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EAN : 9782253142805
575 pages
Le Livre de Poche (14/01/1998)
3.96/5   81 notes
Résumé :
Le 13 février 1903 naît à Liège Roger Mamelin, fils de Désiré, employé d'assurances, et d'Elise Peeters, sans profession. Autour de l'enfant, des oncles et des tantes, des cousins, puis plus tard les pensionnaires auxquels sa mère loue des chambres : tout un monde de personnages avec ses bonheurs et ses malheurs, ses petitesses, ses folies, comme celle de l'oncle Léopold, protecteur de l'anarchiste Marette, coupable d'un attentat...
Puis viennent la guerre, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre est d'une beauté inouïe : composé de ses belles pastilles d'espace-temps qui s'emboitent parfaitement, concentrés d'odeurs, de clair-obscurs d'intérieurs (presque "hollandais", de tant de picturalité rentrée !), d'échappées belles sur les petites places tranquilles de Liège au début du XXème siècle... D'enfance lointaine. de fêtes de quartier. Un pur monument de vérité.

Et le pas tranquille de Désiré, père du narrateur, rythmant "l'action" lorsqu'il se rend au travail tous les matins — réglé comme une horloge... Les jérémiades de la maman, qui assure le "ravitaillement", le ménage et la lessive... Les vies rendues passionnantes de ceux qu'on appelle — ou appelait — "les petites gens"...

Simenon en est sorti, s'en est "échappé", même (passé des faits divers de "La Gazette de Liège" jusqu'à ce quai de gare qui le mènera à Paris !) et évoque "les siens" — restés "là-bas" — avec tendresse, sans une once de narcissisme ou de niaise complaisance. Un "roman des origines" dédié à son fils Marc...

Un chef d'oeuvre de 1948... Toujours secret, toujours frais et immortel.

Beauté inerte des rues de Liège et des quais de la Meuse, juste troublée par les pluies de l'hiver ! :-)
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Un roman de plus de 600 pages inspiré de très près de l'enfance de Simenon à Liège, depuis sa naissance en 1903 jusqu'à la fin de la Première guerre mondiale. Intéressant tableau de l'environnement dans lequel l'auteur a grandi, mais contrairement à mes autres lectures de Simenon, celle-ci m'a lassé. Si Simenon vous intéresse, mais que vous n'avez la passion d'un expert, je vous conseillerais, disons, de vous limiter à la troisième partie.

Je n'ai lu qu'une trentaine des livres de Simenon, Maigret et autres, ce qui ne représente qu'une petite partie de l'immense production de Georges Simenon. À part pour « Pédigrée », c'était toujours un plaisir. J'apprécie beaucoup la finesse avec laquelle il décrit les personnes et la justesse des ambiances de ses romans.

Par ailleurs, le personnage de Georges Simenon m'intrigue depuis longtemps. J'aimerais parvenir à le cerner davantage. En particulier, j'avais été touché par ses « Mémoires intimes », qu'il avait fait suivre d'un texte dédié à sa fille Marie-Jo, dont le suicide l'avait marqué.

Je me réjouissais donc d'entamer la lecture de « Pédigrée ». En 1940, une dizaine d'années après son premier « Maigret », un radiologue diagnostique une angine de poitrine à Simenon. On saura plus tard que c'était une erreur, mais cela donne à notre auteur l'envie de rédiger « Je me souviens », des souvenirs d'enfance à l'intention de son fils Marc, né en 1939. Ce récit est écrit à la première personne. En 1941, il le réécrit à la troisième personne, suivant la recommandation d'André Gide, avec qui il entretiendra une longue correspondance. Cela constituera la première partie de « Pédigrée », dont les deuxièmes et troisièmes parties seront écrites en 1943, le tout étant publié en 1948.

L'auteur termine sa préface à l'édition de 1958, par cette mise au point: « Je n'en répète pas moins, non par prudence, mais par soucis d'exactitude, que ‘Pédigrée' est un roman, donc une oeuvre où l'imagination et la re-création ont la plus grande part, ce qui ne m'empêche pas de convenir que Roger Mamelin a beaucoup de traits de ressemblance avec l'enfant que j'ai été ». Et en effet, Roger restera fils unique, contrairement à Georges, qui avait un frère de 3 ans plus jeune que lui et qu'il considérait comme le préféré de sa mère.

J'ai souvent des difficultés à situer des artistes sur une ligne du temps. En particulier, ce roman m'a permis de réaliser que Simenon avait passé une partie de son enfance pendant la Première guerre mondiale, dans une maison où l'on s'éclairait encore au gaz ! J'ai pris plaisir à découvrir le tableau de Liège à cette époque-là, où la Belgique avait encore une Garde civique. La description de « L'innovation » rappelle « Au bonheur des dames », paru vingt ans plus tôt.

