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Guy Abadia (Traducteur)
EAN : 9782253049623
215 pages
Le Livre de Poche (01/01/1989)
3.81/5   94 notes
Résumé :
Carmody, innocent citoyen du xxe siècle, a gagné sans l'avoir voulu un prix au tiercé galactique de l'avenir, un prix qui parle et qui change d'aspect sans prévenir. Le pire, c'est qu'il lui faut aller le chercher à l'autre bout de l'univers. Mais qui refuserait un prix qui peut vous apporter la gloire, la fortune et l'attention des femmes ?
Sans négliger un voyage gratuit vers le Centre Galactique.
Partir, c'est l'affaire d'un clin d'œil. M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Burlesque mais interrogeant

Un terrien, de notre ère et notre réalité, gagne un prix, qu'il doit aller cherche au centre de la galaxie, dans le futur. Facile à dire, facile à faire. Mais l'aventure commence dès qu'il faut rentrer. Ou ? Quand ? Et dans quelle réalité ?

Si on connaît tous le guide du routard galactique auquel beaucoup font référence, ce livre est pourtant de 10 ans son aîné.
C'est drôle, dans le burlesque, divertissant et l'univers fait indéniablement penser à celui d'Adams (ou plutôt l'inverse du coup). Mais à la différence de son rejeton (d'inspiration), la dimension des miracles développe des passages plus profond où l'auteur expose ses opinions, notamment sur la religion et notre style de vie (du moins le sien, puisqu'écrit dans les années 70).
C'est un peu décousu et on a plus l'impression d'un fix up où les scènes et scénettes s'enchaînent mais cela reste cohérent et on ressort de notre lecture, amusé mais aussi grandit.
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"Si nous devions prendre chaque éventualité en considération, nous n'aurions bientôt plus à considérer la moindre éventualité..."
Voilà ce que déclare le Préposé aux Prix à Thomas Carmody, un terrien qui le voit un jour débarquer dans son logement sur la terre du XXème siècle, pour lui annoncer qu'il est le gagnant du gros lot du Sweepstake Intergalactique.
Il ne croyait pas si bien dire. Carmody accepte le prix et le voyage qu'il suppose pour se rendre au Centre Galactique où il lui sera remis.
Carmody va de surprise en surprise. Il découvre une civilisation du futur qui prétend avoir crée la terre pour le compte de "ce vieux monsieur (...) tout à fait honorable (...)" en ayant "(...) honte de la planète (...) construite." Un chapitre excellent.
Son voyage de retour vers la terre du XXème siècle est tout aussi épique. Il lui permet de voyager dans le passé et l'histoire dramatique de notre planète.
Au-delà de la dimension loufoque, humoristique et satirique du roman, Sheckley, comme souvent dans ses romans posent dans cet écrit datant de 1968, des questions qui sont aujourd'hui au coeur de notre actualité et de notre désespérance.
Destruction systématique de la planète par le genre humain. Carmody se retrouve au crétacé et échange avec un dinosaure qui voyant un citoyen du futur l'interroge sur l'avenir de la terre. "Votre race se maintiendra" lui assure Carmody "Il n'y avait rien d'autre à faire que de mentir gentiment"
Au cours de cette odyssée, Carmody se voit également reprocher sa consommation effrénée de viande "Espèce de boucher sanguinaire, combien de quartiers d'animaux avez-vous consommés durant votre existence ?"
Il prend aussi conscience de la futilité de la consommation "(...) il commença par le potage aux petits pois pour terminer avec les petits fours du chef." et de sa dimension élitiste "Il voulait devenir le genre d'homme qui offre du Chivas Regal (...) qui porte des chemises signées Brooks Brothers, des blazers de chez F.R Tripler, qui se sert de lotion ag-fter-shave Onyx de chez Lenthéric et ne met que des vestes de sport Paul Stuart."
Un autre thème du roman est la religion, son emprise sur la société, et la vacuité des dogmes par lesquels elle explique le monde. " Dites-leur que scientifiquement, tout ce qui est doit être."
