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EAN : 9782355362972
208 pages
Carnets Nord (24/08/2018)
3.82/5   11 notes
Résumé :
« J’aimerais tellement pouvoir appeler Oma et lui poser des questions.
“À quel numéro ?” me demanderais-tu sans doute. Cela fait effectivement plus de trente ans que je n’ai pas pu lui parler. Mais le numéro de téléphone, ce n’est pas un problème. Je le connais encore par cœur. En revanche, il ne me vient à l’esprit qu’en portugais : meia-um-sete-zéro-meia-sete. 617067. Tu vois, j’ai une bonne mémoire. »

À l’aide de lettres adressées à un frère... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Selon une encyclopédie collaborative ayant pignon sur le Net, "saudade est un mot portugais qui exprime un sentiment complexe où se mêlent mélancolie, nostalgie et espoir".

Ce sont manifestement la mélancolie et la nostalgie du passé qui poussent Mathilde à écrire à son frère. Ses lettres expriment une certaine amertume, de la rancoeur même, à l'égard de sa famille. On comprend que les liens sont quasiment rompus, que Mathilde passe pour une femme à problèmes, l'hystérique de la famille. Elle souffre de ne pas être comprise, s'énerve que sa version des faits soit forcément déconsidérée. Elle décide de s'en expliquer par écrit à son frère, mais cette correspondance restera à sens unique. Entre ses lettres, Mathilde retrace à petites touches l'histoire de sa famille : les grands-parents maternels quittant l'Allemagne dans les années 20 pour émigrer vers un Eldorado brésilien, les grands-parents paternels qui, de toute leur vie, ont à peine quitté leur bourgade de Suisse alémanique, les parents qui se rencontrent en Europe puis s'installent en Amérique du Sud, au gré des affectations professionnelles du père de Mathilde. Celle-ci et son petit frère grandissent au Chili, un peu, puis au Brésil, beaucoup, où se trouve une grande partie de la famille maternelle. L'enfance de Mathilde est d'abord heureuse, insouciante, libre. Puis, au fil du temps, le papillon perd ses couleurs, se replie dans son cocon. Mathilde est coincée entre une mère craintive qu'elle doit sans cesse rassurer et un père colérique, des parents tous deux pétris de contradictions et rabaissant la fillette quoi qu'elle fasse, tandis que le petit frère semble échapper, ou en tout cas être imperméable, à ces brimades. Pendant que celui-ci réussit sa vie, Mathilde devient une jeune femme fragile, isolée, introvertie, peu sûre d'elle, achevant de glisser dans un processus de destruction de l'estime d'elle-même. Et donc prête à tomber dans les bras du premier homme qui se montrera gentil avec elle. Bientôt mère célibataire de deux enfants, elle doit renoncer à une carrière scientifique pour se contenter de boulots alimentaires, sans pouvoir compter sur le réconfort de ses proches, qui continuent à la culpabiliser.

"Saudade" est un roman touchant et très fluide, tout en délicatesse et en sensibilité, qui offre un contraste subtil entre des morceaux d'enfance sereine dans un Brésil chatoyant et des tranches de vie grise, de plus en plus triste, d'une femme désemparée. Et puis, tout à coup, une étincelle dans le brouillard donne envie à Mathilde de se raccrocher à cette enfance. Les souvenirs heureux remontent à la surface, comme un instinct de survie, et, par la grâce de l'écriture, fonctionnent comme une thérapie, pour aboutir à un épilogue lumineux avec cette adresse au lecteur (qui personnellement m'a touchée en plein coeur) : "Permettez-moi aussi de vous adresser une prière : si vous apercevez, en vous ou autour de vous, un enfant, petit ou grand, en manque d'amour, pensez que toute marque d'attention pourrait l'aider à sortir d'un cercle infernal. Juste y penser. Et surtout, n'oubliez pas l'enfant en vous. Aimez-le d'autant plus fort que c'est peut-être lui qui en a le plus besoin".

La saudade, c'est aussi l'espoir. CQFD.

