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Ian Short (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253053415
275 pages
Le Livre de Poche (01/06/1990)
3.55/5   276 notes
Résumé :
Du texte fondateur, de l'admirable chef-d'œuvre, après tant d'éminentes traductions, en voici donc une nouvelle.
Celle-ci donne enfin à lire le fabuleux récit dans sa verdeur originelle, dans le rythme régulier qui scande inexorablement l'aventure et le destin des personnages, dans les vers décasyllabes donc que le mystérieux auteur destinait à la récitation publique. On lit comme écoutait l'auditeur médiéval, on retrouve cette marche sublime, cette implacabl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 276 notes
Comment faut-il lire La Chanson de Roland ? Comme un poème épique de quatre mille vers composé au XIIe siècle par un auteur anglo-normand ? Comme un document qui nous renseigne sur l'expédition de Charlemagne dans la Péninsule hispanique en 778. Levant le siège tenu devant Saragosse où il était venu à l'invitation de Suleyman en révolte contre l'émir de Cordoue, il reflua vers la frontière et, au passage, son arrière-garde aurait été accrochée au col des Pyrénées par les Sarrassins, et c'est à Ronceveaux que Roland, gouverneur des marches de Bretagne et comte, aurait trouvé une mort héroïque.
La réalité, plus prosaïque, oblige à dire que les Sarrasins n'étaient pas en cause, et qu'à travers l'ennemi que combattaient les valeureux guerriers "chrétiens", il faut plutôt voir des meneurs de guérillas d'origine vasconne (donc des Basques). L'idéal de croisade, soulevé au XIe et au XIIe siècle, doit expliquer en partie cette substitution.
Mais c'est surtout une autre lecture qu'il faut faire: on voit bien ici, que l'Empereur Charlemagne est relégué au second plan, et que c'est la figure emblématique du chevalier qui est mise en avant sous les dehors de Roland, présenté comme le brave des braves et le plus vertueux des capitaines. le chevalier est souvent anobli, et là noblesse qui s'estime plus ou moins bridée et contrôlée en France et en Angleterre par des suzerains qui portent couronne de rois, a besoin de se revaloriser alors que la caste chevaleresque n'est bien souvent regardée que comme la servante armée des monarques. Pas étonnant que le récit de la Chanson de Roland ne donne pas le premier rôle au souverain et qu'il élève au paradis des grands hommes le preux Roland. C'est bien cela que cherche ce beau texte : transcender la réalité et l'embellir, quitte à faire un beau mensonge, pour donner le change. C'est le pourquoi de la littérature chevaleresque. Les héros adoubés chevaliers y passent avant les princes, alors que dans les faits c'est le contraire qui se dessine peu à peu, avec la vassalisation renforcée des nobles.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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Comment comprendre un texte vieux de près de mille ans sans contexte ?
L'histoire se passe en 778 – vingt-deux ans avant que Charlemagne devienne empereur. Cela fait déjà dix ans qu'il est roi de France, et qu'il agrandit progressivement son royaume. Dernièrement, il a entrepris une campagne militaire en Espagne – assez peu réussie, d'autant plus qu'il est obligé de l'interrompre pour mâter une révolte des Saxons dans son propre pays. En traversant les Pyrénées pour revenir en France, son arrière-garde, dont son neveu Roland faisait partie, est massacrée par des montagnards chrétiens – la confession est importante, vous saurez bientôt pourquoi.
Il faut savoir que, dans La Chanson de Roland, on s'assoie sur l'histoire et on lui chie dessus.
Tout comme les lois de la physique et de la biologie.
Car c'est une chanson de geste : un récit versifié relatant des exploits guerriers appartenant au passé. Il y a beaucoup de sang, des batailles épiques, des duels acharnés, des boucliers qui volent en éclat, des boyaux qui se répandent, de cervelles qui coulent par les oreilles à force de souffler dans des cors… Bref, on s'amuse bien ! Mais pas trop quand même : le tout est saupoudré d'un enjeu religieux pour justifier les agressions. Car les Français sont venus envahir l'Espagne, mais : « À nous le bon droit, à ces canailles le tort », dixit Roland. Bon droit ? Bien sûr : c'est parce que nous, on croit au vrai Dieu. Et pas eux. Il fallait y penser.
