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EAN : 9782253142225
186 pages
Le Livre de Poche (01/05/1999)
  Existe en édition audio
3.65/5   72 notes
Résumé :
L'existence de Spencer Ashby, paisible professeur dans une bourgade de la région new-yorkaise, s'écroule un beau matin lorsqu'on découvre chez lui le cadavre de Belle, la fille d'une amie de sa femme, leur invitée pour quelque temps. Il est le principal suspect... Cet homme naïf, timide, quelque peu complexé, va connaître l'humiliation des interrogatoires policiers, l'ostracisme de ses collègues et l'hostilité de la petite ville. Lorsqu'il apprend qu'aucune charge n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Plonge jusqu'au cou dans une lecture absorvante mais epineuse, j'aime m'en detacher par moments pour quelque chose de plus aise. Simenon a ete souvent mon choix et cette fois-ci ce sera La mort de Belle.

Dans une petite ville des environs de New York, un prof de lycee est soupconne du meurtre d'une jeune fille, la fille d'une ancienne amie de sa femme, qu'il hebergeait chez lui. Tres vite il est clair qu'il n'est pas coupable, mais il se sent humilie par les interrogatoires policiers qui ne cessent pas, il ne sait comment faire face aux reactions de son entourage, toute la ville semble l'exclure, le mettre au pilori avant toute preuve, avant tout jugement. Il se laisse aller a une attitude de bravade, faisant expres de changer ses habitudes, ce qui l'amenera en fin de compte a commettre un crime, pratiquement identique a celui dont on le soupconne. En une soiree fatale, il se met a boire plus que de raison, dans des bars interlopes qu'il n'avait jamais frequente jusqu'alors, il flirte (pour la premiere fois de sa vie?) avec une parfaite inconnue, mais quand, passant a l'acte (dans la voiture, comme ses eleves, et ca aussi est une premiere pour lui), celle-ci se moque de lui ( de son impuissance momentanee) , il l'etrangle.

Simenon aime traiter du bouleversement, de la cassure d'une existence rangee, grise et ennuyeuse. Comme s'il voulait nous dire que tout ce que nous croyons assure et perenne ne tient qu'a un fil. Sa force est dans la description psychologique de la transformation de ses personnages. Ici comme dans d'autres romans Simenon a le chic pour transmettre les pensees de son personnage, le changement lent qui s'opere en lui sans qu'il en soit completement conscient.

