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Maurice Pons (Autre)
EAN : 9782020049191
378 pages
Seuil (01/09/1978)
3.64/5   197 notes
Résumé :
Biographie
Simone Signoret, de son vrai nom Simone Kaminker, est une actrice française, née le 25 mars 1921 à Wiesbaden (Allemagne), sous occupation française suite à la Première Guerre mondiale, décédée le 30 septembre 1985 à Autheuil-Authouillet, Normandie, France.
Elle est la fille aînée d'André Kaminker, un Juif polonais traducteur et de son épouse française, née Signoret. Elle a eu deux jeunes frères, Alain et Jean-Pierre.

André Kam... >Voir plus
Que lire après La nostalgie n'est plus ce qu'elle étaitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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En voiture Simone ! ... Simone, qui buvait et fumait...
Livre publié en 1976.
Simone / Montand, je mélange tout ; ils sont fusionnels : Les Sorcières de Salem, Z, Etat de Siège, Casque d'Or, Sel de la Terre...
Je n'ai vu d'elle que « Le Chat », et encore, parce que j'adore Jean Gabin ! Mais les yeux transparents et tristes de Simone, dont elle joue admirablement dans ce film, m'ont vraiment marqué.
Veuillez excuser ma faible culture cinématographique, car, vous vous en doutez, ce livre parle surtout de cinéma, mais pas que ( Mépakeu ).
Je connais un peu mieux Montand, formidable dans « Garçon, Z, Vincent François Paul et les autres, Le Sauvage » ! J'ai vu tout ça, j'ai kiffé à mort ! Sans compter sa voix chaleureuse dans « à bicyclette, les feuilles mortes.. ; » : Je comprends les groupies !
Mais revenons à nos moutons. Ce livre est très « riche » en « éléments ».
Simone Signoret ( 1921-1986 ) a été une actrice, mais surtout, pour moi, une grande dame.
C'est une autobiographie écrite en 1976, dirigée par quelques questions d'un journaliste.
Simone a vécu la guerre à Neuilly. Sa mère n'achetait que français. Son père, juif, et toujours en déplacement, était interprète international. Après son bac philo, pendant la guerre, elle a dû chercher des petits boulots pour subvenir aux besoins de sa mère et de son petit frère. En même temps, elle cherchait à se faire embaucher au cinéma dans des rôles de figurante. Demi-juive, les Allemands tiquaient au vu de son nom, Kaminker, qu'elle essayait de faire passer pour breton. Finalement, elle a pris le nom de sa mère, Signoret. Pendant la guerre, elle rencontre Allégret, qu'elle aime, et qui lui permet de lancer sa carrière. Au début, elle joue plusieurs rôles de prostituées au grand coeur. Dédée d'Anvers, puis Casque d'Or.

Et puis voilà le « Mépakeu».
Simone Signoret est une actrice engagée, elle se définit elle-même comme une intellectuelle de gauche, mais ayant bien conscience, à la fin du livre, de ne pas vivre comme les ouvriers qu'elle défend.
Sa conscience politique s'éveille pendant la guerre, au Café de Flore avec « le Groupe Octobre ».
– Vous considérez-vous comme une résistante ?
Non, j'ai caché parfois des résistants FTP, mais je n'ai jamais fait d'acte de résistance. »
Elle est en relation avec Jean Painlevé, Vercors et connaît très tôt Serge Reggiani.
Sa fille Catherine Allégret naît juste après la guerre. C'est à ce moment qu'elle va à un concert d'Yves Montand : c'est le coup de foudre ( réciproque ? ». Non seulement elle devient groupie...
La groupie du chanteur...
Mais très amoureuse, passionnée. Il faut dire que l'homme est un charmeur !
Elle écrit sa désolation auprès d'Allégret d'être passionnée par Montand et quitte son mari.
Avec lui, une autre forme de conscience politique, qui couvait déjà, le communisme. Elle explique d'une manière floue sa méfiance des armes nucléaires des USA, et de leur volonté de s'immiscer dans la reconstruction de la France. Montand et Signoret, dans la guerre froide, prennent parti pour l'Est.
Invités pour faire des concerts, ils vont même à Moscou en 1956, et Kroutchev leur tape sur l'épaule, tout en disant que Staline avait envoyé 18 millions d'hommes à la mort. Montand fait des salles pleines. Spasiba.
La tournée de l'Est dure plusieurs mois, et ils déchantent en apprenant que les chars russes ont débarqué à Budapest « à l'appel des Hongrois », dit le Komintern. Qui croire ? L'URSS ou les Hongrois de la rue qui montrent des immeubles détruits par obus ?
Cette grande tournée à l'Est a longtemps fait hésiter les USA pour les faire venir !

