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François Maguin (Traducteur)
EAN : 9782080419279
544 pages
Flammarion (19/04/2023)
4.11/5   2856 notes
Résumé :
« Un homme peut sourire, sourire, et n’être qu’un scélérat. »

Le roi du Danemark, père d’Hamlet, est mort. Son frère Claudius a pris le pouvoir et épousé Gertrude, femme du défunt souverain. Mais le spectre du monarque apparaît et révèle à son fils qu’il a été assassiné par Claudius. Le jeune Hamlet sait qu’il doit accomplir la vengeance de son père et faire tomber son oncle. Simulant la folie pour mener à bien son projet, il adopte un étrange comport... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (208) Voir plus Ajouter une critique
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Que valent nos avis ? Pas grand-chose !...
Ma première rencontre avec le grand Shakespeare remonte aux temps chéris — autant que révolus — de ma fragile innocence, de ma fringante jeunesse sous le ciel immaculé de mes vingt-deux ans. Ce fut avec Hamlet que la rencontre se fit et je lus Hamlet, donc, et il ne me plut point. J'en gardais alors le souvenir d'une déconvenue, de beaucoup de bruit pour rien, d'un texte aux couleurs fades et aux contours ampoulés, bref, d'un redoutable ennui.
Je ne me sentais pourtant pas moins vive en ce temps-là, ni moins prompte à m'enflammer, ni moins sensible aux choses du verbe que je ne le suis actuellement, or — oui or, car il y a un or — or, donc, je ne fus point séduite par le verbe de naguère, qui n'est point si distant, je crois, du verbe de maintenant. Seule ma culture dramatique était à un seuil dramatiquement bas.
Aujourd'hui, forte de quelques plis supplémentaires au coin des yeux et de deux ou trois tragédies ramassées deci-delà sur mon parcours, prise d'un légitime regret je me relance à l'abordage de cette oeuvre.
Certes j'ai pris quelque temps et mis quelque zèle à choisir une traduction qui puisse me convenir. C'est sur celle d'André Marcowicz que j'ai jeté mon dévolu cette fois (l'autre fois c'était celle de François-Victor Hugo).
Et alors ? C'est le jour et la nuit. (Chapeau pour cette traduction Monsieur Marcowicz !) Je n'en reviens pas. Comment peut-on, étant la même personne, ressentir les choses aussi différemment à quelques années d'écart ?
J'ai adoré la légèreté, l'humour, la finesse, la profondeur, la qualité d'écriture de l'ensemble de la pièce (pas trop le final cependant). C'était un autre Hamlet et celui-là j'en garderai un souvenir ému et chaleureux.
Comment vous dire ?... Il y a des poussières d'Hamlet disséminées tellement partout que c'est à peine si j'ose, que je ne sais par où le prendre. Peut-être par le plus futile de tous ? Pourquoi pas ?
Les clins d'oeil à Hamlet sont fréquents dans les oeuvres destinées à la jeunesse.
Goscinny s'en donne à coeur joie dans l'album La Grande Traversée (Parodiant la réplique de Marcelus de l'acte I, le chef viking Øbsen dit en regardant un crâne : « Il y a quelque chøse de pøurri dåns mon røyåume… » Kerøsen quant à lui dit : « Suis-je un décøuvreur øu ne le suis-je pas ?... Être øu ne pås être, telle est lå questiøn… »). de même, tout le scénario du film de Walt Disney le Roi Lion est une resucée quasi-intégrale de la trame d'Hamlet. Même le fantôme du vieil Hamlet apparaissant à son fils a son pendant dans le film. Chez les écrivains un peu plus chevronnés, on peut mentionner que Rudyard Kipling, dans son ouvrage destiné à la jeunesse Histoires Comme Ça, a inséré le fameux poème « IF » qui est très largement inspiré de la tirade de Polonius (Acte I, Scène 3).
Dans la littérature dite adulte, Hamlet, en époux volage, a aussi fait des petits un peu partout (par exemple, la fameuse scène hilarante du chapitre XXXI des Grandes Espérances de Charles Dickens). Mais c'est quoi Hamlet ? À quoi ou à qui peut-il nous faire penser ?
Tout d'abord, si l'on s'intéresse à sa filiation, et l'on sait à quel point Shakespeare était féru de tragédie grecque, on y voit une ascendance très nette en la personne d'Oreste. Lui aussi est fils d'un roi qui s'est fait trucider et dont la mère s'est remariée au nouveau souverain usurpateur. (Oreste, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, frère d'Électre ne supporte pas l'assassinat de son père et décide de devenir le meurtrier de sa mère qui a fomenté le régicide.)
Le thème de la trahison, du doublage par un frère (le vieil Hamlet est assassiné par son frère Claudius) est un thème qui semble fort et important pour l'auteur (cf. Le Roi Lear, Jules César, etc.), c'est d'ailleurs le corps de l'ultime drame de Shakespeare, La Tempête, où Prospero a échappé in extremis à la mort et s'est fait subtiliser le trône par son frère.
