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EAN : 9782253142836
188 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.68/5   65 notes
Résumé :
A quarante-huit ans, secrètement déçu par son existence, Norbert Monde décide de tout quitter, sa femme Thérèse, ses enfants, son entreprise d'exportation. Délibérément il choisit une vie errante, marginale et pauvre, qui le conduit bientôt dans un médiocre hôtel marseillais.
C'est là qu'il rencontre Julie, une jeune femme malheureuse qu'il empêchera de se suicider. De la façon la plus imprévue, Monsieur Monde va retrouver le chemin qui mène vers les autres,... >Voir plus
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Monsieur Monde est un respectable père de famille et patron d'une entreprise d'import-export parisienne. Sa vie est une routine terne et insipide. C'est lors d'un matin comme les autres que, se rasant comme tous les autres jours, émerge en lui une impression troublante qui ne le laissera pas en paix. Il retire suffisamment d'argent pour pouvoir subvenir à ses besoins et fugue (Oui ! comme un adolescent), direction le sud.


À Marseille, il descend dans un hôtel bon marché et rencontre une jeune femme qu'il ramasse à la petite cuillère et dont il prendra soin. Ils finissent par plus ou moins s'éprendre l'un de l'autre. Je n'en dis pas plus sur l'histoire.


Il s'agit de mon premier Simenon. Ce récit possède un style sobre, direct et élégant sans être trop lisse. En une centaine de pages, ce grand écrivain développe une histoire avec tous les éléments nécessaires pour captiver son lecteur sans le lasser une seule seconde. Ses descriptions simples nous immergent très bien dans ce monde prosaïque dont Simenon a su saisir et révéler les aspects poétiques et touchants sous des apparences de vulgarité et de rudesse, voire de grossièreté.


Sa description de la psyché de Norbert Monde et des pensées qui le tiraillent est d'une belle et tendre subtilité ; par petites touches successives qui effleurent la toile, il brosse un portrait dans lequel il est tentant pour beaucoup de se reconnaître. En effet, combien rêvent de fuir véritablement, de partir sur un coup de tête au risque de mettre en danger des personnes dont la situation dépend d'eux ? de tous lâcher pour retrouver les bouffées d'excitation d'une existence incertaine et palpitante, une nouvelle jeunesse ?


C'est ce genre d'évasion que nous permet la lecture, et ce à moindres frais. Je pense que je reviendrai vers Simenon, ne serait-ce que pour suivre quelques enquêtes du commissaire Maigret qui fut si bien adapté au cinéma avec Gabin et à la télévision avec Jean Richard et Bruno Cremer.


Un grand bonhomme que ce Georges Simenon !
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Ce livre de Georges Simenon sans Maigret est un drame psychologique plus qu'un polar même s'il y a du suspense dans "La fuite de Monsieur Monde", mais ce qui est remarquable c'est d'abord son écriture très imagée.
Nous sommes le 13 janvier et c'est l'anniversaire de Monsieur Monde, il a 48 ans. Il dirige les établissements Monde, commissions et exportations, dont les bureaux et dépôts sont situés rue Montorgueil à Paris, il est marié, a une fille et un garçon d'un premier lit. Apparemment c'est un bourgeois qui a tout pour être heureux.
Seulement voilà, personne ne pense à son anniversaire et la communication avec ses proches est difficile. Alors, il va faire une chose inattendue. Il décide de tout quitter à Paris et prends le train, un peu par hasard pour Marseille après s'être rasé la barbe et changé de costume.
Il a envie de vivre comme un homme normal. Il a envie d'observer les autres pour mieux se trouver en devenant Désiré Clouet.
On s'attend à ce qui lui arrive des aventures extraordinaires. Et bien pas vraiment, il va côtoyer des personnes glauques et d'autres attachantes durant quelques temps et se retrouver dans des milieux pas toujours fréquentables. C'est ainsi qu'à Nice il retrouve sa première femme.

C'est pour Marseille que j'ai lu ce livre (la ville est très bien décrite d'ailleurs) mais Monsieur Monde n'y reste pas longtemps. Alors si toute la première partie est haletante, la deuxième partie qui se passe à Nice est moins bien, d'autant plus que les femmes ont toujours le mauvais rôle.
Ceci dit, tenter de comprendre la psychologie masculine dans les années 40, ça devait être plutôt rare.

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Étrangement proche de "L'Étranger" de Camus, paru quelques années plus tôt.
Ainsi que du personnage éponyme des "Fiançailles de monsieur Hire", publié, lui, en 1933. Ainsi que de Bébé Donge.
Simenon, un autre Camus ? Un romancier de l'absurde ?

