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EAN : 9782253142898
160 pages
Le Livre de Poche (15/10/2002)
3.69/5   26 notes
Résumé :
Un ours en peluche dans un lit d'enfant : c'est l'image qui vient à l'esprit du Pr Chabot, gynécologue réputé, en surprenant une jeune garde de nuit endormie dans sa clinique d'Auteuil. Et cet homme de quarante-neuf ans, las d'une existence harassante et d'une vie familiale qui n'est plus que routine, va laisser l'attendrissement se transformer en désir...
Il apprend quelque temps plus tard que la jeune Emma, enceinte, congédiée de la clinique, s'est jetée da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Après "Le coup de lune" et "Un nouveau dans la ville", croiser une nouvelle fois un des "romans durs" de Simenon (tels qu'il désignait lui-même ses policiers sans Maigret associé) me fut plaisir renouvelé. Celui-ci, "L'ours en peluche" est paru en 1960 et constitue l'un des plus noirs. Il habille de ténèbres la personnalité d'un loser couché pour le compte, ex-winner d'exception qui, pour se redresser un peu, usera de l'abject ... Le décor du jour: le milieu médical, ceux qui en vivent et ceux qui gravitent autour.


A Paris, dans le XVI arrondissement, à la fin des années 50.


Jean Chabot, 49 ans, gynécologue obstétricien de renom, propriétaire d'une clinique privée et réputée, professeur à la faculté de Paris. Une épouse grand luxe à la tête vide, trois enfants élevés dans la soie, une maîtresse à temps plein (bien d'autres si affinités horizontales ponctuelles rencontrées), une famille et belle famille à l'avenant, des amis bien placés qu'il convient d'aider pour en obtenir la réciproque ...


Un monde autarcique, recroquevillé sur lui-même, à sa propre écoute exclusive. Mais derrière les décors truqués tombent les masques ...

.
Chabot, un nom connu qui pèse sur la ville, sur l'Ordre des médecins, un Grand Patron incontournable, un de ceux qui font et défont ...
Un mandarin à l'ancienne, presque une caricature, une référence médicochirurgicale incontournable, une personnalité qui compte. Un levier social qui construit les carrières des internes en stage, déconstruit d'une pichenette celles qui lui déplaisent.


Un homme fort, pourtant si faible quand surviendra l'inattendu ... l'ours en peluche.


Chabot, un homme pressé, au zénith de sa carrière, à l'emploi du temps de ministre, toujours là où l'attendent des courtisans obséquieux, où son diagnostic infaillible se fait soulagement, où son geste chirurgical précis et salvateur s'impose.
Son destin est à ses pieds, voulu et accompli dans le moindre de ses fantasmes: la richesse, la notabilité, la puissance, l'argent, les femmes ... Toute une vie tendue vers cet objectif, celui de la reconnaissance de sa valeur et de son poids, une course de chaque instant, en chasse d'un avenir soyeux pour lui et les siens.


Si ce n'est que pour ses derniers...


Chabot le sait, pour sa famille, il n'est plus qu'un moyen pratique, utile voire indispensable: pour continuer à vivre sur un grand pied, rester insouciant de l'avenir. L'intérêt remplace l'amour et Chabot devient un outil de sauvegarde des acquis. Sa fille rêve de devenir actrice, peu de talent ni de réelle volonté, il convient de l'épauler, de faire jouer les relations. Son fils veut abandonner ses études, croyant que né Chabot, tout lui viendra sur un claquement de doigts, papa y veillera. Sa femme courre la vie mondaine dieu sait où et dieu sait avec qui. Chabot n'est plus ni père ni époux, rien qu'un levier social. Pour tous, il est devenu le dénominateur commun, l'axe, le pivot autour duquel s'articulent les moyens de bien vivre. Le protéger, le ouater, il convient ... mais l'aimer: une toute autre histoire. Chabot, au fil des ans, est devenu leur seule garantie d'une existence sans souci financier. Les sentiments ne comptent plus, ils ont disparus depuis longtemps. Viviane, sa secrétaire omniprésente, sa maîtresse (Madame est au courant mais qu'elle importance..!) organise sa vie dans les moindres détails, elle est devenue rouage indispensable, il n'est rien sans elle. Viviane donne de son corps et de son temps, mais n'est t'elle pas aux aguets..!


