AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782749115238
704 pages
Le Cherche midi (05/04/2012)
3.92/5   13 notes
Résumé :
Dans la lignée du Docteur Jivago et de Lawrence d'Arabie,
une passionnante saga romanesque ancrée dans la tragédie du peuple arménien. 1913, Bitlis, ancienne province du royaume d'Arménie, dans l'est de l'Empire ottoman. Kévork et Zevart se jurent leur amour mais doivent se dire adieu. La jeune fille part vivre à Paris car son père souhaite l'éloigner d'un danger qu'il pressent imminent. A peine un an plus tard, des hommes de Constantinople débarquent à Bitl... >Voir plus
Que lire après Les enfants de l'oubliVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le principal intérêt de ce roman réside dans son contenu historique. Comme plusieurs, j'avais déjà entendu parler du génocide arménien qui avait eu lieu au début de la Première guerre mondiale, mais je n'en savais pas beaucoup plus sur le sujet. Les enfants de l'oubli de Raffy Shart est venu combler cette lacune.

On y apprend que les Turcs, au sein de ce qui était encore à l'époque l'empire ottoman, ont décidé froidement d'exterminer et de déporter plus d'un million (et peut-être même plus) d'Arméniens et cela, dans un but de purification ethnique. Certains historiens disent même que c'étaient pour s'emparer des terres et des biens des Arméniens et d'autres, pour les empêcher de se rebeller pour obtenir un état arménien indépendant.

Ce qui fait froid dans le dos, c'est que du jour au lendemain, ces Arméniens ont été exterminés par leurs voisins et amis turcs avec qui ils vivaient apparemment en bonne entente depuis des décennies sinon des siècles. Les Turcs étaient musulmans et les Arméniens, chrétiens et cela peut aussi tout dire.

Les atrocités que les Arméniens ont connu aux mains des Turcs n'ont rien à envier à celles subies par les Juifs par les Allemands. Les Turcs le faisaient seulement à une échelle moindre et de façon moins organisée. En plus de connaître une mort violente et horrible, les Arméniens ont dû marcher pendant des centaines de kilomètres dans le désert pour être parqués dans des camps de concentration où ils mouraient par milliers, de faim, de soif et de maladies. Ou alors, on les faisait tomber dans des grottes, on les arrosait d'essence et ont y mettait le feu. En ce qui concerne les femmes et les enfants arméniens, les Turcs les adoptaient ou les mariaient, après les avoir convertis à l'islamisme, s'assurant ainsi que leur identité et culture arméniennes s'effaceraient parce qu'ils étaient totalement assimilés.

La communauté internationale semblait dès le départ avoir été informée de cette situation par des missionnaires et des diplomates, mais elle ne s'en est pas mêlée parce que c'était la guerre et que les Turcs étaient les alliés des Allemands.

Nous vivons tous ces évènements à travers les yeux des jeunes gens, Kévork et Zevart. Ils sont amoureux, mais lui semble plus tenir à elle que l'inverse. À la veille de ces terribles évènements, le père de Zevart l'envoie à Paris où elle étudiera le dessin. Zevart est la fille d'un riche propriétaire terrien tandis que Kévork n'est qu'un berger orphelin et le père de la jeune fille refuse la demande en mariage de Kévork. Celui-ci promet à la jeune fille qu'il l'attendra au pays.

Zevart arrive à Paris où elles connaîtra la vie folle et bohème des artistes en cette fin de la Belle époque. Elle essaiera tout : alcool, drogues, fêtes et vie de débauche. Pendant ce temps, en Arménie, Kévork assiste aux premiers massacres commis par les Turcs. Il décide de se battre et de se joindre à la résistance arménienne. Il finit par être arrêté par les Turcs. Il connaîtra alors une série d'aventures et de mésaventures qui le conduiront à Alexandrette, Palmyre, Damas et Petra. Il marchera dans le désert avec ses compatriotes, il sera surveillant dans un camp de concentration, il croisera et sauvera la vie de Laurence d'Arabie, il sera l'esclave des Bédouins, il sera aux travaux forcés dans une mine de sel et il s'engagera dans l'armée anglaise. Il immigrera aux États-Unis où il deviendra même gangster. Il connaîtra mille privations, recevra mille coups, endurera mille atrocités, il tuera des hommes, mais toujours il gardera intact son amour et sa promesse à Zevart.

