"L'entonnoir" du titre fait référence à celui dont on affuble les "fous" dans les caricatures - les malades mentaux, autrement dit. Car l'amalgame est vite fait entre une dépression passagère et une aliénation grave, aussi bien par le malade lui-même que par le 'commun des mortels'.
La mère d'Aline s'est suicidée lorsque la fillette avait sept ans, son père est devenu alcoolique et dépressif. Elle a été principalement élevée par sa grand-mère. Qui a été là pour écouter cette enfant traumatisée, pour l'aider à digérer cette histoire familiale tragique ? pour oser aborder ce drame, et trouver les mots ? Personne... A l'adolescence, Aline traverse à son tour une période noire, et tente de mettre fin à ses jours. Un séjour en hôpital psychiatrique suit inévitablement ce geste. Elle est plongée dans un nouvel univers bien gris : d'autres "cas" beaucoup plus lourds, neuroleptiques à haute dose et leurs effets secondaires, tristesse poisseuse et contagieuse, ennui, TV, jeux de société, séances d'art-thérapie. Cet environnement déprimant, sclérosant, délétère ne semble guère favorable à une guérison, et l'on se demande comment l'on peut en ressortir moins mal qu'en y entrant...
Sibylline, la scénariste, évoque ici sa propre expérience à travers le personnage d'Aline. le graphisme de
Natacha Sicaud illustre très bien le propos ; la symbolique des titres de chapitres, notamment, est particulièrement éloquente. Un témoignage sombre, réaliste mais finalement optimiste sur la dépression et l'univers psychiatrique.
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