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4,27

sur 1464 notes
Voici un roman rare, un voyage intérieur dans l'amour et la spiritualité, une quête où l'amour est un océan infini, qui nous dévoile le "soufisme", cette branche spirituelle de l'Islam qui n'est qu'amour, tolérance, humanité, humilité, compréhension et découverte de l'autre aussi bien une kyrielle de personnages éparpillés : ivrogne, assassin prostituée, novice, saint, poéte.......qui contribuent chacun à leur manière à construire l'histoire ..et nous ouvrent l'esprit.......

Cette oeuvre polyphonique interroge au plus près sur le sens de nos vies et des relations humaines, nous dévoile cette "voie' "mystique "intérieure qui tranche radicalement avec l'Islam orthodoxe, offre une lecture du Coran humaniste et tolérante, une porte ouverte sur cette culture souvent caricaturée .......
Un livre magnifique qui se lit de bout en bout comme un 'conte des mille et une nuits" , un ouvrage surprenant et spirituel qui éveille nos sens et met en perspective une philosophie de vie qui prône 'l'altruisme "...

Une aventure littéraire puissante et riche, délicieuse et envoûtante qui nous tire vers le haut à l'aide d'une construction innovante et novatrice, une réalisation fluide et intelligente, mais une lecture qui incite à "l'humilité" , à la recherche de sa richesse intérieure.
Un roman dont l'amour est la clé, l'amour pour les autres et l'amour de soi, la renaissance à soi !
Un long récit qui se lit avec le coeur dont on sort grandi qui incite à la réflexion et à la méditation!
Je dirai peu de l'intrigue, ce serait trop dévoiler !
L'auteur d'une plume ensorcelante ,à l'aide de son talent de conteuse entrelace deux rencontres, deux parcours initiatiques, l'un au XII° siècle , l'autre au XXI°, le premier : deux grands hommes du soufisme, Shams de Tabriz,, derviche errant qui se déplace pour délivrer son message d"amour, indiscipliné, rebelle ........et Rumi, poéte et chef spirituel très suivi, Ella, la quarantaine, mére de famille sage, lectrice, découvre le manuscrit qui la transcende en 2008 et Aziz , l'écrivain turque......

Un livre à acheter pour le garder en soi et le relire !
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Ce livre est une petite merveille. Un perle dans un écrin. Enfin presque...
Lectrice athée, je me suis retrouvée avec ce livre entre les mains quand une amie m'a demandé de le lire. Elle était curieuse d'avoir mon avis. J'avoue que je ne l'aurais peut être pas lu de moi-même en lisant la 4ème de couverture...
Et bien, j'ai adoré. Je suis tombée dedans et ne pouvais plus le lâcher, ce livre !
2 histoires parallèles.
Celle d'Ella, américaine, au 21ème siècle.
Celle de Rûmi et Shams au 12ème siècle.
J'avoue que l'histoire d'Ella m'a laissée de glace. Je n'est ressentie aucune empathie pour ce personnage.
En revanche, j'ai adoré l'histoire de Shams, derviche errant et de Rûmi. L'histoire de ces 2 personnages est contée, chapitre après chapitre, par un narrateur différent, soit l'un ou l'autre, soit un proche, ami ou ennemi. Nous y découvrons peu à peu leur vie, indépendamment l'une de l'autre, puis ensemble. L'amitié qui les lie à jamais, comme le yin et le yang, l'un ne va pas sans l'autre.
J'ai eu une préférence pour Shams, sous le charme, je suis tombée !
Cette histoire m'a fait découvrir cette branche de l'islam, plus centrée sur la spiritualité, l'Amour des uns et des autres, de l'univers et donc de Dieu. Sans de règles dictées, juste dans l'observation, la tolérance, l'introspection, la sérénité...
Islam ou pas, religion ou pas, les valeurs décrites sont, selon moi, universelles. J'irai jusqu'à dire que ce livre devrait être lu par tout croyant, quelque soit sa confession ; en fait, ce livre devrait être lu par tout le monde. Il y a énormément de choses à retenir et à appliquer !
Rûmi et Shams ont bien existé (et oui, je me suis renseignée !!). Ce ne sont pas des personnages inventés... et cela apporte encore plus de valeur à ce livre. Même si leur vie dans ce livre a peut être été un peu romancée, leurs actes, leurs paroles sont là, bien réels.
Ce livre, c'est une des histoires que Shéhérazade aurait pu nous raconter, en mieux...