Celle-ci n'ayant plus de nouvelles de sa famille, décide de retourner en Arménie. Elle échoue à Constantinople où elle apprend que son père est emprisonné par Mustafa Abdulik, un ancien ami amoureux d'elle, qui a pris part aux exactions turques. Elle devient sa maîtresse afin de sauver son père. Mais cela ne fonctionnera pas. Son père est assassiné et elle se retrouve dans un bordel de Beyrouth. Elle disparaît de l'histoire vers le milieu du roman pour reparaître brièvement plus tard, puis à la fin du roman. Zevart n'a qu'un rôle secondaire et c'est dommage, car elle est aussi courageuse que Kevork.

C'est Kevork qui a le beau rôle dans le roman et son histoire d'amour avec Zevart est plutôt accessoire. La narration est parfois maladroite, mais le potentiel émotionnel du roman est indéniable. L'auteur, par les péripéties de Zevart et de Kévork, nous fait connaître tous les tenants et aboutissements du destin des Arméniens, même les seconds chapitres, comme l'assassinat des Turcs responsables par les Arméniens ou les missionnaires qui ont rapatriés les orphelins arméniens. On apprend que même aujourd'hui, il n'y a que peu de pays qui ont reconnu le génocide arménien. Il s'agit d'un très bon roman historique, qui nous fait aussi connaître le Paris des années folles et le New York des gangsters (Al Capone, Lucky Luciano, etc.)