Le thème de la mort, ou plus particulièrement de l'inutilité de la vie, est également un sujet de prédilection du grand dramaturge anglais et qui figure au coeur d'Hamlet, d'où cette fameuse tirade du « être ou ne pas être ».
Mais si tout cela est vrai et fort, ce qui me semble plus fort et plus évident que tout — et qui m'avait totalement échappé à la première lecture — c'est la réflexion sur le théâtre qui est contenue dans cette tragi-comédie et c'est la théorie que je vais défendre ci-dessous.
Pour bien analyser la question, observons l'architecture, la structure de l'oeuvre :
Acte I — révélation du meurtre de son père à Hamlet et de l'usurpation de son trône. Hamlet est par conséquent renvoyé à un rôle subalterne.
Acte II — la « folie » d'Hamlet, prise de position sur le théâtre et mise en abîme (le théâtre montre le théâtre). Révélation du stratagème du « théâtre » du roi et de la reine pour cerner Hamlet dans ses amours. Mise en évidence d'un double discours dans ce « théâtre ». Incompréhension d'Hamlet et d'Ophélie.
Acte III — Hamlet, à son tour, utilise le stratagème du théâtre. le théâtre apparaît alors en tant que révélateur de la vérité de l'âme humaine derrière les apparences. Révélation de leur propre trahison au roi et à la reine. Assassinat par Hamlet de Polonius, le courtisan intéressé et qui s'était caché.
Acte IV — le pouvoir veut emmener Hamlet en Angleterre pour le tuer. Réapparition de Laërte, fils de Polonius, sorte de dédoublement d'Hamlet, qui lui aussi veut venger la mort de son père.
Acte V — On en a oublié Ophélie qui meurt sans qu'on s'en soit trop occupé, on ne sait que la pleurer. Réflexion sur la mort à l'occasion de l'enterrement d'Ophélie. Combat organisé par le roi entre Hamlet et Laërte. Mort des deux opposants qui entraînent dans leur fin celle du roi.
Voilà, très grossièrement l'ossature de la pièce. Permettez-moi simplement maintenant de vous dire ce que ces personnages m'évoquent :
Hamlet, C'EST le théâtre, dans l'acception la plus noble du terme. C'est lui le révélateur, c'est lui qui voit clair dans le jeu orchestré par le roi et c'est lui qui est déchu par la vilenie du pouvoir.
Le roi symbolise évidemment le pouvoir, en tant qu'autorité qui muselle l'activité artistique de peur qu'elle ne montre trop explicitement ses propres exactions.
Laërte, c'est l'autre théâtre, le théâtre d'état, le théâtre qui dit ce que le roi veut entendre, celui qui est aux bottes du pouvoir.
Les deux théâtres se livrent une lutte à mort, et qui est sacrifié au milieu d'eux ? le public, évidemment, et ici le public est symbolisé par Ophélie, qui devient folle.
La reine représente la conscience, la morale à qui l'on a tordu le cou pour avaler des couleuvres.
Polonius représente les seconds couteaux, le peuple nombreux des courtisans hypocrites qui lèchent les savates de tout pouvoir, quel qu'il soit, et qui se font étriller par le théâtre (pensez aux bourgeois, aux savants ou aux religieux chez Molière, par exemple) car si l'on ne peut taper sur le pouvoir, on peut tout de même se faire la main sur les courtisans. Mais on peut aussi (et surtout) voir dans Polonius, l'archétype du puritain (voir les conseils qu'il donne à son fils), très en vogue et toujours plus près du pouvoir à l'époque de Shakespeare.
Et la moralité de tout cela, c'est qu'un pouvoir qui n'est pas capable de se regarder en face sous le révélateur, sous le miroir de vérité qu'est le théâtre, tellement il a honte de lui-même est voué à disparaître.
Pour conclure, si l'on recontextualise la genèse de cette pièce avec les événements historiques dont l'auteur était le témoin, ce qu'il faut voir dans Hamlet, ce n'est ni une tragédie (ou tragi-comédie), ni un quelconque message métaphysique, mais bien plutôt une supplique politique pour maintenir les théâtres publics élisabéthains et leur liberté d'expression face aux attaques toujours plus virulentes des puritains qui essaient d'imposer leur théâtre moralisateur. On sait par ailleurs que les craintes de Shakespeare étaient fondées car les puritains obtiendront gain de cause avec la fermeture des théâtres publics en 1642 (notamment le Théâtre du Globe où était joué Shakespeare).
Vu comme cela, cette pièce est absolument lumineuse, forte, pleine de sens et de désillusions, bref, essentielle. Une oeuvre, donc, qu'il faut absolument lire, mais, comme je l'ai expérimenté moi-même, peut-être pas trop tôt et pas sans s'être muni au préalable d'une petite patine en matière de théâtre, du moins c'est mon minuscule avis face à cette immense pièce, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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"Though this be madness, yet there is method in't"
(Acte II, scène II)

