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Le poids des secrets tome 1 sur 5
EAN : 9782742757909
114 pages
Actes Sud (02/11/2005)
4.14/5   1915 notes
Résumé :
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre.

Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (330) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 1915 notes
Voici tout juste 70 ans, le 9 août 1945, une bombe au plutonium baptisée par les américains “Fat Man” réduisait en cendres la région de Nagasaki et précipitait la capitulation du Japon.
Quelques heures avant l’apocalypse atomique, un homme dans la force de l’âge absorba sa potion matinale loin de se douter qu’elle contenait du cyanure de potassium. Par une incroyable coïncidence de l’Histoire, la meurtrière au nombre des rares survivants accomplissait le crime parfait.

Yukiko est aujourd’hui âgée. Demain elle ne sera plus de ce monde et sa fille Namiko connaîtra dans le détail le drame familial si longtemps enfoui dans son cœur. Le terrible secret est maintenant entre les mains de son notaire. Il est des cruautés que l’on ne peut pas emporter avec soi dans la tombe...

Premier volet de la pentalogie “Le poids des secrets”, “Tsubaki” est un petit bijou d’écriture à savourer l’espace d’une bonne heure. Ce roman sans fioriture marque, plus que sûrement, le début d’un long bail en compagnie de l’auteure Aki Shimazaki qu’il me tardait de découvrir.

En cette période de l’année les fleurs de camélia ne jonchent plus, intactes, le jardin d’agrément : dommage ! J’en aurais bien ramassé une avec corolle, étamines et pistil comme aimait tant le faire Yukiko.
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« Il pleut depuis la mort de ma mère. »
Première phrase, étrange, énigmatique, de ce court roman. Un être aimé disparait et nous voilà brutalement enveloppé de cette tristesse qui grisaille tout autour de nous et en nous…
La vieille maman s'appelait Yukiko. Adolescente, durant la seconde guerre mondiale, elle habitait Nagasaki. C'est une rescapée de la bombe atomique qui pulvérisa la cité. Yukiko est une taiseuse qui rechigne à raconter cette abomination : ces milliers de femmes et d'hommes évaporés dans un souffle incandescent.
Yukiko a un lourd secret terré au plus profond de son âme. Ce fut grâce à ce lourd secret, cet acte funeste, qu'elle échappa au bombardement de Nagasaki tandis que son père y mourut. C'est avec soulagement que, dans son testament, elle le livre à sa fille.
Pour les enfants, les parents paraissent souvent lisses et sans histoires. Mais parfois, il suffit d'un petit papier oublié dans le fond d'un tiroir, d'une confidence qui s'échappe d'une porte entrouverte, d'un retour inopiné à la maison, pour qu'ils prennent soudainement conscience, les yeux écarquillés, de leur âpreté, de leur rugosité, de leurs mensonges et de leurs non-dits.
Le père de Yukiko, cet homme qu'elle aimait tant, qui lui apprit tant de choses, n'en était pas moins un homme cruel, tyrannique et manipulateur. Il fallait bien qu'elle libère tous ceux qu'il tenait sous sa poigne de fer.
Cette cruauté, Yukiko ne pourra jamais l'oublier ; une cruauté bien plus forte que la guerre et cette bombe atomique lancée sur Nagasaki.
Dans ces quelques feuillets qui accompagnent son testament, elle raconte aussi à sa fille son premier amour avec Yukio, prénom bizarrement si proche du sien. Son cri « Je t'attendrai toujours ! » résonnera sa vie durant à ses oreilles quand elle lui tourna à jamais le dos.
Au milieu de la grisaille tout autour de Yukiko et en elle demeure, comme une vaine espérance, le rouge des camélias, des « Tsubakis ».
Comment fait Aki Shimazaki pour parler d'autant de choses en si peu de mots et dans un style aussi épuré ? les méandres de l'âme humaine ; la détresse, le premier amour, l'amertume, et la cruauté ; une société corsetée ; le fanatisme des guerriers japonais et le carnage de Nagasaki ; le blanc de la neige, le rouge des camélias, et le vent qui souffle à travers une forêt de bambous.
Un livre rare qui m'a profondément ému.
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Au soir de sa vie, Yukiko décide de se libérer enfin du terrible secret qui pèse sur son âme depuis plus de cinquante ans. Dans une lettre à sa fille rédigée juste avant de se donner la mort, elle raconte son enfance et son adolescence, jusqu'à ce jour pour elle doublement fatidique du 9 août 1945, où la bombe atomique qui anéantissait Nagasaki effaçait du même coup toute trace de l'acte indicible qu'elle, Yukiko, venait de commettre à quatorze ans.