Deux petits bémols cependant (ce qui fait que je ne donne que 4 étoiles à cet avis) :
L'histoire d'Ella qui, selon moi, permet juste au lecteur de souffler, de prendre du recul par rapport à l'histoire du 13ème siècle ici contée.
2ème bémol : jusqu'au 3/4 du livre, rien à redire. L'histoire est superbe, les émotions sont présentes et intenses. En revanche, je trouve la fin du livre un peu bâclée. Dans les derniers chapitres, je me suis détachée de Rûmi et de Shams. J'attendais la fin de l'histoire, la fin de leur histoire, et voilà...
Comme si je m'étais essoufflée !
Quant à la fin de l'histoire d'Ella, je me suis demandée l'intérêt que cela apportait ?!!

Mais restons positif, ce livre reste quand même un sacré coup de coeur. Et je le recommande chaudement. C'est une magnifique découverte que ce monde des soufis et leur belle spiritualité.

Merci à mon amie Christelle pour cette découverte spirituelle et humaine.
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Ella Rubinstein, 40 ans, maîtresse de maison «modèle» va progressivement remplacer «les quarante règles de la maîtresse de maison bien établie et terre à terre» qu'elle aurait pu écrire (p60), et qu'elle s' impose en fait à elle-même comme protection, par «les quarante règles de la religion de l'amour» énumérées par Shams de Tabriz, derviche errant du XIIIe siècle, qu'elle va découvrir au fil de sa lecture d'un roman. Ce roman de Aziz Zahara «Doux blasphème», dont elle doit rendre compte pour la maison d'édition qui vient de lui offrir un emploi de lectrice, le lecteur va le découvrir avec elle.
Divisé en cinq grandes parties, 
1 Terre, ce qui est solide, absorbé, immobile
2 Eau, ce qui est fluide, changeant, imprévisible
3 Vent, ce qui bouge, évolue et nous défie
4 Feu, ce qui abîme, dévaste et détruit
5 le Vide ce qui est présent à travers ton absence,
au cours desquelles se croisent les voix de Ella et les mails qu'elle échange avec Aziz le soufi écrivain, celles de Shams et des rencontres qu'il fait au long de son errance qui le mène progressivement vers la sublime rencontre avec l'Ami aimé, Rûmî, maître respecté qui enseigne à Konya. Il manque à Rûmî d'avoir atteint le cinquième degré «le vide» là où va s'intégrer la danse des derviches qui mène à l'extase. C'est l'amitié de Shams qui va lui permettre de parvenir au plus haut degré de l'Amour, l'oubli total de soi et l'acceptation de la perte. Shams est le provocateur, «Il était habitué à voler en oiseau solitaire, sauvage et libre», il rompt les digues protectrices pour ouvrir la voie vers l'Amour. En lisant Ella va, elle-aussi, progressivement se transformer et son entourage avec elle.
C'est à mon avis un livre empreint de beauté et d'une grande richesse permettant d'approcher la mystique soufie en la rendant accessible et en montrant que l'Amour se rit de l'espace et du temps et peut toucher aussi bien une bonne maîtresse de maison américaine, figée dans ses principes que l'on peut juger comme superficielle au départ, une prostituée, un mendiant ou un maître etc... que tous se valent et ont la possibilité de s'extraire de leur gangue pour renaître. Shams sait sonder le fond des coeurs et permet à chacun de se découvrir mais il y a ceux qui s'y refusent auxquels le grand vent fait peur et alors ils haîssent celui qui voulait leur faire ouvrir les portes....
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Ceci est un roman d'amour, qu'il s'agisse de l'amour de Dieu, de son prochain, de l'amour filial, charnel ou spirituel, c'est la même chose puisqu'à la fin Tout n'est qu'Un.
C'est ce que va découvrir Ella en lisant le manuscrit d'un auteur inconnu, pour le compte de son employeur, éditeur.
Ella, la quarantaine, se croit heureuse dans le rôle de la femme au foyer, entre son mari et ses trois enfants, son ménage et ses cours de cuisine. Vie bien réglée, parfaite, où l'imprévu et l'inconnu sont indésirables. A moins que « Doux Blasphème », le manuscrit en question, et surtout Aziz, son auteur, ne viennent tout remettre en question, en mettant Ella sur la Voie soufie, la voie de l'instant présent, de la compassion, du lâcher-prise.
Le manuscrit raconte l'histoire du poète musulman Rûmi, au 13ème siècle, et de sa rencontre avec le derviche errant Shams de Tabriz. Rencontre décisive pour le destin de chacun, qui donnera naissance à une amitié profonde, presque insensée tant elle aura de conséquences sur l'entourage et la réputation des personnages.
« Soufi, mon amour » est découpé en courts chapitres, décrivant alternativement les étapes de la rencontre entre Rûmi et Shams racontées tour à tour par les différents protagonistes de ce drame annoncé, et en parallèle celles de la renaissance d'Ella grâce à sa rencontre avec Aziz.