Malgré la température printanière relativement douce et les oiseaux qui chantent dans le jardin, j'ai les doigts qui tremblent, quand je me décide enfin à écrire ces quelques mots sur "Hamlet".
Hamlet, c'est Hamlet. Je ne vais pas pousser ma prétention jusqu'à vouloir en faire une quelconque analyse, et je trouve superflu de raconter l'intrigue une fois de plus.
Ainsi, ceci n'est pas vraiment une "critique", et, de toute façon... "Words, words, words !"

Dans ma vie, il y avait des moments où je détestais Shakespeare de tout mon coeur. Il est vrai qu'il nous a laissé "Richard III" et les sonnets pour la Dark Lady, mais il a fait mourir Hamlet - dans cet instant crucial où tous les rouages déréglés d'un monde complètement fou s'imbriquent enfin, et recommencent à fonctionner à peu près normalement. Je n'ai jamais pu le lui pardonner.

Hamlet, l'adolescent déséquilibré, qui a envie d'en finir.
Hamlet, qui ne vit plus que pour la vengeance.
Hamlet, le seul être lucide, obligé de prétendre la folie au milieu des fous d'amour, du pouvoir, de l'ascension sociale ?
Hamlet, qui aime Ophélie à mourir, et qui l'envoie dans un couvent.
Hamlet avec le crâne de Yorick..
Si ce sont seulement des fous qui peuvent aimer Hamlet le fou, alors j'ai envie de revendiquer la folie et chercher une bande d'acteurs pour aider à démasquer les traîtres.

J'ai vu pas mal d'interprétations, et même si à chaque fois Hamlet-acteur meurt à la fin, même la plus mauvaise n'a pas tout à fait réussi à tuer Hamlet-pièce.
Mais je crois que pour moi, Hamlet va garder à tout jamais le visage de l'acteur Laurence Olivier.
Vous avez tout, dans ce film. La dépression géniale qui vous tombe dessus quand vous arpentez les fortifications glaciales d'Elseneur, le goût de la folie et le désir de régner, la terreur que vous inspirent les âmes déchirées des protagonistes principaux. Vous allez vous incliner jusqu'à terre devant les nobles dialogues - sans jamais comprendre comment ce sacré Will a pu faire.
Ses mots caressent, et en même temps, délibérément, tuent.
La terrible passion servie dans la coupe de vin empoisonné de la reine Gertrude.

"Je suis Hamlet. La violence, j'en veux pas.
Moi sur la couronne danoise, j'ai craché.
Mais, à leurs yeux, je voulais être roi
et mon rival, j'ai massacré.

Un vrai délire, cette éruption géniale.
La mort voit la vie comme une malfaçon.
Tous, nous avons une réponse déloyale
Sans jamais trouver une bonne question"

(Vladimir Vyssotski, poète et chanteur russe. Excellent Hamlet sur scène)