La concision et le dépouillement du texte, sa manière de ne laisser qu'entrevoir les abîmes intérieurs de ses personnages, démultiplient la force de cette histoire, toute de pudeur, de délicatesse et de non-dit. L'essentiel de la charge émotionnelle du roman vient de ce qu'il suggère au-delà des mots et du récit lui-même : en particulier, la béance qu'a dû devenir la vie de Yukiko, quand l'atroce et inimaginable destruction de sa ville, bientôt suivie par l'effondrement de son pays, est venue, telle un terrible châtiment, démultiplier son crime à l'infini, en même temps que le réduire à l'état d'un minuscule et invisible fait divers. L'adolescente se retrouvait désormais, et à jamais, sous le poids d'un secret familial et d'une culpabilité d'autant plus écrasants qu'ils étaient devenus dérisoires et indécents face à l'Histoire.


En un tour de force d'une seule centaine de pages, drame personnel et tragédie historique s'entremêlent dans une confusion de douleur, de stupeur et de honte qui, malgré le temps, le silence et la poursuite de la vie, laisseront des traces indélébiles destinées à resurgir malgré tout. L'on demeure durablement hanté par la puissance d'évocation, les profondeurs abyssales et la beauté épurée de cette oeuvre. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Vous imaginez un livre qui raconterait la bombe atomique de Nagasaki, la vie au Japon à la fin de la seconde guerre mondiale, des secrets de famille, un adultère, un enfant né de cet adultère, un crime, une vieille survivante de la bombe qui meurt des années après, son testament, des camélias ? Tout ça en moins en 120 pages ?

Non ? Moi non plus je ne l'imaginais pas, et pourtant Tsubaki existe !

Premier tome de la série 'Le poids des secrets', Tsubaki nous plonge dans un monde à la fois très pur et très sale. Pur, comme son style presque cristallin, comme sa jeune héroïne qui s'ouvre à la vie et à l'amour, comme la jolie relation entre la narratrice, son fils et sa mère déclinante. Sale, comme la bombe évidemment, mais aussi comme la lâcheté, l'hypocrisie, l'égoïsme, le mensonge ou le mépris des autres.

Moins poétique que les livres du cycle du Yamato (la deuxième série d'Aki Shimazaki), ce roman m'a séduite par son intrigue bien construite, son cadre historique intéressant et ses personnages moins éthérés et plus humains. Me voilà partie pour continuer à porter (ou à lire) le poids des secrets.

Challenge PAL
Challenge Petits plaisirs 5/xx
Challenge Multi-Défis 7/xx
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Cette histoire intense quoique très courte est racontée par Yukiko à sa fille Namiko dans une lettre-testament. C'est l'histoire d'un adultère, celui de son propre père. L'écriture sobre et pure d'Aki Shimazaki parvient avec une aisance envoûtante à recréer pour le lecteur le Japon de la Seconde Guerre mondiale. Peu d'éléments sont donnés concernant la société japonaise à proprement parlé, hormis les réticences que les familles qui contrôlent les mariages peuvent ressentir lorsqu'un de leurs fils s'éprend d'une orpheline sans relations ni fortune. L'auteur choisit plutôt de centrer son récit sur la cellule familiale de Yukiko, installée à Nagasaki bien qu'originaire de Tokyo. C'est la guerre, c'est un temps de compromission, de manipulation, d'endurance et de souffrance.

Avec la délicatesse d'un pétale qui chute d'un cerisier en fleurs à la fin du printemps, le récit de Yukiko est modelé de toute la poésie que renferme la culture japonaise. Comme la beauté de la fleur n'enlève rien au drame de son déclin, la poésie de cette romance avortée, poignante dans sa banalité, n'enlève rien à la violence du contexte de guerre qui lui sert de cadre. La deuxième bombe atomique est là, ou plutôt sera là dans quelques jours, apportant à la fois désolation et dénouement providentiel à la situation dramatique que vit cette famille qui étouffe sous le poids d'un secret infamant.

Un moment de lecture très agréable malgré le sérieux dramatique du sujet qu'il développe, comme une façon de nous montrer que la guerre n'est qu'un élément extérieur à l'existence humaine qui vient certes en changer irrémédiablement le cours mais ne peut empêcher les situations individuelles de se poursuivre. L'amour, la passion, la famille... tous la subiront et lui survivront.

