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EAN : 9782266046053
190 pages
Pocket (01/01/1976)
3.8/5   120 notes
Résumé :
Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.
Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé lui aussi, plancher mouillé sou... >Voir plus
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Fille de médecin, Edmée est née à Bruxelles. Elevée par son père, elle est orpheline à l'âge de 16 ans suite à la mort de ce dernier. Vêtue de noir, le visage dissimulée sous un voile noir comme l'exigeait la tenue de deuil pour les femmes à cette époque, elle part rejoindre sa tante dans le Limbourg, long voyage froid, humide et pluvieux au terme duquel elle découvre une famille qu'elle ne connait pas, qui habite dans une ferme au bord d'un canal, perdue au milieu de champs et de bois boueux. Ils parlent flamand, langue qu'elle ne pratique pas, et le père, son oncle, vient également de mourir. le décor est planté.

L'adolescente assiste donc à un deuxième enterrement. le fils ainé Fred devient le chef d'une famille dont la mort du père va peu à peu révéler la fragilité. La mère est effacée, absente, perdue dans ses pensées flamandes. Les cousins parlent français. D'emblée Edmée va s'installer en retrait des tâches quotidiennes, prétendant vouloir étudier la médecine…Elle noue une relation mêlée de perversité avec Jef, le cadet, jeune homme sans charme, rustre, sur lequel elle exerce une séduction fatale. Car c'est l'ainé, Fred, homme à femmes, sensuel jusqu'à la brutalité, dont la sexualité sauvage la fascine. Mais l'ennui guette dans cette campagne détrempée, au ciel bas et lourd. Les évènements se font rares, chasse cruelle à l'écureuil avec le cousin Jef qui écorche les petits animaux pour elle – elle veut un manteau de leur fourrure – ou le naufrage d'une péniche dans le canal – tragique – parfois plus joyeux, une partie de patinage au coeur de l'hiver quand le lac gelé ne fait pas remonter à la surface de sombre secret…

Bref, atmosphère sinistre à souhait, Edmée a choisi de se réfugier dans la maladie – début de pneumonie – qu'elle entretient pour centrer l'attention sur elle. Un oncle l'emmène en à la ville chez le médecin, occasion de sortie.
Tout cela pouvait difficilement bien se terminer. La chute est brutale, préparée mais inattendue.
Un très bon Simenon, qui aborde la période trouble de l'adolescence, nous plongeant au fil des pages dans un univers trouble, jeu morbide d'Eros et Thanatos dont on ne peut que redouter le dénouement.
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"On allait vivre désormais des mois dans le mouillé, dans le froid, dans la boue et surtout dans le vent. C'était une tempête perpétuelle qui charriait dans le ciel des nuages sombres, toujours prêts à crever."

Une jeune fille, en tenue de deuil complète, quitte Bruxelles pour se rendre dans la province du Limbourg, dans une petite ville nommée Neeroeteren. le voyage en train est interminable. Il lui faudra la journée entière pour y arriver.

Edmée, c'est son prénom, vient de perdre son père. Elle n'a d'autre famille que celle de cet oncle. Elle ne parle pas flamand, ce qui va être une gêne certaine dans cette région rurale, isolée, dont le paysage est marqué par des canaux omniprésents. Ses tantes et cousines ne parlent pas (ou peu) le français.

Edmée n'est pourtant pas une jeune femme très sympathique. Elle se révèlera manipulatrice, et en premier lieu avec ses cousins. Fred, l'aîné, qui vient d'hériter de la ferme car l'oncle d'Edmée vient lui aussi de mourir, est le chef de cette maisonnée où les hommes dirigent tout. Jef, son frère cadet au physique massif mais marqué par une lourde hérédité, se liera aussi avec Edmée.

Ce roman "dur" mérite bien son qualificatif. Tous les personnages, y compris Edmée, oscillent entre violence, âpreté au gain et désirs sexuels inassouvis. Simenon dresse un tableau magistral de ces existences ravagées, qui s'accordent aux paysages de froid, de pluie et de grisaille perpétuelle.

