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EAN : 9782918823056
384 pages
Turquoise Editions (25/02/2014)
4.36/5   7 notes
Résumé :
Lire Ömer Seyfettin est un choc. le choc de la guerre et des bouleversements liés à l’agonie de l’Empire ottoman. Choc de l’ancien qui se meurt sans que n’émerge le neuf. Choc des mots, qui, pour la première fois en Turquie, plongent dans le grand bain de la prose et de ce réel tissé d’atrocités, de violences, trempé de couleurs, de sons et d’émotions intenses. Jeune nouvelliste, Ömer Seyfettin nous entraîne avec lui dans la matière traumatique et fascinante des Bal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai lu le recueil de nouvelles Lâle la blanche d'Ömer Seyfettin paru aux éditions Turquoise dans la collection Écriturques en 2008, traduit pas François Skvor.
Ces nouvelles sont comme une archive historique, par sa plume Ömer Seyfettin témoigne de cette période trouble, période où les frontières fragiles de l'Empire ottoman s'écroulent les unes après les autres. Morcelé et tiraillé de part et d'autre, ce grand corps malade est à l'agonie, sur le point de rendre son dernier souffle. Dans cet empire où coexistaient depuis des siècles de nombreuses ethnies, cultures et religions, les frontières éclatent, les peuples s'affrontent, l'identité ottomane s'effrite, un peuple turc qui se cherche et a soif d'affirmer son existence et clamer son identité nationale. Des cendres de l'ancien empire naîtront les prémices de la République turque. Des nouvelles drôles, des nouvelles où il y a une leçon à tirer, des nouvelles où les atrocités perpétuées dépassent l'entendement jusqu'à vous glacer le sang.
Arc-en-ciel : une petite fille qui rêve d'être un homme pour être libre.
La bombe : le rêve d'une vie meilleure qui est violemment arraché.
Le bonnet d'âne : Tel est pris qui croyait prendre.
Refrain : La barrière de la langue qui mène à des interprétations erronées.
Pot de vin : l'intelligence de la fourberie qui l'emporte sur la droiture.
Lâle la blanche : la barbarie des hommes qui vous donne froid dans le dos.
Le Bâtard : être fier ou ne pas être fier d'être turc, là est la question.
Trois conseils : des conseils qui valent de l'or
Les Drapeaux de la liberté : l'identité des peuples de l'empire ottoman réuni sous un même drapeau
Harem : la jalousie qui peut jouer de vilain tour
Signe : Un signe est la croyance en une victoire renaît
Le temple secret : L'Orient vu à travers les yeux d'un français
Après les Dardanelles : un homme dont la vie est suspendu pendant le conflit
Les papillons du printemps : le fossé entre générations et la place de la femme dans la nouvelle Turquie
Boycott : le problème de l'identité dans un empire fini et une Turquie naissante
Primo l'enfant turc 1 et Primo l'enfant turc : l'identité d'un enfant issue d'un couple turco-italien…un choix s'impose…la balance penche d'un côté
La maison hantée : Il faut croire que ce que l'on peut toucher. La supercherie démasquée

Préparez-vous à remonter le temps et à voyager dans les Balkans et l'Anatolie au début du XXe siècle.
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Je remercie Babélio et les éditions TURQUOISE de m'avoir adressé ce livre. C'est un très bel objet : couverture grège ave une gravure en relief, beau papier, édition soignée et les dessins de Renaud Allirand. J'y suis très sensible même si je lis beaucoup en numérique.

Je ne connaissais pas du tout Ömer Seyfettin, officier de l'armée ottomane, qui écrivit entre 1913 et 1920 des nouvelles témoignant de l'effondrement de l'empire ottoman dans les Balkans et en Anatolie. Ne lisant ni le turc moderne, ni l'ottoman, je laisse aux spécialistes le soin de préciser les questions de style et de syntaxe. En revanche cette période, précisément dans les Balkans, à Istanbul et en Anatolie m'intéresse énormément. J'ai donc lu avec beaucoup d'attention ces nouvelles.

Ce recueil est composé de 18 nouvelles, toutes différentes, de longueur et de thèmes variés. J'ai beaucoup aimé la première, Arc-en-ciel, qui raconte la découverte de la féminité et de ses conséquences par Ayse, fille pleine d'énergie, qu'on surnomme "Aysé le lutteur" et qui rêve de se transformer en garçon. A cette histoire sensible et légère, succède La Bombe mettant en scène les komitadjis macédoniens. Cruauté et barbarie, la fin est insoutenable. J'avais déjà entendu parler de ces terribles combattants macédoniens et bulgares, mais la nouvelle va au-delà de l'imaginable. Tout comme Lâlé la Blanche, longue nouvelle qui a donné son titre à l'ouvrage. Même si l'époque, la région, la politique m'intéressent, lire le récit d'un viol est pour moi difficilement supportable.
J'ai donc lu très lentement le livre, avec de longues pauses entre les nouvelles.