On retrouve aussi l'athmosphere lourde, opaque, de beaucoup de ses romans. Mais je le prefere quand il place ses intrigues en France ou en Belgique. Il est plus a l'aise dans ses canaux, ses quais, ses brumeuses rives du Nord ou le Paris de Maigret. La bourgade americaine est un peu begayee. La mort de Belle est une lecture agreable, classee nonobstant par moi Simenon deuxieme choix.
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Un des "romans durs" dans l'oeuvre foisonnante de Georges Simenon.
Un livre dans lequel on retrouve les ingrédients qui font la recette du succès du père de Maigret : un homme tout à fait ordinaire dont la vie bascule telle la lame oblique et tranchante de la guillotine dans l'épouvante et le drame de l'extraordinaire. Une petite ville de province recroquevillée sous les frimas de l'hiver, sous les certitudes pesantes des règles et des codes moraux d'une communauté où les apparences font office de vérité et où les fidèles se rassemblent le dimanche pour obtenir du berger qu'il renvoie sa grégarité confortée vers les pâturages flous d'une semaine nouvelle débarrassée de l'idée absurde que le troupeau puisse se méconduire.
Spencer Ashby et sa femme Christine appartiennent à ladite communauté. Ils vivent dans une petite bourgade de deux mille têtes... pardon, deux mille âmes près de Litchfield dans la campagne new-yorkaise.
C'est un couple de quadragénaires... ils s'entendent bien, se sont mariés dix ans plus tôt... sans véritable amour, sans aucun intérêt.
Ils se sont mariés parce que...
Lui enseigne la littérature dans une école préparatoire.
Elle est une des gardiennes de la communauté... une femme irréprochable, une dame patronnesse dévouée, une compagnie agréable qui se plaît à jouer au bridge... comme ce soir où elle s'absente chez des amis pour participer à un tournoi.
Spencer ne la suit pas.
Il n'en a pas envie.
Il préfère s'enfermer dans son cagibi et travailler à son tour : la menuiserie est son violon d'Ingres.
Belle, une jeune fille de dix-huit ans rentre du cinéma et vient lui souhaiter une bonne nuit.
Belle est la fille d'une amie de sa femme qui est en pension chez eux depuis un mois.
Elle n'est que de passage... le temps d'un divorce parental.
Spencer vit dans son monde.
C'est un homme naïf, sans histoire.
Il aperçoit Belle mais ne l'entend pas à cause du bruit du tour.
Son travail terminé, Spencer monte se coucher et s'endort très vite.
Il se réveille...sa femme à ses côtés est rentrée tard... se prépare pour aller travailler.
Arrivé à l'école, la secrétaire l'informe que sa femme vient d'appeler et qu'il faut qu'il rentre séance tenante à la maison.
Il hésite... puis devant l'insistance de la secrétaire, il rebrousse chemin.
De retour chez lui... sa vie a changé... Belle a été retrouvée morte étranglée.
Les soupçons se portent sur lui.
Petit à petit, d'interrogatoires en suspicions, de non-dits en humiliations, de malsaines curiosités en rumeurs, de lâchetés en accusations anonymes... on goudronne le mur de sa maison d'un grand M ( Murderer = assassin ), il est mis au ban de la communauté.
Le sermon du pasteur dissimule à peine qui se cache derrière l'homme qui incarne le mal dénoncé.
Le proviseur lui demande de se mettre quelque temps en retrait.
Christine le soutient... par devoir ou par amour ( ? ).
Comme tout homme Spencer a un passé.
Son père alcoolique trainait dans les bas-fonds puis s'est suicidé à trente-huit ans.
Spencer a eu une scolarité solitaire... il a eu des copains mais jamais d'amis...
Il n'a jamais connu de femmes en dehors de quelques prostituées.
Sa femme et lui n'ont pas d'enfants...
C'est un coupable idéal.
Un après-midi il est reconvoqué par le chargé de l'enquête.
Est présent dans le bureau un psychiatre de renommée.
Spencer s'attend à être arrêté... il ne l'est pas.
Il est libre comme le gibier que l'on traque, que l'on a débusqué et qu'on s'apprête à...
Spencer n'a pas tué Belle.
Lui seul et le meurtrier le savent.
C'est trop et pas assez pour que sa vie s'en contente.
Dehors, il y a des lumières, des bars... et la secrétaire qui a tapé tous ses interrogatoires...
Vous aimeriez en savoir davantage ?
Lisez le roman.
J'ai apprécié cette lecture.
J'y ai retrouvé un peu de l'atmosphère provinciale de - Les inconnus dans la maison -.
J'y ai surtout retrouvé un élément très présent dans l'oeuvre de Simenon : la neige.
Elle est là dans - Les inconnus... -, dans - La neige était sale -, dans le final de - le train -, dans - le haut mal - etc... comme si neige, mort et deuil étaient indissociables.
Pour conclure, j'ai juste envie d'évoquer la mémoire du comédien exceptionnel qu'était Jean Desailly... acteur Simonien par excellence.
Sa prestation dans - La mort de Belle - de Molinaro est tout simplement épatante. Elle ne fait que précéder celle bluffante qu'il nous offrira quelques années plus tard en serial killer dans - Maigret tend un piège - de Delannoy.
Du bon Simenon qui, outre l'histoire, m'a offert une leçon d'écriture... ou comment dire sans le dire tout en le disant l'indicible, le cru, le violent, l'horrible. C'est assez remarquable.
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Simenon, ou l'art consommé de l'étude de caractère.

Spencer Ashby est enseignant, il mène une vie calme, rangée, un peu terne dans un village du Connecticut.

Cette existence est bouleversée quand Belle, la jeune fille que sa femme et lui hébergent pendant l'absence de sa mère, est assassinée à leur domicile.

Dans ce roman "doublement" américain, car situé et écrit aux Etats-Unis, Simenon fait une fois encore preuve de son talent d'explorateur de la psyché humaine.

Ashby, soupçonné du pire, va voir son petit monde tranquille remis en doute et, se remettre lui-même en question en revenant sur son passé et en s'interrogeant sur sa place dans la communauté du village où il vit.


