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François-Victor Hugo (Traducteur)Henri Suhamy (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253160717
128 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.88/5   95 notes
Résumé :
Paré de toutes les vertus royales et chevaleresques, Henry V est le héros par excellence.
Chef militaire vainqueur, soutenant l'assaut au milieu de ses troupes, il sait aussi courtiser Catherine de France, qu'il épouse pour sceller la paix retrouvée. Mais l'apparat glorieux de la geste épique ne parvient pas à faire oublier les implications tragiques du pouvoir royal et de ses responsabilités.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Henry V de Shakespeare, c'est l'occasion d'une réflexion sur l'exercice du pouvoir pour un homme comme les autres qui doit se singulariser par une action militaire et une victoire incontestable pour marquer durablement les esprits et légitimer la présence de la branche Lancastre des Plantagenêts sur le trône d'Angleterre après l'usurpation du pouvoir par Henry IV. le brillant fait d'armes accompli par Henry V à la bataille D Azincourt (25 octobre 1415) va donc donner consistance à une ambition familiale.

Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, car Henry V, présenté par Shakespeare comme un profiteur de la vie et un jeune fêtard, surnommé Harry, et accompagné dans ses beuveries par l'incroyable et increvable hédoniste paillard qu'est Falstaf (personnage truculent dont certains traits ont été empruntés à sir John Falstolf, plus connu en réalité pour sa bravoure que pour ses écarts de conduite et ses frasques), est déjà un être énigmatique en raison de sa tendance à se démarquer par le fait qu'il a l'habitude de s'isoler pour réfléchir sur la destinée humaine et la meilleure manière d'employer sa vie, tendance qui ne fait que se renforcer avec l'exercice du pouvoir, ce qui l'oblige à rompre avec ses habitudes anciennes faites de facilité. La prise de responsabilité rend cet homme plus grave, du moins si l'on suit les méandres de sa pensée selon Shakespeare, et s'il y a un brin de nostalgie lorsqu'il compare ce qu'il est devenu avec ce qu'il a été et avec l'insouciance des hommes et soldats qui le suivent et qui vont affronter les Français lors de la bataille D Azincourt, victoire qui prolongera la guerre commencée en 1337 et la fera durer jusqu'en 1453, la faisant passer dans L Histoire sous le nom de guerre de Cent Ans, il n'en reste pas moins désireux d'assumer pleinement et avec conscience les devoirs de sa charge tout en méditant sur ce qu'il à a faire et qui le démarque du reste des hommes sans oublier qu'il n'est lui aussi qu'un homme guère différent des autres, ce que prouve son passé, des pensées qu'il remue dans sa tête tandis qu'il se mêle à ses troupes, qui ne le reconnaissent pas, au coin du feu, la nuit qui précède la bataille.

Il lui faut un certain culot, le jour de la Saint-Crépin, pour haranguer ses troupes qu'il convoque comme une "joyeuse bande de frères" (band of brothers) avant d'affronter les Français.
Shakespeare décrira ensuite la bataille D Azincourt et les tractations d'Henry V pour demander au roi de France Charles VI le Fou et à Isabeau de Bavière la main de leur fille, Catherine de France, pour tenter de devenir roi de France alors qu'il règne déjà sur l'Angleterre. Henry V sera tout près d'y parvenir (par la signature du traité de Troyes en 1420), mais il échouera de peu en mourant prématurément à Vincennes en 1422, peu avant Charles VI. Sur cela Shakespeare se gardera bien d'insister.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015).
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Après les deux malnommées parties de Henry IV – en fait centrées sur la jeunesse quelque peu épicurienne de Harry – voici enfin Henry V qui nous conte le reste de sa vie.

Toute sa vie ? Pas vraiment. La pièce s'arrête quand la puissance du roi atteint son apogée, alors qu'il a vaincu les Français à Azincourt et qu'il s'empare du pouvoir de fait en France, épousant la fille de Charles VI (pas du tout fou dans ce récit) et d'Isabeau de Bavière par-dessus le marché. le projet de la pièce est une forme de panégyrique de ce roi, faisant écho à la gloire de l'Angleterre des Tudors. Il n'est donc pas question de l'amener sur la pente descendante des difficultés en France et de sa mort. Shakespeare ne reviendra pas dessus.

