AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782290339084
120 pages
J'ai lu (01/11/2003)
4.05/5   457 notes
Résumé :
" Ma conscience a mille langues, et chaque langue raconte une histoire, et chaque histoire me condamne comme scélérat. Le parjure, le parjure, au plus haut degré, le meurtre, le meurtre cruel, au plus atroce degré, tous les crimes, poussés au suprême degré, se pressent à la barre criant tous Coupable ! coupable ! " O roi criminel, maître des cruautés et des traîtrises, la démesure de ton ambition t'a fait commettre les pires violences. Souviens-toi de tes victimes, ... >Voir plus
Que lire après Richard IIIVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 457 notes
5
25 avis
4
13 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
0 avis
Finir oublié sous un parking avec un grand coup de poignard dans le derrière ! Quel destin, tout de même, quel destin ! C'était bien la peine de monter si haut pour finir si bas, tout compte fait. Étonnante, étonnante destinée que celle du houleux Richard III.

Je ne résiste pas à l'envie de vous entretenir de ce que vous ne trouverez pas, même dans les meilleures présentations, même dans la notice de la Pléiade, pour la bonne et simple raison que, pour la plupart, ces présentations de la pièce de William Shakespeare sont antérieures à la surprenante redécouverte du squelette de Richard III en 2012, comme je l'indiquais plus haut, sous un très ordinaire parking recouvrant l'ancien prieuré de Leicester.

À grand renfort d'ADN mitochondrial et d'analyses dernier cri ultra poussées, il fut donc démontré que le squelette scoliotique ainsi exhumé était bien celui du célèbre Richard III, mort d'un bon gros coup de hallebarde derrière la théière et mutilé par la suite (balafré, scalpé ?), enterré à la va-vite (sans doute assez peu présentable) dans le choeur d'une petite église locale, loin des fastes londoniens.

Il est intéressant, tout de même, ce personnage historique. Psychologiquement parlant, j'entends. Beaucoup de personnes ont une vie rocambolesque ou mouvementée, très sujette à être portée sur scène (ou à l'écran de nos jours). Mais parmi ceux-là, je remarque que ceux qui cristallisent le plus la fascination sont les êtres négatifs, au premier rang desquels on peut probablement citer Hitler.

Et là, je crois que William Shakespeare touche à de l'universel et, cela va peut-être vous faire sourire (ou au contraire vous allez trouver ça pathétique), mais j'ai l'impression que ma fille de huit ans m'a aidé à formuler cette réflexion. En effet, l'autre jour avec elle, j'ai re-re-regardé Kirikou et la Sorcière. Quel lien me direz-vous entre Kirikou et Richard III ? J'y viens.

Michel Ocelot dit s'être inspiré de multiples contes ou légendes africaines pour bâtir l'histoire de Kirikou. Mais ce qu'il y a mis de lui-même, c'est un questionnement d'enfant, c'est SON questionnement d'enfant, à savoir : « Pourquoi le méchant est-il méchant ? » Et ce questionnement d'enfant, même s'il est celui de Michel Ocelot est aussi et surtout un questionnement universel d'enfant : chacun de nous aime à comprendre pourquoi le méchant est méchant.

Karaba la sorcière avait une grosse épine plantée dans le dos et c'était à la fois la cause de sa haine et de sa puissance : l'énergie de la vengeance. le monde m'a fait mal ? Très bien, je ferai mal au monde et j'y mettrai toute ma haine, toute ma détestation à l'encontre de ceux qui ne souffrent pas comme moi. Car ma souffrance est injuste, le monde est injuste vis-à-vis de moi si je suis la seule à souffrir.

Revenons à Richard III. Lui aussi avait une grosse épine plantée dans le dos. L'analyse du squelette a révélé un grave cas de scoliose apparue probablement lors de la croissance entre 10 et 13 ans. Imaginez à présent ce qui peut se passer dans la tête d'un jeune homme qui voit son corps se déformer à vue d'oeil, devenir hideux, faible et contrefait.

Comme ce doit être humiliant, comme ce doit être injuste, comme ce doit être douloureux de voir les autres grandir normalement, devenir grands, forts et beaux quand vous, vous devenez tordu, faible et très peu désirable. Shakespeare écrit à l'acte III, scène IV : « Que vos yeux soient témoins du mal qu'ils m'ont fait. Voyez comme je suis ensorcelé : regardez, mon bras est desséché comme un rameau flétri ! » (Be your eyes the witness of their evil. Look how I am bewitch'd : behold, mine arm is like a blasted sapling, wither'd up.)