Cinq sur cinq, cancre de Stratford. Saura-t-on jamais qui tu étais, pour pouvoir écrire des mots pareils ?
That is the question...
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La pièce démarre par la vision du spectre d'un défunt, le roi du Danemark, le père d'Hamlet qui s'appelle lui aussi Hamlet et qui s'adresse à son fils. C'est une injonction, il lui révèle que celui qui est monté au trône après son décès, son frère Claudius, celui qui a aussitôt épousé la mère d'Hamlet, est un assassin et un usurpateur de la couronne, c'est lui qui a empoisonné le roi qu'il était...
Le spectre crie vengeance et dès lors son fils lui promet de le venger... C'est une question d'éthique.
Le propos fondateur de la pièce est donc celui-ci : comment rétablir la couronne, la légitimité, la dignité, le sens de l'existence ?
Maintenant je vais vous raconter une autre histoire, celle d'un lecteur, le lecteur que je suis, peu amateur de lectures théâtrales jusqu'ici...
Pour venir à Hamlet, j'ai choisi la traduction d'Yves Bonnefoy, poète que j'aime beaucoup depuis l'adolescence. Pour venir à Hamlet, j'ai pris mon temps, l'ouvrage sommeillait dans ma bibliothèque. S'il m'est arrivé de voir quelques représentations de pièces de William Shakespeare comme le Roi Lear, je n'ai jamais vu Hamlet sur une scène théâtrale. Il m'est même arrivé il y a bien longtemps de m'inscrire dans une association qui proposait des cours de théâtre afin de vaincre ma timidité à m'exprimer en public et j'ai ainsi jouer un petit rôle dans La Nuit des Rois devant un cercle exclusivement composé de copains, mais c'était il y a bien longtemps...
Voilà pour ma seule expérience vécue avec Sir William Shakespeare.
Cet été, un de mes coups de coeur littéraires fut Hamnet, bouleversant roman de Maggie O'Farrell, sorte de biographie du célèbre homme de théâtre sans jamais le nommer, évoquant la mort tragique de son fils... Dans ce roman on devine aisément ô combien le destin douloureux de son enfant et le chagrin qui s'ensuivit, lui donna l'inspiration pour écrire l'une de ses plus belles tragédies théâtrales...
Alors, je m'étais promis à la fin de l'été de lire Hamlet et dans la lecture de cette pièce que je viens de terminer et qui m'a emporté, bousculé, où je n'ai pas tout compris je vous l'avoue humblement, j'ai cru entrevoir quelque chose, non pas un spectre mais mon ressenti : Shakespeare, dans l'impossibilité de tenir son rôle, sa place dans sa propre existence va trouver un lieu pour agir, le théâtre, agir en jouant sur scène, en mettant en scène la vie, il y met justement ici en scène le combat que l'on peut jouer et perdre contre la mort...
Avant de lire Hamlet, j'avais appris que lors des premières représentations de la pièce, Shakespeare jouait lui-même le rôle du spectre du défunt, s'adressant ainsi au personnage de son fils Hamlet... C'est un peu comme s'il avait voulu à travers cette incarnation s'éclipser du monde des vivants et rejoindre celui des morts pour mieux s'adresser à son fils qui venait de mourir quelques mois auparavant. J'imagine que cela fut pour lui une épreuve et peut-être aussi une délivrance. Mais ça, c'est mon interprétation et elle n'est pas vraiment théâtrale...
Quelle puissance ! Tout y est ici, le théâtre de la vie, l'idée du sens de la vie, une manière de douter avec art, dans une superbe gestuelle qui nous demande de laisser tomber les mots, les mots, les mots pour agir sur la scène de la vie... Quel comble ! Un texte qui nous dit de laisser tomber les mots... Quelle audace tout de même !
Qui ne connaît pas Hamlet, pièce injustement réduite à peut-être la plus célèbre réplique théâtrale universelle, mais que se cache-t-il derrière cette réplique ?
« Ou inclusif », « ou exclusif », telle est peut-être la vraie question ! Il n'y a pas d'entre-deux lorsque Shakespeare nous invite dans Hamlet à nous interroger sur ce questionnement du sens de la vie.
Emporté par les mots, j'y ai vu une gigantesque énigme, j'y ai vu des portes à ouvrir à l'infini... Il me reste désormais à les franchir. Il est jouissif qu'un texte vous résiste un peu, ne vous tende pas d'un seul coup toutes les clefs du royaume.
Hamlet c'est l'histoire d'un échec et c'est peut-être ce qui rend fou son héros ou lui donne cette impression de devenir fou auprès des autres.
Toute la pièce est dans la méditation d'une action qui n'agit pas, la hissant jusqu'à à nos propres existences. Et c'est beau.
Formuler des mots, n'est-ce pas déjà agir ? Pour Shakespeare, monter sur une scène, avoir une parole poétique, c'est l'acte suprême.
Hamlet est touchant dans son impuissance et son échec à faire l'acte qui lui permettrait d'atteindre l'éthique dictée par le spectre de son père. Tuer ce roi nouveau et usurpateur. Pourquoi ne le fait-il pas alors ? C'est toute l'énigme de la pièce qui montre la nécessité de l'acte sur les paroles mais en même temps son échec.
Cette impossibilité est posée au centre même de la pièce. Hamlet convoque des comédiens pour jouer une pièce qui ressemble à sa propre vie, de manière grotesque, presque ridicule, sous forme d'une autodérision... Pourtant le nouveau roi s'enfuit devant ce qui est représenté, se sentant visé, touché, pan dans le mille, ce qui démontre peut-être que c'est sans doute et seulement là qu'Hamlet a atteint son objectif.
Après avoir lu ou vu Hamlet, on ne peut plus retourner dans sa vie d'avant comme si de rien n'était.
« Ce n'est pas l'inquiétude qui rend fou Hamlet, c'est la certitude. » disait Nietzsche.
Entre l'être et le néant, il y a peut-être le faire.
Pourquoi aimons-nous le théâtre ? Pourquoi lisons-nous du théâtre ? Pourquoi allons-nous au théâtre ? Pour entendre peut-être une parole poétique qui transforme nos vies...
J'ai aimé Hamlet pour cela et j'ai envie d'y revenir.

Il est mort, il est mort, madame,
Il est mort, il est enterré,
À sa tête est l'herbe fraîche,
Une pierre est à ses pieds.
Oh ! Oh !
[Acte IV, scène V]
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Tout arrive : j'ai enfin lu Shakespeare ! Après trente ans à hésiter et me rencogner, je dois dire que la découverte d'Hamlet fut une belle surprise.

Pour ce qui est de l'histoire, je laisse à Horatio, fidèle d'Hamlet, le soin de dire de quoi il retourne : « Vous entendrez parler d'actes charnels, sanglants, contre nature ; d'accidents expiatoires ; de meurtres involontaires ; de morts causées par la perfidie ou par une force majeure ; et, pour dénouement, de complots retombés par méprise sur la tête des auteurs. »

Imposant programme. D'autant que dans Hamlet il est aussi question de trahison, de vilénie, de courtisanerie affligeante. Mais encore et surtout des affres du jeune Hamlet, ravagé de haine envers son oncle, de rancoeur envers sa mère qui l'a épousé et d'envie de venger son père assassiné mais n'osant passer à l'acte.

Le plus surprenant pour mon oeil neuf à l'univers de Shakespeare, c'est l'humour, qui émaille la pièce entre deux tirades fabuleuses tout comme ces scènes aux accents gouailleurs et populaires, dans un joyeux mélange des genres. On y sent un théâtre très vivant, plein des bruits de la vie, bien loin du solennel empesé que j'imaginais.

Et comme je pressens à cette première lecture qu'Hamlet est une oeuvre à tiroir, avec des pièces dans la pièce ouvrant sur de multiples interprétations, je prévois déjà de le relire un jour, certaine que s'ouvriront lors des prochaines lectures de nouvelles portes sur de nouveaux plaisirs
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Il y a quelque chose d'alambiqué dans l'édition de Hamlet.