La relecture de ce roman auquel je n'avais pas touché depuis mon adolescence révèle aujourd'hui que j'étais certainement passé à côté de cette lecture, n'y voyant que la Farce et non le contenu...
Expérience à renouveler.
Lisez la dimension des miracles depuis le XXIème siècle.
Effet garanti !

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Une série d'échanges surréalistes aujourd'hui m'a rappelé que je m'étais promis de présenter et de commenter ce grand-petit-livre. Ce sera donc chose faite ce soir.
*
« La dimension des miracles » est un titre parfait, en effet il annonce précisément le but de cet ouvrage : nous divertir tout en nous faisant méditer sur différentes réalités et sur nos présupposés. Dans un autre de ses livres (Dramoclés) Sheckley nous énonce que « Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du mal », ici nous sommes invités, pour commencer, à définir précisément l'ampleur d'un miracle.
*
Une fois cette mission menée à bien (Pourrais-je connaître votre réponse ?) vous pouvez commencer le livre en accompagnant Carmody. Ce dernier gagne, sans avoir joué, un prix dans un sweesptake intergalactique et, comme tout bon (et malheureux) gagnant il va innocemment tenter de prendre possession de son lot, en apparence fort prometteur. Il quitte alors son foyer pour se rendre au Centre Galactique (un clin d'oeil à Asimov, il y a d'ailleurs beaucoup d'autres références à des auteurs et à des ouvrages pour qui est un amoureux de SF)… et ensuite, tel Unlucky Luke, se retrouve loin de chez lui mais, plus ennuyeux, incapable de retrouver son chemin et poursuivi par la mort, sous la forme de son prédateur personnel (relecture savoureuse du darwinisme en mode caricatural assumé).
*
Cette intrigue, vous l'aurez compris, est à des années-lumière (oui, j'ose) de la SF traditionnelle ou du Space Opéra. Sous le prétexte d'accompagner Carmody en quête de son OQQ (Où, Quand, Quelle) nous nous trouvons dans différentes situations burlesques mais amenés simultanément à rire et à réfléchir. Vous croiserez des Dieux, dont le nôtre, des dinosaures qui parlent, des réflexions sur la publicité, la recherche de la perfection et ses défauts (excellent), l'art, le côté distrait et mercantile de certains ingénieurs, le rapport à l'altérité, les problèmes raciaux mais aussi ceux générés par les transports en agglomération… entre autre. Sheckley nous tend un miroir déformant afin que nous soyons incités à questionner notre reflet au lieu de le contempler négligemment. Et, selon moi, cela fonctionne.
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Cet auteur a parfois pour défaut de privilégier la virtuosité à la cohérence, l'accumulation aussi de rebondissements jusqu'à égarer ou au moins lasser. Ici ce n'est pas le cas et cet ouvrage a une intrigue parfaitement intelligible et plaisante à suivre. C'est en ce sens que « La dimension des miracles » est largement considéré comme le chef d'oeuvre de Sheckley. C'est en tous les cas un excellent choix de départ pour découvrir cet écrivain.
*
La fin de ce livre, en forme de dernière boutade philosophique que je ne vous dévoile pas, ponctue ce voyage enrichissant et distrayant. Je vous souhaite une belle lecture.
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Ouvrir un livre de Robert Sheckley, c'est accepter de faire un voyage au pays de l'absurde. C'est la touche humoristique de la Science-fiction. Une littérature qui ne se prend pas au sérieux, tout du moins au premier abord.

Un jour, un être polymorphe vint sonner à la porte du domicile de Carmody, lui annonçant qu'il venait de gagner un prix. Pour recevoir ce cadeau, il doit quitter la Terre pour rejoindre une lointaine planète. À ce moment précis, Carmody était loin de penser qu'il allait se retrouver dans une histoire ubuesque.

Ce court roman est découpé en cinq parties par l'auteur. Les scènes cocasses se suivent et parfois sans enchaînement. Tel un sketch, on suit avec plus ou moins émerveillement les péripéties de Carmody. Robert Sheckley s'amuse à déformer la réalité pour mieux semer la confusion dans notre cerveau. Parfois le contrat est rempli et j'arrive à décrocher un sourire, parfois l'humour omniprésent est bien lourd à digérer.