Un autre aspect du métier que les acteurs subissent est le dédoublement. Après le rôle d'Alice dans le film anglais « Top of the Room », son rôle préféré, elle a gardé la coiffure d'Alice pendant un mois ! Et partout où elle allait avec Montand, ils étaient trois : Yvess Mountand, Saïmoni Seignorett, et Alice ! Elle a tellement aimé jouer en Angleterre qu'elle s'est lancé un défi : revenir au théâtre, où elle a débuté, et jouer Lady MacBeth à Londres, en anglais, avec son gentil accent français ! Elle a tellement galéré à apprendre ses répliques en essayant de mettre l'accent sur les mots adéquats qu'elle n'a pas eu le temps de rentrer dans le personnage, de « l'incarner » comme pour Alice ! Ce fut un bide.
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Dominique, un pote du Café du Pont, mon QG d'écriture, mon Flore à moi, m'a prêté ce livre en disant : « Je pense qu'il y a un rapport entre ton livre et celui-ci ».
Au début, je n'y croyais pas, peut être y a t-il l'attitude sarcastique et libre de Simone face aux Allemands...
Puis, au fil du livre, j'entrevois une femme cardinale, une femme de coeur, qui vit avec un homme de coeur : deux acteurs internationaux, à honorer des contrats chacun de leur côté, qui vivent ensemble une trentaine d'année ! Ça existe ? Ils ont des refuges : la « roulotte », Saint Paul de Vence, une belle maison dans l'Eure que Benjamin Castaldi, le petit-fils de Mémé, connaît bien.
Montand-Signoret : un couple engagé mais libre, car, dit-elle, un homme de parti, qui a sa carte, a des engagements, doit obéir.
Les Sorcières de Salem est une parodie du procès Rosenberg ;
« Z » critique le régime des colonels grecs ;
L'aveu : Montand explique l'importance de ce film : démonter un faux-procès ;
Montand a fait un film au Chili sous Allende qui n'aurait jamais été autorisé dans le régime Pinochet.
Simone a signé le manifeste des 121 pour la décolonisation de l'Algérie ;
Simone a été scandalisée par la façon dont le gouverneur de Californie a traité  le « problème noir » à Watt ;
Simone a soutenu une grève d'ouvriers de chez Renault, mais elle ne peut pas accueillir toute la misère du monde !
Avec mes mots, je dirais que « compassion » est parfois plus souhaitable qu  « empathie » :)

Aux Etats Unis, ce qui me fait dire que c'est une femme de coeur, c'est que, quand elle a quitté momentanément Montand qui jouait « Le Milliardaire » avec Marilyn, elle n'en veut pas à sa copine s'il s'est passé « quelque chose », vu que tous deux sortaient d'un milieu défavorisé, que Simone appréciait la simplicité de Marilyn, et que celle-ci, par ses réactions émotionnelles à fleur de peau, était le souffre douleur des gens du cinéma. ( Marilyn est pour moi, avec James Dean, l'actrice qui me dégage le plus d'émotions ). Il y avait trois Marilyn : la « fillette » qui jouait à la dînette, l'ado qui adorait se transformer en femme fatale, et l'actrice qui détestait ce métier.

J'ai aimé ce livre parce qu'elle a vécu ce qu'ont vécu mes parents, et un peu moi aussi. Les détails sont très nombreux, et surtout cela manque un peu de contextualisation pour un non spécialiste comme moi.
Les gens qu'elle n'apprécie que modérément comme Arletty ou De Gaulle ( dommage pour moi, mais cela correspond à ses convictions ), elle n'en parle que très peu : plus de lignes sur eux ne servent à rien, car c'est une femme positive.
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Merci à Madame Signoret d'avoir eu l'excellente idée de nous régaler de cette nostalgie.
Non contente d'être une actrice emblématique du cinéma français, dont le talent continue à enchanter des générations de cinéphiles, elle nous a prouvé avec cet ouvrage qu'elle possédait aussi la verve, le sens du mot juste, l'art de conter des anecdotes, la capacité à transmettre ses émotions sans aucune mièvrerie. Ce don là, elle l'avait déjà exprimé par la parole, qu'elle avait directe et aisée.
Mais de la parole à l'écrit, il y a une marge ! et elle a su franchir l'obstacle en nous montrant toute son intelligence et sa capacité à restituer les grands événements de son existence, si riche en péripéties de toute sorte !