Comme l'injustice doit vous paraître criante. Si l'on se replace dans la pensée religieuse de l'époque, comme l'on doit croire à une malédiction divine (ou orchestrée par un tiers, la suite de la tirade accuse d'ailleurs ouvertement la femme d'Édouard d'être une espèce de sorcière jetant des maléfices).

De plus, vous êtes le quatrième fils de Richard Plantagenêt, 3ème duc d'York. Les honneurs seront pour les aînés et vous, vous ? Il ne vous restera rien, rien d'autre que cette grosse rancune et cette abominable scoliose qui vous fait marcher comme un crapaud. Si par hasard il arrivait malheur à votre frère aîné, Édouard, il resterait encore Georges (car, Dieu merci, le second fils, Edmond, a eu le bon goût de mourir précocement, enfin un peu de justice en ce monde bouffi d'iniquité).

Avez-vous encore une vraie bonne raison de croire en la bonté divine ? Certes non, alors vous apprenez la ruse et le vice, vous apprenez les sales coups, faits discrètement, l'air de rien. Vous apprenez l'art des faibles : la fourberie, l'hypocrisie, le double jeu. Et cela vous réussit. Peu à peu vos desseins s'accomplissent, mieux que vous n'eussiez osé l'espérer… Cela vous encourage, un acte vil entraîne un acte pendable, un acte pendable appelle une abomination… Et les forfaits s'accumulent, dans la douleur et dans le sang des autres.

Dieu n'existe pas, vous en êtes à présent absolument certain, car avec un tel chapelet d'horreurs au fond de votre poche, IL ne pourrait laisser faire pareilles ignominies s'IL était vraiment le Dieu de bonté et de justice qu'on prétend. Et s'IL n'existe pas, qu'est-ce qui pourrait bien vous arrêter, dites-le-moi ?

Bon, je m'éloigne et je divague, me semble-t-il. Qu'en est-il de la pièce de Shakespeare là-dedans ? Eh bien, ma foi, je la trouve à l'image de son sinistre héros : boiteuse, contrefaite mais non dénuée de certaines fulgurances, notamment dans les formules, qui la rendent tout de même intéressante.

Je ne peux pas dire que j'aie trouvé Shakespeare particulièrement subtil quant à la construction de son intrigue ou de son personnage. On est loin de Jules César, par exemple, où il avait su rendre tous les personnages complexes et finement ciselés. Ici, c'est du très gros, du très caricatural, les méchants sont bien méchants et les gentils gentils.

Certes, je n'oublie pas que le dramaturge n'avait pas l'avantage du recul comme avec les pièces antiques : il écrivait à peine un siècle après les faits, notamment pour des souverains qui détenaient leur pouvoir de la chute dudit Richard III. Donc il fallait bien qu'il soit un méchant absolu pour justifier des monarques actuels. Certes, certes, mais un peu de nuance tout de même, eût été appréciable, du moins l'eus-je grandement apprécié (je sens que je glisse de plus en plus sur ma " l'eus-je ").

Non, le canevas est grossier mais le fil à broder, lui, est parfois d'une finesse exquise. C'est particulièrement flagrant si on compare, à titre d'exemple Richard III et le Roi Lear. J'ai également éprouvé beaucoup de peine avec le canevas du Roi Lear et à très peu d'endroits j'ai été séduite par le verbe ou le sens de la formule. Ici, c'est tout différent. Beaucoup de répliques fusent et sont de purs joyaux d'orfèvrerie élisabéthaine.

Bref, pas trop ma tasse de thé quant au fond, bien plus séduite en revanche par la forme. Lisez, si le coeur vous en dit « La Tragédie de Richard III, avec le débarquement du comte de Richmond et la bataille de Bosworth » (titre complet de la pièce) afin de connaître comment se termina la fameuse Guerre des deux Roses opposant les horribles Lancastre aux infâmes York (tous plus ou moins descendants de rois de France, ce n'est pas une référence !) racontée à la sauce Shakespeare.