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Georges Simenon est un "poseur" d'ambiance incomparable. La chose a déjà été dite, redite et radotée sur tous les tons mais, avec "La Maison du Canal" - dont l'action se déroule là encore dans un milieu dominé par l'eau des polders flamands - elle s'impose de façon si tranquille, si assurée et en même temps si éclatante qu'il faut bien la mentionner une fois de plus. Tout se passe comme dans ces spectacles de music-hall où, sur une scène absolument déserte, on voit débarquer, à petits pas traînants, un petit homme qui n'a l'air de rien, armé d'une valise elle aussi de taille minimale. L'expression de l'homme est ou triste, ou neutre mais il est clair que cette scène vide ne lui convient pas. Méthodiquement, avec un soin réfléchi, il fait alors jaillir de son sac toutes sortes d'accessoires et, peu à peu, l'on se retrouve avec un véritable décor, désormais débordant de vie sous la large tache pâle du projecteur de service. Un décor où notre petit homme improvise un authentique spectacle, angoissé, tendre, inquiétant, comique - au choix. Attention ! Ne pas confondre avec l'éblouissant panache du prestidigitateur du numéro précédent ! Ici, pas de paillettes, pas de trompe-l'oeil, pas d'illusion - rien que la vérité.

La littérature enfantine nous offre un personnage similaire, et pas n'importe lequel : Mary Poppins, toujours armée de son parapluie à bec de canard qui parle et d'un sac en tapisserie il est vrai plus conséquent en apparence que celui de notre petit artiste de music-hall, sac dont elle tire elle aussi un à un, et avec le plus grand naturel, des articles tous plus solides et plus "présents" les uns que les autres.

Eh ! bien, Simenon et sa "Maison du Canal", c'est Mary Poppins et notre petit artiste de music-hall anonyme réunis. Vous imaginez un peu ? ... ;o)

On n'a pas le temps d'aspirer une ultime gorgée de "notre" réalité que, paf ! dès la première page, on se retrouve immergé dans les paysages uniformément plats et humides sur laquelle se détache "La Maison du Canal." Tout est noir dès le départ - bon, me direz-vous, chez l'auteur belge, ce n'est pas une nouveauté, ça. C'est vrai mais alors là, c'est le deuil complet : la cousine Edmée, jeune fille de la ville wallonne qui vient de perdre son père et qui voyage engoncée dans un noir intégral, débarque chez ses cousins flamands qui eux, vont perdre le leur la nuit même de son arrivée. Pour reprendre une expression très parlante, c'est "la totale." Deuil par-ci, deuil par-là, la pluie qui n'en finit pas, un paysage calamiteux et désolé, de la boue partout, une famille effondrée, surtout quand elle découvre que le défunt a laissé plus de dettes qu'autre chose, et une veuve - la soeur de la mère d'Edmée en fait - qui ne parle pratiquement pas français. Fort heureusement pour Edmée, les enfants, Mia, l'aînée des filles, et les deux grands fils, Jef, qui est venu accueillir sa cousine à la gare dans une charrette si j'ai bien compris assez digne de notre Ankou breton, et Fred, désormais l'héritier de tout, sont bilingues.

Ouf ! Nous voici soulagés pour un temps. Mais pas pour longtemps.

D'abord, Edmée la Mince, Edmée l'Anorexique pourrait-on même ajouter, Edmée la-fille-de-la-ville, n'est pas vraiment sympathique. Fille unique, elle a perdu sa mère assez jeune et s'est habituée à retenir tout le temps et partout l'attention de son père, lequel était médecin, un statut social dont elle tire grande fierté. D'ailleurs, elle a apporté dans sa malle tous les ouvrages médicaux du mort et souhaite un temps se mettre, elle aussi, à l'apprentissage de la science d'Hippocrate. Peu à peu, le lecteur devine que cette jeune fille si bien, si rangée, en dépit de tout ce qu'elle peut exprimer de méprisant et de révulsé sur le sexe et la chair, est fortement attirée par ceux-ci. Elle professe aussi détester ardemment Fred, l'aîné de ses cousins, un sensuel s'il en est, toujours à courir après les filles, dans les polders ou dans la petite ville provinciale qui constitue, pour cette région, ce qu'une métropole grouillante de vices représente pour un hameau de trois fermes avec son épicerie-bistrot. Elle le professe, elle le chuchote, elle le clame, elle le crache ... mais il n'en est rien. Bien au contraire. Fred l'attire comme l'aimant attire son jumeau. Cela dit, physiquement parlant, Edmée n'est pas trop le type de Fred.

En revanche, et dès le premier soir, Edmée a produit son petit effet sur Jef, le cadet, un personnage un peu à la Quasimodo (un peu, seulement ), un taiseux qui aime à clouer des écureuils morts sur des planches, connaît à peu près tout ce qu'il faut savoir sur le domaine - et notamment sur les canaux et leur remplissage, le point est très important - et auprès de qui, au début en tous cas, Edmée passe beaucoup de temps. Oh ! en tout bien tout honneur. Mais platoniquement ne signifie pas que l'amour et le désir soient incapables de s'infiltrer dans un coeur. Jef n'a peut-être pas le physique de Don Juan mais, que voulez-vous, ça n'empêche pas les sentiments.