D'où les nombreuses infidélités à l'histoire : Roland ne se fait plus agresser par des chrétiens, mais par l'armée de Marsile, le roi d'Espagne. Cette embuscade est le fruit d'une vengeance ourdie par Ganelon, le futur beau-père de Roland, qui s'est accoquiné avec les infidèles. Comment ? Un Français qui trahit son pays, est-ce possible ? Pas tout à fait. Il n'a pas vraiment voulu trahir son pays, seulement se venger d'un affront… En oubliant que l'homme en question étant le neveu du roi, cela ne pouvait qu'être un crime de haute trahison. Les ennemis sont de confession musulmane, ils sont retors, et les bons Français se battent à un contre dix.
Car voilà, l'ouvrage n'est pas très partial. Les Maures sont dépeints comme des êtres vils et sans honneur – ils fuient la bataille dès qu'ils sentent le vent tourner, les faquins ! Alors que ces braves Français, eux, se battent pour l'amour de Dieu et de Charlemagne. Ils n'ont pas peur de se jeter dans une bataille perdue d'avance – de toute façon, ils ont raison et Dieu est avec eux.
Les meilleurs des hommes, évidemment, sont les membres de la famille royale. Même leurs défauts sont des qualités : Roland et Charlemagne ont tous deux un caractère emporté qui leur jouera des tours, mais dont l'auteur parle avec complaisance. Autrement, je vous rassure, ils sont altiers, pétris d'honneur, de bonté, de droiture, du sens du devoir. La France a bien de la chance de les avoir à sa tête.
Cela ressemblerait si bien à de la propagande si Charlemagne avait été encore en vie. Mais ce texte a été écrit au 11e siècle, soit trois cents ans après son accession au titre d'empereur.
Pourtant, l'auteur n'hésite pas à en faire des caisses, et même à affirmer que Dieu envoie à Charlemagne des rêves prémonitoires, que le soleil arrête sa course pour lui permettre de rattraper les fuyards avant le crépuscule, que l'ange Gabriel lui apparaît pour le conseiller, qu'il a atteint l'âge respectable de deux cents ans, qu'il est resté sept ans en Espagne à domestiquer ces chiens de musulmans (d'ailleurs on fait pas trop la distinction entre Maures et Espagnols, parce que t'façon, au sud des Pyrénées, c'est rien que des infidèles), que sa sagesse est soulignée par la blancheur et la longueur de sa barbe (à laquelle on fait abondamment référence, au cas où le lecteur l'oublierait)… Indubitablement, Charlemagne a été choisi par Dieu pour régner sur la fille aînée de l'Église.
Au niveau du style, attendez-vous à être surpris : le style épique, contrairement au style narratif, préfère la répétition. C'est si déroutant, pour nous autres lecteurs du 21e siècle, qu'on dirait que l'auteur radote. Mais la répétition était un outil pour assurer la liaison entre deux laisses (deux strophes), souligner la progression, mettre en exergue des détails que l'auteur estime importants, faire un effet d'écho entre deux scènes, mais aussi pour donner une certaine musicalité au texte. Normal : la chanson de geste est destinée à être chantée et accompagnée musicalement.
En somme, j'ai passé un très bon moment. J'ai ri des exagérations, soupiré des caricatures et apprécié les batailles. Et surtout, je me suis sentie profondément dépaysée. La Chanson de Roland est un texte facilement accessible une fois traduit en français moderne ; et n'a pas manqué de me rappeler les shonen japonais et leurs scènes d'action démesurées. En vérité, ils n'ont rien inventé !
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J'ai vraiment apprécié ce texte médiéval. Je n'en connaissais pas le contenu dans le détail et c'est ma fille qui l'a abordée en classe et qui m'a donné envie de m'y plonger.
Nous l'avons donc relu ensemble dans le texte, alors que c'est une partie de l'histoire seulement qu'elle avait abordé.
L'histoire de Charlemagne, la fidélité de Roland, la trahison de Ganelon et la vengeance du roi en font une histoire passionnante et cruelle.
Les récits de bataille sont assez crus et parfois choquants de détails.
C'est en tout cas une belle manière d'aborder cette période de l'histoire, c'est plus motivant pour les enfants que d'apprendre par coeur des dates...
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Un classique de la littérature médiévale.

