"Ici le temps ne demande qu'à s'arrêter,c'est un filet mercuriel au coeur de la nuit froide,près de tarir,comme le grand fleuve bu par le sable."
Ici, c'est le
Maroc,
le jardin des retours de
Pierre Silvain (écrivain d'origine française, né
au Maroc et à présent décédé) dont la plume poétique survole, légère, le temps qui, à la manière
De Lamartine, suspend son vol, mais un temps imprégné de la nostalgie de l'enfance, le temps, où, bien calé entre un "petit bois d'eucalyptus", une noria, un marabout blanc, alors que la "touffeur moite" incitait à la pause et que "les cris des grands oiseaux noirs" résonnaient inquiétants,il plongeait avec délectation dans l'écriture limpide de
Pierre Loti.
Comme
Pierre Loti à "l'âme à demi arabe", il revient sur les pas de jadis, mais au lieu de faire revivre au lecteur ses propres ressentis (dommage!) il forge mille hypothèses sur ceux de
Pierre Loti, puis, à travers les mots du journal du peintre Delacroix.
Dans ce rêve éveillé, empreint de dépaysement, la délicatesse de la nature virginale,des fleurs à l'infini, de l'eau vive qui ponctuent sereines la douce mélancolie du désoeuvrement
marocain, est fort bien rendue. L'auteur nous démontre que "le désir des retours" est plus "impérieux que l'injonction des départs".
Mais après lecture, c'est
Pierre Loti, dont l'écriture aérienne, la prose poétique aux gerbes lumineuses et rêves vaporeux parfumés, de la longue nouvelle
Les Trois Dames de la Kasbah m'avait subjuguée,que j'ai eu envie de redécouvrir.
J'avoue m'être un peu ennuyée dans
le jardin des retours, entre solitude et passivité, car il manquait le noeud de l'action comme ces "germes de mort" transmis aux innocents marins par les dames alanguies qui mettaient en exergue la sublime beauté
marocaine, l'Orient enchanteur des peintres, qui se délitaient sur fond de colonie française pétrie de culture musulmane.