De la jolie jeune fille du lycée de Neuilly, qui par copains interposés a indirectement bénéficié de l'enseignement de Sartre, professeur au lycée de garçons, à la future starlette courant le cachet pour ramener quelques sous à la maison et attendant sur les banquettes du Flore que la chance lui sourie !

De l'actrice faisant peu à peu ses preuves, d'abord comme figurante puis comme silhouette (figuration parlante) enfin grâce à des petits rôles qui peu à peu deviendront grands à la vedette qu'elle fut dès la fin de la guerre en explosant littéralement dans le film "Dédée d'Anvers" dont Yves Allégret lui fit cadeau !

De son amitié avec Reggiani, connu pendant la guerre à la rencontre de sa vie avec Yves Montand "le 19 août, à Saint Paul de Vence, à la Colombe d'Or, vers 20h30" moment mémorable, qui va bouleverser totalement les trente-cinq années d'existence qui s'ensuivirent.

Simone Signoret nous conte tout, de ses joies, espoirs, succès, chagrins, colères, engagements politiques, de ses rencontres avec les "grands" de ce monde, mentions particulières pour Tito et bien sûr Khrouchtchev et ses sbires du Kremlin après l'invasion de la Hongrie en 1956, et tant et tant d'autres choses ....., avec ardeur, avec pudeur, avec enthousiasme, avec élégance et sincérité !
que je ne puis que vous engager, si vous ne les connaissez pas encore, à découvrir ces précieuses mémoires, témoignage lucide et indispensable, non seulement de sa vie publique et privée, mais également de tous les événements dont elle fut témoin et qu'elle nous restitue avec clarté.
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une autobiographie passionnante pour les amoureux du cinéma.
On y croise Montand, certes, mais aussi Marlyn, on navigue du Paris intello aux New York des artistes les plus en vue.
A travers sa vie c'est toute une époque du cinéma que l'on découvre... de l'autre côté du miroir, sans fard.
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J'ai lu plusieurs fois ce livre, riche en éléments historiques, et de qualité. On y sent une personne, un tempérament, un caractère. une réflexion sur soi et sur les autres. Il me semble me souvenir, qu'à l'époque de sa parution il y eut un débat, voire un procès sur la question de l'auteur du livre. Il y avait beaucoup de faux livres, ou plutôt de livres "arrangés". Et puis il y eut d'autres livres portant le nom de Signoret, et enfin des livres écrits par les descendants de Signoret. Il y eut d'autres scandales autour de la tribu Montand-Signoret…Tout cela me fit remiser, lassée du tumulte des vedettes , ce livre qui a pourtant son intérêt, au-delà du couple de rêve que formaient Montand et Signoret juste après la guerre, quand tout redémarrait dans la joie de la libération, l'ivresse del'amour et de la jeunesse triomphants , avant les tromperies, les désillusions, le rideau de fer, les mirages d'Hollywood et les ravages de l'alcool.
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La grande Simone, avant que sa voix ne n'éteigne dans les dé-boires et les chagrins, ou que sa mémoire ne disparaisse sous des scandales médiatico-familiaux de bas-étage.

Avec sa voix gouailleuse de fumeuse de gitanes, elle nous dit sa passion pour le cinéma, son implication dans l'histoire politique, sociale et culturelle de son époque. Jamais neutre, toujours vibrante, chaleureuse, lucide, dans ses amitiés et dans ses ressentiments. C'est bien plus qu'une star qui écrit, qu'une" femme de.."qui se raconte: c'est un témoin de son temps qui parle.

