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EAN : 9782070367368
181 pages
Gallimard (14/04/1976)
3.46/5   37 notes
Résumé :

le docteur Donadieu, médecin de bord, observe les passagers de l'Aquitaine qui s'agitent sous le soleil africain: Lachaux, qui prédit toujours les pires catastrophes, Bassot, le fou enfermé dans sa cabine, la coquette madame Dassonville, Huret, injustement accusé de vol... Les drames se nouent, les passions s'exacerbent et le mercure continue à monter.
--Ce texte fait référence à l’édition




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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
45 degré à l'ombre,
Chaud, chaud le Simenon, Chaud !
Je l'ai trouvé en nage, en pleine canicule,
à la devanture d'une bouquinerie.
Cette jaquette orange me faisait de l'oeil.
Je me suis laissé tenter par la libraire rigolarde
qui m'a dit qu'il tombait à pic...entre mes mains moites.
Le Simenon d'occas' dans le sac.. de plage
l'aventure maritime pouvait commencer
à bord du paquebot Aquitaine reliant le Congo à Bordeaux.
Donadieu, médecin navigant aguerri
vieux loup solitaire
passe le plus clair de son temps,
quand il ne fume pas de pipes d'opium,
ou ne soigne pas,
à suivre de près la vie des passagers.
Particulièrement attentif à ceux qui dénotent.
Il remarque plusieurs fausses notes
dont un couple muni d'un billet de 2nde classe avec un bébé malade
qui atterrissent dans une cabine de 1ère classe,
le début d'un imbroglio à bord du paquebot...
Simenon s'avère toujours aussi fortiche
dans ses romans noirs psychologiques.
Ici, il nous plonge dans l'ambiance des colonies.
Dans la cale, les esclaves des chemins de fer
au second le petit peuple
et en première les gros propriétaires
les fonctionnaires, les aventurières etc...
Une flopée de coloniaux retournant à Bordeaux
qui partagent dans ce paquebot huis clos
bien plus qu'une partie de pêche...
45 degrés à l'ombre, pas suant du tout !
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Un paquebot quitte Brazzaville et le Congo pour regagner l'Europe ... et vous savez déjà ce que je vais écrire : les océans réussissent à Simenon. Pratiquement aussi long que l'inoubliable "Long Cours" et que "Le Testament Donadieu", sur lequel je me suis précipitée, sans respecter l'intervalle habituel, en raison du lien existant entre les deux ouvrages, "45° A L'Ombre" adopte le thème tant chéri par l'écrivain belge : un groupe d'hommes et de femmes, de différentes conditions sociales, réunis par le hasard en un espace qu'on ne saurait prétendre clos (peut-on dire que la mer est close sans sombrer dans le ridicule ? ) mais, en dépit de sa taille imposante de liner, pour le moins réduit - et tout ce qui est susceptible d'en sortir. D'autant que, à l'époque, les troisièmes classes existent encore avec toute une flopée d'Anamites qu'on embarque sur le chemin du retour et dont deux mourront en cours de route, victimes de la fièvre jaune ou d'une maladie similaire.

Personnage d'autant plus important qu'on le retrouvera, beaucoup plus jeune, dans "Le Testament Donadieu", sorti deux ans plus tard, en 1936, le médecin du bord, le Dr Oscar Donadieu est un homme qui nous devient vite attachant, avec l'humanité dont il déborde et aussi l'ambiance un peu mystérieuse qui l'entoure. C'est un homme toujours à l'écoute, pour qui, quel que soit le pont qui l'abrite, n'importe qui a droit aux soins et qui ne semble avoir qu'un seul défaut - encore le contrôle-t-il comme le faisait le Holmes de Conan Doyle. Mais lui, c'est carrément la pipe à opium qui, le soir, quand il est seul dans sa cabine, le fait oublier que le monde est rarement joli, joli.