On apprend des choses sur le soufisme, le style est fluide, le roman se lit rapidement, par moments j'avais même du mal à le lâcher.
Ce n'est pas totalement un coup de coeur, même si on parle d'amour à toutes les pages, mais j'ai beaucoup aimé cette histoire. Ce n'est pas non plus un monument de littérature, on frôle parfois un peu trop la guimauve ou les clichés moralisateurs, mais ce roman m'a emportée, m'a apaisée aussi.
On rêve d'une rencontre telle que celle d'Ella et Aziz, peut-être parce qu'on peut se reconnaître vaguement dans cette personnalité qui balance entre volonté de tout contrôler pour se rassurer et confort de la passivité. A moins que finalement il n'y ait une 3ème Ella : celle qui a la certitude qu'un jour se produira un déclic qui bouleversera tout.
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Le Père Noël avait cette année des allures de prince oriental. C'est ce que je me suis dit en découvrant dans ma chaussette de Noël le roman d'Elif Shafak : Soufi, mon amour. Un titre on ne peut plus romance ! Et la moitié du livre ne dément pas ce jugement. Il s'agit de deux histoires dont l'une se déroule aux Etats-Unis et relate l'amour d'Ella envers un soufi Aziz. On ne peut imaginer plus "desesperate housewife" qu'Ella ! Et franchement je crois que j'aurais déclaré forfait s'il n'avait été question que de cette histoire d'amour sirupeuse à souhait !
Heureusement un second récit s'entrelace avec le premier et celui-là est beaucoup plus intéressant car il relate la rencontre de deux grands noms du soufisme : celle du poète persan Rûmi et de celui qui fut à la fois son pygmalion et son initiateur à cette confrérie du soufisme que sont les derviches tourneurs.
Dans ce second roman, nous sommes avant tout dans un conte oriental dont Elif Shafak maîtrise parfaitement les codes. L'ambiance, les couleurs, les odeurs, le cosmopolitisme des villes orientales sont très présents grâce à la sensorialité de la plume de l'auteure. Avec rigueur et précision, elle évoque la société féodale du XIIIe siècle en Anatolie : une société fortement cloisonnée avec ses vassaux et ses exclu(e)s. C'est toute une galerie de portraits hauts en couleurs qui défilent devant nos yeux : Suleiman l'ivrogne, Rose du Désert la prostituée, Kymya la spirite, Hassan le mendiant atteint de la lèpre... A la fois personnages de conte par leur côté archétypal, ils sont aussi très présents grâce au pouvoir d'évocation d'Elif Shafak qui mêle avec harmonie réalisme et merveilleux.
Mais bien sûr le personnage le plus marquant de cette histoire est le fameux Shams de Tabriz. Un personnage historique dont on sait peu de choses et dont l'auteure s'est emparée avec bonheur jusqu'à en faire d'une certaine façon un double. En tout cas les points de ressemblance sont nombreux : le cosmopolitisme et l'errance de leur vie, le côté rebelle et iconoclaste, tous les deux prennent le contrepied des idées reçues lorsqu'elles sont sclérosantes et liberticides. Shams, en effet, en arrivant à Konya, la ville où vit Rûmi va entrer en guerre contre l'Islam traditionnel et il va entraîner dans son sillage Rûmi, un notable bien établi et respecté de tous. Dépouillement, lien personnel avec Dieu qui dépasse les rituels et les cérémonies, enfer sur terre et en nous au lieu d'un monstre extérieur, refus du prosélytisme, tels sont quelques uns des principes qui émergent des Quarante règles de la Religion de l'Amour, l'oeuvre de Shams.
Si ce personnage est aussi très intéressant c'est parce que ses relations avec Rûmi ne sont pas sans ambiguïté. Et bien souvent j'ai vu en lui un maître despotique bien plus qu'un guide bienveillant s'attachant seulement à mettre l'autre devant ses failles ! En tout cas une belle réflexion en filigrane pour qui est intéressé par la relation maître/disciple.
Pour finir comment ne pas signaler la place des femmes dans le roman. A la fois persécutées et résilientes, elles ne baissent pas les bras, à l'instar d'Elif Shafak, obligée de vivre loin de son pays, la Turquie, en raison de ses prises de position sociales et politiques.
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Encore un livre gourmandise, dans la lignée de L'ombre du vent; Oui, un livre dont vous ne pouvez vous empêcher de tourner les pages. Résultat: cinq heures de lecture d'affilée pour arriver au point final.