Casque d'Or au pays des soviets.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Dans une rue de Courbevoie, il y a quelques années, je regagnais consciencieusement ma place de départ pour une ultime répétition de mouvement. C'était pour les extérieurs du Chat de Granier-Deferre, avec Jean Gabin. La veille, à la télévision, on avait passé les Diaboliques. Deux messieurs du quartier m'abordèrent avec de grands sourires : « Salut Simone... Ça va Simone... On vous a vue hier à la télé... Dites donc... vous avez pas rajeuni... »

J'ai dit « Eh non ! », j'ai souri, et je me suis bien gardée d'ajouter : « Et vous, est-ce que vous avez rajeuni ? ». Je me suis bien gardée aussi de leur demander s'ils auraient pu dire cette phrase à leur cousine exilée à l'étranger et de retour au pays, au bout de vingt ans. La formule, dans ces cas-là, c'est plus tôt : « C'est formidable, tu n'as pas changé... »

Passé la quarantaine, allez, mettez quarante-cinq ans, vous avez deux solutions : ou vous vous accrochez aux rôles qui font genre trente-cinq, trente-six ans, ou bien vous faites comme tout le monde et acceptez aimablement que quarante-cinq ans, ce soit plutôt sur la route des quarante-six que sur celle des quarante-quatre.

Si vous voulez vous accrocher aux personnages qui ont ému, fasciné, enchanté, ou bouleversé d'anciens adolescents aux fronts déjà un peu dégarnis qui vous assènent des « Ah-la-la, qu'est-ce que j'ai pu être amoureux de vous quand j'étais au lycée... » - à vous de jouer... Mais jouer quoi ?

Ils ne vont pas chez les chirurgiens esthétiques. Nous, nous pouvons y aller. Je crois que c'est le moment où nous choisissons d'y aller ou de n'y pas aller qui est déterminant pour les fameux cadeaux-surplus-miracles que j'évoquais plus haut.

Je n'y suis pas allée. Je n'y suis pas allée parce que je n'ai jamais été une star, je n'ai jamais imposé une coiffure, une façon de parler, un style vestimentaire. Et je n'ai donc jamais eu le souci de perpétuer une image qui est souvent l'équivalent de la belle chanson qui fixe à jamais une période de la jeunesse. J'ai trop mythologié moi-même pour ne pas savoir de quoi je parle.

C'est très difficile d'être une star. Et c'est très difficile d'être une star à laquelle on reconnaît de moins en moins de talent, uniquement parce qu'elle est devenue une star. Alors que, sans ce talent initial, elle ne serait pas devenue star. Et c'est très difficile de rester star. Et ça doit être terrible de cesser de l'être.

C'est très facile de continuer de fonctionner au rythme de ses contemporains, de mûrir puis de vieillir avec eux.

116 – [Points A 19, p. 312]
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Simone Signoret au sujet de sa mère :

Non, et c'est peut-être pour cela qu'elle était plus sensibilisée. De toute façon, elle faisait toujours les choses pas comme les autres. A peu près à la même époque, elle s'est aperçue que la brosse à dents qu'on venait d'acheter était "made in Japan". On est retourné chez le marchand de couleurs qui portait un béret basque et était certainement un militant des Croix de Feu. Très polie, ma mère lui dit : "je voudrais échanger cette brosse à dents. Parce que, voyez-vous, elle est fabriquée au Japon - Ah oui, et alors ?" fait le marchand.
"Vous comprenez, monsieur, lui expliqua ma mère, les Japonais viennent de signer un pacte avec les Italiens et les Allemands et toute marchandises japonaise, la moindre brosse à dents, ce sont des armes pour le Japon, l'Italie et l'Allemagne. Des pays fascistes". A ce moment là, j'aurais donné la terre entière pour ne pas être à côté ! Mais le type reprenait : "Vous voulez donc une brosse à dents française ? - Non, je ne suis pas chauvine. Je veux seulement une brosse à dents qui ne soit ni allemande, ni italienne, ni japonaise". On a dû s'accommoder d'une brosse à dents anglaise. Ma mère considérait qu'elle n'avait pas perdu sa journée et je pense aujourd'hui qu'elle avait parfaitement raison. Mais quand on a douze ou treize ans, on est terriblement gêné.