En partenariat avec les éditions Carnets Nord, que je remercie infiniment de m'avoir contactée pour me proposer ce livre (avec un merci en particulier à Gladys pour le gentil petit mot ;-) )
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Mathilde adresse des lettres à son frère, son cadet de deux ans, qui ne lui répond jamais. Depuis un certain temps, elle n'a plus de relations avec ses parents et son frère qui la considèrent hors normes et compliquée. Elle entreprend alors de raconter leur histoire familiale.

Dans les années 20 leurs grands parents maternels, Opa et Oma, ont quitté l'Allemagne rongée par l'inflation pour émigrer au Brésil. Installés à Sao Paulo, le couple a bientôt trois enfants dont Anna, la mère de Mathilde née en 1944. Anna rencontre en Suisse celui qui deviendra leur père, le couple part vivre au Brésil. L'enfance de Mathilde est marquée par un sentiment d'insécurité dans ce pays à la forte criminalité mais aussi par des souvenirs d'une vie de famille ponctuée par les colères de leur père et les pleurs de leur mère qui ne leur a jamais témoigné la moindre tendresse.

Dès le plus jeune âge, Mathilde s'inquiète pour sa mère et a à coeur de la consoler tout en essayant de se conformer à l'image que ses parents attendent d'elle. Quand, à l'âge de dix ans, la famille part s'installer en Suisse, il lui faut s'adapter à une nouvelle culture auprès de grands-parents paternels complètement différents de ceux auprès de qui elle a passé ses premières années. Triste et solitaire, manquant d'assurance, subissant sans cesse les critiques de sa mère, Mathilde sera une adolescente puis une jeune femme mal dans sa peau. Bien que brillante dans ses études, elle cherchera un sens à sa vie et ne sera pas épargnée par la dépression, sujette à la saudade, mot portugais intraduisible en français, qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie.

L'écriture simple, très fluide rend la lecture de ce roman agréable. La construction est intéressante mêlant un style épistolaire et le récit d'une vie. Ce roman parle du poids de l'héritage familial, du poids des failles d'une mère qui impactent la construction de la personnalité de sa fille. Il est dommage que les thèmes abordés manquent un peu d'originalité et que l'auteure maintienne le lecteur tout au long du récit dans l'attente de la révélation de l'événement qui l'a séparée de sa famille... révélation qui ne vient jamais.
Un premier roman plein de mélancolie.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un petit livre émouvant qui retrace l'enfance de la narratrice sous forme de souvenirs racontés et de lettres écrites à un frère qui ne lui répondras pas...
Un voyage en Amérique du Sud, en Allemagne, en Suisse et où l'on découvre une autre enfance, moins dorée mais pas moins unie....
J'ai aimé ce récit car il transmet une histoire de vie, de famille, avec ses non-dits et ses secrets ou ses interprétations multiples selon que l'on soit enfant ou adulte, traversant L Histoire...
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"Les cris de papa continuent à me paralyser. Ils me remplissent de honte et font de moi une moins-que-rien. Mais même quand je suis moins que rien, j'ai encore l'impression que c'est trop. M'évaporer dans les airs ou m'enfoncer dans la terre, ce sont les seules chances de salut qui me restent quand mon père hurle en me fixant de ses yeux rouges."

Un premier roman réussi et dont j'ai pris plaisir à lire.

Je me suis laissée porter par l'histoire, m'imprégnant doucement des personnages.

Un récit qui m'a fait voyager entre l'Allemagne, le Brésil et la Suisse.
Un vrai dépaysement et une immersion culturelle qui m'a beaucoup plu.

J'ai particulièrement aimé les thématiques abordées par l'auteure.
Elles sont traitées judicieusement et d'une manière habile.

- L'absence d'amour et de dialogue au sein d'une famille.
- le manque de considération
- La mise à l'écart
- Les différences
- Les non-dits.

C'est pourquoi j'ai apprécié cette lecture car Ursula Sila-Gasser arrive à mettre en avant, d'une manière subtile et réaliste, les répercussions que cela peut avoir sur un enfant en mal d'amour.
Les dommages sont irréversibles, laissant des traces indélébiles.
Se construire et s'épanouir deviennent alors très difficiles.