Le personnage d'Ella, mère au foyer de 40 ans, sert de fil conducteur pour une découverte romancée du Soufisme, ce courant mystique de l'Islam. C'est cela qui m'intéressait principalement dans ce roman très accessible, première étape vers la lecture du poète Rûmî.

Shams de Tabriz, derviche errant du 13ème siècle va à la rencontre de l'érudit Rûmî, l'âme soeur, afin d'amener ce dernier à vivre pleinement «  la religion de l'amour ». Cette rencontre décisive va véritablement transformer Rûmî pour lui permettre d'atteindre l'ultime palier de la sagesse Soufie, celle du détachement, de l'acceptation totale de ce qui est.

Certains passages sont certes un peu clichés et le style littéraire n'est pas excessivement recherché mais cela reste un très bon moment de lecture.
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Si on ne me l'avait pas prêté je ne me serais jamais intéressée à ce « Soufi mon amour ». En général, je n'aime pas trop qu'on me prête un livre. D'une part parce que j'ai un planning de lecture toujours chargé, et d'autre part parce que j'ai toujours la crainte de ne pas aimer le livre qu'on m'a prêtée et que, dans ce cas, je serai mal à l'aise au moment de partager mon ressenti avec la personne qui me l'a prêté, que je choisisse de mentir ou d'être franche. C'est donc avec une certaine appréhension que je me suis lancée dans cette lecture de « Soufi mon amour », d'autant plus que j'aime beaucoup la personne qui me l'a prêté. J'aurais dû tenir compte des raisons qui font que j'apprécie cette personne, ainsi je n'aurais pas eu ces craintes injustifiées. le roman d'Elif Shafak n'est pas parfait mais il est très réussi et m'a procurée beaucoup d'émotion. Je dois dire qu'il m'a même secouée.

Le roman prend la forme de deux histoires enchâssées, d'une part l'histoire d'Ella, une quadra américaine à la vie bien rangée et d'autre part les pages du roman qu'elle lit pour son travail qui relate le destin du grand poète Rumi et de son lien si fort avec le derviche Shams de Tabriz. Interpellée par le roman qu'elle lit Ella prend contact avec son auteur, un certain Aziz. Sa vie en sera changée.

La partie consacrée à l'histoire de Rumi et Shams, pleine de poésie, est envoûtante. J'ai adoré cette aventure spirituelle orientale qui a, par certains moments, des allures de conte merveilleux avec ses petites touches discrètes de fantastique qui sont très bien amenées. L'auteure idéalise sans doute la philosophie soufie, il est indéniable qu'il y a une forme d'outrance dans leur vision de la religion et le fait de venir du soufisme n'a pas empêchée Hassan El-Banna de fonder les Frères Musulmans et donc d'adopter une conception plus politique et plus guerrière de l'Islam. Ceci dit, la vision soufie de l'Islam est sans doute une des plus paisibles, donnant un rôle moins central à la charia, se montrant plus ouverte vis-à-vis des autres religions et se voulant plus spirituelle, plus ésotérique. Découvrir cette pensée soufie, même si elle est ici enjolivée, était donc très intéressant et il y a dans cette philosophie très centrée sur l'Amour quelque chose de très poétique. le poète est d'ailleurs dépeint comme supérieur à l'érudit. Cette partie est également très romanesque avec une multiplicité de personnages et pas mal de péripéties. le récit du destin de Rumi et Shams est donc la partie la plus divertissante, la plus immédiatement agréable. Mais, si touchante qu'elle soit, elle m'a moins secouée que la partie consacrée à Ella.

