après cela, il montre que l'Eglise n'a jamais été contre la science alors qu'elle a refusé les théories de Galilée, mais c'était pour d'autres raisons.

Autres sujets, La France est-elle coupable dans la colonisation ? Pas la meilleure démonstration, je conseille l'essai de Raoul Girardet sur ce thème. Puis Sévilla aborde les polémiques sur la Grande guerre et la volonté de certains d'affirmer que la plupart des Français n'en voulait pas. Thème actuel puisqu'hier c'était le 11 novembre.

Le Second conflit mondial avec une défense du Vatican vis-à-vis de son positionnement face à l'Allemagne Nazi. Enfin, Jean Sévilla achève ses réflexions en se demandant ce qu'est l'identité nationale en France et ce que sont les rapports entre la France et l'Islam de nos jours.

Des sujets, ô combien sensibles, qui vont dans le sens de l'essai en étant traités à rebrousse-poil d'un politiquement correct, sûrement, d'une volonté de précision historique, pas certain. Méfiant, j'ai essayé de ne pas donner prise au non-écrit et de rester toujours critique. Pas simple. Jean Sévilla, comme d'autres, de droite, de gauche ou de nulle part, manie les chiffres comme un lanceur de couteaux. Je n'ai pas la prétention de tout mettre en doute. Donc tout est doute pour moi. Cela me questionne, cela participe à l'équilibre des points de vue.

