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Anne Cheng (Traducteur)François Cheng (Traducteur)
EAN : 9782877302111
220 pages
Editions Philippe Picquier (19/05/1998)
4.01/5   243 notes
Résumé :
Le Pousse-pousse, le plus célèbre roman de Lao She, ce sont les aventures de Siang-tse le Chameau dans le Pékin des années vingt et trente. Sa grande ambition est de posséder son propre pousse-pousse.
Dans cette ville où tout est régi par la guerre, l’argent, le danger, il ira de désillusion en désillusion et ne connaîtra que la déchéance et le désenchantement. Mais c’est aussi le roman du petit peuple de Pékin, un Pékin aujourd’hui disparu, que Lao She fait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Posséder un pousse-pousse ne paraît pas être un rêve utopique en soi. Mais dans la société chinoise des années vingt traversée par de multiples lignes de démarcation sociale puissamment ressenties, c'est presque inaccessible pour un jeune homme pauvre issu du milieu rural. Lao She s'acharne à le montrer dans le pousse-pousse, récit qui se lit comme un conte dans lequel la justice triomphante n'a pas l'intention de toquer à la porte du récit.
Tous les éléments introduisant la narration invitent en effet à emprunter le chemin de la fable : un héros au visage lisse et au tempérament presque unidimensionnel, des phrases à la densité rapide, un récit fulgurant où les faits sont définis par leur signification dans le déroulement de l'intrigue.
Mais nullement besoin de merveilleux pour raconter comment le déterminisme au sein de la société chinoise confisque les rêves adolescents, même les plus humbles. Sous la plume de Lao She, la société est cruelle, et la ville, Pékin, une broyeuse d'existence. «La robustesse et l'honnêteté foncière d'un campagnard» offrent peu de réconfort face aux instincts carnassiers de la ville, elles permettent de retarder tout au plus les déceptions d'adultes.
L'abnégation dont fait preuve Siang-Tse ne trouve pas plus de grâce aux yeux de l'auteur chinois qui avec des mots durs y voit l'autre cause de ses échecs récurrents. Bien que la préface défende le roman de toute vision politique, Lao She n'hésite pas à dénoncer frontalement l'individualisme du jeune homme qui, dans sa volonté de s'en sortir uniquement par ses propres moyens, précipite les catastrophes.
Et pourtant, c'est ce qui fait de Siang-Tse un véritable héros de littérature, son obstination à défier l'ordre social en essayant de maintenir sa petite vie debout est admirable. Si l'auteur dans sa volonté de témoigner et non de séduire propose une peinture réaliste saisissante_les descriptions même les plus prosaïques sont captivantes_, les immenses sacrifices consentis par notre jeune tireur pour parvenir à ses fins le rendent attachant. Et ce, malgré son caractère bougon et les désillusions qui s'abattent sur lui.
Très bon moment de lecture.

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Un de ces livres qui fait réfléchir sur l'Humain. C'est l'aspect social du roman que je retiens le plus : la misère humaine. L'action se passe à Pékin au début du XXe siècle. Siang-tse est et veux être tireur de pousse-pousse. C'est son obsession ! Il vient d'arriver à la ville, il est jeune, il est vigoureux, il a tout l'avenir devant lui. Malgré sa basse extraction sociale, il pense pouvoir économiser assez pour s'en sortir et mener une vie honorable. L'avenir va, peu à peu, lui prouver le contraire, en dépit de tous ses efforts et de ses choix. Outre l'exotisme de la description de la vie du petit peuple de pékin, qu'affectionne Lao She, c'est un thème que l'on retrouve sous toutes les latitudes, à toutes les époques. Je pense notamment à Zola. On suit la déchéance d'un homme dans un déterminisme social qui fait froid dans le dos. Siang-tse ne peut pas s'en sortir. Pour nous, lecteur, c'est une évidence que l'on saisit dès les premières pages. L'auteur fait souvent référence, avec justesse, aux injustices sociales. La résilience n'est pas faite pour tout le monde. Et Siang-tse le comprend assez vite, mais redouble d'efforts et d'espoirs jusqu'au moment où, terrassé par les pires épreuves, il « abandonne ». A quoi bon ?
C'est un roman que j'avais déjà lu il y a plusieurs années mais que j'avais un peu oublié après avoir lu la monumentale oeuvre des « Quatre générations sous un même toit ». De Lao She, on retrouve ici la même écriture, le même souci du détail pour nous amener à comprendre l'incapacité de ses personnages à se sortir de leur marasme, englués qu'ils sont, dans une société qui les manipule, les broie, pour finalement les absorber contre leur grè ou les rejeter violemment. Tout cela est encore très actuel et, si on transpose un peu, l'intrigue offre de nombreux parallèles avec notre époque.
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Siang Tse arrive de la campagne à Pékin pour exercer le métier de tireur de pousse pousse. Il est grand, costaud et a un plan. Économiser tous les jours pour pouvoir s'acheter son propre pousse pousse et ne dépendre de personne.