Là-dessus, Simenon nous brode une histoire de domaine familial qui s'en va à la dérive en raison des erreurs du père défunt et que l'oncle et subrogé tuteur des enfants voudrait bien récupérer pour lui. Soyons honnêtes : dans cette histoire, Fred n'est pas des plus clairs et se livre, pour s'amuser lui aussi, à quelques ponctions financières qui plongent sa malheureuse mère dans l'embarras car seul l'oncle peut renflouer la caisse. Et puis, voilà que la tuberculose se déclare chez Edmée, qui n'a jamais été bien vigoureuse. Rien que des points humides qui se résorbent vite mais Edmée s'entête : être malade, c'est river l'attention sur sa petite personne.

Un jour, l'inévitable est prêt de se produire entre un Fred passablement éméché, et une Edmée qui le défie, mais retentit alors le rire d'un indiscret ...

Et c'est là que tout se corse. C'est là que prend naissance un drame dont la phase ultime ne se concrétisera qu'à la fin du livre.

Ténèbres, envoûtement sans sorcières, un univers rural méfiant qui rappelle parfois le fantastique à la Seignolle, oppression tantôt parfaitement légitime, tantôt irraisonnée, des personnages denses, rudes, charnels, impulsifs, dont Simenon nous décrit, avec un art supérieur, les états d'âme les plus profonds quand, avec le machiavélisme de l'écrivain roué et sûr de sa force, il ne se contente pas de nous en faire entr'apercevoir, çà et là, un reflet, puis un autre, encore plus inquiétants que s'ils se révélaient à nous dans le bloc, têtu et ardent, de leur intégralité, un climat général d'étrangeté, aussi plat que le paysage et néanmoins complètement décalé : "La Maison du Canal", l'un des meilleurs "romans durs" de son auteur, vous accueille et vous emprisonne dans ses rets pour votre plus grand plaisir. C'est pesant, c'est angoissant, c'est prévisible - et c'est sans espoir. La fin ne pouvait être différente. Notre instinct nous le souffle dès les premiers chapitres mais, tels les enfants séduits par le Joueur de Flûte de Hamelin, nous emboîtons le pas à un Simenon qui nous guide loin, là-bas, très loin, là où les polders flamands se perdent dans un horizon universellement plat et sans surprises.

Enfin, quand j'écris "sans surprises", c'est pour la forme ... ;o)
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Un roman de Simenon qui m'a beaucoup plu.

Edmée a perdu sa mère à la naissance et son père, médecin, vient aussi de décéder. A dix-sept ans elle doit donc quitter Bruxelles pour rejoindre la famille de sa tante paternelle à Neeroeteren dans le Limbourg. le changement est assez brutal et elle ne fait pas beaucoup d'efforts pour s'adapter. Là aussi, la mort vient de frapper, le père est mort de la gangrène après une blessure. le fils aîné Fred prend donc la tête de la propriété qui produit du foin. C'est un sensuel qui va chaque semaine à la ville pour y retrouver des femmes. Jef, dix neuf ans, travaille beaucoup et se plie à toutes les exigences de sa cousine. Il y a encore Mia qui s'occupe de la maison avec sa mère, laquelle ne parle que flamand et obéit au fils comme elle a obéit au père, et deux petites soeurs qui vont à l'école communale. Edmée juge ces gens, fait des réflexions désagréables et elle ne travaille pas. On reçoit de temps en temps la visite de l'oncle Louis qui s'enferme avec Fred dans le bureau. Il s'avère que les affaires ne sont pas si florissantes qu'on le croyait et que la gestion de Fred n'arrange pas les choses. Les jours s'enchaînent, monotones.
Il faut arriver aux dernières pages pour que le drame arrive mais ce n'est pas important. Ce qui compte c'est la peinture toute en grisaille de ce domaine, du temps qu'il fait, pluie et brouillard, de la vie de cette famille peu favorisée physiquement, l'attitude ambigüe d'Edmée.
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Il y a dans ce livre un malaise continu qui vous tient et force à avancer....il y a ce froid et cette humidité permanente qui s'insinuent et vous font frissonner alors qu'il fait beau en ce moment! et il y a cette intrigue qui se déploie, montée à l'envers par rapport à un roman policier puisque le mort n'apparait qu'au dernier chapitre...un beau livre donc, très "simenon" , vraiment un auteur qui ne se démode pas!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.
Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé lui aussi, plancher mouillé sous les pieds boueux, cloisons mouillées par une buée visqueuse, vitres mouillées, dedans et dehors. Des gens aux vêtements mouillés sommeillaient.
À huit heures, juste à l'arrivée à Hasselt, on éteignit les lampes du convoi et celles de la gare. Dans les salles d'attente, les parapluies perdaient des rigoles d'eau fluide qui sentait la soie détrempée. Autour des poêles, des gens se séchaient et ils étaient presque en noir, comme Edmée. Était-ce un hasard ? Le remarquait-elle parce qu'elle était en grand deuil ? Et le noir n'est-il pas l'uniforme des gens de la campagne ?

