Klezmer, Tome 3 : Tous des voleurs !

L'aventure de la petite troupe atypique de musiciens continue.

Dans cet épisode, un fâcheux "malentendu" vient pimenté le quotidien de ces joyeux drilles. le Baron rapporte 3 caisses qui lui ont été offertes après une soirée où il a joué pour des mafieux. Ces aimables brigands lui ont offert 3 caisses de whisky (du Jack Daniel's , s'il vous plaît ) en guise de salaire. Tout cela serait formidable si l'une des caisses ne contenait pas des armes...
Vincenzo, quant à lui tente (maladroitement !) de sortir de sa timidité pour se familiariser avec les plaisirs de la chair.
Tchokola se fait passer à tabac par la famille d'une gitane dont il tombe amoureux après l'avoir frappée.
Et Yaacov, en voulant récupérer son banjo chez un marchand pas très honnête rencontre Michka Yaponchik THE mafieu qui règne sur les rues d'Odessa :

" Sous une vigne vierge, dévorant d'une main un quartier de pastèque, caressant nonchalamment sa mandoline de l'autre : Michka Yaponchik. [...]
D'autres l'appellent Bénia Krik. "Pute Ukrainienne" disent ceux qui l'aiment vraiment.
Avec ses cartouchières.
Avec ses quatre revolvers.
Avec ses bottes rouges, sa toque en castor et son manteau de femme.
Un vrai bandit juif aux dents pointues.
Jaunes les yeux.
Jaunes les dents.
Michka Yaponchik. "

Une fois de plus, dans la tradition ashkénaze, le temps s'écoule à la lecture de ce 3ème tome sans que rien d'exceptionnel ne se passe. Chaque épisode est ponctué par une touche d'humour malicieuse toujours aussi agréable - c'est ce qui permet de rompre la monotonie du récit.
Finalement, c'est le personnage de Michka Yaponchik qui donne du relief à cette histoire. Un voleur juif bien plus comique (et même sympathique !) que le Fagin de Charles Dickens ; sans doute parce que Sfar ne pouvait pas avoir de préjugé.
La belle Hava est cette fois mise au second plan. A la place, ce sont les affaires de "vol" que chaque personnage subit - ou dont il se rend coupable ! - qui sont mises en avant.

Sfar a certes fait un effort d'imagination dans la construction de son récit car toutes les (més)aventures de ses personnages s'emboîtent sans qu'on en voit tout de suite les ramifications. Cela laisse présager (du moins je l'espère) un dénouement rocambolesque et peut-être surprenant dans le tome suivant.

Affaire à suivre.

Dans ce troisième volume, Joann Sfar abuse des petites vignettes qui impliquent un texte de plus en plus petit ne facilitant pas la lecture.
Tout se complique dans la villa quand Baron apporte trois caisses de whisky que des truands lui ont données parce qu'il avait joué pour eux. Seulement, il y a un problème : l'une d'elles contient des armes ! Les déboires s'accumulent tandis que Vincenzo en pince pour les voisines…
Comme dans les deux premiers tomes, les pages de notes, toujours avec l'écriture manuscrite de l'auteur, apportent beaucoup d'informations sur son grand-père, Arthur, qui n'évoquait la Pologne qu'en parlant de sexe.
Enfin, il traite du port d'Odessa, d'Israël, des juifs russes qui ont toujours fini en pogrom malgré leur intégration. En 1905, le pogrom d'Odessa fut le résultat d'un plan méthodique d'extermination.

(...)

Sfar ne m'avait pas convaincue sur le Chat du Rabbin, mais il faut dire que j'avais misé beaucoup sur ce chat savant qui a perdu, pour moi, toute sa raison d'être (la parole & l'esprit) à la fin du premier tome (il ne retrouve réellement de son intérêt que dans le tome 5… c'est vous dire si l'attente fut longue). Sur Klezmer en revanche, j'ai pu savourer cette manière si spontanée, presque instinctive d'écrire une histoire. de même, la liberté avec laquelle l'auteur dessine et colorie ses dessins à l'aquarelle m'ont séduites. Certaines illustrations restent confuses tant il y a profusion d'éléments (décors, expressions, mouvements…) mais cela donne du piment à la lecture. C'est un monde où tout se crée en permanence, où les personnages semblent inventer eux-mêmes leur destinée commune. le trait est parfois doux, parfois sec et nerveux, à l'image de l'unique héroïne de Klezmer. En effet, Hava est aussi imprévisible que cette épopée que ce soit psychiquement ou physiquement ; son corps fluctue en permanence, tantôt ronde tantôt svelte, ce qui la rend changeante et renforce son pouvoir de séduction.

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