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EAN : 9782253142249
155 pages
Le Livre de Poche (01/09/1999)
3.33/5   35 notes
Résumé :

A trente-deux ans, Célita, strip-teaseuse au Monico, à Cannes voit avec anxiété pâlir son étoile. Son seul espoir : succéder bientôt à Florence, sa patronne, gravement malade, dont elle s'est attaché le mari, Léon, d'une façon qu'elle croit sûre.

Mais tout est compromis le jour où Maud, une débutante de dix-neuf ans, ravissante et faussement ingénue, franchit pour la première fois le seuil du Monico. La clientèle s'enthousiasme, et Léon en... >Voir plus
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Un des 117 romans durs ( sans Maigret... pour le dire simplement ) de Simenon dont l'action n'a pas pour cadre la bourgeoisie provinciale mais où l'étude de moeurs, une très fine étude psychologique des caractères, des personnages, demeure cependant au coeur de l'histoire.
Un des 117 romans durs parmi les moins connus, les moins cités de Simenon.
Un des 17 romans durs à ne pas avoir eu droit à une adaptation cinématographique ( tout juste une adaptation télé passée quasi inaperçue )... mais qu'on lit comme on regarderait un film de Jacques Becker ou d'Henri Decoin ; on ne perd donc pas au change.

Cette fois, Simenon nous entraîne ( aucun jeu de mots ) à Cannes, à la fin des années 50, dans un cabaret, une boîte de nuit où le strip-tease, les entraîneuses, le champagne, les gogos, les combines et les rivalités sont rois.
On y boit, on y mate, on y danse, on cotillonne,on fricote, on pelote et plus si " affinités ", on y fait la fête, une fête de celles dont est faite la comédie humaine...
Le night-club ( pour faire genre...) a pour nom le " Monoco ".
Son propriétaire se prénomme Léon. C'est un demi-sel ( mi-voyou, mi-indic ) qui a autrefois fait de la prison pour sa supposée participation à un règlement de comptes entre bandes rivales du milieu parisien.
Il a épousé Florence ( devenue Madame Florence ), une ex-péripatéticienne qui, aujourd'hui tient la caisse du Monoco, veillant avec célérité sur les intérêts de la maison.
Au bar, il y a Jules. Discret, il attend son heure... dit-on...
L'ouvreur, le bonimenteur, le chasseur, le voiturier, le garçon de courses, c'est Émile, un gamin débrouillard... que certaines filles ont déniaisé et qui connaît tous les petits secrets des unes et des autres...
Et puis il y a les filles en question.
Célita, une ex-danseuse de 32 ans reconvertie par nécessité, par échecs successifs, au strip-tease et aux extras tarifés à l'occasion.
À son âge, elle sait que ce job, et la relation "privilégiée" qu'elle entretient depuis plus de six mois avec Léon, sont sa dernière chance pour mettre le grappin sur le patron et tout ce qui va avec.
Entre Célita et Florence s'est instauré un jeu du chat et de la souris... Qui sera le chat et laquelle sera la souris ?
Il y a Natacha, l'intello au corps sculptural... mais trop " grande". La seule qui ne boucle pas ses fin de mois à l'aide d'extras.
Il y a Kitty, autant effeuilleuse que racoleuse. Kitty est celle qui ne dit jamais non.
Il y a Marylou, la bonne " grosse ", qui partage un appartement avec Célita. Brave fille, elle est toujours prête à rendre service même si pour cela elle doit payer de sa personne.
Il y a enfin Francine, mère d'un petit Pierrot qui, elle, a échoué dans son ambition à faire de la scène. Alors, elle est entraîneuse, vestiaire, et souvent extra...
Ce petit monde est, jusqu'à l'arrivée d'une provinciale mal dégrossie de 19 ans, une famille dans laquelle chacune et chacun tentent d'exister à sa façon.
Maud, la provinciale, va bouleverser inexorablement la vie et les règles de cette famille.