La conclusion est abrupte et brutale et, j'avoue ne pas l'avoir vu venir !
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Les Ashby passent une soirée banale : Christine se rend chez des amis pour faire un bridge tandis que Spencer reste à la maison pour corriger des copies et s'adonner à son hobby, la sculpture sur bois. Quant à Belle, la fille d'une amie qu'ils hébergent, elle part rejoindre des amis au cinéma. Tout bascule le lendemain matin quand Spencer est rappelé d'urgence à son domicile : Belle a été étranglée dans sa chambre. le coroner et un lieutenant de police interrogent Spencer. S'il n'est pas désigné comme coupable, il est le suspect principal, ce qui est déjà de trop aux yeux de sa communauté.

Simenon transpose dans "la mort de Belle" un des thèmes récurrents de ses romans durs. Un homme ordinaire voit son existence bouleversée après un événement extraordinaire. L'abcès est crevé, les traumatismes et les humiliations passées ressurgissent et étouffent le personnage. Alors tout craque, le voilà en pleine crise, promis à une fin inéluctable. Dans ce roman, Spencer Ashby prend rapidement conscience qu'il n'a jamais appartenu à sa communauté, la bourgeoisie du comté de Litchfield. Il se sent même étranger dans sa propre maison. A l'église, à la Poste, au collège, "ils" font bloc pour exclure ce corps étranger, à l'image d'un système immunitaire.
Un roman parmi les cent-dix-huit hors « Maigret » signés Simenon, mais comme chaque fois, un roman psychologique saisissant qui rappelle la fragilité de toute existence.
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La vie d'un professeur, Spencer Ashby, être humain "normal", satisfait de son travail et de son mariage, jouissant de la considération de ses concitoyens au sein d'une communauté tranquille dans la reposante campagne du Connecticut se trouve tout à coup chamboulée par le meurtre survenu sous son toit de Belle, une jeune fille hébergée dans la demeure familiale.
Son existence n'est pas seulement chamboulée, mais elle vole carrément en éclats, car il est le principal suspect. Il ne peut pas se disculper, ayant passé la soirée seul, dans son bureau, et ne pouvant fournir aucun alibi !
A partir de là, Simenon nous sert un roman d'une hallucinante noirceur. Tout se défait autour de Spencer Ashby. Ses concitoyens commencent à le considérer comme l'étranger dont il faut se méfier. En effet, lui, il vient d'ailleurs et n'appartient à la communauté que par son mariage avec Christine, qui elle, jouit d'une excellente renommée. Et Christine, elle même, ne commence t-elle pas à le considérer d'une façon différente ? C'est en tout cas ce que se dit Spencer Ashby, qui vient à douter de son environnement et de lui-même, qui se sent pris, voire étouffé dans un engrenage mortifère, dont il ne sait pas comment sortir, qui se retrouve hanté par les fantômes de l'enfance et du passé, qui se sent observé, critiqué, jugé...

Simenon, implacablement, décortique les mécanismes qui transforment un homme en bête traquée, perdant tout à coup contact avec son entourage, se sentant acculé, fragilisé, incapable de faire face, non seulement à une situation donnée mais au regard et au comportement des autres, et à partir de là, prêt à n'importe quoi !
Comme c'est facile, à lire Simenon, de se retrouver en situation de tout perdre.
Par son talent, et l'économie de moyens qu'il met dans sa narration, il rend la chose tellement évidente que l'on en sort totalement déboussolé.
Glaçant !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il arrive qu'un homme, chez lui, aille et vienne, fasse les gestes familiers, les gestes de tous les jours, les traits détendus pour lui seul, et que, levant soudain les yeux, il s'aperçoive que les rideaux n'ont pas été tirés et que des gens l'observent du dehors. Il en fut un peu ainsi pour Spencer Ashby. Pas tout à fait, car, en réalité, ce soir-là, personne ne lui prêta attention. Il eut sa solitude comme il l'aimait, bien épaisse, sans un bruit extérieur, avec même la neige qui s'était mise à tomber à gros flocons et qui matérialisait en quelque sorte le silence.

(Incipit.)
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Il eut sa solitude comme il l'aimait, bien épaisse, sans un bruit extérieur, avec même la neige qui s'était mise à tomber à gros flocons et qui matérialisait en quelque sorte le silence.
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Des milliers de gens mouraient chaque semaine d'accident le long des routes, des milliers agonisaient chaque nuit dans leur lit, et cela ne provoquait aucune fièvre dans le corps social. Mais une gamine, une Belle Sherman, était étranglée, et toutes les cellules se mettaient en effervescence.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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