Le gros morceau de la pièce, c'est la branlée D Azincourt. Une bataille qui ressemble aux matches de rugby (ou de foot) modernes, quand les Français débarquent sûr de leur victoire et se font dézinguer alors qu'ils sont à cinq contre un, en fonçant comme des taureaux sur les flèches anglaises
Vu du côté anglais, cela prend une allure héroïque incroyable (ils auraient tort de se priver). Henry V reçoit les ambassadeurs de France – à qui il a précédemment déclaré son intention de revendiquer le trône de leur pays, éléments juridiques à l'appui – et voit rouge quand ils lui offrent des balles de jeu de paume de la part du Dauphin, façon de dire « retourne à tes excentricités de gamin ». Sur le champ de bataille, il remonte le moral des troupes comme Alexandre face aux hordes de Perse. Il discute avec le soldat comme avec le duc, son passé « épicurien » l'aide assurément.
La bataille elle-même n'est guère développée, mais l'issue se devine vite. Une scène particulièrement choquante montre le roi en train d'ordonner de tuer tous les prisonniers français, lui donnant une dimension cruelle (qui est amoindrie dans les notes de François-Victor Hugo qui, citant des historiens anglais, déclare que cet ordre fait suite à une attaque contre le camp anglais sans défense).

Comme d'habitude, les scènes historiques sont couplées à d'autres mettant en scène des « petites gens » ou des officiers du rang, plus légères, destinées à faire rire le peuple ; et ça marche sur le lecteur que je suis. Cette alternance tragi-comique est délicieuse.
Une de mes scènes préférées montre la princesse Catherine de France et sa dame d'honneur, parlant le français écrit tel quel par Shakespeare lui-même, et s'essayant à apprendre des mots d'anglais. C'est délicieux, et même un rien coquin :

ALICE
N'avez-vous pas déjà oublié ce que je vous ay enseignée ?
CATHERINE
Non, je réciteray à vous promptement. de hand, de fingres, de mails.
ALICE
De nails, madame.
CATHERINE
De nails, de arme, de ilbow.
ALICE
Sauf votre honneur, de elbow.
CATHERINEAinse dis-je : de elbow, de nick et de sin. Comment appelez-vous le pied et la robe ?
ALICE
De foot, madame, et de coun.
CATHERINE
De foot et de coun ? Ô Seigneur Dieu ! Ces sont mots de son mauvais, corruptible, grosse et impudique, et non pour les dames d'honneur d'user.

Moi ça me scie en deux !
Le dernier acte est décevant, tout en mièvrerie et tentative de Henry de séduire Catherine dans leur franglais respectif. Il me fait l'effet d'une fin qui traine en longueur, comme dans le Seigneur des Anneaux, lol !

On n'en a pas fini avec les pièces historiques : encore trois parties pour Henry VI, un Richard III, et un Henry VIII.
Mais où est passé Henry VII ?
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Dernier volet de la Tétralogie historique de Shakespeare, la pièce Henry V conte la prise en main du pouvoir par le jeune souverain au travers du démantèlement d'un complot contre sa personne ainsi que la réclamation du Trône de France dont il se veut l'héritier légitime. Cette dernière action conduit donc Henry V à envahir la France et à affronter le Roi de France à Azincourt, en 1415, bataille dont il sortira victorieux.

J'ai bien conscience que le Henry V de Shakespeare est bien différent du vrai souverain qui a gouverné l'Angleterre de 1413 à 1422. En effet, dès son adolescence, le jeune Prince a été associé au pouvoir par son père : on est loin du Prince Hal irresponsable et immature, dépeint par le dramaturge. Néanmoins, cette pièce confirme l'impression que j'avais eu sur le jeune roi, dans les pièces précédentes : je le trouve détestable! de tête à claque dans les deux parties d'Henry IV, il passe de jeune roi fougueux, impétueux, orgueilleux, voire violent. Un roi ambitieux qui n'hésite pas à chercher querelle (pour ne pas dire relancer la Guerre de Cent ans) afin d'assouvir sa soif de pouvoir.