Drame qui se joue presque à huis clos, Simenon grâce à ses qualités de narrateur, à son sens aiguisé de la mise en scène, des situations, du dialogue et de personnages qui crèvent l'écran ou le livre ( pourquoi pas ? ), nous fait vivre un suspense étouffant, prenant, très habile... même si la fin m'a paru... enfin, disons que je voyais ou j'espérais plus grand.
Ce roman n'en est pas pour autant déceptif.
C'est un bon cru... pas le meilleur, mais il mérite qu'on lui accorde l'intérêt et l'attention qu'il a suscités chez ceux qui, comme moi, ont passé deux bonnes heures à en apprécier ses poisons et ses amertumes.
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Au cabaret « Monico » de Cannes, il y a le barman, le patron, la caissière, les musiciens et les danseuses... tout ce petit monde forme une famille. Et comme dans toutes les familles, on s'aime, on se déteste, on s'épie, on s'humilie aussi parfois... On se toise, comme des fauves en cage, chacun respectant la hiérarchie qui s'instaure entre eux, du faible au dominant.
Celita, une des stripteaseuse, aime la chasse, elle aime se sentir femelle. Et pour cela il lui faut un adversaire à sa hauteur : le patron. Elle l'a choisi pour une double raison, prendre rang dans la hiérarchie car il dirige l'établissement, mais aussi pour le ravir à son épouse, double challenge !
Mais plus que tout, ce qui compte dans ce petit monde captif, c'est d'être ensemble, ensemble pour ne pas voir la crasse, la solitude et la misère qui vous guette dès que le jour arrive et que vous devez rentrer au petit matin chez vous, dans un minable appartement partagé à plusieurs danseuses pour « s'en sortir ». Mais au fond, ces femmes, quand on leur parle de s'en sortir, qu'est ce que cela peut réellement signifier pour elles qui doivent se battre continuellement ?
Quand arrive la jeune Maud, la sainte-nitouche, qui fait un strip-tease qui enflamme autant le public que le patron, il y a redistribution des cartes. Rien ne va plus !
Roman de Simenon intéressant qui développe une psychologie des personnages très bien rendue dans ce huis clos assez oppressant.
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Un roman noir plus qu'un roman policier de Georges Simenon, en dehors de la sphère des Maigret. Ce que ce qu'on a appelé ses romans durs. Et il est dur, âpre et amer ce roman-ci. Espoirs et désillusions d'une fille de joie. Ou d'une entraîneuse. Enfin, vous voyez... Et pourtant, il y a tant d'illusions et d'espérance. C'est très émouvant. Bien plus que dans la résolution d'une énigme par le commissaire à la pipe. Enfin, à mon goût.
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C'est dommage que Simenon n'écrivait que des romans courts. Celui-là aurait mérité plus de développements. Il y a pas mal de personnages et ils sont tous intéressants, avec des psychologies particulières : Les filles de cette boite de strip-tease à Cannes, le patron, la patronne et même deux ou trois autres personnages secondaires.
C'est surtout Célita, l'une des filles qui occupe l'attention. Elle a trente-deux ans, elle est donc danseuse dans cette boîte comme on n'en voit guère plus, le genre d'ambiance qu'on ne trouve plus que dans des petits bars à Pigalle, et elle fait parfois quelques extras. Son seul moyen pour avoir un avenir un tant soit peu plus radieux est de séduire le patron. Ce qui a l'air de marcher jusqu'à l'arrivée d'une petite jeunette de dix-neuf ans.
Un des clients, homosexuel, dit à Célita qu'il s'intéresse à elle parce qu'elle est « une créature compliquée à souhait » et qu'elle « réunit tous les vices ». C'est un peu exagéré, mais il est vrai qu'elle est colérique, menteuse, sournoise, et pourtant on n'arrive pas à la trouver détestable. Peut-être parce qu'on comprend sa situation pas terrible ou que les autres personnages ne sont pas non plus des anges.
Sa relation avec le patron, qu'on n'oserait pas qualifier d'amoureuse (et pourtant, elle dit peut-être quelque chose de l'amour) vaut vraiment le coup d'être découverte, même si elle n'est pas assez développée. Elle est faite de domination, d'une vraie lutte pour posséder l'autre, chacun avec ses moyens.
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Etrange roman que ce petit ouvrage qui fait la part belle à une reconstitution très minutieuse d'une vie de cabaret des années 50-60… Tous les personnages constitutifs de cet établissement où se divertissent et s'encanaillent principalement des habitués sont tellement bien croqués qu'ils semblent plus vrais que nature. Les entraineuses sont belles ou très voluptueuses, la patronne, ancienne péripatéticienne, veille au grain et aux fréquentations de son homme. le patron sait mettre ses filles au pas et n'hésite pas à donner de sa personne pour les asservir. le barman, la fille du vestiaire, le jeune ouvreur sont autant d'images d'Epinal qu'on dirait sortis d'un film d'Audiard.
La situation est simple. Tout est bien rodé dans le cabaret. le patron couche avec une de ses filles avec la bénédiction de la patronne. Arrive une jeune et belle femme très naïve qui propose ses services… Les beaux engrenages bien huilés se grippent et tout va déraper…
Le prodige de Simenon est de transformer cette situation somme toute assez banale en drame. Sa fine analyse de la psychologie humaine va mettre en avant tout son génie d'écrivain. Les ressorts de l'âme humaine n'ont pour lui aucun secret. Pour ne rien gâcher, l'écriture est belle, fluide et enveloppante. le lecteur peut se laisser aller au fil d'une histoire envoûtante et diaboliquement efficace.
On peut juste regretter un final un peu rapide et tiré par les cheveux. Personnellement, j'aurais aimé une apothéose, un règlement de compte plus vif et explosif à l'intérieur même du cabaret. Mais n'étant pas l'auteur je m'en remets donc au choix de Simenon qui m'a en définitive apporté un moment de lecture savoureux. Ce n'est pas tous les jours !