Ma lecture et son thème m'ont souvent évoqué le long métrage animé de Goro Miyazaki, "la Colline aux coquelicots".
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Citations et extraits (142) Voir plus Ajouter une citation
Il se taisait. Je tremblais de froid.
- Tu ne portes qu'un chandail ! cria-t-il.
Il portait un gros manteau de son père. Il l'ouvrit pour que je puisse m'y réchauffer. Bien que son geste m'ait étonnée, je m'appuyai contre sa poitrine. La chaleur courait dans mon corps. Couverte du manteau, je restais immobile. J'entendais le vent souffler doucement dans les feuilles de bambous. La tranquillité et la paix étaient entre nous et autour de nous. Le temps s'arrêtait.
Je voyais les boutons de camélias, bien tenus par les calices. C'étaient les camélias qui fleurissent en hiver. Dans la campagne près de Tokyo, quand il neigeait, je trouvais les fleurs dans le bois de bambous. Le blanc de la neige, le vert des feuilles de bambous et le rouge des camélias.
C'était une beauté sereine et solitaire.
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Ce matin, j’ai vu un jeune travailleur fouetter le dos d’un Coréen jusqu’au sang. Il l’accusait d’avoir volé de la nourriture. J’ai saisi le jeune travailleur par les bras et je lui ai dit : « Tout le monde a faim. Pardonnez-lui, s’il vous plaît. » Le Coréen s’est défendu : « J’ai toujours faim, mais ce n’est pas moi qui ai volé. » J’ai demandé alors à ce jeune travailleur qui semblait avoir le même âge que moi : « Vous l’avez vu voler ? » Il m’a répondu, très fâché : « Non, mais il était là-bas ! Il n’y avait que lui, ce Coréen. C’est une preuve suffisante ! » J’ai insisté : « Ce n’en est pas une et ce n’est pas nécessaire de fouetter quelqu’un de toute façon. » Aussitôt après, le travailleur en a parlé au commandant. On m’a ordonné d’aller le voir. Il m’a dit : « Tu dois lui obéir. Il travaille ici depuis plus longtemps que toi, il est plus âgé que toi et tu n’es qu’un étudiant. C’est clair. Nous nous battons contre les Américains pour l’unité et la paix en Asie. Pour l’unité, l’ordre est très important. Comprends-tu ? » Je lui ai dit : « Je voulais dire simplement la vérité. Ce garçon coréen disait qu’il n’avait pas volé et le travailleur ne l’avait pas vu voler. » Au lieu de me laisser finir, le commandant m’a donné un coup sur le bras gauche avec un bâton, ajoutant : « Tu n’as pas encore compris ! Ce n’est pas le temps de chercher la vérité. C’est l’unité qu’on doit chercher. Pour l’unité, il faut obéir aux ordres. Si tout est bien ordonné et bien respecté, la paix arrivera automatiquement. Donc tu dois obéir aux ordres. C’est tout. Va-t’en ! »
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Il pleut depuis la mort de ma mère. Je suis assise près de la fenêtre qui donne sur la rue. J'attends I'avocat de ma mère dans son bureau où travaille une seule secrétaire. Je suis ici pour signer tous les documents relatifs à l'héritage : l'argent, la maison et le magasin de fleurs dont elle s'occupait depuis le décès de mon père. Il est mort d'un cancer de l'estomac voilà sept ans. Je suis la seule enfant de la famille et la seule héritière déclarée.
Ma mère tenait à la maison. C'est une vieille maison entourée d'une haie d'arbustes. Derrière, un jardin avec un petit bassin rond et un potager. Au coin, quelques arbres. Parmi eux, mes parents avaient planté des camélias peu après l'achat de la maison. C'était ma mère qui aimait les camélias.
Le rouge des camélias est aussi vif que le vert des feuilles. Les fleurs tombent à la fin de la saison, une à une, sans perdre leur forme: corolle, étamines et pistil restent toujours ensemble. Ma mère ramassait les fleurs par terre, encore fraîches, et les jetait dans le bassin. Les fleurs rouges au coeur jaune flottaient sur l'eau pendant quelques jours.
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- Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement.
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Le 15 août, après ces deux bombes atomiques, l'empereur Hirohito déclara la défaite du Japon à la radio. Je ne comprenais pas ce qu'il disait : sa voix n'était pas claire. Je croyais qu'il nous ordonnait de faire gyokusai. On se mît à pleurer devant la radio en répétant : " La guerre est finie ! ". Pourtant, ce que je ressentais à ces mots, ce n'était pas le soulagement ni la joie, mais c'était le regret de ne pouvoir nous battre jusqu'à la mort.
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Savez-vous quelle romancière japonaise écrit en français des livres superbes traduits dans le monde entier mais ne viendra sans doute jamais en parler à la télé ?
« Tsubaki » de Aki Shimazaki, c'est à lire en poche chez Babel.
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