Cet aspect-là était plaisant. Par contre, dans les deux premières parties, le caractère dépressif d'Élise, la mère de Roger, plombe le récit d'une chape de grisaille qui a vite fait de me lasser. Autant le brouillard qui enveloppe de nombreux « Maigret » ne me dérange nullement, autant les préoccupations et les angoisses d'Élise m'ont rendu la lecture pénible. de plus, le récit ne comporte pas la moindre intrigue qui pourrait servir de fil conducteur et donner un poil de rythme qui m'aurait tenu en éveil. Mais d'autres lecteurs que moi trouveront sans doute du plaisir à découvrir la description de Liège ou des personnages de l'époque, faisant passer les lamentations d'Élise au second plan.

Par contre, la troisième partie, qui commence au début de la guerre, est davantage centrée sur Roger ; j'en ai trouvé la lecture bien plus agréable. Nous y suivons Roger de 11 à 16 ans. On l'y voit découvrir les filles à 12 ans (ben oui… Simenon…) et devenir peu à peu un mauvais garçon fort préoccupé par son apparence. À plusieurs reprises, j'avoue avoir été perturbé par les préoccupations ou les actes de Roger, que j'aurais imaginés être ceux d'un garçon plus âgé. Autre époque, sans doute.

Bref, Simenon reste à mes yeux un auteur majeur, qui mérite assurément d'être lu. « Pédigrée » est précieux pour découvrir l'univers de l'enfance de Simenon, qui influencera sa vie et son oeuvre. Mais pour une lecture qui vous apportera à la fois de l'intérêt et du plaisir de lecture, je vous suggère de vous limiter à la troisième partie.

À chacun sa sensibilité, bien entendu… N'hésitez pas à poster des commentaires pour nuancer ma perception.
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Que cache ce titre ? eh bien tout simplement l'histoire de la famille Simenon et accessoirement l'enfance et l'adolescence du jeune Georges et ce depuis la naissance de ce dernier jusqu'à sa seizième année.
Le tout déguisé sous des noms d'emprunt.
Exacte biographie, ce texte ? souvenirs de familles plus ou moins recréés, fantasmés, embellis par l'imagination fertile de l'écrivain Simenon ? Peu importe.
On se plonge avec délices dans la vie foisonnante de Liège, au début du vingtième siècle. On en arpente les rues, en compagnie de Désiré aux longues jambes et d'Elise, les parents du jeune Roger, à peine né, en visite chez l'un ou l'autre des membres de leur nombreuse parentèle. On compatit aux malheurs des uns et des autres. On s'énerve de voir Elise pleurnicher pour un rien et on se rend compte peu à peu qu'elle s'en fait une force qui va lui permettre d'aller juste là où elle voulait aller, la maligne !
Quant au grand Désiré, lui, du moment qu'on le laisse tranquille avec son journal, tout va bien, la vie est belle !

Simenon écrit comme on respire, sans effort, naturellement... comme une évidence et le lecteur se coule avec délices dans le moule de cette prose qui enchante par sa fluidité, sa fausse simplicité, sa qualité d'évocation, son aptitude à restituer les émotions, le bruit et la fureur de la vie.
Que le lecteur soit transporté dans les rues de Liège au moment de la Saint-Nicolas, dans les cimetières à la Toussaint, avec la foule les jours de ducasse, ou tout simplement dans la maison Mamelin avec Elise s'activant à son ménage et s'occupant de ses pensionnaires, il déguste avec gourmandise toutes les délectables tranches de vie que Simenon lui sert sans compter, y compris les émois du jeune Roger.

Un texte magnifique remarquablement servi par le talent bouillonnant de Georges Simenon qui fait mouche avec son sens du mot juste, de la phrase percutante et l'aisance sidérante avec laquelle il conduit son récit tambour battant.