Formidable photographie du Pékin des années 20/30 Lao She nous décrit la vie qu'il a connu, lui qui est revenu en Chine au début des années 30 après un séjour à Londres. L'histoire de Siang Tse est sans doute universelle . Celle du petit peuple qui trime pour gagner sa vie et qui ne peut compter sur personne pour s'en sortir. le Pékin disparu narré ici , avec ses familles entassées dans des cours carrés et cette course quotidienne au bol de riz pour survivre, avec ses petits métiers et ses combines pour subsister est saisissant de réalité.
Au delà du contexte, on ne peut que s'attacher à l'histoire de ce tireur de pousse pousse , à l'humanisme débordant et à la chance plus qu'incertaine qui le caractérisent. Ce roman, critique acerbe de la société chinoise de l'époque et véritable testament d'une catégorie sacrifiée est remarquablement écrit, avec cette précision propre à Lao She.
La traduction de François et Anne Cheng ne gâche rien , même si l'on a du mal à s'y retrouver avec les noms de lieux employés, loin de ceux que l'on connait, même si la majorité de l'action semble se passer dans la ville tartare , encore ceinte de ses murs que les communistes abattraient 20 à 30 ans plus tard.
L'écriture est très belle, sans fioriture, et les chinois fidèles à eux mêmes s'invectivant à qui mieux mieux dans le chaos des rues.

Une formidable immersion dans un monde révolu mais où l'histoire du personnage principal est universelle et intemporelle.


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Lire un roman traduit du chinois garantit toujours une évasion, un dépaysement, une immersion dans un "autre monde". Ici, "le Pousse-Pousse" ne fait pas exception, on plonge dans le Pékin des années 30.
On suit alors les aventures de Sing-Tse avec beaucoup d'émotion. On espère avec lui des jours meilleurs et on tombe avec lui devant tant de désillusions, on courbe l'échine face à ce monde cruel et sans pitié.
L'histoire, bien que romancée, apporte beaucoup sur ce Pékin des années 30 et le métier de tireur de Pousse. Si j'étais metteur en scène, j'aurais beaucoup de plaisir à faire un film de ce roman. Bravo à Lao She et aux traducteurs François et Anne Cheng !
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C'est bête bien-sûr mais quand j'ai acheté ce livre, j'ai d'abord été attiré par la couverture ( en livre de poche) : Un chameau à l'air serein qui tire un pousse-pousse. (L'association du verbe tirer et du mot pousse-pousse est amusante)
Comme quoi le marketing des couvetures est loin d'être inactif.

Et quand on commence la lecture de ce petit roman, on se rend compte que l'on entre dans un monde où rien n'est facile.
On se plaît vite à imaginer que la vie de Lao She a été plus sympatique, plus riante que celle de son héros. Car ce livre est une véritable leçon de vie, d'échecs mais aussi d'espoir.

Le héros, Siang-Tse dit « le chameau » est un bon gars un peu simple mais travailleur et surtout obsédé par l'argent, le gain, la réussite sociale.
Il travaille comme un fou pour se payer son propre outil de travail : un pousse-pousse qu'il se fait voler.
Il repart à zéro, se laisse séduire par la fille de son patron perd tout à nouveau, etc….

Lao She est un conteur, un classique ; il fournit ici un roman réaliste un peu à la façon de Zola, écrit avec détachement et recul.
Mais on n'est ni dans la passion ni dans la compassion. Lao She observe et décrit des faits. C'est tout.
Cependant tout cela est utile pour illustrer le mode de vie d'un peuple, sa culture. On n'est pas dans le monde des Bisounours : Chaque décision peut conduire un peu plus à la déchéance.
En même temps l'auteur nous assène de nombreuses notions de valeurs, toujours intéressantes pour mieux comprendre l'histoire.