Michelangelo 13/11/2020

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle ouvrit, poussa le bouton de la minuterie, laissant la porte ouverte derrière elle. Il la ferma et elle tourna à droite dans le corridor, le sentant tout frémissant dans son dos. Avec la seconde clef, elle ouvrit la porte du logement, se souvenant qu'elle l'avait laissé en désordre et que les lits n'étaient pas faits. Il était trop tard pour revenir sur sa décision et elle en conçut de l'amertume.
— Mon pauvre Emile, dit-elle en allumant, je crains que tu sois déçu, car tu vas voir comment vivent les femmes quand elles sont livrées à elles-mêmes. Une sorte de rage lui montait à la gorge et elle poussait la porte de la salle de bains où la baignoire n'était pas vidée et où les serviettes traînaient par terre.
— Regarde...
Elle éclairait la salle à manger et les restes du petit déjeuner qui encombraient la table, avec un fond de café figé dans les tasses.
—Et ici...
Les deux lits défaits, les draps froissés, les oreillers grisâtres à la place de la tête, avec des traces de rouge à lèvres et, dans le lavabo, des culottes qui trempaient...
— Tu as encore envie de rester ? Elle lançait son manteau sur une chaise, faisait sauter ses souliers et, tandis qu'elle caressait son pied meurtri, le pauvre nigaud prononçait, comme il aurait récité l'Ave Maria :
— Je vous aime !
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Pareil à tous les mâles, Léon éprouvait le besoin de dominer, de se convaincre qu’il remportait une victoire, qu’il réduisait une femelle à merci.
C’était cela qu’il cherchait en faisant l’amour avec des gestes brutaux, presque méchants, tandis qu’une flamme cruelle s’allumait dans ses yeux.
Célita lui offrait la bataille, une bataille sans fin, en quelque sorte, où elle n’était jamais complètement vaincue, où l’homme avait sans cesse à prouver son pouvoir.
- Tu es une garce ! lui répétait-il souvent, au moment où il aurait pu être le plus satisfait de lui.
Il la questionnait les yeux dans les yeux, presque dents contre dents.
- Tu le fait exprès, n’est-ce pas ? Avoue que tu le fait exprès !
Elle disait « oui », pour le narguer.
- Tu me détestes ? demandait-il.
- Je ne sais pas.
C’était vrai, car elle avait fini par se prendre au jeu. Il était le mâle. Il était l’ennemi. Il fallait qu’elle gagne la partie à tout prix.
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... Avoue que tu le fais expres!!
Elle disait "oui" pour le narguer.
-Tu me détestes ? demandait il.
-Je ne sais pas.
C'etait vrai, car elle avait fini par se prendre au jeu. Il était le mâle, il était l'ennemi. Il fallait qu'elle gagne la partie à tout prix.
Ce n'etait plus pour elle une question de sécurité, et elle ne se raccrochait pas seulement à lui par crainte du prisunic ou du trottoir qui la guettaient.
La vie avait essayé de la noyer; chaque fois, elle avait sorti la tête de l'eau, au prix d'un douloureux effort, il y avait eu quelqun ou quelque chose pour l'enfoncer à nouveau.
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La vie avait essayé de la noyer; chaque fois qu'elle avait sorti la tête de l'eau, au prix d'un douloureux effort, il y avait eu quelqu'un ou quelque chose pour l'enfoncer à nouveau.
C'était pour elle, c'était pour l'idée qu'elle se faisait d'elle-même, qu'il était indispensable qu'elle gagne au moins cette partie là.
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Célita avait toujours été une comédienne, pas seulement avec les gens, mais avec elle-même, et peut-être que, si elle éprouvait le besoin de jouer des rôles ou d'exagérer le sien, c'était parce qu'elle n'aurait pu supporter la vie telle qu'elle était.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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