Au bilan, difficile d'être objectif sur les faits. Comme souvent la vérité est probablement au milieu. Donc le mérite de cet essai est de proposer une autre vision et d'enrichir la réflexion personnelle.
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Selon Jean Sevilla, les contre-vérités historiques sont liées à trois approches erronées de l'Histoire.
La première est l'anachronisme, qui nous fait interpréter les époques passées à partir de nos valeurs contemporaines. La seconde d'ordre idéologique nous pousse à imposer le cadre de notre vision du monde, particulièrement la lutte entre le bien et le mal, à toute l'histoire humaine. Et enfin le fait de choisir un ou deux thèmes et de ne pas envisager l'histoire dans sa complexité et son intégralité.
A partir de cette analyse, Jean Sévilla va débusquer plusieurs fausses certitudes concernant notre passé, comme la légende de Galilée, l'apport de l'Islam à la culture occidentale, la perception de la première guerre mondiale par les soldats qui l'ont vécue...Il nous montre également les dangers d'une réinterprétation matérialiste de la religion - qui va jusqu'à nier la divinité du Christ - et les dérives de la tentative de nous imposer une histoire revue et corrigée - celle de la colonisation et de l'immigration - pour banaliser le nouveau visage de la société française et diaboliser ceux qui émettent quelques réserves quand à sa réussite.
Il revient également sur l'histoire de la seconde guerre mondiale qui selon lui, et malgré l'horreur absolue que cette dernière a représenté, ne se limite pas à la Shoa. Il donne un autre éclairage sur les relations du Vatican et du régime hitlérien, montrant que le pape a toujours condamné aussi bien l'antichristianisme que l'antisémitisme de ce dernier.
Un livre courageux, qui puise aux sources des recherches historiques actuelles et met l'accent sur le risque d'une histoire idéologisée à sens unique qui nous conduit par exemple à dénoncer l'esclavage et l'intolérance religieuse chez les Chrétiens mais pas chez les Musulmans.
On est d'accord ou pas. Certains chapitres sont plus intéressants que d'autres, mais dans l'ensemble c'est un livre d'une lecture très accessible tout en étant érudit. Chaque sujet est replacé dans son contexte historique qui lui donne sa signification profonde.
Un ouvrage qui fait réfléchir.
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Après le succès des ventes de Historiquement correct en 2003, Jean Sévillia reprend le concept des années plus tard en 2011 et propose dix chapitres consacré à dix sujets polémiques : le Jésus de l'histoire face au Christ de la foi, l'apport réel des Arabes à la transmission du savoir antique au Moyen Age, Galillée, la science et l'Église, l'apport de la colonisation, la grande guerre, la seconde guerre mondiale au prisme de la Solution finale, Pie XII et Hitler, chrétiens et juifs dans L Histoire, l'immigration et l'identité nationale et la place de l'islam dans l'histoire nationale.
Chaque chapitre reprend les thèses couramment entendues sur ces sujets, avant de reprendre les faits et de remettre en perspective ces questions.
Le procédé était bien maîtrisé dans Historiquement correct. Sévillia explicitait, et il le fait encore ici, qu'il ne faut pas interpréter l'histoire à l'aune de nos idées contemporaines : les droits de l'homme, la place de la femme, l'égalité entre les individus, sont somme toute des idées neuves au regard des siècles passés. Il mettait en exergue l'arrière pensée politique qui a toujours conduit les sociétés à réinterpréter le passé pour mieux légitimer le présent. Sur ces plans, sa démarche reste identique et son côté poil à gratter très jouissif pour qui accepte d'envisager des événements sous différents angles.
Pour autant, cet Historiquement incorrect se distingue de Historiquement correct en ce qu'il est plus marqué politiquement. Sévillia dénonce au début de chaque chapitre une pensée dominante qui stigmatiserait toute contre opinion, mais finalement il se montre tout aussi prompt à vouloir imposer sa vision de ces problèmes. Cet écueil est sans doute du au choix des sujets. La place des religions dans L Histoire ou le fait d'oser écrire que les colonisations ont pu aussi avoir des côtés positifs pour les populations locales, sont des thèmes qui cristallisent les opinions.
Cet ouvrage est donc très intéressant, en ce sens qu'il lance des débats, mais il n'est pas non plus le dépositaire d'une vérité historique absolue.
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Jean Sévillia bouscule les idées reçues. En réaction envers le « prêt à penser » et la déformation historique, il s'attaque à des sujets parfois jugés tabous. S'appuyant sur les travaux les plus récents des historiens, il montre que les faits sont couramment manipulés. La réalité historique est parfois dérangeante, et va à l'encontre des idées reçues ou des préjugés idéologiques. Face à l'historiquement correct, l'incorrection devient alors une affaire de salubrité intellectuelle, d'honnêteté. Un livre sain et courageux !
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Un travail de grande qualité, comme toujours avec Jean Sévilla. Les contre-vérités sont clairement exposées, et les réfutations sont nettes, claires, appuyées de chiffres et de références historiques indubitables. L'auteur d'efforce de rester le plus factuel possible. Cela donne un ouvrage intéressant, simple à lire et abordable par tous, simples curieux comme amateurs d'un niveau un peu plus poussé.
Malheureusement je trouve que l'auteur est parfois assez hautain dans ses assertions - cette impression vient peut-être d'une de ses conférences que j'ai pu écouter et où ce travers était encore plus net...
Quoi qu'il en soit, cela reste un incontournable à lire !
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critiques presse (1)
LeFigaro
04 novembre 2011
Ce livre est un pavé dans la mare du droit-de-l'hommisme contemporain qui instrumentalise l'ignorance à des fins partisanes. «Le bon historien ne juge pas», disait Marc Bloch. C'est le moraliste qui juge et qui, bien souvent, ne sait pas.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En 1936, le projet Blum-Viollette, qui prétendait accorder les droits électoraux complets à 20 000 musulmans s’étant distingués dans leurs fonctions publiques, a échoué devant le blocage des élus européens et des autonomistes algériens (...) la IV e République naissante engage des réformes, mais sans volonté politique suffisante pour les imposer. Ce sont donc des demi-mesures (...) la guerre d’Algérie, qui éclate en 1954, contraint les autorités, dans le but de couper l’herbe sous le pied aux indépendantistes, à prendre enfin des mesures favorables au développement de la population musulmane. En 1956, les institutions élues au double collège sont dissoutes ; en 1958, les femmes musulmanes obtiennent le droit de vote. L’armée, chargée du « maintien de l’ordre », applique en Algérie des recettes apprises en Indochine : elle tente de mettre la population indigène de son côté. Pendant que les unités d’élite traquent les maquisards, la troupe quadrille le pays et les Sections administratives spéciales (SAS), organisant l’autodéfense des musulmans, fournissent des services sanitaires, sociaux et éducatifs aux habitants du bled. Cette politique est partiellement couronnée de succès : en 1959, tandis que l’Armée de libération nationale algérienne rassemble 46 000 fellaghas, 210 000 supplétifs musulmans servent sous le drapeau français. Le 13 mai 1958, les étonnantes scènes de fraternisation entre Européens et musulmans semblent donner corps au rêve d’une Algérie française multiraciale. Mais l’armée est l’organisatrice discrète de ces manifestations. Une fois de plus, la rencontre franco-musulmane s’effectue sous l’égide de l’ordre militaire.