Il n'est jamais très évident de parler des récits de cette époque lointaine, encore plus quand nous avons des connaissances limitées de ce sujet. Il n'est donc vraiment possible pour moi de dire si ce texte est une grande chanson de geste, etc., etc., car je ne connais passez bien les choses pour les juger.

Ceci dit, j'ai passé un assez bon moment de lecture. J'ai l'impression que j'apprécie beaucoup les textes médiévaux.
Les « paragraphes » sont assez courts et ne présentent pas de difficultés de lecture particulière. La chose la plus pénible, c'est la répétition de « morceaux » d'un paragraphe à l'autre. Mais comme c'est une chanson de geste, le texte n'est pas conçu à la base pour être lu, mais chanté.

Pour ce qui est de l'histoire, j'avoue que j'adore. Déjà, comme beaucoup d'oeuvres de cette époque, tout le monde est il beau, tout le monde il est fort, tout le monde il est preux, tout le monde il est sage. Bon, j'exagère quand même un peu, mais je trouve très agréable de voir les « ennemis » de Charlemagne doté de nombreuse qualité (par trop non plus, nous sommes à une époque lointaine et ces sont des Sarrazins). Il n'y a pas un cracha de haine contre eux.
J'avoue avoir été très surprise par le personnage de Roland. C'est un sale petit con ! Orgueilleux et colérique ! J'ai été étonné parce que c'est le personnage le plus antipathique de l'histoire, alors que cette chanson porte son nom ! Bien que valeureux, j'ai trouvé ce type ignoble qui envoie ses camarades à la mort par pur orgueil. Bon, bien sûr, faut aussi avoir une vision relative des choses, car « Dieu est avec lui et il est dans son droit ». Il y a des notions particulières à cette époque. N'oublions pas que les récits mettent souvent en scène des combats où des chevaliers se battent en duel, le gagnant représentant la justice (même si l'accusé défendu est coupable) ! Il me semble que l'on retrouve ça dans le Excalibur de John Boorman. Bref…

Charlemagne m'a aussi fait beaucoup rire. Il rêve que Roland se fera tuer s'il est à l'arrière-garde (les rêves/visions sont courants à l'époque dans le clergé et chez les élites). Mais bien sûr, il ne fait rien pour que Roland ne se retrouve pas à l'arrière-garde et pleure sur le sort de son neveu avant même que le drame survienne. Bien oui hein ! Ne fallait pas l'envoyer à l'arrière ! Idiot !
Bon là encore, j'interprète les choses avec mon regard d'actuel, car à l'époque, les choses étaient différentes.
Mais je ne suis pas là non plus pour dire comment les gens de l'époque voyaient le texte, mais comment moi je l'ai ressentie.

L'histoire, si l'on peut dire, se compose de plusieurs parties. Il y a celle concernant Roland qui va du début jusqu'à sa mort – ce qui est assez bizarre parce qu'une bonne partie de l'ensemble se fait sans lui —, la bataille de Charlemagne pour venger la mort de son neveu contre les Sarrazins, puis le jugement de Ganelon, le traître.
J'ai trouvé la partie bataille de Charlemagne – et l'ensemble des combats d'ailleurs, c'est valable pour la partie avec Roland – un peu pénible, car assez répétitif : machin éclate bidule comme ça, puis truc muche bouille tartempion comme cela… Mais là encore, nous sommes dans une figure de style typique de cette époque. L'aspect répétitif se retrouve dans de nombreux textes, et pas que les chansons de geste.

Mon édition a un défaut. Il n'y a pas de note de bas de page et toute une partie annotation se retrouve à la fin. Sauf que sans lien entre le texte et ces annotations, je n'ai jamais fait de lien. C'est super dommage parce du coup, je n'ai pas lu ces annotations…

Bon bien que j'ai lu ce texte avec mes yeux actuels et que je me sois bien amusé, on peut sortir tout un tas de choses typique du moyen-âge. Il ne faut vraiment pas oublier que ce texte est une chanson et qu'elle était destinée à un autre public ; que la littérature n'était pas celle d'aujourd'hui.

J'ai vraiment apprécié cette lecture, même si certaines choses ont dû m'échapper. Je suis vraiment contente d'avoir découvert – enfin — ce classique.