Même si je suis très motivée, j'ai peine à poursuivre. Et pourtant c'est un grand livre. le style est sobre, incisif, percutant et très élégant. J'ai été aussi sensible à l'ironie, à la critique de la société de l'époque. Heureusement la variété des sujets, les nouvelles plus légères comme Pot-de-vin ou Harem donnent une respiration dans la lecture.

Ce recueil peut aussi être lu comme un témoignage de l'effondrement de l'empire ottoman, comme critique du colonialisme européen le Bâtard et Primo, l'enfant turc. Ce dernier, à Salonique, se déroule en 1912 quand l'empire ottoman perd la Libye, envahie par l'Italie. Une chronologie précise des événements est fournie en fin de livre. le point de vue le plus souvent soutenu est celui du nationalisme turc vis à vie de l'empire multinational. On comprend mieux ainsi la suite : la guerre entre Grecs et Turcs à la fin de la Première guerre mondiale, l'avènement de Mustafa Kémal (justement natif de Salonique), le dépècement du Moyen Orient et son partage entre les Alliés. Ömer Seyfettin s'éteignit en 1920 et n'eut donc pas l'occasion de raconter l'histoire tragique qui s'en est suivie.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Il est certains ouvrages qu'il est difficile de critiquer et à l'heure d'écrire ces quelques lignes, je me sens fort dépourvu.
Ce recueil de nouvelles est en effet déroutant du fait même de leur diversité et de leur ancrage dans une histoire contemporaine qui nous est trop peu connue. Je remercie donc les Editions Turquoise de m'avoir posé ce défi.
La plume d'Omër Seyfettin est assurément une arme. Une arme acérée au service de cette Turquie moderne qu'il voit éclore dans la douleur au début de ce vingtième siècle douloureux. Il en est à la fois le spectateur et le propagandiste et c'est ce qui donne à cet ouvrage cette couleur particulière, fortement marquée par la violence qui interdira ce livre aux plus jeunes.
Pour autant, la langue est alerte, très bien traduite, élégante, même quand elle traduit la barbarie de la guerre des Balkans. Cette lecture sera profitable à qui, au regard de l'Histoire, cherche à comprendre le réveil, parfois inquiétant, de la nation turque et sa mythologie nationale.
Une lecture qui ne laisse pas indemne et que l'on réservera à des lecteurs avertis des turpitudes de l'âme humaine.
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Ce livre est un recueil de nouvelles turques datant du début du XX° et écrit par un auteur militaire et membre des jeunes turcs. Les nouvelles sont dures, crues (particulièrement Lalé la Blanche, Ame sensible s'abstenir). Pour autant on en apprend beaucoup de la perception du monde par les turcs au moment où l'empire ottoman s'écroule. le sentiment qu'un monde dans lequel l'empire ottoman et les turcs qui le compose se meurt est très fort et explique ces histoires très durs où le personnage est souvent cruel par désespoir et se sent incompris comme le jeune officier croyant qu'une femme s'adresse à lui alors qu'elle chante en slave "les turcs dehors" ou encore celui qui croit voir des drapeaux turcs alors que ce sont des piments séchés. l'auteur s'interroge aussi sur la place du Turc entre l'Europe qui froisse ses croyances mais attire par son luxe et les steppes anatoliennes dont la beauté et la dureté l'ont façonné.
Un très beau livre.
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Début du 20ème siècle, dans l'actuelle Turquie. En pleine déliquescence de l'empire Ottoman, entre nations reprenant leur indépendance comme la Bulgarie ou la Macédoine, et pays qui lorgnent sur les reliefs de cet effondrement, la Turquie peine à trouver son identité.

Omer Seyfettin éprouve durement, dans sa chair, cet effondrement. Egalement officier, il est témoin d'atrocités, de vains combats. Nationaliste, il souhaite réunir le peuple turc grâce à une langue commune et renouvelée, retrouver une identité et une fierté nationales.

Ces nouvelles, fortement ancrée dans l'histoire du pays et dans son histoire personnelle, témoignent de sa vision de son temps. Beaucoup sont dures, voire cruelles, certaines témoignent d'une douceur de vivre. Toutes sont empreintes d'un nationalisme et d'un message politique fort et très daté.

La langue, bien que traduite, traduit avec beaucoup de précision et de dépouillement les sentiments de l'auteur, qu'il prête presque systématiquement à ses personnages.

J'ai apprécié la longue introduction qui replace ces textes dans leur contexte historique, permettant de prendre le recul nécessaire à une lecture plus objective.

Une belle découverte, à la fois d'un écrivain, d'un moment de l'histoire et de la force des mots pour faire passer un message.
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
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