Mathilde, est très attachante. Elle nous raconte son parcours de vie en jonglant entre des lettres adressées à son frère et ses souvenirs qu'elle se remémore.

On ressent ses frustrations.
Elle souffre de ne pas avoir les mêmes souvenirs et les mêmes ressentis que sa famille, des événements passés durant sa jeunesse.

Comme un déni ! Ses parents et son frère n'acceptent pas la situation et ne veulent pas légitimer ses souffrances.
Elle se sent torturée et écartelée.
Sa propre famille serait-elle toxique ?!

Alors Mathilde décide de ne plus se taire, et choisit de raconter...
Pour peut-être enfin se libérer...

Un roman pertinent qu'il ne faut pas hésiter à découvrir.

"Permettez-moi aussi de vous adresser une prière: si vous apercevez en vous ou autour de vous, un enfant, petit ou grand, en manque d'amour, pensez que toute marque d'attention pourrait l'aider à sortir d'un cercle infernal. Juste y penser. Et surtout n'oubliez pas l'enfant en vous. Aimez-le d'autant plus fort que c'est peut-être lui qui en a le plus besoin."
Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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J'ai beaucoup aimé ce livre car il reflète une grande sensibilité et une immense délicatesse. La description par la narratrice de ses sentiments nous rappelle qu'un enfant est fragile et a besoin de soutien, d'écoute, de compréhension et d'amour. Selon moi, l'histoire de Mathilde a deux fils conducteurs: d'une part ses difficultés dans son enfance qui ont influencé sa vie de femme et l'ont longtemps poursuivie et d'autre part le fait qu'elle a vécu dans plusieurs pays, appris différentes langues et est finalement devenue une citoyenne du monde.
J'ai beaucoup apprécié l'épilogue et été particulièrement touchée par ce passage:
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Permettez-moi aussi de vous adresser une prière : si vous apercevez, en vous ou autour de vous, un enfant, petit ou grand, en manque d'amour, pensez que toute marque d'attention pourrait l'aider à sortir d'un cercle infernal. Juste y penser. Et surtout, n'oubliez pas l'enfant en vous. Aimez-le d'autant plus fort que c'est peut-être lui qui en a le plus besoin.
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...j'ai appris, ces derniers temps, que quand on se sent fragile, il vaut mieux rechercher la compagnie de ceux en qui l'on a confiance...
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Les cris de papa continuent à me paralyser. Ils me remplissent de honte et font de moi une moins-que-rien. Mais même quand je suis moins que rien, j'ai encore l'impression que c'est trop. M'évaporer dans les airs ou m'enfoncer dans la terre, ce sont les seules chances de salut qui me restent quand mon père hurle en me fixant de ses yeux rouges.
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Tout ne va-t-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes?
Mais je sais bien, moi, que non. Que rien n'est facile. Que la langue de Molière qu'elle avait apprise à l'Alliance française de Sao Paulo n'est pas la langue parlée dans le cercle de gymnastique de D. Que les gens n'y rient pas des mêmes blagues. Qu'ils n'ont pas vu les mêmes films, n'ont pas lu les mêmes livres qu'elle. Qu'elle se sent souvent seule et incomprise.
Je sais aussi que la peur, qui se fiche des frontières, avait traversé l'Atlantique en passager clandestin. Qu'aux abords des rues calmes de D., elle continue de tyranniser notre mère, la poussant à appeler la police chaque fois que nous prenons du retard sur le chemin de retour de l'école. Et ce même si le seul risque que notre mère court vraiment à D., qui ne compte que mille habitants, est celui de mourir d'ennui.
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Permettez-moi aussi de vous adresser une prière: si vous apercevez en vous ou autour de vous, un enfant, petit ou grand, en manque d'amour, pensez que toute marque d'attention pourrait l'aider à sortir d'un cercle infernal. Juste y penser. Et surtout n'oubliez pas l'enfant en vous. Aimez-le d'autant plus fort que c'est peut-être lui qui en a le plus besoin.
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