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Ce premier tome de "La Chanson de Roland" décrit deux points de cette histoire :
- La Trahison
- La Bataille, jusqu'à la victoire de Roland
Cette bataille c'est celle de Roncevaux qui a lieu en 778 sous le règne de Charlemagne, en Espagne, dans les Pyrénées.
Ce poème, ou chanson de geste, a certainement été écrit vers la fin du XIIème siècle, mais le "manuscrit d'Oxford", qui relate les faits, n'est découvert qu'au XIXème siècle.
Cependant, la légende de Roland a été diffusée pendant tout le Moyen-Age, avec des ajouts et des contre-vérités historiques, ainsi que des personnages imaginaires.
Roland existait réellement, pair de France, Préfet des Marches de Bretagne il n'était pas le neveu de Charlemagne ; l'Archevèque Turpin est réel également ; Charlemagne, n'était pas alors le vieillard décrit mais un homme de 36 ans. Olivier est un personnage créé dans le but d'accompagner Roland et de lui offrir une solide amitié.
En fait cette bataille de Roncevaux fut une véritable déroute, dont les Basques, qui connaissaient bien le terrain furent vainqueurs. Rédigé sans doute au moment de la première croisade, nos preux chevaliers français affrontent les Sarrasins, ceci pour des raisons politiques, religieuses et pour ne pas tenir l'image du grand Empereur qu'était Charlemagne.
Il y a beaucoup de répétions dans le texte, ceci est inhérent à la forme du poème qui était récité par des trouvères ou troubadours. Et je déplore aussi, la grande violence décrite pendant la bataille, beaucoup de barbarie, de coups d'épées, d'épieux ou de lances, avec des blessures très détaillées, et un énorme flot de sang...
Roncevaux fut une boucherie!
Je m'attends à la même lecture dans le second tome...
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Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
Le comte Roland, quand il voit Samson mort, sachez qu'il en eut une très grande douleur. Il pique son cheval, court sus au païen à toute force. Il tient Durendal, qui vaut mieux que l'or pur. Il va, le preux, et le frappe tant qu'il peut sur son heaume dont les pierreries sont serties d'or. Il fend la tête, et la borgne, et le tronc, et la bonne selle gemmée, et au cheval il fend l'échine profondément ; et, le blâme, le loue qui voudra ! les tue tous deux. Les païens disent : "Ce coup nous est cruel !" Roland répond : "Je ne puis aimer les vôtres. L'orgueil est devers vous et le tort."
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Tant chevauchèrent Ganelon et Blancandrin qu'ils finirent par engager leur foi et se promettre qu'ils chercheraient à faire périr Roland. Tant ils chevauchèrent par voies et par chemins, qu'arrivés à Saragosse, ils mettent pied à terre sous un if. A l'ombre d'un pin se trouve un trône enveloppé de soie d'Alexandrie : c'est là qu'est le roi qui tient toute l'Espagne ; autour de lui, vingt mille Sarrasins ; mais personne ne dit ni ne souffle mot, tant ils ont hâte d'entendre les nouvelles. Enfin, voici Ganelon et Blancandrin.
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Hauts sont les monts et ténébreux et grands, profondes les vallées, rapides les torrents § Lesclairons sonnent, en avant et en arrière de l'armée, et tous répondent à l'appel de l'olifant. L'empereur chevauche en grande fureur, et les français sont courroucés et dolents. Pas un qui ne pleure et se lamente; ils prient Dieu pour qu'il sauve Roland, jusqu'à ce qu'ils arrivent au champ de bataille, tous ensemble. Alors, tous avec lui ilsd frapperont ferme...
Mais à quoi bon ? Tout cela ne sert à rien : ils ont trop tardé, ils ne peuvent arriver à temps.
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Les païens fuient, les Francs les poursuivent vivement.
Ils les rattrapent dans le Val Ténebreux.
Vers Saragosse ils les pourchassent à force d’éperons,
à coups redoublés ils les massacrent,
ils leur coupent les routes et les chemins les plus larges.
Et voici devant eux le cours de l’Èbre,
très profond, effrayant et rapide.
Il n’y a là ni canot, ni bateau, ni chaland.
Les païens implorent un de leurs dieux, Tervagant,
puis sautent dans l’eau, mais personne pour les protéger.
Les soldats en armes sont les plus pesants ;
ils coulent à pic en grand nombre ;
les autres flottent à la dérive,
les plus favorisés ont bu tant d’eau
que tous se noient dans d’atroces souffrance.
Les Français s’écrient : « Quel malheur pour vous, Roland ! »

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Olivier dit : "J'ai vu les païens ; jamais homme sur terre n'en vit davantage. Ils sont cent mille devant nous, avec des écus, des heaumes lacés et de blancs hauberts, les lances droites, de bruns épieux luisants! Vous aurez bataille telle qu'il n'y en eut jamais. Seigneurs français, que Dieu vous donne sa force : tenez ferme dans le combat, que nous ne soyons pas vaincus !" Les Français disent ! "Honni soit qui fuira! S'il faut mourir, pas un ne vous manquera."
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