Avec l'histoire d'Ella on n'est plus dans le roman historique au souffle poétique et romantique, on se retrouve plutôt dans un roman psychologique. Cette histoire est moins séduisante que celle, aérienne et lyrique, de Rumi mais elle m'a bouleversée, presque d'une façon douloureuse. Ce n'est pas tant l'histoire d'amour entre Ella et Aziz qui m'a remuée, d'une certaine façon elle est plus symbolique qu'autre chose (j'y reviendrai), mais plutôt le portrait d'une femme qui réalise qu'en se croyant épanouie se berçait d'illusion. La perception de cette chronique intime est sans doute plus intense pour une femme quadragénaire, comme ce fut le cas pour moi. Si je n'ai pas grand-chose en commun avec Ella, l'identification a tout de même fonctionné. Comme elle, au fur et à mesure des années, je prends conscience des renoncements dont la vie est faite. Avec la vie d'adulte, de mère, on doit s'oublier soi-même, oublier une certaine forme de liberté. Je porte un regard de plus en plus nostalgique sur ma vie. Sans être malheureuse, je ne peux m'empêcher de parfois regretter de ne plus vivre pour moi, de ne plus me laisser aller à faire simplement ce que j'ai envie de faire. Je regrette que l'instant présent n'existe plus tellement dans ma vie. La plupart du temps, je fais comme si ces regrets n'existaient pas mais parfois ces pensées nostalgiques teintées de mélancolie refont surface. Voilà pourquoi, la partie du roman consacrée à Ella m'a bouleversée.

La forme du roman est également intéressante. D'une façon générale, j'aime bien les récits enchâssés. Ici, l'alternance est bien faite, le rythme est prenant. J'émets juste un petit bémol stylistique sur un point. La partie sur Rumi est racontée successivement par différents personnages mais le problème c'est qu'ils s'expriment tous de la même façon. La plume de l'auteure ne change pas selon que ce soit un ivrogne, un érudit ou une prostituée qui s'exprime. Je ne sais pas si c'est perceptible en version originale ou si c'est le fait de la traduction et puis de toute façon ça n'amoindrit pas le plaisir de lecture. Dans la forme, il y a 2 éléments que j'ai trouvé très intéressants. Chaque chapitre est raconté à la première personne du singulier. Que ce soit Rumi, sa femme, ses enfants, Shams, l'ivrogne, la prostituée, le zélote… ils disent tous « Je ». Il n'y a que les chapitres consacrés à Ella qui sont racontés à la 3ème personne, comme si elle n'était pas propriétaire de sa propre voix, comme si son « Je » n'existait pas. Je trouve que ce choix narratif est très pertinent, la forme rejoignant le fond. L'autre élément formel que j'ai trouvé intéressant concerne Aziz. Il est le seul personnage qui ne raconte pas sa vie, qui n'a pas ses propres chapitres. Il appartient uniquement au récit consacré à Ella. Il en devient presque une abstraction. Tout au long du roman, il n'existe qu'à travers sa relation avec Ella, on ne le voit pas exister avec d'autres même s'il fait le récit de sa vie mais qui m'a semblée d'une étrangeté désincarnée. On pourrait même penser qu'il n'existe pas réellement, qu'il n'existe que dans la tête d'Ella, qu'il représente la part d'elle-même qui rêve encore de liberté et de légèreté.