Et encore, gardez à l'esprit que ceci n'est que mon avis, qu'il ne vaut pas grand-chose, en tout cas beaucoup moins qu'un cheval. Un cheval ! Un cheval ! Mon avis pour un cheval !
Commenter  J’apprécie          1288
Est-ce bien ou mal de dire que la pièce Richard III de William Shakespeare, malgré l'importance littéraire et la renommée internationale de son auteur, se fait surtout l'écho de la version de l'Histoire que les Tudor ont voulu laisser après eux ? Il ne suffisait pas, en effet, à cette dynastie, que des historiens complaisants lui attribuent le beau rôle - ici celui donné à Henry VII, le vainqueur de la bataille de Bosworth, livrée en août 1485, qui permit au fils de Margareth Beaufort de ramasser sur le champ de bataille la couronne tombée à terre du roi Richard III, présenté comme le monstrueux faiseur d'homicide avec l'élimination à lui prêtée des deux fils de son frère défunt, Édouard IV (1442-1483), il leur fallait encore que la littérature s'en mêlât et fît prendre les apparences pour la réalité : qui n'est pas tenté, se référant au dramaturge anglais, d'attribuer à Richard III l'assassinat dans la White Tower d'Édouard V et de Richard de Shrewsbury, ses jeunes neveux ? Shakespeare a noirci à souhait le personnage, le montrant sous son jour le plus sombre, afin, par contraste, de faire passer Henry VII comme un pur héros et un innocent aux mains propres venu rétablir la justice dans son pays. Aussi Stanley, passant du camp de Richard à celui d'Henry VII, le jour de la grande explication, n'a-t-il pas, sous la plume de William Shakespeare les allures d'un traître mais plutôt le visage d'un homme qui, par son revirement, rend possible la revanche légitime des victimes par rapport au bourreau.
Vision simplificatrice de l'Histoire, bien évidemment, mais qui parvient si facilement à convaincre auditoire et lecteurs de cette pièce de théâtre, devenue un grand classique - c'est du grand art, forcément manichéen dans sa présentation factice de la lutte du bien contre le mal, que les historiens ont quelque difficulté, de nos jours, à nuancer tout cela.
Désormais, cependant, même si l'on aime cette pièce, on ne pourra plus dire qu'elle reflète totalement la réalité historique, même si Richard III n'est pas exempt de reproches, bien évidemment.

François Sarindar, auteur de Charles V, Dauphin, duc et régent (1338-1358)
Commenter  J’apprécie          10913
Challenge Solidaires 2021

“Now is the winter of our discontent” sans anachronisme, on pourrait sans doute arriver au même constat aujourd'hui…

« voici l'hiver de notre déplaisir » commence Richard III dans la pièce historique de l'anglais William Shakespeare, et comment ne pas imaginer le timbre vil et impérieux de Sir Ian Mckellen sur les planches de West Ends.

Cette pièce du célèbre dramaturge élisabéthain, probablement rédigée en 1592, est traduite par Pierre Leyris dans un version bilingue qui, en sacrifiant à la musicalité des rimes parvient néanmoins à rendre l'atmosphère dramatique, sanglante et machiavélique de cette pièce.
Du drame chevaleresque, des intrigues d'arrière-cour à la « Game of Thrones » le lecteur ne s'ennuie pas, le tout avec quelques notes d'humour dont l'anti-héros principal Richard Gloucester n'est pas exempt.

L'écrivain favori des Tudors n'est pas à une approximation historique près, mais pour les non spécialistes de l'Histoire de l'Angleterre et des différentes factions en lutte pour le pouvoir il n'est pas aisé de situer les uns et les autres et, si ce n'est pas un prérequis pour la pièce, il convient de garder un certain recul et d'envisager davantage ce drame comme une fiction historique.

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          657
J'ai délaissé le théâtre l'an dernier. Je ne lis le dernier épisode de la guerre des Roses selon Shakespeare qu'aujourd'hui, soit presque un an et demi après la troisième partie de Henry VI.

Sans conteste, Richard III est très largement au-dessus des parties de Henry VI, et même de Henry V. C'est proprement génial. Et cela est largement dû à la personnalité de l'ignoble Richard, duc de Glocester puis roi d'Angleterre. Shakespeare sublime la légende noire de ce personnage ; il la crée peut-être d'ailleurs. La fourberie, la sournoiserie du gars sont une référence pour tous les élèves qui souhaitent devenir fourbes et sournois. Et autant l'avouer, c'est aussi délectable que le bonhomme est détestable.
Il embobine tout un chacun. Il soutient par exemple son frère Clarence en paroles tout en écrivant une fausse condamnation à mort royale et en payant les assassins. Il clame sa loyauté à son frère Édouard IV et à son successeur tout en planifiant leur ruines. Tous ses ennemis potentiels y passent sans l'avoir vu venir. Staline était un gamin, Livia, la femme d'Auguste qui a nettoyé devant les pieds de son fils Tibère, une débutante.