(Georges SIMENON, "La maison du canal", Chapitre I - Librairie Arthème Fayard & Cie, 1932)
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La pluie, le voile d'Edmée, les gros châles noirs des commères, l'eau qui dégoulinait sur les planchers et les banquettes, tout se fondait en une grisaille lugubre. La terre labourée des campagnes était sombre, les maisons bâties en brique d'un brun sale. On traversa la région des charbonnages du Limbourg et des terrils défilèrent tandis que le vicinal traversait les corons.
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[...] ... Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.

Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé, lui aussi, plancher mouillé sous les pieds boueux, cloisons mouillées par une buée visqueuse, vitres mouillées, dedans et dehors. Des gens aux vêtements mouillés sommeillaient.

A huit heures, juste à l'arrivée à Hasselt, on éteignit les lampes du convoi et celles de la gare. Dans les salles d'attente, les parapluies perdaient des rigoles d'eau fluide qui sentait la soie détrempée. Autour des poêles, les gens se séchaient, et ils étaient presque tous en noir, comme Edmée. Etait-ce un hasard ? Le remarquait-elle parce qu'elle était en grand deuil ? Et le noir n'est-il pas l'uniforme des gens des campagnes ?

12 décembre. Le chiffre, en gros caractères, noirs aussi, à côté d'un guichet, la frappa.

Dehors, la pluie crépitait, des gens couraient, des silhouettes étaient collées à toutes les portes et les nuages rendaient le ciel si sombre que les boutiques gardaient leurs lampes allumées.

Juste en face de la gare, au milieu de la rue, il y avait un gros tramway vicinal peint en vert et noir. Il était vide. On ne voyait ni mécanicien, ni receveur. Un écriteau portait la mention Maeseyck et Edmée devait passer par cette ville pour se rendre à Neroeteren. ... [...]
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Les oies sauvages passèrent un mois plus tôt que d'habitude et à la Toussaint, dans la maison refermée, tout le monde se serrait dans la chaleur des feux.
Les filles avaient reçu un nouveau manteau, y compris Edmée, mais elle ne voulut pas le mettre parce que la vieille couturière de Neroeteren lui avait taillé des épaules trop larges et mis les poches trop bas.
Au cimetière, on s'arrêta dix fois, car on rencontrait des gens à qui il fallait parler. Il y avait des cousins, des oncles, des tantes qu'Edmée ne connaissait pas. Ils étaient tous en noir et on errait dans l'odeur âcre des chrysanthèmes et d'affreuses fleurs d'un jaune gluant.

(Georges Simenon, "La maison du canal", chapitre IX - Librairie Arthème Fayard & Cie, 1932)
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[...] ... Pendant une heure, Edmée fut d'une activité fébrile. Quand elle revint à la porte du bureau, elle avait peine à contenir un sourire de triomphe. Elle frappa, parce que c'était une habitude pour tout le monde, même pour la tante, de frapper avant d'entrer dans cette pièce. Fred poussa un grognement et la regarda avec des yeux brouillés qui essayaient de revenir aux réalités.

- "Qu'est-ce qu'il y a ?

- Viens manger, Fred.

- Tout à l'heure.

- Non. Tout à l'heure, ce sera froid."

Il la suivit sans conviction, s'arrêta un instant au seuil de la cuisine, car il y avait une nappe, des serviettes, deux couverts bien dressés. Il s'assit gauchement.

- "Mia m'a dit qu'il y avait du lard et des oeufs dans le placard," murmura-t-il.

Or, elle lui servit du veau froid à la mayonnaise, une omelette au jambon et une crème renversée comme jamais personne n'en avait fait à Neroeteren.

Devant lui, Edmée était froide, sévère. Elle le servait en exagérant la politesse de ses manières et il s'étonna.

- "C'est toi qui as fait ça ?

- Qui serait-ce ?"

Elle se leva pour prendre un plat dans le four, le passa à Fred, non comme la tante ou comme Mia, mais comme une maîtresse de maison qui reçoit.

- "Maintenant, si tu veux," dit-elle, "nous irons nous promener une heure."

Cinq minutes plus tard, ils s'habillaient, chacun dans sa chambre, et Edmée cria :

- "Mets ton bonnet de fourrure !" ... [...]
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