Le bachaga Boualam, colonel de l’armée française, député et vice-président de l’Assemblée nationale de 1958 à 1962 (où il siège en burnous), symbole de ces musulmans qui sont favorables au maintien de la France en Algérie, illustre cet état d’esprit fondé sur un vif patriotisme forgé dans les campagnes contre les Allemands, de 1943 à 1945, et qui transcende les différences culturelles entre Européens et Arabes. Dans les souvenirs qu’il publie après son rapatriement en métropole, en 1962, il note ceci : « Sur le plan religieux, il n’y a jamais eu de problèmes. Des prêtres catholiques sont venus prêcher les Européens. Jamais, il faut le dire, ils n’ont essayé de nous évangéliser. [...] Les musulmans sont fanatiques de leur religion, quelques Européens aussi, mais il n’y a jamais eu de heurts. C’est un grand mérite de la France que d’avoir réussi cette coexistence spirituelle de la Croix et du Croissant. »

Dans le camp des indépendantistes, le mouvement national algérien puise son inspiration dans le nationalisme arabe, mais sans dissimuler ses racines musulmanes. En 1954, le programme du FLN réclame « la restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». L’historien Guy Pervillé précise que « la référence à l’islam comme religion de l’État ne fut pas introduite officiellement dans le programme du FLN avant mai 1962, bien qu’elle allât de soi pour les moudjahidine du maquis ». Au fur et à mesure de la guerre, les appartenances communautaires se sont durcies, et les chefs du FLN se sont appuyés sur le sentiment religieux. Lors de l’indépendance, le voile féminin fait son retour massif dans les villes du littoral, là où la colonisation l’avait fait reculer. La France partie, l’Algérie redevient une terre d’islam. (chap. X)
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En histoire, le politiquement correct se traduit par trois symptômes principaux. En premier lieu l'anachronisme, le passé‚ étant jugé‚ selon les critères politiques, moraux, mentaux et culturels d'aujourd'hui. En deuxième lieu le manichéisme, l'histoire ‚ étant conçue comme la lutte du bien et du mal, mais un bien et un mal définis selon les normes actuellement dominantes. En troisième lieu l'esprit réducteur, la complexité du passé étant gommée au profit d'un ou deux facteurs explicatifs qui, en occupant tout le champ de la connaissance, faussent l'interprétation de la réalité.
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La France a [...] cette particularité d'être une nation qui doit son existence à l'action volontaire de l'Etat. Elle n'est pas une communauté linguistique, elle n'est pas une race au sens ethnique du terme : son identité repose sur une architecture politique, une souveraineté. "Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation ". [p.340-341]
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L’histoire n’est pas une religion. [...] L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique. L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui. L’histoire n’est pas la mémoire. [...] L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas. L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique.
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Grand cadi de Cordoue, l’homme est un juge religieux, en un temps où tout est religieux et dans une société dont la religion est aussi un code de droit. La fonction d’Averroès est de faire appliquer la loi islamique, et s’il le faut de prêcher la guerre sainte contre les chrétiens, lorsque les Almohades décident de la mener. Ce n’est que par anachronisme, répétons-le, que lui sont aujourd’hui prêtées des références (raison, tolérance, progrès et même laïcité) qui ne pouvaient être les siennes.
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Vidéo de Jean Sévillia
Extrait du livre audio "Les vérités cachées de la guerre d'Algérie" de Jean Sévillia lu par Nicolas Djermag. Parution numérique le 31 mars 2021.
https://www.audiolib.fr/livre-audio/les-verites-cachees-de-la-guerre-dalgerie
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