Mais Richard fut-il un bon roi ? Shakespeare ne détaille pas. Mais son plus vif soutien, son padawan en duplicité, Buckingham, ne récoltera pour fruit de ses actions que des racines de pissenlit.

La pièce regorge de scènes formidables, comme celle de Marguerite, épouse du défunt Henry VI vouant aux gémonies tous ceux qui ont participé ou seulement profité de l'assassinat de son époux et de son fils (devinez qui a porté les coups ?), comme celle ou l'un des assassins de Clarence décrit la conscience « esprit à la face rouge de honte, qui se mutine dans le coeur de l'homme, et qui l'obstrue partout d'obstacles », comme celle où Buckingham s'acharne à demander à Richard les biens promis et que ce dernier l'ignore délibérément en poursuivant le fil de sa pensée, ou celle, enfin, où à la veille de la bataille les spectres de tous les personnages assassinés viennent pourrir les cauchemars de Richard et embellir les rêves de Henry de Richmond, le futur Henry VII Tudor.
Tout cela est succulent à lire. Je regrette seulement quelques scènes un poil trop longues.

Il me reste à lire la pièce consacrée à Henry VIII, que l'auteur écrivit après la mort de sa fille Elizabeth Iere (assez logique). Mais avant je ferai un détour par la comédie de Shakespeare.
Commenter  J’apprécie          464
Richard III
Comme le beau est toujours bizarre, le mal est toujours scénique.

Le mal, le diable, la laideur.Tout Richard, duc de Gloucester, en somme !

A plus d'un titre, Richard est la quintessence du personnage théâtral.

Il révulse le regard. Contrefait, boiteux, difforme, bossu : les femmes s'en détournent avec dégoût, les enfants le fuient avec horreur, les hommes le haïssent ou le craignent.

Il exsude la méchanceté. Sur les griffes qui lui servent de mains : tout le sang de sa famille. Il faut dire que le contexte historique a tout pour lui convenir : la guerre des Deux- Roses, celle des Lancastre et celle des York, n'a de poétique que le nom, c'est en fait une interminable suite de forfaits, de meurtres, de trahisons, de guet-apens, de guerres civiles…

C'est un alambic d'abominations. Dans sa tête perverse, Richard ourdit les pires traîtrises, les crimes plus sanglants, les plus détestables : son frère, Edouard, est roi- mais il est malade. Il a des fils, mais ils sont bien jeunes. Il a une femme, mais c'est une roturière mal vue à la cour. Il rêve de les mettre au pas ou de les envoyer au trépas !

Il est la fausseté personnifiée. Son amitié est grimace, sa familiarité, dangereuse. Richard a un autre frère, Clarence, mais c'est un naïf, un ami, le duc de Buckingham, mais c'est un ambitieux à tenir à l'oeil.. – frère ou ami, tous ne sont que des pions sur son échiquier diabolique.

Le jour où ce crapaud difforme et venimeux se découvre capable de séduire, par le seul pouvoir de son verbe fielleux, la belle Lady Ann, veuve du prince de Lancastre -qu'il a pourtant proprement expédié- et qui est donc archi prévenue contre lui, ce jour-là est son épiphanie : plus rien ne l'arrête, la bête sort de sa tanière et dévore tout sur son passage.Le mal se déchaîne.

Le duc de Gloucester est couronné roi et devient Richard III au terme d'un chemin plein de sang et de fureur.

Mais la vieille reine Marguerite, la veuve du bon roi Henri V-, lui aussi dépêché par les York- éclate en imprécations et en sombres prophéties : le crapaud et tous ceux qui l'ont approché, aidé, servi, finiront dans la gorge de la Mort…

Les crimes de Richard ne resteront pas impunis…

Une grande tragédie de Shakespeare, la plus grande peut-être, la plus noire, sûrement. Je l'ai vue souvent au théâtre – et aussi au cinéma : en version classique chez Laurence Olivier, modernisé et nazifié chez Richard Longcraine et enfin quasiment ontologique chez Al Pacino dans Looking for Richard. Mais jamais je ne l'ai vu comme hier soir, à l'Odéon, dans la mise en scène électrique de Thomas Jolly !