Et "La Chute", de Camus, roman très simenonien...
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Simenon, c'est l'humanité suante et souffrante, avec sur ses épaules lasses le fardeau de ce grouillement étrange : elle-même. L'humanité qui se retourne, se regarde et dit : mais... c'est moi, ça ? Je n'avais pas signé pour ça. J'avais signé pour l'ange et je suis la bête. Pores de la peau, corps qui sentent, bruits d'entrailles. L'humanité en gros plan ; le romancier tout entier à sa proie attaché.
Pluie sur un quai désert un soir de novembre.
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Suite de ma découverte de Georges Simenon, avec dans l'ordre la lecture du tome 1 de l'anthologie publié chez Omnibus, regroupant des romans publiés en 1945. Et "La fuite de Monsieur Monde" compte pas mal de points communs avec "La fenêtre des Rouet", à commencer par la dimension a priori insignifiante de son personnage principal.
Ce jour-là, Norbert Monde a quarante-huit ans. Mais personne n'y a pensé. Ni sa femme, encore au lit au moment de son départ pour le bureau, ni son fils, qui l'y rejoint plus tard sans même prendre la peine de passer lui dire bonjour, ni sa fille, qui l'appelle dans la journée parce qu'elle est, comme d'habitude, à court d'argent. Même son vieux et fidèle caissier a oublié l'événement…

Norbert est l'héritier et le dirigeant d'une entreprise florissante d'import-export, créée par un de ses aïeux plus d'un siècle auparavant. Il vit dans la maison achetée par son grand-père, où le quotidien est régi selon un emploi du temps précis déterminé par Mme Monde. Sa relation avec ses proches est faite d'une distance motivée par une pudeur devenue une habitude. C'est un homme qui craint en permanence de ne pas être à sa place, de gêner les autres, et qui par honte dissimule sa sensibilité. Il vit comme dérivant, consentant, dans le flux tranquille, protecteur mais mortifère, d'une routine sans joies ni drames qu'il a lui-même contribué à installer.

Pourtant, ce jour-là, il n'est bien nulle part. Il se sent fatigué, mal à l'aise dans ses vêtements, rêve de bord de mer, de flânerie sous le soleil du Midi en pantalon de flanelle blanche. Non pas que Monsieur Monde ressente des regrets, de la révolte. Il n'éprouve même pas de colère envers cette existence faite de sommes d'efforts laborieux, pour d'abord obtenir son bachot malgré son caractère d'enfant rêveur que ses camarades surnommaient Boule de Gomme en raison de sa corpulence, puis pour rattraper les folies de son père, coureur de jupons dispendieux mais charismatique, adoré par ses proches, qui avait bien failli faire couler l'entreprise familiale, et enfin pour élever seuls ses deux enfants, suite au départ, en catimini, de sa première épouse.

Non, il n'en veut à personne. Seulement, lui qui aime l'ordre et la propreté ressent soudain comme un besoin d'encanaillement, de se plonger dans cet univers de la rue qui à la fois le dégoûte et le fascine, de vivre, enfin. Alors il fait raser sa moustache -quelle indécence ! dirait sa femme-, troque son impeccable et coûteux costume contre des vêtements d'occasion, et prend le large, sans rien dire à personne, vers le sud et la mer.

Monsieur Monde disparaît, devient Désiré Clouet, fraie avec le monde de la nuit dont il rencontre les oiseaux, discret mais attentif aux autres, s'encanaillant par procuration au contact d'une faune aux figures gouailleuses et attachantes.

"La fuite de Monsieur Monde" est un texte court, mais il s'y passe encore bien des choses, qu'il est inutile de développer ici. L'intrigue est riche de rebondissements, peut-être un peu trop dans sa dernière partie, mais on suit avec plaisir et intérêt jusqu'à sa conclusion le parcours de cet homme en quête de ce qu'il n'a jamais osé être.

Comme dans "La fenêtre des Rouet" Georges Simenon y traque les enraiements et les sursauts vitaux qui agitent ceux auxquels on ne s'intéresse jamais, êtres a priori lisses et ennuyeux, qu'il parvient à rendre singuliers et mémorables.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il avait encore des pudeurs, des maladresses. Il était vraiment trop neuf. Pour bien faire, pour aller jusqu’au bout, il aurait dû descendre un de ces escaliers de pierre conduisant tout près de l’eau. Chaque fois qu’il avait franchi la Seine le matin, il avait jeté un coup d’œil sous les ponts, et c’était encore pour retrouver un très vieux souvenir du temps où il allait à Stanislas et où il lui arrivait de faire la route à pied en flânant : sous le Pont-Neuf, il avait aperçu deux vieux, deux hommes sans âge, hirsutes et gris comme des statues abandonnées ; ils étaient assis sur des tas de pierres, et l’un d’eux, pendant que l’autre mangeait un saucisson, s’entourait les pieds de bandes de cotonnade.
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Les bruits l'atteignaient, comme ils doivent atteindre les poissons dans l'eau, des bruits qu'on n'entend pas avec ses oreilles, mais avec tout son être, qu'on absorbe, qu'on digère et dont il arrive que le sens soit complètement changé.
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- Vous n’avez pas changé.

Il répondit avec ce calme qu’il avait ramené avec lui et qui laissait entrevoir un vide vertigineux :

- Si.

C’était tout. Il était détendu. Il était dans la vie, aussi souple, aussi fluide que la vie.
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Il était un homme qui avait traîné longtemps sa condition d’homme sans en avoir conscience, comme d’autres traînent une maladie qu’ils ignorent. Il avait été un homme parmi les hommes et il s’était agité comme eux, poussant dans la cohue, tantôt mollement, tantôt avec acharnement, sans savoir où il allait.
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C'était à la fois amer et doux, comme ces douleurs qu'on entretient, qu'on entoure de soins subtils par crainte de les voir disparaître.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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