Je n'ai pas aimé la façon dont Shakespeare traite l'évolution de son personnage dans sa pièce : car de roi violent et téméraire dans les quatre premiers actes, on passe trop vite, dans le dernier, à un souverain assagi et amoureux qui vient courtiser la fille du Roi de France, Catherine de Valois, et la demander en mariage. A chaque fois, la transition se fait trop rapidement et manque de nuance. J'ai conscience que le format théâtrale oblige à quelques raccourcis mais cela m'a dérangé.

Henry V n'est donc pas ma pièce favorite de cette tétralogie : j'ai préféré Richard II. Néanmoins, j'avais gardé un bon souvenir de l'adaptation de Kenneth Branagh que j'avais vu quand j'étais adolescente. Et je ne peux que recommander la nouvelle adaptation BBC, datant de 2012, The Hollow Crown.
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J'aime particulièrement les pièces historiques de Shakespeare : il n'y a parfois pas plus de vérité historique que dans les romans de Dumas mais ce n'est pas un problème. On y trouve à la fois du souffle et de la poésie. Cette fois-ci, c'est d'Henry V et de la bataille D Azincourt qu'il est question.

C'est moins une pièce pro ou anti-guerre que la pièce d'une nation partant en guerre. C'est l'époque de l'expédition de Wessex en Irlande révoltée (dont on ignore l'issue) et on trouve dans la pièce aussi bien les discours patriotiques et exaltants que les horreurs de la guerre.

Henri V apparaît dans les pièces consacrées à Henry IV mais on est loin ici du prince Hal jouant au voyou avec Falstaff. Il est maintenant le vrai fils de Bollingbroke l'usurpateur, brutalement efficace quand il ordonne de tuer les prisonniers à Azincourt. Henri V est brutal, humble, rassembleur et triomphant - bref il joue tous les rôles qu'il a à jouer pour apparaître comme un roi vainqueur.

Ma préférence dans cette pièce va au rôle du Choeur qui intervient entre chaque acte et en début et fin de pièce. Ces interventions sont pleines de poésie, en particulier la nuit précédant la bataille D Azincourt, un passage fantastique aux deux sens du terme. C'est le Choeur aussi qui, après les rodomontades des nobles, montre la réalité de la guerre pour le petit peuple des soldats. C'est lui surtout qui incite les spectateurs à faire feu de toute leur imagination pour voir les différents lieux et armées (Shakespeare n'usait pratiquement pas de décors sur scène) et faire entrer dans le O du nouveau théâtre (le Globe) tout ce passé que Shakespeare ressuscite.