Rarement cynique cependant, le Dr Donadieu, qui ne semble pas dépasser les quarante ans, en connaît visiblement un bout - et un bon, et un bien noir - sur l'existence. Et ce n'est pas précisément le plus joyeux ... Aimé du personnel de bord et, en général, de l'ensemble des passagers, il a quelques antipathies irréductibles, comme celle qu'il confesse sans fard envers Lachaux, personnage hargneux, égrotant, qui a toujours quelque chose de désagréable à dire ou quelque bâton bien pointu à glisser dans les roues des autres et pour qui l'argent, le statut social sont tout. En revanche, Donadieu éprouve assez vite de la sympathie pour un employé maigrichon de l'une des compagnies coloniales (compagnie à laquelle appartient d'ailleurs le bateau, "L'Aquitaine"), le timide et étriqué Jacques Huret, doté d'une femme et d'un enfant et que l'on rapatrie sans salaire parce que, en raison de la santé fragile de son fils (encore un nourrisson), il lui était impossible de respecter les termes de son contrat.

De la sympathie ou plutôt une de l'empathie. Car Donadieu voit bien que Huret, qui laisse sa femme s'occuper du bébé souffrant sans jamais la relever de sa garde étouffante, au fond d'une cabine surchauffée par les Tropiques, puis entame une liaison avec la belle et désormais disponible Mme Dassonville, qui voyage avec sa fille, la nurse de celle-ci mais sans son époux, possède un fond de lâcheté irrécupérable. Ce qui l'irrite profondément car il est clair que, aux yeux du médecin, en pareille situation, et bien que le commandant et le commissaire de bord eussent pris sur eux de faire voyager les Huret dans le confort des Premières en raison de la santé du bébé, Huret, claustrophobe comme il l'affirme ou pas, pourrait de temps à autre (et même régulièrement), alterner la garde de leur enfant avec sa femme, ce qui permettrait à celle-ci non seulement de conserver un peu de santé mais surtout de ne pas déprimer à mort.

Sur le pont des Premières, tout est luxe et confort et on s'amuse plutôt bien. Mme Dassonville et Mme Bassot, qui ramène en métropole son mari, médecin lui aussi mais qui n'a pu supporter les touffeurs inquiétantes du climat africain (un peu comme dans "Le Coup de Lune" si vous voulez) assurent, chacune à sa façon, la première plus discrète jusqu'au débarquement de son époux, la seconde sans se cacher un instant (elle ne le faisait déjà pas à Brazzaville, pourquoi le faire maintenant ? ) l'amusement et le délassement des officiers et de certains passagers - les plus séduisants ou les plus riches. le climat est exécrable de chaleur et devrait le rester jusqu'à l'Equateur, parfois cependant l'océan se met en colère, les hommes s'énervent (ou meurent) et le Dr Donadieu, chaque matin, fait trente fois le tour du pont pour ménager sa forme. Il est très rare que, avec son opium, il aille jusqu'à la "gueule de bois." Donadieu est un monument d'équilibre.

L'intérêt et la politesse qu'il lui témoigne poussent même Huret à chercher à lui emprunter mille francs (des années trente, rappelons-le) parce que, pour complaire à Mme Dassonville, il s'est mis à dépenser un peu plus, sans se gêner de dîner fin à sa table tandis que, dans leur cabine, sa femme grignote deux radis entre les cris du bébé et une couche à changer. Après lui avoir fait la leçon, Donadieu qui, on le devine, n'a pas dû lui non plus manger tous les jours à sa faim, lui prête les mille francs contre un chèque dont il n'ignore pas qu'il restera de bois jusqu'à ce que Huret ait remporté son procès contre la Compagnie - s'il le gagne . Huret n'y comprend pas grand chose mais part avec les mille francs (dettes de jeu à régler, car il joue, cet imbécile, en plus, les cocktails à offrir à Mme Dassonville, etc ... nul doute que la somme ne fera pas long feu ...)