D'après Pierre Iselin, qui signe la préface de mon exemplaire, il existe en effet trois Hamlet : un « premier Hamlet » de 1603, un « second Hamlet » de 1604, le plus long et le plus connu, et une version de 1623. le premier est apparemment une pièce en un acte mais 18 scènes. Toujours d'après Iselin, il s'agirait d'une version reconstituée de mémoire par des acteurs de la troupe. La version de 1623 serait quant à elle la version la plus proche de celle jouée du temps de l'auteur.

J'ai les deux premières versions, mais n'ai lu que la seconde. Les spectres, ça va un moment.
Bon je parle à tort et à travers et n'ai même pas un crâne à qui déblatérer mes âneries ; juste un paquet de Kleenex devant moi, ça fait pas pareil.
Et à part ça, c'était bien ?
Oui et non.
Mais encore ?
Encore ? Oui et non.
Non, abruti, développe ! Ya des gens qui essaient de te lire là !
Ah bon ? Les pauvres ! Bon, allons-y gaiement alors ! le fond de l'histoire est éternel et omniprésent, commun à tous les récits, point invariant de toutes les transformations s'appliquant à l'ensemble multidimensionnel des histoires : un roi gouverne (le père de Hamlet qui est aussi un Hamlet), il est assassiné (par le frère du roi qui devient le ROI) et la reine reste reine car elle se console dans les bras de l'usurpateur (tsss, on se croirait dans la savane chez les lions). le fils Hamlet n'a dès lors qu'une idée : venger son père.
C'est tout. Remballez.

Bon, je continue devant tant d'insistance. le génie de Shakespeare m'est à nouveau apparu comme le spectre à Horatio. Il faut voir la pièce comme une bataille psychologique où chacun emploie des tactiques pour découvrir l'adversaire. le ROI se demande : Hamlet est-il fou ? Quelle est la raison de sa folie ? Fait-il semblant ? Est-il un danger pour moi ? Et avec l'aide de son chambellan Polonius – un personnage indispensable tellement il met de vie dans la pièce, même quand il meurt – il va chercher à piéger Hamlet. de son côté, le prince ne veut pas se contenter de la parole du spectre de son père qui se dit assassiné par le présent ROI. Il veut une preuve physique, du genre qui condamne direct dans les tribunaux. Et il monte ses propres plans avec l'aide d'une troupe de comédiens afin de subjuguer le ROI.
Jusque-là c'est class ! Un suspense d'enfer, car le spectateur est autant ignorant des vérités.
Jusqu'à ce que, au cours d'une courte tirade « à part », le ROI dévoile sa culpabilité au public.
MAIS POURQUOI IL FAIT ÇA ?
Ventrebleu ! le suspense d'enfer s'étiole comme un tournesol privé de soleil. On retombe dans le classique. On sait que le ROI est un assassin. Il se persuade que Hamlet sait. Il veut l'éloigner en Angleterre. En réalité il veut le faire buter.

Qui dit bataille, psychologique ou pas, dit victimes collatérales. C'est le cas de la pauvre Ophélia qui se fait balader par le vrai/faux amour de Hamlet, qui entre comme un brave pion dans le jeu d'échec du côté des noirs (le ROI et son père Polonius). Elle en prend plein la tronche et en perd la tête. Elle ressemble à la brave Rosette de « On ne badine pas avec l'amour » De Musset. Son père sera aussi pris pour un rat et ira servir de plateau repas aux vers du cimetière à côté.

La dernière partie est un festival de plan de meurtre, de coups d'épée, de poison, de faux-semblants, d'honneur perdu et retrouvé. Un beau petit carnage en vers ; oui, les vers seront à nouveaux contents (bon, en fait c'est en prose mais comme ça gâchait mes effets, hein, vous me pardonnerez cette licence poétique). C'est surjoué, c'est certainement irréel. C'est du théâtre quoi, comme il faut l'aimer!

A part le truc du suspense dévoilé trop tôt, il y a des trucs que j'ai pas trop aimé ?
Oui, les longueurs, surtout les trop longues tirades de Hamlet qui m'ont souvent incité à prendre le fameux raccourci de la diagonale. Cette pièce – cette version de la pièce – est trop longue.