Il ne faut pas se leurrer, ce texte n'est qu'une nouvelle étirée à outrance pour qu'elle remplisse le statut de court roman. L'histoire aurait été bien plus agréable s'il avait fait sa taille normale. Au lieu de cela, je ne peux m'empêcher de déplorer ces longueurs étouffantes.

Cette lecture se termine en demi-teinte. Quelques éléments m'ont fait passer un bon moment de détente, mais d'autres en revanche l'ont occulté. Comme je l'ai dit, ce texte aurait gagné s'il avait été condensé, puisque, au final, ce voyage n'a pas de réel but. On pourra donc lui reprocher ces longueurs, mais aussi cette fin et ce dire : tout ça pour ça. Cela valait-il la peine d'en faire autant ?
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Qui a dit que la Science-fiction était un univers dénué d'humour ? Celui-là n'a jamais lu Fredric Brown ou Robert Sheckley. Ces deux auteurs sont la caution incontestable d'une science-fiction humoristique, non seulement drôle (et pas qu'un peu) mais encore drôlement intelligente : parce que, comme les meilleurs moralistes depuis Molière et Voltaire jusqu'à nos humoristes contemporains, il fait passer de très sérieux messages écologiques, politiques, philosophiques et même religieux.
« La dimension des miracles », un peu comme « Martiens, go home » (de Fredric Brown) est une farce qui cache une parabole, ou si l'on préfère, une parabole déguisée en farce.
Carmody est un brave type comme vous et moi (vous je ne sais pas, mais moi je ne veux pas m'avancer, mais bon…) Et un beau jour il reçoit une visite inattendue :
« … Il ouvrit la porte, entra et alla s'allonger sur le canapé. Sa femme était en villégiature à Miami, aussi put-il en toute impunité poser les pieds sur la table de marbre proche.
Un instant plus tard, il y eut un grand coup de tonnerre et un éclair jaillit en plein milieu du living-room. Carmody se dressa et porta ses mains à sa gorge sans raison particulière. le tonnerre gronda encore quelques secondes, puis fut remplacé par un choeur de trompettes antiques. Carmody retira vivement ses pieds de la table de marbre. Les trompettes cessèrent et furent remplacées par l'aigre et héroïque son des cornemuses. Il y eut un nouvel éclair, et un homme apparut dans le déchaînement de lumière » ; (cette citation, c'est juste pour vous donner une idée du « ton » inimitable de ce roman)
Cet inconnu, est en fait un extraterrestre qui vient informer Carmody qu'il est l'heureux gagnant du Super Tiercé Galactique, et qu'il a un Prix à retirer au Centre du même nom. A partir de là, ça vole dans tous les sens : Carmody et son guide partent pour le Centre, et c'est le prétexte à une épopée intersidérale des plus loufoques, où tous les thèmes de la SF sont rebattus, où l'on rencontre des dinosaures qui parlent et même le Bon Dieu.
Incidemment (et c'est le côté parabole du roman », on apprend que la Terre est une planète pourrie par son propre appétit de production à outrance et qu'elle est en train de mourir étouffée par ses propres déchets. Quand aux humains je ne vous en parle même pas !
En fait un univers pas si déjanté que ça, si on y regarde bien. Carmody met un temps fou à retrouver sa planète d'origine, mais ce voyage interstellaire l'a fait réfléchir. Toutes ces expériences l'ont mûri :
« J'ai tourné le dos à l'attrape-gogo que les dieux nous font miroiter dans leur foire céleste. Je ne me soucie plus de découvrir la clef de l'immortalité. Je n'en ai pas besoin. J'ai le moment présent, qui me suffit.
- Saint Carmody, s'écria le Prix avec dérision. L'épaisseur d'un cheveu vous sépare de la mort. Que voudriez-vous faire avec votre pauvre moment ?