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Puis il parla de la Pologne et raconta comment Staline avait complètement liquidé le parti communiste polonais et certains espagnols en exil à Moscou. Il mima Beria. Il parla des camps - il tapait sur la table en scandant "seize millions de morts" - et aussi la déportation prévue pour les juifs d'Urss dans un état où on les aurait concentrés.
Nadia traduisait. Elle revivait son enfance et son adolescence. Moi, je regardais Khrouchtchev et je regardais beaucoup Molotov qui ne regardait personne. Et, dans mon oeil on devait pouvoir lire cette question : "et vous, qu'est-ce que vous faisiez pendant ce temps là ?" Khrouchtchev y répondit avant même que j'aie eu la chance de la formuler : "je vois très bien ce que vous pensez, dit-il en pointant son doigt vers moi par dessus la table. Vous pensez : Vous, qu'est-ce que vous faisiez pendant ce temps là ? Je ne pouvais rien faire, parce que faire quoi que ce soit contre Staline, c'était le faire contre le Socialisme."
C'est alors que Mikoïan porta le deuxième toast de la soirée en l'honneur du camarade Khrouchtchev qui avait eu le courage de dire la vérité au monde, pour le bien du socialisme. Za vaché zdarovié !
C'était sans doute vrai, mais est-ce que Monsieur Khrouchtchev était bien sûr qu'en envoyant l'Armée Rouge à Budapest, il faisait du bien au Socialisme ?
- Oui, répondit Khrouchtchev, nous sauverons le Socialisme de la contre-révolution.
-Mais, dit Montand, Tito aussi vous l'avez pris autrefois pour un contre-révolutionnaire et un traître.
- Erreur du passé, répondit Khrouchtchev.
-Il n'y a donc pas d'erreur possible du présent ?
- Notre armée est à Budapest parce que les Hongrois nous ont appelé au secours.
.......
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Hitler est vraiment entré dans ma vie avec l'arrivée massive de petites juives allemandes au cours secondaire. Quand les gens disent : « On ne savait pas ce qui se passait en Allemagne. », je me demande comment ils ont fait, je ne sais pas quels yeux et quelles oreilles ils se sont bouchés ! A la maison débarquaient périodiquement des juifs allemands. Curieusement, ce n'est pas mon père qui amenait ces réfugiés chez nous, mais ma mère, qui était finalement beaucoup plus indignée que lui, en tout cas pour ce qui concerne la question juive. Je me rappelle certaines filles qui aidaient un peu ma mère. L'une d'elles s'appelait Lotte, elle était particulièrement belle et émouvante. On ne l'a jamais perdue de vue. Il y en avait qui restaient chez nous quelques jours avant de partir ailleurs. ça discutait beaucoup. En allemand. Je me souviens fort bien de l'arrivée d'un groupe de juifs dont les uns sont partis pour l'Amérique et les autres pour la Palestine. Ce clivage ressemblait terriblement à celui qui s'est produit à la fin du siècle dernier, lors de la grande Dispersion, entre ceux qui ont préféré aller fabriquer des casquettes dans les sweat-shops de New-York et ceux qui sont allés se battre contre les moustiques sur le lac de Tibériade.

42 – [Points A 19, p. 28]
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... comme il (Arthur Miller) racontait bien comment elle (Marilyn Monroe) l'avait sorti des catacombes antimaccarthystes en 1955 ! Comment elle était venue incognito avec lui à Washington, alors qu'il allait passer devant la Commission des activités antiaméricaines. Comment elle s'était cachée chez son avocat. Comment la presse avait eu vent de la présence en ville de « la Blonde », au point d'assiéger l'immeuble de l'avocat. Comment elle avait pris son temps (il lui fallait trois heures : je le sais, je l'ai vécu), pour se transformer en « Marilyn », et finalement apparaître telle que ces trois cents requins l'attendaient, pareille à sa légende, minaudante et susurrante.

En minaudant et susurrant, devant la porte cochère de l'immeuble, sur le trottoir de cette rue de Washington, elle leur avait demandé de quel droit ils prenaient le droit de lui demander des comptes à propos de son amour pour un homme qu'elle aimait. Si elle l'aimait, c'était parce qu'il était respectable, bon, honnête – et par conséquent pourquoi et au nom de quoi était-il à ce moment même contraint de passer pour un accusé devant un tribunal de guignols fascisants ?

A ce moment-là, elle avait tout mis dans la balance. Deux choses pouvaient arriver : sa destruction totale, ou la réhabilitation dans l'opinion publique d'un homme qui, parmi d'autres, n'avait plus de passeport, dont les œuvres n'étaient plus jouées ni publiées. En fait, ce fut le début de la première mort de MacCarthy.

124 – [Points A 19, p. 283]
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