On lui prend désormais, sans reconnaissance aucune, comme allant de soi. Par exemple, le fruit de ses gardes incessantes qui lui volent ses nuits. Qui pour lui donner désormais ? Peut-être, cette fille de salle dont il ne connaitra le prénom que plus tard, avec qui il couche quelques nuits durant dans la chambre de garde du petit personnel, qui ne lui demande rien, semble se donner sans arrière pensée ... et disparaît.


Fleurissent les menaces de mort sous l'essuie-glaces de sa voiture de sport.
Il trouvait dans le corps de sa nouvelle amante, un succédané de l'ours en peluche qui jadis, dans son lit d'enfant, apaisait ses nuits.


Depuis, en fond de poche de son imper, attend la détente d'un révolver armé. Le blues le ronge. Un jour durant, jour et nuit, il parcourt seul la ville, sur les traces de son passé, de bar en bar, de fine cognac en fine cognac...


Adoré de ses patientes, on lui confiait des vies ... alors qu'au-delà de la brillance de façade qu'il montre de lui va se désagréger une existence, la sienne. Que va t'il en faire ? Suicide ou meurtre ... ?


Simenon, en peu de pages, le minimum syndical auquel nous a habitué l'auteur, le long de phrases simples agencées dans l'efficacité maximum, affûtées en pointe, conçues en flèches décochées vers le coeur de cible, dresse le portrait en pied d'un homme qui tombe au ralenti, l'assise sapée par l'inutilité qu'il ressent de lui-même et des autres, en déséquilibre subit sous une simple pichenette du destin , sur le fil d'un équilibre incertain. "L'ours en peluche" est le récit d'une descente aux enfers inexorable. La Grande Faucheuse va passer, mais quelle est la victime ?


Le "Je" n'est pas narrateur. Et pourtant...! Simenon ne quitte jamais sa cible, son héros est toujours le sujet de l'instant. Chabot en "il" distant et démarqué est toujours omniprésent. Ses yeux, ses actes, ses pensés secrètes, ses interrogations sont les nôtres. Le lecteur est Chabot, mais perçu sans empathie, comme un cas banalement clinique. J'ai froid dans le dos. Cette distance, si grande entre lui et nous. Mais au final n'était t'il pas simplement et profondément antipathique qu'il vaut mieux s'en détacher.


"L'ours en peluche" serait de la littérature générale au service d'une étude psychologique fouillée si ce n'est que le bref final est polar noir, rouge et sanglant, percutant et affreusement déstabilisant.


Merci Monsieur Simenon ... et à bientôt, je le sens, cela sera toujours un plaisir.


PS: Jacques Deray a adapté le roman en 1994. Delon tient le rôle principal.