C'est un roman et une histoire qu'il nous faut connaître. Je dirais même que c'est un devoir de mémoire pour que ne se reproduisent jamais ce genre d'atrocités. Malgré quelques petites faiblesses inhérentes à un premier opus, Les enfants de l'oubli est un roman d'aventures palpitant et un hommage au courage du peuple arménien.
Lien : http://biblimaginaire.blogsp..
Commenter  J’apprécie          50
Génocide… c'est vraiment un fait qui me choque, qui m'a toujours choqué… surtout que souvent, il est perpétré par des voisins, des « amis »… c'est encore plus horrible… le génocide arménien m'interpelle depuis longtemps, d'autant que les Turcs n'ont pas la décence, le courage de le reconnaitre… ainsi quand j'ai entendu il y a quelques mois la présentation de ce livre à France Info, j'ai eu très envie de le lire… et voilà l'occasion s'est présentée et je suis bien heureuse de l'avoir lu, même si j'ai quelques bémols à émettre au déroulement de l'histoire. L'auteur a voulu faire de ce livre une grande saga « romantique » pour soutenir la trame du drame arménien. du coup, l'un de ses « héros », Kévork , est quasiment immortel…. il subit à lui-seul, dans une seule vie, ce que peuvent endurer au moins 3 ou 4 êtres humain « normaux ». Il survit à des atrocités auxquelles il est impossible de survivre… simplement pour qu'il puisse continuer l'histoire. Cela m'a un peu gêné, surtout à certains moments du livre. Cela retirait presque de la crédibilité aux faits, qui eux, malheureusement sont véridiques.
ceci dit, c'est néanmoins très bien écrit, cela se lit bien… et les faits sont précis, et vrais (j'ai vérifié)… et c'est vraiment dramatique, au-delà, encore de ce que j'imaginais. La cruauté humaine n'a aucune limite. Et la perversité non plus.
En plus, pourquoi infliger tant de souffrances si le but ultime, dès le départ est de les exterminer.
En suivant l'histoire de Zevart et de Kevork, on découvre la vie au début du 20e siècle en Arménie, mais aussi à Paris (Zévart y cotoie en plus des peintres comme Soutine, des poètes comme Apollinaire ou encore des artistes comme Maurice Ravel…) et New York (la violence qui y règne, la pègre, les clans ! Italiens, Irlandais… le racisme etc. cela me faisait penser parfois, au film Gangs of New York avec le merveilleux Léonardo di Caprio !!
Bref, c'est très intéressant et assez passionnant.
Je rappelle quand même ce chiffre effarant : 1,2 million de victimes dans la population arménienne.
Et dans ce livre, on est témoin d'autres atrocités.
Un livre à lire je pense.
Commenter  J’apprécie          30
Un livre émouvant et intense. Je ne regrete pas 'avoir trouver ce livre dans la bibliotheque de ma commune.
Ce roman raconte l'histoire forte du génocide des arméniens à travers l'histoire de Kévork et Zevart. On y découvre tout l'horreur de cette 'épuration' que le monde entier, pourtant au courant, a fait semblant de ne pas être au courant...
Je pense que les gouvernements de l'époque auraient du réagir et je pense également qu'ainsi que le génocide des juifs lors de la seconde guerre mondiale aurait pu être ainsi éviter ....
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Mais pourtant, les journaux disent que la victoire est pour bientôt !
- C’est des mensonges ! Ils racontent ça pour qu’à l’arrière vous gardiez le moral ! La réalité est tout autre : nos soldats sont englués dans des tranchées. On vit dans la boue, le froid, la pise et la merde ! Les cadavres pourrissent à quelques mètres et on ne peut même pas aller les chercher pour les enterrer dignement… Les rats nous courent sur le corps, les poux nous martyrisent. Et il y a les obus ! Des pluies d’obus qui nous tombent sans cesse dessus dans un vacarme assourdissant. Chacun se raccroche à ce qu’il peut en attendant dans l’angoisse l’ordre de sortir et d’attaquer la tranchée d’en face à la baïonnette ! Les Boches nous attendent pour nous tirer comme des lapins, c’est ça la vérité !
Commenter  J’apprécie          50
Elle l’interrompt :
Tu dois te rendre à Berlin !
Mais je ne peux pas te quitter, te laisser seul avec Mike !
Kevin York, si je vous ai aimé, c’est parce qu’un jour vous m’avez dit que vous vouliez devenir un homme honnête. Vous êtes devenu quelqu’un de bien, monsieur York ! Mais vous ne pouvez oublier Kévork, le petit berger des montagnes d’Arménie. Comme tu ne pourras jamais oublier toutes les atrocités que tu as vues…. Kevin n’est pas lié à ce passé, mais Kévork le sera jusqu’à son dernier souffle ! Et même si, au fond de moi, je ne veux pas que tu partes, je sais que je dois te laisser réaliser ton destin. En te gardant à mes côtés, je forcerai Kevin à tuer Kévork. Et moi j’aime autant Kévork que Kevin. Va à Berlin Kévork ! Nous t’attendrons…
Les yeux humides, il enlace sa femme et dit d’une voix frémissante :
Je t’aime tant…
Flora retient ses larmes quand il l’embrasse mais ne parvient pas à contenir les légers tremblements de ses lèvres. Elle comprend à présent qu’elle va vivre dans l’appréhension et la peur. Celle d’apprendre un matin, au téléphone ou par courrier, la mort de son mari. Mais elle sait qu’il doit accomplir cette mission pour apaiser sa conscience et le libérer peut être de ses fantômes.
Commenter  J’apprécie          20
Elle se tenait là, devant la chorale, la main prête à tourner les pages de la partition, tout en adressant furtivement des sourires indulgents à son fils. Il donnerait sa vie pour revivre, ne serait-ce qu’une heure, une minute, ces instants magiques. Ces moments où il se sentait protégé par son amour. Il lui semblait que le monde était ainsi fait, à l’image de sa maman. Maman ! Je crois qu’il n’existe pas de mot plus doux que celui-là, pensait Kévork. Ce mot qu’il n’a pas assez souvent prononcé, crié… Maman… Ces deux syllabes lui entrent dans le cœur comme la lame d’un poignard quand il les entend criées dans son dos. Il envie tant ces gamins qui ignorent le trésor qu’ils possèdent ! Pour lui, l’orphelin, ce mot évoque une frustration, une souffrance. Les Turcs avaient tué sa mère lors des massacres de Sassoun, en 1894. Mais, ça, il préfère ne pas se le remémorer.
Commenter  J’apprécie          10
Ton devoir ne s'arrête pas là! Tu dois continuer à vivre pour leur expliquer, à tous ceux qui ne savent pas ce qui s'est passé... Tu dois leur raconter les atrocités dont tu as été témoin, afin que le monde entier connaisse, dans les moindres détails, notre tragédie. Tu dois pointer du doigt les coupables, les dénoncer, afin qu'ils soient condamnés, même après leur mort, devant l'Histoire, pour les générations à venir... Pour que la race humaine de recommence plus jamais une telle tragédie! Il faut ancrer cela dans nos mémoires, pour que plus jamais un peuple n'en extermine un autre! Et n'oubliez pas que toute cette histoire a pour origine le racisme, qui, pour moi, demeure le plus grand crime du monde!
Commenter  J’apprécie          10
Kévork voudrait tant crier au monde cette injustice, l’usurpation dont sa nation est victime. Mais comment faire ? Lui qui vit dans les ténèbres comme ces enfants qui jouent en silence, ces enfants oubliés de la Terre entière… Les enfants de l’oubli.

Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Raffy Shart (1) Voir plus

Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3169 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}