Imaginez un Richard III sorti d'une caricature infernale de Hiéronymus Bosch, ou de Brueghel l'Ancien mais tatoué comme un rocker, inquiétant comme un vampire, narcissique comme une rock star, et dangereux comme un Alien…

Imaginez la fameuse scène du face à face entre Richard et la reine Elizabeth, mère des malheureux enfants d’Édouard assassinés à la Tour de Londres,se défiant sur un plateau animé seulement par un réseau fluctuant de rayons lasers qui cerne et capture peu à peu le personnage rétif et très fort de la reine, jusqu'à sa capitulation finale…

Imaginez la scène non moins fameuse où Richard s'écrie : « Mon royaume pour un cheval ! », avec un "vrai" cheval, immense et fantômatique.

Imaginez la scène de malédiction des victimes de Richard - "Désespère et meurs ! » - dans un tressautement hystérique de lampes stroboscopiques !

Toute cette démesure, ce baroque, cette frénésie, loin de tuer le tragique comme on pouvait le craindre, le galvanise au contraire, le cravache, en épouse les débordements, en explore les sombres abysses, en dévoile la folie exacerbée…

Au final, je n'ai jamais vu salle plus enthousiaste ..

Beaucoup de jeunes spectateurs ont compris ce soir-là ce qu'était l'absolu génie de Shakespeare, « notre contemporain » comme disait Jan Kott…
Commenter  J’apprécie          354

Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
LE SECOND MEURTRIER : J'espère que cet accès de pitié va me passer. D'ordinaire, ça ne me tient que le temps de compter jusqu'à vingt.
LE PREMIER MEURTRIER : Comment te sens-tu maintenant ?
LE SECOND MEURTRIER : Il y a encore en moi un petit fond de conscience.
LE PREMIER MEURTRIER : Rappelle-toi notre récompense quand ce sera fait.
LE SECOND MEURTRIER : Allez, il meurt ! J'avais oublié la récompense.
LE PREMIER MEURTRIER : Où est ta conscience maintenant ?
LE SECOND MEURTRIER : Oh ! dans la bourse du duc de Gloucester.
LE PREMIER MEURTRIER : Quand il ouvrira sa bourse pour nous donner notre récompense, ta conscience s'envolera ?
LE SECOND MEURTRIER : Peu importe qu'elle s'en aille. Il y a aura peu de gens ou même personne pour l'accueillir.
LE PREMIER MEURTRIER : Mais… et si elle te revient ?
LE SECOND MEURTRIER : Je ne veux pas avoir affaire à elle. Elle fait d'un homme un couard. Un homme ne peut voler qu'elle ne l'accuse. Un homme ne peut jurer qu'elle ne l'arrête. Un homme ne peut coucher avec la femme d'un voisin qu'elle ne le dénonce. C'est un esprit honteux et rougissant qui se mutine dans le cœur de l'homme. Elle le remplit d'obstacles. Elle m'a fait une fois rendre une bourse d'or que j'avais trouvée par hasard. Elle engueuse tout homme qui la garde. Elle est chassée des villes et des cités comme une chose dangereuse, aussi tout homme qui veut vivre bien tâche de ne se fier qu'à lui-même, et de vivre sans elle.

Acte I, Scène IV.
Commenter  J’apprécie          320
LE DEUXIÈME CITOYEN : En vérité, le cœur des hommes est plein de crainte :
Vous ne pouvez parler pratiquement à personne
Qui n'ait l'air accablé et plein d'effroi.
LE TROISIÈME CITOYEN : À la veille d'un changement, il en est toujours ainsi.
Par un instinct divin, l'esprit des hommes pressent
Le danger imminent, comme par expérience on voit
Grossir les eaux avant une violente tempête.

(SECOND CITIZEN : Truly, the hearts of men are full of fear :
You cannot reason almost with a man
That looks not heavily and full of dread.
THIRD CITIZEN : Before the days of change, still is it so.
By a divine instinct, men's minds mistrust
Ensuing danger : as by proof we see
The water swell before a boist'rous storm.)