Et c'est le lendemain que cette blatte répugnante qui s'appelle Lachaux - et qui a appris entretemps que la famille Huret voyageait en Première alors que la Compagnie ne leur payait que la Seconde classe - se fait voler son portefeuille. Quasi en public, dans une partie de belote ou de poker. Dedans, des papiers "importants" (bien sûr, avec Lachaux, tout ce qui concerne sa petite personne haineuse est important) et quelques billets de cent francs. Au passage, Lachaux en profite pour demander des explications sur l'installation des Huret en Première et menace d'en parler aux cadors de la Compagnie, qu'il connaît intimement ...

Immédiatement (ou presque) redescendue en Seconde classe malgré les tentatives de conciliation du Commandant, du Commissaire et de Donadieu, la famille Huret tourne de plus en plus en rond. de l'amour qui a présidé à l'union des deux jeunes gens, s'il a existé, en tous cas, il a dû, depuis belle lurette, ou s'égarer dans la brousse ou piquer une tête dans le Pacifique, et la jeune femme - mais peut-on la blâmer ? - ne supporte plus ni la présence, ni l'égoïsme de son époux.

Finalement, ce ne sera que pur miracle si le pire est épargné autant aux responsables du navire qu'aux pauvres Huret. Et cela le sera grâce à Oscar Donadieu, un homme qui porte avec panache son patronyme, même s'il en sourit parfois dans les vapeurs de l'opium.

Un grand roman ? Oui. L'un des meilleurs, l'un de ceux qu'il ne faut surtout pas manquer dans la série des "Romans durs" de Simenon, pas plus qu'il ne vous faudra manquer - nous en reparlerons - "Le Testament Donadieu" qui explique en partie le caractère très particulier et très attachant d'Oscar Donadieu, dont Simenon paraît être en quelque sorte (et en tout bien tout honneur ) "tombé amoureux" comme cela arrive aux écrivains face à certaines de leurs créatures. Courez vite : vous avez encore quelques jours pour vos cadeaux de Noël aux amateurs des romans "psychologiques", "noirs" ou "durs" de Georges Simenon. ;o)
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Si vous cherchez de l'action, du rythme, un scénario excitant avec du suspense, passez votre chemin et choisissez un meilleur roman. Depuis le début on assiste à l'auscultation classique de Simenon pour identifier les personnages et leurs mouvements. Mais c'est seulement cela jusqu'à la fin dans une attente insatisfaite. Heureusement la prose est bien écrite, mais c'est d'un ennui ....
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45 degré à l'ombre, et même quarante huit d'après l'alcool rosé du thermomètre que Simenon nous fait lire dès la première page.

Ingrédient majeur de ce roman d'atmosphère, la chaleur accompagne les passagers de l'Aquitaine de l'embouchure du Congo jusqu'à Bordeaux. Elle nourrit ce quasi huis-clos qui s'écoule comme un sirop et que l'on suit par l'entremise du docteur Donadieu, médecin de bord à l'humanité un peu usée par le trop long cotoiement des viscicitudes et tragédies des différentes classes d'acteurs de la vie coloniale.

Un roman dur que la chaleur, les passions et des drames n'attendrissent pas.
Pour ma part, l'absence d'intrigue et d'empathie pour les personnages ont un peu altéré le plaisir de lecture que me sucite toujours la plume de Simenon.
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Atmosphère torride et pesante sur un bateau qui remonte les fleuves d'Afrique jusqu'en Europe, composant un microcosme social complet depuis les "nègres et les jaunes" abandonnés à leur sort misérable en fond de cale jusqu'aux nantis des étages supérieurs, de l'arriviste puant au polytechnicien hautain et industrieux (ils n'ont pas changé!) accompagné de sa femme belle et volage. Rien à faire pour ces deux classes extrêmes, la première compte ses morts et la seconde est, de par son statut social, hors d'atteinte.
Veillant sur les corps et les âmes, le médecin de bord Donnadieu, calmant son impuissance sous quelques pipes nocturnes de morphine, concentre son attention sur un couple improbable de l'interclasse, admis parmi les premières classes en raison de leur jeune enfant moribond. Celui-là au moins, il voudrait le sauver...
Je prends de plus en plus goût aux romans noirs de Simenon, celui-là ayant des accents d'Au coeur des ténèbres de Conrad et la moiteur fétide des années coloniales. Donnadieu est un personnage d'une belle épaisseur et le tableau social animé du roman est particulièrement réussi. Toujours est-il que quitter ce bateau à son arrivée en France est une délivrance.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[...] ... - "Monsieur le commissaire, je souhaiterais que l'on procède à une enquête sans tarder, car il y a un voleur à bord."