Une oeuvre à ne surtout pas laisser sombrer dans les oubliettes de la littérature !
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Simenon nous raconte l'histoire de son enfance de 1903 à 1918 (armistice). Les portraits de son entourage familial sont décrits comme des peintures. Chaque lieu, chaque personnage pourrait devenir un tableau impressionniste. Son père, le grand Désiré, si calme, si enjoué, taiseux mais prenant soin de sa famille et notamment de son épouse en gardant pour lui certain secret pour ne pas lui ajouter de tracas. Sa mère, Elise, d'origine flamande, est plus retorse, moins limpide, plus geignarde, les nerfs à vif mais néanmoins, travailleuse et prête à rendre service aux membres de la famille. C'est elle qui mène la barque. En lisant Pedigree, on plonge au coeur de la vie liégeoise. Liège est un personnage de l'histoire, son tram, ses ruelles, la Meuse, ses ponts, ses églises, ses collèges,... et pour qui connaît la ville, on se balade avec les personnages avec beaucoup de plaisir. Simenon a l'art de raconter la vie, une autre vie, un autre temps. le roman est d'une certaine lenteur mais c'est à nous lecteurs, de ralentir le rythme pour profiter pleinement de ce roman. 4/5 car il m'a fallu quelques pages avant de rentrer complètement dans l'histoire, sans doute voulais-je aussi aller trop vite. A découvrir pour la plume de Simenon. Dommage qu'il n'existe pas de suite....
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Pedigree est un roman qui se distingue dans l'oeuvre de Georges Simenon. Tout d'abord par sa pagination, environ le triple d'un roman habituel de l'auteur. Et puis par son caractère autobiographique. Et même si l'auteur en a signé plusieurs versions et a finalement fictionnalisé le récit (suite à deux procès), il n'en apparaît pas moins que la plupart des éléments y sont réels.
Un roman centré sur l'enfance de Georges Simenon et non sur l'enfant Simenon (appelé ici Roger Mamelin). Et dont les personnages principaux sont les parents du petit Roger, autant dissemblables qu'ils semblent être liés. le père, agent d'assurances sans réelle ambition professionnelle, est un homme qui se laisse vivre, issu d'une famille nombreuse soudée et sachant profiter des petits bonheurs de la vie. La mère, issue elle-même d'une famille nombreuse, voit la vie tout à fait autrement : tout est danger et l'ambition première de la dame est de retrouver un statut social perdu par la génération précédente. Pour cela, elle manigance: elle obtient de son mari de déménager pour héberger des locataires, économise sou par sou rognant sur les moindres dépenses, envoie son fils à l'école privée pour qu'il ne fréquente pas les voyous des quartiers populaires. Quant à ses relations avec ses frères et soeurs, elles se résument à des contacts sporadiques et souvent intéressés.
D'un côté, prendre la vie du bon côté, de l'autre une vie où tout est source d'angoisse et de contraintes. L'enfant sera constamment partagé entre la fidélité à sa mère et l'attirance envers un père moins souvent présent mais qui représente une vision plus hédoniste et festive de la vie. Tout cela se passe dans une société belge du début du XXe siècle corsetée et dirigée par la morale chrétienne.
Ce roman parle des seize premières années de la vie d'un jeune homme et normalement aurait dû connaître une suite mais Georges Simenon ne l'a jamais écrite. Une enfance qui sans être malheureuse ne fut pas non plus un long fleuve tranquille.
Un récit touchant, émouvant qui dévoile une autre facette de Georges Simenon.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
(...) ce silence exceptionnel, angoissant, arrivait de très loin en vagues concentriques, comme se propage le son des cloches, il venait d'au-delà des toits, d'au-delà du ciel d'aquarelle, donnant envie de refermer la fenêtre pour l'empêcher d'envahir la maison.

Car, de ce silence, chacun devait avoir l'impression d'être le centre, chacun qui, au milieu de cette immensité de calme absolu, déclenchait de petits vacarmes individuels avec une fourchette, un verre en ouvrant une porte, en toussant, en respirant.

En dehors de ce noyau sonore qu'on transportait avec soi, rien.
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- C'est un garçon... balbutie-t-elle.
Lui, sans respect humain, prononce en pleurant toujours :
- Je n'oublierai jamais, jamais, que tu viens de me donner la plus grande joie qu'une femme puisse donner à un homme...
- Désiré... Ecoute... Quelle heure est-il?
L'enfant est né à minuit dix. Elise chuchote.
- Ecoute, Désiré... Il est venu au monde un vendredi 13... Il ne faut le dire à personne... Il faut supplier cette femme...
Voilà pourquoi, le lendemain matin, quand Désiré, que son frère Arthur accompagne comme témoin, va déclarer l'enfant à l'Hôtel de ville, il fait inscrire, en prenant un air innocent :
- Roger Mamelin, né à Liège, 18, rue Léopold, le jeudi 12 février 1903.
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Ailleurs, Désiré marche, salue les gens d'un ample coup de chapeau. -Il a un si beau coup de chapeau !
Les voisins pourraient dire l'heure sans consulter leur réveil. Des voisins qui retirent leurs volets savent s'ils sont en avance ou en retard ; le grand Désiré passe, allongeant les jambes à un rythme si régulier qu'elles semblent chargées de mesurer la fuite du temps. Il ne s'arrête guère en route. Gens et choses ne paraissent pas l'intéresser et pourtant, il sourit, comme aux anges. Il est sensible à la qualité de l'air, à un peu de fraîcheur en plus ou en moins, à des sons lointains, à de mouvantes taches de soleil. Le goût de la cigarette du matin varie selon les jours et pourtant ce sont des cigarettes de la même marque, des "louxor" à bout de liège.
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Elle a toujours l'impression qu'un événement va se produire, qu'il n'est pas possible que le monde reste comme suspendu dans l'espace, prolongeant à l'infini la minute présente, et elle interroge avec effroi les autres qui ne s'aperçoivent de rien, elle sent venir une catastrophe dont elle est seule à s'effrayer.
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Elle ouvre les yeux et pendant quelques instants, plusieurs secondes, une éternité silencieuse, il n'y a rien de changé en elle, ni dans la cuisine autour d'elle ; d'ailleurs, ce n'est plus une cuisine, c'est un mélange d'ombres et de reflets pâles, sans consistance ni signification. Les limbes, peut-être ? Y a-t-il eu un instant précis où les paupières de la dormeuse se sont écartées ? Ou bien les prunelles sont-elles restées braquées sur le vide comme l'objectif dont un photographe a oublié de rabattre le volet de velours noir ?
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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