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Le Professeur Chabot 49 ans a tout : la réussite professionnelle, une femme Christine et 3 enfants élevés dans le luxe et l'insouciance car c'est lui le Grand Patron qui protège les siens, sécurise ses patientes, a un emploi du temps démentiel et, même Viviane : son assistante et maîtresse attitrée qui le protège ! Il avait choisi un grand appartement dans le XVI ° de Paris, les meubles, les tableaux mais il dormait sur un lit en fer dans un cagibi. "Personne n'avait besoin de lui", ni sa femme, ni ses enfants, ni sa mère à qui il versait une pension mensuelle, ni ses malades...
Il était fatigué et ressassait sa brève liaison avec Emma : une jeune garde de nuit qui l'avait attendri et qui, enceinte s'était jetée dans la Seine après avoir été congédiée par Viviane de la clinique d'Auteuil.
Qui est celui qui laisse des menaces de mort sur son pare-brise, qui le surveille ? Par précaution: il prend son automatique et quand un jour, lors d'un accouchement, il a un " blanc ", une absence : il va voir son ex camarade le psychiatre Barnacle mais c'est trop tard ! Il va finir par aller chez Viviane, il a les clefs de son appartement, il découvre de la lumière et son assistante en compagnie de Mikulski : un réfugié Hongrois !
"Il n'aurait pas besoin de se tuer "..il avait enfin une occasion d'en finir avec sa descente aux enfers, avec son dégout de la vie, de tout et, du souvenir lancinant de celle qui l'avait ému, celle avec qui, il avait partagé quelques instants de tendresse comme il aurait pu le faire avec un ours en peluche !
Un roman policier psychologique mené de main de maître par le plus français des Belges ! Georges Simenon qui a publié sous 17 pseudos, a parcouru l'Europe, l'Afrique, le Canada, les U.S, a crée l'incontournable commissaire Maigret : une légende du polar..
L.C thématique du polar de février 2023 : un animal dans le titre !
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On suit le monologue intérieur de Jean Chabot, gynécologue de renom, propriétaire d'une clinique, enseignant dans une autre. Consacrant tout son temps à son travail qui d'ailleurs l'épuise, il n'a plus réellement de vie familiale ni sociale. Il ne partage plus le lit de son épouse mais à des maîtresses occasionnelles et maintenant permanente en la personne d'une assistante personnelle Viviane. Lorsqu'un jour il voit dans sa chambre de repos une jeune employée, elle lui fait penser à un ours en peluche. La jeune fille semble endormie mais se prête à ses caresses. Quelques mois plus tard elle disparaît de la clinique, il semble que ce soit du fait de Viviane. Chabot ne proteste pas mais ce sera le point de départ d'un engrenage qui va le détruire.

Lorsque plus rien ne me dit, je reviens toujours à Simenon.
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Dévoré par l'ennui et le dégoût de soi, un soir le professeur Chabot , grand patron d'une maternité et obstétricien célèbre; abuse d'une jeune femme de chambre endormie. La jeune femme tombe enceinte et, écartée de Chabot par l'entourage du professeur, la jeune fille se suicide.
Miné par le remord le médecin finit par commettre l'irréparable....
Du grand Simenon, noir comme un expresso bien tassé, on suit le travail de sape du doute, de la haine de soi et de la culpabilité dans l'âme du médecin. Sensé rassurer tout le monde, cet homme est rongé par les responsabilités qui pèsent sur lui, par les attentes des uns et des autres, par ce monde de la haute bourgeoisie qui en définitive n'est pas le sien. C'est encore un roman de la solitude et de l'incommunicabilité , au final: le drame résultant de l'impossibilité pour le personnage à communiquer ses angoisses et ses sentiments.
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C'est le récit d'une journée, avec beaucoup de pensées internes. Un homme qui a réussi socialement, estimé, envié par certains, ne voit plus d'intérêt à sa vie, il en perd l'intuition et la dextérité professionnelle.
Il a un flingue parce qu'il est menacé par il-ne-sait-qui (il a une idée de qui est cet inconnu). Il souhaite en finir et utiliser cet arme pour cela. Il passe sa journée en visites, ne laissant pas transparaitre son mal-être, et encore moins son projet.
Finalement, il va bien tirer avec ce flingue mais dans une circonstance inattendue.
Un livre admirable, dans lequel la forme et le fond sont mêlées et concourent à la signification et à la beauté de ce personnage touchant et de son histoire si triste.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les yeux mi-clos, il semblait somnoler. Cela le prenait de plus en plus souvent, même quand il avait dormi la nuit entière. C'était une fatigue totale, qui dépassait le domaine physique, un arrêt presque brusque de ses facultés, sauf celle de penser.
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Il rêvait, il en était sûr, mais, comme presque toutes les autres fois, il aurait été incapable de dire le sujet de son rêve. Des images passaient en désordre, si rapides, si confuses qu'il ne parvenait pas à les saisir pour les retenir jusqu'au réveil. Il s'y efforçait, au point de s'épuiser, d'autant plus déçu que ces images-là signifiaient sûrement quelque chose et auraient pu lui donner une indication utile.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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