Acte II, Scène III.
Commenter  J’apprécie          391
TYRREL : L'acte tyrannique et sanglant est accompli,
Le plus grand forfait, le plus pitoyable massacre
Dont jamais ce pays se soit rendu coupable.
[…] ils s'enlaçaient l'un l'autre
Dans leurs innocents bras d'albâtre.
Leurs lèvres étaient quatre roses rouges sur une même tige
Et dans le bel été s'embrassaient l'une l'autre.
[…] Nous avons étouffé
L'œuvre la plus parfaite et la plus exquise
Que la Nature ait forgée depuis la création première.

(TYRREL : The tyrannous and bloody act is done,
The most arch deep of piteous massacre
That ever yet this land was guilty of.
[…] girdling one another
Within their alabaster innocent arms.
Their lips were four red roses on a stalk,
And in their summer beauty kiss'd each other.
[…] We smothered
The most replenished sweet work of Nature,
That from the prime creation e'er she framed.)

Acte IV, Scène III.
Commenter  J’apprécie          310
RICHARD : Tendre prince, la vertu sans tache de vos années
N'a pas encore plongé dans la duplicité du monde,
Vous ne savez distinguer d'un homme
Que sa figure externe, qui, Dieu le sait,
S'accorde rarement ou jamais à son cœur.

(RICHARD : Sweet prince, the untainted virtue of your years
Hath not yet div'd into the world's deceit,
No more can you distinguish of a man
Then of his outward show, which, God He knows,
Seldom or never jumpeth with the heart.)

Acte III, Scène I.
Commenter  J’apprécie          520
RICHARD

— Qu’on me donne un autre cheval ! … Qu’on bande mes blessures ! — Aie pitié, Jésus ! … Doucement … ce n’était qu’un rêve. — Ô lâche conscience, comme tu me tourmentes ! — Ces lumières brûlent bleu … C’est maintenant le moment funèbre de la nuit : — des gouttes de sueur froide se figent sur ma chair tremblante. — Comment ! est-ce que j’ai peur de moi-même ? Il n’y a que moi ici ! — Richard aime Richard, et je suis bien moi. — Est-ce qu’il y a un assassin ici ? Non … Si, moi ! — Alors fuyons … Quoi ! me fuir moi-même ? … Bonne raison : Pourquoi ? — De peur que je ne châtie moi-même … qui ? moi-même ! — Bah ! je m’aime, moi ! … Pourquoi ? pour un peu de bien — que je me suis fait à moi-même ? — Oh non ! hélas ! je m’exécrerais bien plutôt moi-même — pour les exécrables actions commises par moi-même. — Je suis un scélérat … Mais non, je mens, je n’en suis pas un. — Imbécile, parle donc bien de toi-même… Imbécile, ne te flatte pas. — Ma conscience a mille langues, — et chaque langue raconte une histoire, — et chaque histoire me condamne comme scélérat. — Le parjure, le parjure, au plus haut degré, — le meurtre, le meurtre cruel, au plus atroce degré, — tous les crimes, poussés au suprême degré, — se pressent à la barre criant tous : Coupable ! coupable ! — Ah ! je désespérerai. Pas une créature ne m’aime ! — et, si je meurs, pas une âme n’aura de pitié pour moi !… — Et pourquoi en aurait-on, puisque moi-même — je ne trouve pas en moi-même de pitié pour moi-même ? — Il m’a semblé que les âmes de tous ceux que j’ai assassinés — venaient à ma tente, et que chacune provoquait — la vengeance de demain sur la tête de Richard ! —
Commenter  J’apprécie          146

Videos de William Shakespeare (372) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Shakespeare
SHAKESPEARE – Les femmes dans Henri VI & Richard III avec Patrice Chéreau (FR3, 1999) Un documentaire de Stéphane Metge réalisé en 1999. Présence : Patrice Chéreau, Elsa Bosc, Céline Carrère, Jeanne Casilas, Rebecca Convenant, Amélie Jalliet, Cylia Malki, Sarah Mesguich. Traduction utilisée : Armand Guibert, Pierre Leyris et Daniel Loayza (édition du Club Français du Livre).
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature dramatique anglaise (128)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1542) Voir plus



Quiz Voir plus

Roméo et Juliette

"Roméo et Juliette" est une comédie.

Vrai
Faux

10 questions
1971 lecteurs ont répondu
Thème : Roméo et Juliette de William ShakespeareCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..