Ce livre est d'une lecture agréable, mais peut-être pas aussi simple que cela. Elle conduit à pas mal de réflexions utiles ou dérangeantes !
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
A l’horizon grisâtre, perçait une lueur rouge. Les arbres, au loin, paraissaient plus noirs. Peu après, le rouge et le gris se mêlèrent ; le ciel devint couleur de raisins mûrs, avec par-ci par-là, des taches gris-violet et d’autres franchement rouge. Un point d’un jaune brillant se forma bientôt à l’horizon, donnant naissance à toute une gamme de couleurs chatoyantes. L’orient tourna au carmin, tandis que le reste du ciel virait au bleu. Soudain, les nuages s’ouvrirent, laissant le soleil darder mille rayons d’or. Une vraie toile d’araignée, tissée de lumière. Les champs, les arbres, les herbes passèrent du vert sombre à l’émeraude scintillant. Les branches de sapin se teintèrent de rouge et les ailes des oiseaux étincelèrent. Tout souriait. Devant le spectacle de cette aurore grandiose, Siang-tse eut envie de pousser des cris.
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Siang-Tse, pendant tout ce temps, n'avait pas dit un mot. Mais il écoutait attentivement les autres parler. Leurs propos avaient beau varier quant au ton, à l'accent et au contenu, ils finissaient tous par maudire l'injustice du sort. Ces paroles, il les buvait littéralement, tel un sol assoiffé qui résorbe en un clin d'œil les gouttes d'une pluie longtemps attendue. Taciturne et solitaire qu'il était, il eût été bien en peine de dire clairement ce qu'il avait sur le cœur ; il ne pouvait ruminer l'amertume de l'existence qu'à travers les mots des autres. Tout le monde menait la vie dure, et lui n'y faisait pas exception ; à la pensée de ses propres misères, il se sentait en communion avec les autres. Quand ils racontaient quelque chose de triste, il plissait lui aussi le front ; quand ils plaisantaient, il esquissait un sourire, respirant ainsi du même souffle qu'eux. N'étaient-ils pas tous dans le même pétrin ? D'ordinaire, il fuyait ces conversations, considérant que ce n'étaient là que parlotes, commérages et perte de temps. Mais voilà que ce soir-là, pour la première fois, il trouvait en chacun un porte-parole !
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Vraiment, il ressemblait à un arbre : robuste, silencieux et vivant. Il avait conçu un plan, qu'il ne pouvait révéler aux autres. Parmi les tireurs, les ennuis de chacun servaient de sujet de conversation à tous. Au coin des rues, dans les maisons de thé, dans les cours, chacun racontait, en l'arrangeant, sa petite histoire, qui devenait un bien public et se propageait comme une chanson populaire. Siang-tse était un campagnard ; il n'avait pas la parole aussi rapide que les citadins. Il n'avait d'ailleurs aucune envie d'imiter ces mauvaises langues. Son histoire, il la gardait pour lui-même. Ne gaspillant pas son temps en bavardages, il pouvait réfléchir tout à loisir.
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Les femmes avaient un sort moins enviable encore. Elles devaient faire face à tout : aux plaintes des vieillards, aux maladies des enfants, à la violence de leur mari. Quand elles étaient enceintes, elles ne cessaient pas de travailler et ne se nourrissaient que de bouillons de riz avec des patates. Elles mendiaient aussi. Parfois, elles rapportaient du linge à laver ou à rapiécer la nuit, sous une lampe à pétrole, lorsque tout le monde était enfin endormi. Le vent qui entrait par les fentes des murs de ces pièces exiguës enlevait toute chaleur. Fatiguées, mal nourries - elles donnaient à manger aux vieux et aux petits - elles étaient la plupart du temps malades. A trente ans, elles perdaient leurs cheveux. Elles ne tardaient pas à mourir.
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Dans cette cour misérable, habitaient une huitaine de familles. La plupart n'occupaient qu'une pièce. Ils s'entassaient à sept ou huit dans un sombre réduit. Ces pauvres gens faisaient toutes sortes de métiers : tireurs de pousse, colporteurs, domestiques, etc. Ils trimaient à longueur d'année pour assurer leur bol de riz.
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Video de Lao She (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lao She
Olivier BARROT présente le roman de Lao She, "Messieurs Ma père et fils". Ce roman s'inspire du séjour londonien de Lao SHE.
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