J'ai beaucoup aimé « Soufi mon amour » qui m'a fait vivre toutes sortes d'émotions. J'ai été emportée par la poésie et le souffle romanesque de l'histoire de Rumi et Shams et j'ai été bousculée par le récit consacré à Ella qui m'a rappelé combien l'insouciance et la désinvolture de ma jeunesse me manquaient.
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Un beau moment de lecture que ce Soufi, mon amour d'Elif SHAFAK et cette plongée dans la rencontre initiatique entre Rûmî, fameux poète persan du 13e siècle et Shams de Tabriz, derviche tourneur, adepte du soufisme. Ce mysticisme islamique présent aussi bien chez les sunnites que les chiites, le pendant de la gnose chrétienne ou de la kabbale judaïque pour guider sur le chemin de l'épanouissement personnel, de la révélation intérieure et de la relation avec Dieu, le Créateur, l'Un… Ou l'un des 99 noms qu'on lui donne sur Terre.
Tandis que le Proche-Orient connaît un nouvel accès de fièvre, que les tambours de guerre se mettent à jouer leurs airs funèbres, parcourir ce texte qui encensent l'amour, la force universelle qui nous lie tous, pour peu que l'on sache s'y ouvrir, a été une oasis réconfortante au milieu de la fureur de l'actualité. Mièvrerie d'un rêveur occidental sentimental ? Peut-être ! Mais, l'escalade israélo-iranienne fait tellement écho au scénario de mon troisième roman que j'en viens parfois à me demander s'il ne provient pas d'ailleurs que de mon imagination ?
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« Soufi, mon amour » raconte la magie irrésistible de deux rencontres, deux parcours initiatiques hors du commun. Elif Safak, avec son habituel talent de conteuse, nous entraîne sur les traces du soufisme, un courant mystique de l'islam.

Aziz Z. Zahara, un auteur inconnu, vient d'écrire un livre sur un poète, Rumi et sur le plus célèbre derviche du monde musulman, Shams de Trabiz.. La rencontre entre ces deux personnalités solaires donnera naissance à une amitié plus forte que tout et loin de tout extrémisme religieux, au soufisme…

C'est Ella Rubinstein une quadragénaire américaine, mariée et mère de trois enfants qui est chargée par un agent littéraire de rédiger une note sur le manuscrit.

Elle rentre en contact par mail avec l'auteur et petit à petit, leurs échanges deviennent plus intimes. Ella se remet en question, se vie est bouleversée petit à petit. Jusqu'où ira-t-elle ?

L'auteur alterne les deux récits ce qui donne beaucoup de rythme à la lecture du livre et tout son relief au récit historique.

Le soufisme, est une quête spirituelle qui laisse une grande part aux sens, à la nature, une forme d'abandon total à l'amour de Dieu qui passe aussi par la fameuse danse des derviches tourneurs.

Croyant ou pas, ce livre interroge et sa lecture laisse un souvenir agréable.
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Ce livre est une aventure spirituelle mirobolante dans le monde du soufisme. En substance, il raconte l'amitié de deux grands hommes soufis du XII-XIII ème. Il y a Shams de Tabriz, derviche errant indiscipliné, rebelle, qui choque tous ceux qu'il rencontre par sa sincérité, son rejet de la « charia ». Les juges qui la pratiquent le haïssent par conséquent, ainsi que bien des gens qu'il croise. Sahms ne veut pourtant que du bien. Il a établi les 40 règles de l'amour, il est proche de la nature et il aime se déplacer pour délivrer son message. Et de l'autre côté, il y a Rumi, poète et chef spirituel, suivi par beaucoup de disciples. Ces deux grands penseurs partageront une amitié placée au niveau spirituel, d'une profondeur extrême, qui les réunira autour du Coran.

On apprend des tas de choses sur la lecture du Coran, qui est de grande actualité. C'est assez enrichissant aussi sur le plan personnel. Ce Shams qui se distinguait par sa différence était un révélateur, un homme hors du commun. Ce livre ne s'attache pas uniquement à ces deux hommes mais il parle aussi du destin d'une femme du monde actuel qui au travers du manuscrit écrit par un soufi d'aujourd'hui, racontant l'histoire de l'amitié de Shams et de Rumi, sentira elle aussi son monde lentement changer.

Pour en connaître davantage sur le soufisme, cette pensée spirituelle basée sur l'Islam, et réfléchir à qui sont les soufis, il « soufi » de lire ce livre.
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