AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266175791
864 pages
Pocket (24/09/2007)
5/5   1 notes
Résumé :

Cet ouvrage, dans la grande tradition du célèbre anthropologue Marcel Griaule (découvreur des Dogons), nous fait pénétrer dans la pensée spirituelle de l'un des peuples les plus méconnus de l'Afrique noire : les Batâmmariba, au nord du Togo et du Bénin. Ce livre a contribué à faire reconnaître leur culture comme l'un des patrimoines de l'humanité par l'Unesco. La nuit appartient aux forces d... >Voir plus
Que lire après Le souffle du mort : La tragédie de la mort chez les Batãmmariba du Togo, BéninVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
j'ai lu le mot « Batammariba », vu les silhouettes au sommet de la Tata….Le livre n'est pas resté longtemps en attente sur ma table de nuit. Il m'a accompagnée pendant plusieurs semaines.Je me suis trouvée fascinée. Il a hanté mes pensées.

La première fois que j‘ai entendu parlé de Bétammaribé, c'était à la sortie du parc de la Pendjari. et il nous avait quittés à la Cascade de Tanougou. ILnous avait montré les campements démontables des Peuls et leurs troupeaux. J'avais senti une nuance de mépris de ce sédentaire pour les nomades. « Je suis Bétammaribé » avait il affirmé. C'est ensuite, en lisant Hampâté Bâ que j'avais découvert l'immense fierté et la noblesse des Peuls.

Quelques jours plus tard, nous avions visité le pays Somba de Natitingou à Boukoumbé. Curieuse expérience que cette expédition à la recherche des Tatas Sombas, ces magnifiques forteresses de terre dans l'Atakora.
Pourquoi étions nous si mal perçues ? C'est seulement après l'intercession de Maurice que nous avions été invitées dans une tata et chaleureusement accueillies. L' »auberge » de Maurice nous avait aussi beaucoup plu.
Comprendre ce qui s'était passé ce soir là… comprendre pourquoi nous étions si étrangères…

Ce livre devait donner l'explication.

Dès l'introduction, j'ai été attirée on seulement par le sujet mais aussi par l'auteur. . J'ai beaucoup aimé la façon dont elle se met en scène dans son étude. L'observateur n'est jamais neutre dans une telle enquête. Cela m'a plu que ce soit le regard d'une femme. J'ai aussi apprécié son ambition de faire paraître ses travaux dans cette Collection Terre Humaine en compagnie en Jacques Lacarrière et de Mahmout Makal. Ambition d'être un écrivain avant tout plutôt qu'une universitaire . Et de ce fait, la lecture est très agréable.

Je n'imaginais pas la complexité de la religion animiste des Batammariba. Chez ces hommes restés longtemps nus et considérés comme « primitifs » le respect du savoir non écrit des Anciens est fondamental. Importance du nom, nom prononcé ou interdit, complexité des généalogies et des réincarnations. Extrême sophistication des cérémonies et en même temps tolérance inimaginable. Poésie. Alors que toute mystique me rebute habituellement j'ai lu jusqu'au bout cette analyse très fine de leur religion.

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          100
Pierre Aubé – « Affiches de Normandie » – 22 octobre 2003

On a beau avoir fréquenté assidûment la fameuse collection Terre Humaine fondée par Jean Malaurie voilà près d'un demi-siècle (quelque 80 titres) il est des volumes qui savent convaincre plus que d'autres, et qu'on accueille avec davantage de jubilation. le Souffle du Mort de Dominique Sewane, philosophe et ethnologue de grande race, docteur de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, est de ceux-là (Ed. Plon, 688 p. 58 ill.). D'autant qu'il se conjugue avec bonheur à un autre, d'une égale maîtrise : La Nuit des Grands Morts (Ed. Econnomica, 272 p. 20 ill.)). Tous deux sont consacrés à une population jusqu'alors mal connue du Nord Togo et du Bénin, les Batammariba, dont on vantait seulement les superbes maisons-forteresses. Issus de l'observation minutieuse d'un seul village, Warengo, menés pendant plus de vingt ans dans les pires conditions qui soient, mais avec la passion farouche de comprendre, ces deux livres n'en font qu'un. Celui-ci raconte par le menu et propose une analyse du rite d'initiation des femmes : le dikuntri. Une liturgie immémoriale et complexe, menée avec un sens aigu de la dramaturgie, qui tend à rendre les jeunes perméables au souffle des Grands Morts dont les noms – d'ordinaire tus avec un soin jaloux – sont déclamés par des chanteuses à qui les éléments, subitement complices, font un cortège inquiétant
Celui-là, le plus saisissant peut-être, restitue le rite de deuil – tibenti – depuis le bris des membres au coeur de la maison de famille, jusqu'à l'aboutissement, très complexe, de ce qui, autour du simulacre du défunt, conduit celui qui fut vivant au bout de son destin. Moyennant quoi, on a conscience de n'avoir en rien rendu compte de l'originalité.

Dominique Sewane est la première et la seule, à avoir vu ces choses entées sur des réalités profondes – et de la richesse d'attitudes, de gestes, de paroles et de silences, qui, partagées par un très petit canton de l'humanité, nous concernent infiniment. Elle le fait avec la rigueur de qui a beaucoup interrogé, recoupé, réfléchi. Témoin exigeant qui sans cesse nous donne à scruter ses carnets, intelligence aigue que sous-tend une approche conceptuelle impeccable, elle est un passeur efficace.

Mieux, par un phénomène d'intussusception rarissime en ethnologie, elle a su aller assez profond en autrui pour restituer son empathie sans pathos aucun, avec une pudeur extrême qui ne va pas dissimuler pour autant son moi intime

Bien plus, en disant cette longue fréquentation qui, on s'en doute, ne peut aller sans de secrètes blessures, Dominique Sewane prend parti. Elle dit son parcours intellectuel, salue les maîtres, dit ses certitudes et ses dégoûts, dégonfle des baudruches et fait un sort à des modes apparemment indestructibles et à un prêt à penser musclé si commun dans ces sciences qu'on a dit un jour « molles ».

Bref, nous voici devant un moment intellectuel et humain exceptionnel, un hymne à des êtres en qui nous percevons peu ou prou, un brin de nous-mêmes, si mutilés. Et un double chef-d'oeuvre servi par une langue superbe.

Commenter  J’apprécie          00


autres livres classés : togoVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
411 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}