Pitich ! Déjà presque deux pages de blabla. Mais je crois avoir atteint mon but.
Vous trouvez que j'ai fait trop long ? C'est un hommage à Hamlet.
Vous trouvez que c'est une critique décousue ? C'est un hommage à Hamlet.
Vous avez envie de me passer une épée en travers du corps ? C'est un hommage à Hamlet.
Sur ce je vous laisse. Je vais essayer d'être pour répondre à la question du Prince.
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Citations et extraits (369) Voir plus Ajouter une citation
Extrait 1 :
Hamlet reproche à sa mère La Reine d’avoir épouser le frère de son mari récemment décédé et de ne point porter le deuil. A l’évidence Hamlet lui en tient rigueur :
La Reine : « Qu’y a-t-il dans ton cas qui te semble si singulier ?
Hamlet : - Qui me semble, madame ? Oh non : qui est ! Je ne sais pas ce que sembler signifie ! Ce n’est pas seulement mon manteau d’encre, ma chère mère, ni ce deuil solennel que l’on porte selon l’usage, ni les vains geignements des soupirs forcés, ni les fleuves intarissables nés des yeux, et non plus l’air abattu des visages ou rien qui soit une forme ou un mode ou un aspect du chagrin, qui peut me peindre au vrai. Ce ne sont là que semblance en effet, ce sont là les actions qu’un homme peut feindre, les atours, le décor de la douleur, mais ce que j’ai en moi, rien ne peut l’exprimer.
Le Roi : - C’est votre bon, votre louable naturel, Hamlet, qui rend à votre père ces devoirs funèbres. Mais, ne l’oubliez pas, votre père perdit un père, ce père avait perdu le sien ; et, s’il convient que par pitié filiale le survivant garde un moment la tristesse du deuil, s’obstiner dans cette affliction, c’est faire preuve d’entêtement impie, d’un chagrin indigne d’un homme, c’est marquer une volonté contraire au Ciel, un cœur sans énergie, une âme sans frein, un jugement débile et inéduqué. Car ce que nous savons qui doit advenir, ce qui est ordinaire autant que la chose la plus commune, pourquoi nous faudrait-il, dans notre absurde révolte, le prendre à cœur ? Allons donc, c’est pécher contre le ciel, pêcher contre les morts et contre la nature, et c’est absurde surtout devant la raison, dont le lieu commun est la mort des pères, elle qui toujours a crié, depuis le premier mot jusqu’à aujourd’hui, « Il doit en être ainsi »… Jetez, nous vous en prions, cet impuissant chagrin dans la poussière […]
Hamlet (seul) : - O souillures, souillures de la chair ! Si elle pouvait fondre, et se dissoudre et se perdre en vapeurs ! Ou encore, si l’Eternel n’avait pas voulu que l’on ne se tue pas soi-même ! O Dieu, ô Dieu, qu’épuisant et vicié, insipide, stérile me semble le cours du monde ! [...] En être là ! Et seulement deux mois après sa mort. Deux mois ? Non, même pas. Un roi, si grand qui fut à celui-ci ce qu’Hypérion est au satyre ; et pour ma mère, si tendre qu’il ne permettait pas que les vents du ciel passent trop durement sur son visage. Cieux et terre ! Est-ce à moi de m’en souvenir ? Quoi, elle se pendait à lui comme si son désir d’être rassasié ne cessait de grandir, et pourtant, en un mois… Que je n’y pense plus ! Faiblesse, tu es femme ! Un petit mois. Ces souliers ne sont pas usés avec lesquels elle a suivi son triste corps. […] Un simple mois, et avant que le sel des larmes menteuses eût cessé d’irriter ses yeux rougis, elle se remariait. Oh, quelle hâte criminelle, de courir si ardemment aux draps incestueux ! »

Extrait 2 :
Hamlet voyant le spectre de son père :
Hamlet : « Ministre de la grâce, anges, secourez-nous ! Que tu sois un élu ou un démon, que tu apportes l’air céleste ou les bouffées de l’enfer, que tes fins soient malignes ou charitables, tu viens sous un aspect si mystérieux que je te parlerai, que je te nommerai Hamlet, mon roi, mon père et Danemark ! Oh, réponds-moi ! Ne fais pas que j’étouffe d’ignorance, dis pourquoi tes os bénis dans leur coffre funèbre ont percé leur linceul ? Et pourquoi le sépulcre, dans lequel je t’ai vu reposer en paix, a soudain desserré ses mâchoires de marbre pour te jeter ici-bas ? O toi corps mort et de nouveau debout dans l’acier, que veut dire que tu viennes revoir les lueurs de la lune, et faire affreuse la nuit, et nous, les dupes de Nature, si durement nous ébranler dans tout notre être par des pensées que l’âme n’atteint pas ? Pourquoi cela, pourquoi ? Dis, que veux-tu de nous ? »
[…]
Le spectre : Je suis l’esprit de ton père, condamné pour un certain temps à errer la nuit, et à jeûner le jour dans la prison des flammes tant que les noires fautes de ma vie ne seront pas consumées. Si je n’étais astreint à ne pas dévoiler les secrets de ma geôle, je pourrais te faire un récit dont le moindre mot déchirerait ton âme, glacerait ton jeune sang, arracherait tes yeux comme deux étoiles à leur orbite, et déferait tes boucles et tes tresses, dressant séparément chaque cheveu comme un piquant de l’inquiet porc-épic. Mais le savoir de l’éternel est refusé aux oreilles de chair et sang. […] Ecoute, Hamlet, on a dit que, dormant dans mon verger, un serpent me piqua. Et tout le Danemark est ainsi abusé, grossièrement, par cette relation menteuse. Mais, mon fils, toi qui es jeune et qui es noble, sache-le : le serpent dont le dard tua ton père porte aujourd’hui sa couronne. »

Extrait 3 :
Hamlet se fait passer pour fou afin de pouvoir davantage berner son oncle. Sa tendre amie Ophélie le découvre ainsi en proie à sa folie :
Ophélie : « Oh ! Quelle âme noble voici détruite ! Les manières d’un prince, la parole d’un savant, et le glaive d’un soldat, l’espérance et la fleur d’un heureux royaume, le miroir du haut goût, le modèle de l’élégance, le centre de tous les regards, tout cela, tout cela brisé, et moi, de toutes les femmes la plus accablée, la plus triste, ayant goûté au miel de ses beaux serments, voir maintenant cette raison noble et royale comme un doux carillon désaccordé gémir, et cette grâce sans rivale, cette jeunesse fleurie dans l’égarement se flétrir ! Oh ! Quel est mon malheur d’avoir vu ce que je voyais, et de voir maintenant ce que je vois ! »