- Continuer à vivre, dit Carmody. C'est à cela que servent les moments. »
(dernières lignes du roman)
En somme la version futuriste du « Carpe diem » d'Horace, ou mieux, celle du « Il faut cultiver notre jardin » De Voltaire. Mais va y avoir du boulot !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il s’agit de la couche profonde, indestructible, d’hypocrisie sur laquelle repose la religion. Réfléchissez : aucune créature n’est censée pratiquer un culte si elle n’est dotée de libre arbitre. Or, le libre arbitre est libre et gratuit par définition. En tant que tel, il est inaliénable et inestimable. Un vrai don de Dieu, qui rend l’état de liberté possible. Exister à l’état de liberté est une expérience déroutante, imprévisible, ce qui est dans l’ordre des choses. Mais que font les religions de tout cela ? Elles vous disent : « Très bien, vous possédez votre libre arbitre : mais maintenant vous devez l’utiliser pour vous asservir à Dieu et à nous. » Voyez un peu l’audace ! Dieu qui ne contraindrait pas une mouche, est dépeint comme le garde-chiourme suprême ! Face à cela, une créature dotée de spiritualité ne peut que se révolter, servir Dieu de par sa propre volonté, ou ne pas le servir du tout, restant ainsi fidèle à elle-même et aux attributs dont Dieu l’a pourvue.
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Très peu d’humains (à l’exception des fous) prendrons la folie pour prémisse plutôt qu’une quelconque nouvelle hypothèse extraordinaire.
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Espèce de boucher sanguinaire, combien de quartiers d'animaux avez-vous consommés durant votre existence? Combien de pommes sans défense avez-vous avalées, combien de têtes de laitues avez-vous arrachées sans pitié à leur lit? Il m'est arrivé quelquefois de manger de l'orithi, c'est exact; mais vous, au Jugement dernier, vous aurez à faire face à des troupeaux entiers,Carmody ; des centaines de vaches au regard résigné, des milliers de poulets incapables de résister, des files interminables de tendres petits agneaux ; sans compter les vergers d'arbres éplorés, les hectares de jardins pillés. Je paierai certainement pour les deux ou trois orithi que j'ai mangés, mais vous, comment expierez-vous jamais les montagnes implorantes de vies animales et végétales dont vous vous êtes sauvagement repu? Dites-le moi, comment, Carmody?
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— Ne pourriez-vous pas construire des machines pour accomplir cette tâche ? demanda Carmody.
— Des machines ! fit le Préposé avec une moue de mépris. Nous en avons beaucoup, certaines d'une exquise complexité. Mais même les meilleures d'entre elles sont comparables à des savants idiots. Elles s'acquittent parfaitement de tâches fastidieuses et bien définies comme construire des étoiles ou détruire des planètes. Mais donnez-leur quelque chose d'ardu, comme de consoler une veuve, et elles ne sont plus rien. Le croiriez-vous, le plus gros ordinateur de notre section est capable de faire le paysage d'une planète entière ; et pourtant il ne saurait pas faire cuire un œuf ou pousser une chanson, et en éthique il en sait moins qu'un louveteau qui vient de naître. Vous voudriez que ce soit ça qui dirige votre vie ?
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Le bourreau l'étudia attentivement, puis détourna les yeux d'un air penaud. Il pressa un bouton sur une console voisine. Les colliers d'acier qui enserraient Carmody se transformèrent en serpentins ; les vêtements noirs du bourreau devinrent blancs et son poignard se mua en stylo. La balafre fut remplacée par une verrue.
— Ça devait arriver, dit-il sans l'ombre d'un repentir. Je leur avais bien dit de ne pas jumeler la section des Délits Mineurs avec le Bureau du Sweepstake. Mais ils n'ont rien voulu savoir. Ç’aurait été bien fait pour eux si je vous avais tué. Vous parlez d'une histoire que cela aurait fait !
— J'aurais été le premier à le regretter, dit Carmody en frissonnant.
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Videos de Robert Sheckley (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Sheckley
Extrait de la conférence "Dialogue entre les morts : Robert Sheckley et Fredric Brown" aux Utopiales 2017 avec J._A.Debats, S.Lainé et X.Mauméjean.
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