Ce petit livre est composé de deux textes, l'un écrit en 1986 et un préambule de 2006.
L'auteur traite essentiellement des misrahim, ces « juifs-arabes », citoyens de seconde zone en Israël, victimes « secondaires » du sionisme.
Il est habituel de classer les juifs en ashkénazes et séfarades. Mais le terme séfarade ne devrait s'appliquer qu'aux descendants des juifs chassés d'Espagne au temps de la reconquête catholique. Des juifs vivaient antérieurement en Afrique du nord, dans la Méditerranée orientale, en Irak ou au Yémen. Ces juifs orientaux, misrahim en hébreu, ne sont donc pas des séfarades, l'auteure les nomme souvent juif-arabes.
Le sionisme est historiquement profondément euro-centré. Sa dimension coloniale rejaillit aussi sur les populations juives venant d'Orient. La direction ashkénaze de l'État a non seulement nié les traits orientaux d'une partie de la population. Mais cette entreprise s'est accompagnée d'une réelle dévalorisation culturelle et sociale.
Ce petit livre, en redonnant place à l'Orient dans la vie juive, révèle une face peu connue, en France, de la réalité interne à l'État d'Israël. En niant l'histoire d'une partie de la population juive, le sionisme a rendu d'autant plus difficile la jonction avec les populations spoliées par sa construction, les palestinien-ne-s en premier lieu mais aussi les misrahim.
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Les historiographies sionistes se sont prévalu de ces mythes colonialistes, appliqués tant aux Arabes qu'aux juifs arabes, pour justifier la place à laquelle ils reléguaient les misrahim dans la société
En Israël proprement dit, les juifs européens constituent une élite issue du "premier monde" dominant aussi bien les Palestiniens que les juifs orientaux
Le colonialisme se caractérise en premier lieu par la distorsion, voire le déni de l'histoire du colonialisme