Extrait 4 :
Le Roi prenant conscience de son crime :
Le Roi : « Oh, mon crime est fétide, il empeste le ciel, la plus vieille malédiction, celle du premier fratricide, pèse sur lui ! Et je ne peux prier ! Si grands soient mon désir et ma volonté, la grandeur de ma faute les accable et comme un homme astreint à deux travaux je demeure hésitant au lieu d’entreprendre et ne fais rien. Pourtant, cette main maudite, serait-elle doublée dans son épaisseur par le sang fraternel, n’y a-t-il pas assez de pluie aux cieux cléments pour la laver et la faire aussi blanche que la neige ? La merci, c’est de considérer le péché en face, et la prière, n’est-ce pas la vertu double qui peut nous retenir au bord de la faute ou nous en vaut le pardon ? Je pourrais relever la tête, mon péché serait aboli… Hélas ! Quelle prière me conviendra ? « Pardonne-moi mon horrible meurtre » ? Certes non s’il est vrai que je jouis encore de ce gain dont l’appât me fit meurtrier, ma couronne, ma reine et l’éclat du pouvoir. Peut-on trouver le pardon sans se détacher du crime ? De par les voies corrompues de ce monde, la main du crime pleine d’or peut bien écarter la justice, et souvent l’on voit le gain même de l’acte réprouvé permettre d’acheter le pardon de la loi, mais il en va là-haut tout autrement. Là, plus de faux-fuyants, là nous sommes astreints, devant la face grimaçante de nos fautes, à nous justifier… Alors, que reste-t-il ? Essaierais-je du repentir ? Oui, que ne peut-il pas ? Mais aussi que peut-il quand on ne peut se repentir ? O situation misérable ! O conscience noire comme la mort ! Ame engluée qui, en se débattant pour se libérer, s’enlise de plus en plus ! Anges, secourez-moi ! Essayez, mes genoux rétifs, de vous plier, et vous, fibres d’acier de mon cœur, devenez les tendres nerfs de l’enfant nouveau-né… Tout va changer, peut-être. »