Il avait fait exprès de parler à voix haute et les dix personnes à peu près qui se trouvaient sur la terrasse entendirent, tournèrent en même temps la tête.

Dans ces cas-là, le petit Neuville était en général assez diplomate. Il s'empressa de répondre :

- "Si vous voulez vous donner la peine de me suivre dans mon bureau, je prendrai note de la plainte et ...

- Ta ! Ta ! Ta ! ... Il n'y a pas besoin de bureau, pas besoin de notes," répliqua Lachaux en lui mettant sa grosse patte molle sur l'épaule. "C'est ici que le vol a eu lieu, il n'y a pas dix minutes. Je sais pourquoi vous voulez m'emmener. La Compagnie n'aime pas les histoires et tout à l'heure vous allez m'offrir de me dédommager ..."

Les regards du commissaire et de Donadieu se rencontrèrent. Neuville semblait demander conseil. Le docteur était devenu grave.

- "Venez par ici ... Il y a dix minutes encore, j'étais assis à cette table avec deux personnes. M. Barbarin, que j'aperçois, et le coupeur de bois qui est monté à Libreville ...

- M. Grenier ?

- Son nom m'est égal. A certain moment, j'ai tiré mon portefeuille de ma poche pour leur montrer un document, un article de petit journal qui m'attaque et me traite d'assassin ..."

Il était ravi de crier cela aussi fort qu'il pouvait.

- "Quand je suis parti, il y a cinq minutes, j'ai oublié le portefeuille sur la table. J'en suis sûr ! Je ne suis plus un gamin. Une fois dans ma cabine, je me suis aperçu que je ne l'avais pas en poche et j'ai aussitôt envoyé le steward le chercher. Le portefeuille n'y était déjà plus !" ... [...]
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[...] ... A trois dans la cabine, ils pouvaient à peine bouger. Le docteur se pencha un instant sur l'enfant qui avait une respiration pénible.

- "Quel âge a-t-il ?

- Six mois, docteur. Mais il est né un mois avant terme. J'ai voulu le nourrir moi-même.

- Asseyez-vous," dit-il à la femme.

Huret restait debout près du hublot, à regarder l'enfant sans le voir.

- "Je crois qu'on n'a jamais su au juste ce qu'il avait. Dès les premiers jours, il ne gardait pas le lait qu'il buvait. Plus tard, on l'a nourri au lait condensé et pendant quelques jours il a été mieux. Puis il a eu des coliques. Le médecin de Brazza nous a dit que si nous restions plus longtemps à la colonie nous le perdrions."

Donadieu la regardait, puis regardait son mari.

- "C'est votre premier terme ?" demanda-t-il à celui-ci.

- J'avais déjà fait trois ans avant de me marier."

Autrement dit, il avait à peine vingt ans quand il était arrivé en Afrique Equatoriale.

- "Fonctionnaire ?

- Non. Je suis comptable à la S. E. P. A.

- C'est sa faute," intervint Mme Huret. "Je lui ai toujours dit d'entrer dans l'administration."

Elle se mordit les lèvres, prête à pleurer, tandis que son mari serrait les poings.

Donadieu comprenait le drame. Il posa encore une question.

- "Votre second terme est fini ?

- Non."

A cause de l'enfant, Huret avait rompu son contrat et, par le fait, il n'avait pas dû être payé. ... [...]
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C'était très subtil. Il aurait été gêné d'en parler, d'autant plus qu'il n'y croyait pas tout à fait. Il sentait néanmoins que certains êtres sont faits pour la catastrophe comme d'autres sont nés pour la longue existence paisible.
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Peut-on savoir exactement dans quelle proportion un fou est fou?
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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