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Critique de Bookycooky


La "Douleur", personnage principal du livre,
La "Douleur",celle d'une femme de quarante-cinq ans, grièvement blessée lors d'un attentat dix ans auparavant, dont le corps n'a jamais complètement guéri.
La "Douleur" , celle d'une jeune fille de dix-sept ans, abandonnée par son premier grand amour, et dont la rencontre trente ans plus tard en la personne du chef de service de l'hôpital où elle se rend pour se faire soigner, la ravive.
La "Douleur" , celle d'une enfant qui a perdu très jeune son père, à la guerre.
La "Douleur" , celle de voir son enfant pris aux griffes du Mal.
La "Douleur" , celle que la Vie nous inflige d'une façon ou d'une autre et dont notre héroïne Iris y prend généreusement sa part.

Zeruya Shalev dans son dernier livre, continue son introspection de l'intime à travers le monde intérieur d'une femme à la quarantaine, mariée, deux enfants,un mariage consumé, qui retrouve son grand amour d'adolescence, amour non consumé......c'est idyllique, surtout avec sa belle prose si bien rendue par l'excellente traduction.....même " trop parfait" juge sa meilleure amie Dafna ; mais bon c'est de la fiction, non ? pourquoi ne pas fantasmer sur le parfait ?
Et puis l'idylle a aussi son revers; elle a tout à perdre, lui rien, donc à elle de décider.....
Ici aussi comme dans "Théra", j'ai retrouvé cette fine analyse de l'inconstance de la nature humaine, qui change de perspective constamment, qui n'arrive jamais à cerner exactement ce qu'elle ressent et par conséquence ne sait comment agir, comment se manifester équitablement, quelque soit le domaine. Ce qui est aujourd'hui jugé juste peut s'avérer totalement faux le lendemain. Tiraillée entre sa culpabilité envers sa famille, un mari plus amoureux de son échiquier sur ordinateur que d'elle, des enfants qui quittent le nid familial et qui ne se font pas une miette pour elle, le tout couronné d'un manque de communication ET sa soif d'amour (qui semble) comblée et à porté de main ( pour le moment )....que faire ? Surtout qu'un trés grave probléme concernant sa fille s'annonce .....

À travers l'intime se défilent aussi les conditions de la vie particulière en Israël des juifs : la conscription obligatoire des jeunes (36 mois pour les garçons, 22 pour les filles) et les risques d'attentats et de guerres ( Shalev elle-même fût victime d'attentat) , sources d'anxiété permanentes pour le nucleus familial . Une toute petite touche politique de la pacifiste Shalev éclaire le fond -"un plaisir......d'être sur cette parcelle-là de territoire, enclave qui a quelque chose de totalement utopique, au milieu d'un village arabe, magnifique et amical, sur les hauteurs de Jérusalem, assise à la table d'un couple de restaurateurs qui concrétisent l'aspiration la plus exaltante de la région, celle de la coexistence" -.

Zeruya Shalev est une des écrivaines les plus réalistes que j'ai rencontré.Aucun aspect de la nature humaine ne lui échappe. La fiction elle l'utilise que pour mieux les cerner et nous les servir concrètement sur un plateau d'argent; ce plateau d'argent qui est sa belle prose et source de plaisir pour nous lecteurs.


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