Extrait 5 :
Hamlet tentant de montrer à sa mère l’erreur qu’elle a commise en épousant le frère de son mari :
La Reine : « Qu’ai-je fait pour que tu oses darder ta langue si durement contre moi ?
Hamlet : - Un acte tel qu’il souille de la pudeur la rougeur aimable, taxe d’hypocrisie la vertu, arrache la rose du tendre front d’un innocent amour et y imprime son fer ! Oh, une action qui fait du voeu nuptial le même mensonge qu’un serment de joueur, et qui retire de tout contrat son âme, et de la douce religion fait un vain bruit de mots ! En rougit la face du ciel, et la compacte et l’impassible lune, le visage enflammé comme à la veille du Jugement, en est malade de dégoût.
La Reine : - Dieu, quelle est cette action qui tonne et qui rugit dans ce prologue ?
Hamlet : Regardez ce tableau, puis celui-ci ! Ce sont les portraits de deux frères, et voyez quelle grâce était sur ce front ! Les boucles d’Hypérion ! De Jupiter ! Le front de Mars cet œil qui commande et menace, et la prestance de Mercure, le messager, quand il se pose sur un faîte auprès du ciel. En vérité ce fut une alliance, une forme où chaque dieu semblait y apposer son sceau pour faire à l’univers la promesse d’un homme. Il fut votre mari… Maintenant, voyez l’autre, votre nouveau mari, la nielle noire qui a détruit le bon grain. Etes-vous aveugle, avez-vous pu quitter la superbe montagne pour paître dans ce marais ? Ah ! Etes-vous aveugle ? Ne dîtes pas que c’est par amour : à votre âge l’ardeur du sang se calme et, maîtrisée, se fie à la raison. Et quelle raison choisirait celui-ci après celui-là ? Vous avez des sens, sinon vous seriez inerte, mais vos sens sont paralysés, sûrement. Car la folie ne délire jamais ni ne trouble les sens au point de ne savoir même plus distinguer êtres si dissemblables. Quel démon vous a ainsi dupée à colin-maillard ? Les yeux sans le toucher, le toucher sans la vue, les oreilles sans yeux ni mains, l’odorat seul, la plus faible partie d’un unique vrai sens ne serait pas si stupide. Honte, rougiras-tu ? Et toi, enfer rebelle, si tu peux secouer les os d’une matrone, que la vertu ne soit pour l’ardente jeunesse qu’une cire, qui fonde dans son feu ! Plus de vergogne quand bondira la passion dévorante, puisque le gel lui-même est un feu si vif et la raison l’entremetteuse du désir !
La Reine : - Hamlet, tais-toi ! Tu tournes mon regard vers le fond de mon âme et j’y vois de si noires taches, dont la teinte ne disparaîtra plus !
Hamlet : - Oui et cela pour vivre dans la rance sueur d’un lit graisseux, et croupir dans le stupre, et bêtifier, forn
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HAMLET. - Etre, ou ne pas être, c'est là la question. Y a-t-il plus de
noblesse d'âme à subir la fronde et les flèches de la fortune
outrageante, ou bien à s'armer contre une mer de douleurs et à l'arrêter
par une révolte ?. Mourir... dormir, rien de plus ;... et dire que par ce
sommeil nous mettons fin aux maux du coeur et aux mille tortures
naturelles qui sont le legs de la chair : c'est là un dénouement qu'on doit
souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir, dormir ! peut-être rêver ! Oui, là
est l'embarras. Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la
mort, quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie ?. Voilà
qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité
d'une si longue existence. Qui, en effet, voudrait supporter les
flagellations, et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur,
l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les
lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite
résigné reçoit d'hommes indignes, s'il pouvait en être quitte avec un
simple poinçon ?. Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous
une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette
région inexplorée, d'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté,
et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous
lancer dans ceux que nous ne connaissons pas ?. Ainsi la conscience fait
de nous tous des lâches ; ainsi les couleurs natives de la résolution
blêmissent sous les pâles reflets de la pensée ; ainsi les entreprises les
plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à
cette idée, et perdent le nom d'action...
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Doute que les étoiles soient de feu,
Doute que le Soleil se meut,
Doute que la verité mente elle-même
Mais ne doute pas que je t'aime.
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(Voici le passage qui inspira Rudyard Kipling pour son fameux poème " If ", parfois plus connu en français sous le nom " Si tu veux être un homme ".)
POLONIUS : Grave dans ta mémoire ces préceptes.
Ne donne pas de langue à tes pensées,
Ni d'acte à des pensées hors de mesure.
Sois familier, ne sois jamais vulgaire ;
Éprouve les amis que tu te fais
Puis retiens-les par un grappin de fer,
Mais n'use pas ta paume à accueillir
Un quelconque blanc-bec, un spadassin.
Tiens-toi loin des querelles, mais, forcé,
Fais que ton adversaire te redoute.
Offre l'oreille à tous, à peu la voix,
Prends l'avis de chacun, mais garde tienne
Ton opinion ; que ton habit soit riche,
Dans la mesure où le permet ta bourse ;
Mais point d'excès de fantaisie : du riche,
Pas voyant ; l'habit, souvent, dit l'homme,
Et, en France, les nobles les plus hauts
Mettent leur point d'honneur dans la dépense.
Ne sois ni emprunteur ni créancier :
Qui prête perd — son prêt et ses amis —
Et qui emprunte émousse le tranchant
De son esprit d'épargne ; mais, surtout,
Toi-même, reste vrai avec toi-même,
D'où il suivra, mieux que la nuit le jour,
Que tu ne seras faux avec personne.

Acte I, Scène 3.
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BERNARDO - Il allait parler quand le coq a chanté.
HORATIO - Et alors, il a bondi comme un être coupable à une effrayante sommation. J'ai ouï dire que le coq, qui est le clairon du matin, avec son cri puissant et aigu, éveille le dieu du jour ; et qu'à ce signal, qu'ils soient dans la mer ou dans le feu, dans la terre ou dans l'air, les esprits égarés et errants regagnent en hâte leurs retraites ; et la preuve nous en est donnée par ce que nous venons de voir.
MARCELLUS - Il s'est évanoui au chant du coq. On dit qu'aux approches de la saison où l'on célèbre la naissance du Sauveur, l'oiseau de l'aube chante toute la nuit ; et alors, dit−on, aucun esprit n'ose s'aventurer dehors. Les nuits sont saines ; alors, pas d'étoile qui frappe, pas de fée qui jette des sorts, pas de sorcière qui ait le pouvoir de charmer ; tant cette époque est bénie et pleine de grâce !

[I - 1]

BERNARDO - It was about to speak, when the cock crew.
HORATIO - And then it started like a guilty thing
Upon a fearful summons. I have heard,
The cock, that is the trumpet to the morn,
Doth with his lofty and shrill−sounding throat
Awake the god of day; and, at his warning,
Whether in sea or fire, in earth or air,
The extravagant and erring spirit hies
To his confine: and of the truth herein
This present object made probation.
MARCELLUS - It faded on the crowing of the cock.
Some say that ever 'gainst that season comes
Wherein our Saviour's birth is celebrated,
The bird of dawning singeth all night long:
And then, they say, no spirit dares stir abroad;
The nights are wholesome; then no planets strike,
No fairy takes, nor witch hath power to charm,
So hallow'd and so gracious is the time.
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Vidéo de William Shakespeare
SHAKESPEARE – Les femmes dans Henri VI & Richard III avec Patrice Chéreau (FR3, 1999) Un documentaire de Stéphane Metge réalisé en 1999. Présence : Patrice Chéreau, Elsa Bosc, Céline Carrère, Jeanne Casilas, Rebecca Convenant, Amélie Jalliet, Cylia Malki, Sarah Mesguich. Traduction utilisée : Armand Guibert, Pierre Leyris et Daniel Loayza (édition du Club Français du Livre).
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature dramatique anglaise (128)
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