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Shakespeare va cette fois à travers le règne de Henri V nous faire revivre la bataille D Azincourt (1415), l'une des plus écrasantes défaites de l'histoire de France, et le traité de Troyes cinq ans plus tard, sans doute le traité le plus humiliant de notre histoire. Henri V malgré son court règne (1413-1422) nous a fait très mal et Shakespeare ne se gêne pas dans cette pièce pour remuer le couteau dans la plaie, quitte même à accentuer cette période humiliante de la guerre de cent ans jusqu'à caricaturer le ridicule arrogant des français et le courage des anglais. Cette pièce, comme les autres, est très intéressante d'un point de vue historique en dépit des exagérations et des coutumières inexactitudes historiques (bien que moins nombreuses ici), mais je l'ai trouvé un peu moins rythmée que les précédentes et ponctuée de nombreux dialogues assez insipides, d'où une note un peu moins bonne pour cette fois. le prochain drame sur Henri VI sera en trois parties que je lirai après une pause d'un livre.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour est appelé la fête de saint Crépin :
celui qui aura survécu à cette journée et sera rentré chez lui sain et sauf
se redressera sur ses talons chaque fois qu'on parlera de ce jour,
et se grandira au seul nom de saint Crépin.
Celui qui aura vu cette journée et atteint un grand âge,
chaque année, à la veille de cette fête, traitera ses amis
et dira : C'est demain la Saint-Crépin !
Alors, il retroussera sa manche, montrera ses cicatrices
et dira : J'ai gagné ces blessures le jour de saint Crépin !
Le vieillard oublie; mais il aura tout oublié
qu'il se rappellera encore avec emphase
ses exploits dans cette journée. Alors nos noms,
familiers à toutes les bouches comme des mots de ménage,
le roi Henry, Bedford, Exeter,
Warwick, Talbot, Salisbury et Gloucester,
retentiront fraîchement au choc des coupes écumantes.
Le bonhomme apprendra cette histoire à son fils.
Et la Saint-Crépin ne reviendra jamais,
d'aujourd'hui à la fin du monde,
sans qu'on se souvienne de nous,
de notre petite bande, de notre heureuse petite bande de frères !
Car celui qui aujourd'hui versera son sang avec moi
sera mon frère ; si vile que soit sa condition,
ce jour l'anoblira.
Et les gentilshommes aujourd'hui dans leur lit en Angleterre
regarderont comme une malédiction de ne pas s'être trouvés ici,
et feront bon marché de leur noblesse, quand ils entendront parler
de ceux qui auront combattu avec nous au jour de la Saint-Crépin !
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PISTOLET
Fortune cette aveugle déesse qui se tient debout sur une pierre sans cesse roulante...
FLUELLEN (l'interrompant)
Pardon, enseigne Pistolet. La Fortune est représentée avec un pandeau sur les yeux pour signifier que la Fortune est afeugle. Et elle est représentée aussi sur une roue pour signifier, c'est la morale de la chose, qu'elle est changeante et inconstante, et qu'elle n'est que variations et que mutabilités ; et son pied, voyez-vous, est fixé sur une pierre sphérique qui roule, et roule, et roule ! En vérité, le poète fait une très-excellente descriptions de la Fortune : la Fortune est une excellente moralité.
(Acte III, scène 6)
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"L'AMBASSADEUR :
Votre Altesse, par son récent message en France, réclamait certains dûchés en vertu des droits du grand roi Edouard Trois, votre prédecesseur. En réponse à cette prétention, le prince notre maître déclare que vous gardez trop le goût de votre jeunesse, et vous invite de vous aviser de ce fait qu'il n'est rien en France qui se puisse conquérir au pas léger de la gaillarde ; vous n'y pourrez pas gagner de dûchés en festoyant. Il vous envoie donc, comme un présent plus propre à votre humeur, ce tonneau empli d'un trésor ; moyennant quoi, il vous prie de faire en sorte que les dûchés réclamés n'aient plus de vos nouvelles. Ainsi parle le Dauphin.
LE ROI HENRY :
Quel est ce trésor mon oncle?
EXETER, en ouvrant le baril :
Des balles de paume, Seigneur.
LE ROI HENRY :
Nous sommes bien aise que le Dauphin soit si badin avec nous. De son présent et de vos labeurs, nous vous remercions. Quand nous aurons assorti nos raquettes à ces balles, nous jouerons en France, par la grâce de Dieu, une partie qui boutera dans les ouverts la couronne de son père. Dites-lui qu'il s'attaque à un tel champion que chaque terrain de paume, en France, va retentir de nos chasses."

Acte I, Scène 2
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LE ROI DE FRANCE
Tenons le roi Henry pour redoutable ; et songez, princes, à vous armer fortement pour le combattre. Sa race s'est gorgée de nos dépouilles ; il est de cette lignée sanglante qui nous a hantés jusque dans nos sentiers familiers : témoin ce jour de honte trop mémorable où fut livrée la fatale bataille de Crécy, et où tous nos princes furent faits prisonniers par cette noire renommée, Édouard, le prince Noir de Galles, tandis que le géant, son père, debout sur un mont géant, au haut des airs, couronné du soleil d'or, contemplait son fils héroïque et souriait de le voir mutiler l’œuvre de la nature et détruire cette génération modèle que Dieu et les Français nos pères avaient faite en vingt ans !
(Acte II, scène 4)
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LE CHŒUR
Oh ! Que n'ai-je une muse de flamme qui s'élève jusqu'au ciel le plus radieux de l'invention ! Un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs, et des monarques pour spectateurs de cette scène transcendante ! Alors on verrait le belliqueux Harry sous ses traits véritables, assumant le port de Mars, et à ses talons la famine, l'épée et l'incendie, comme des chiens en laisse, rampant pour avoir un emploi !
(Prologue)
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Vidéo de William Shakespeare
En Europe comme aux États-Unis, la pièce "Macbeth" de William Shakespeare est entourée de superstitions, au point d'être devenue maudite. Mais d'où vient cette malédiction présumée ?
#theatre #culture #art #shakespeare #macbeth
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